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Pierrot Mon Ami : le centre spirituel comme l’union du yin et du yang Pierrot, c’est aussi un nom intime de Pierre, qui à son tour signifie quelque chose de

Chapitre 3 le centre spirituel découvert dans l’oeuvre romanesque de Raymond Queneau

3.2 L’union spirituelle réalisée par des moyens différents

3.2.4 L’union des éléments solaires avec les éléments lunaires : Pierrot, Sally Mara et Icare

3.2.4.1 Pierrot Mon Ami : le centre spirituel comme l’union du yin et du yang Pierrot, c’est aussi un nom intime de Pierre, qui à son tour signifie quelque chose de

sacré. On le verra plus loin, mais on commence par Luna-Park.

D’après certains critiques, au début, Raymond Queneau avait Luna-Park au lieu d’Uni-Park dans son dessein et à la réflexion, Luna-Park est devenue l’Uni-Park. « Il (Queneau) change Luna-Park en l’Uni-Park » et ajoute un immeuble d’habitation à terrasse panoramique puis un monument funéraire (OCII, 1701). Ce changement de nom reflète au moins le parcours créateur de Pierrot Mon Ami. Dans ce cas-là, on peut remonter jusqu’à Luna-Park. Comme d’habitude, Luna signifie lune, et Uni signifie unification, un parcours spirituel de la lune à l’unification se reflète dans le roman.

L’Uni-Park est un lieu d’attraction voisin de Neuilly, il se présente comme un quadrilatère, « il s’étalait lumineux, grouillant et sonore. Les musiques, les bruits et les cris montaient tous ensemble »(OCII, 1121). De plus, l’Uni-Park est équipé d’un poste d’observation qui permet à Pradonet de surveiller ce qui se passe dans le Park, c’est comme un édifice babylonien.

Ce qui est curieux à première vue, mais naturel à la réflexion, c’est qu’à la fin du roman, l’Uni-Park est devenu une bénigne arche de Noé (OCII, 1230), et comme l’indiquent des critiques, le « Jardin zoophilique peut être pris comme un retour au jardin d’Éden »(OCII, 1732). Le Jardin d’Éden, c’est un symbole de la cité céleste, le centre du

monde, paradis dans la tradition chrétienne. Et en même temps, dans le Jardin d’Éden, il y a Adam et Ève, le symbole du yin et du yang. Le yin représente l’élément féminin et le yang l’élément masculin.

Or, au début, il manque l’élément masculin dans l’Uni-Park. Qui n’est donc pas encore uni, même si on sait que Pradonet est un homme, un élément masculin, mais ce n’est pas lui qui est le vrai élément masculin. Le masculin est plutôt dans le terrain sur lequel on construit la chapelle à la mémoire du Prince Luigi Voudsoi, et ce terrain est consacré au culte du mort, malgré le fait que le terrain appartienne à Mouilleminche. Et après que le Jardin zoophilique soit établi, le terrain symbolise qu’il est uni avec Léonie, avec son terrain comme élément masculin, et c’est pour cela que dans la pensée originale de Raymond Queneau, Luna-Park est devenu l’Uni-Park, à savoir que l’union s’y est introduit.

La Chapelle et l’Uni-Park

L’Uni-Park, pourtant, au début, présente des caractères tout à fait lumineux, actifs et même érotiques, en opposition à ce qui appartient à l’élément masculin : « avec la violence des bruits, l’insolence, de ses clameurs », « ces bizarres et bruyantes constructions qui forment l’Uni-Park ». Au contraire, le lopin de terrain qui reste entre les mains de Mounnezergues est tout à fait différent. Il est « rien et rien » d’après Pradonet. Cette partie est toujours obscure, modeste, lugubre, désolante, « une tache noire que fait votre chapelle »(OCII, 1160). Mais, il est quand même un lieu sacré qui ne peut être sacrilège. Même après l’incendie, la chapelle reste épargnée (OCII, 1180): « les plantes se flétrirent dans son voisinage, les limaces qui s’y aventuraient périssaient morfondues, [---], je constatai que cet endroit différait de tout autre et qu’on y sentait toujours l’ombre d’une idée abstraite qui le survolait, l’ombre d’un fait. [---]. Je n’y pourrais faire croître des carottes, et des navets, salades ou concombres »(OCII, 1137). La fonction de Mounnezergues comme gardien du tombeau lui donne un sens toujours métaphysique. Selon René Guénon : « Ces ‘gardiens (de la Terre sainte)’ ont une double fonction : d’une part, ils sont proprement les défenseurs de la ‘Terre sainte’, en ce sens qu’ils en interdisent l’accès à ceux qui ne possèdent pas les qualifications requises pour y pénétrer, et ils

constituent ce que nous avons appelé sa ‘couverture extérieure’, c’est-à-dire qu’ils la cachent aux regards profanes ; d’autre part, ils assurent pourtant aussi certaines relations régulières avec le dehors »(SFSS, 111).

Cet endroit qui est regardé comme rien est toujours l’objet de la convoitise de Pradonet, « l’attention de Pradonet ne se fixa que sur des zones de silence et d’ombre »(OCII, 1163). Mais, Mounnezergues reste enclin à refuser.

A ce qu’on lit ici, on constate qu’il y a vraiment quelque chose d’important, dans un sens ou dans un autre, mais on n’est pas très précis. On sait seulement que Mounnezergues est fidèle, un homme honnête. Et pourtant, le terrain sur lequel s’érige la chapelle est finalement joint à l’Uni-Park, un vrai Paradis, un Jardin d’Éden.

Ce processus est réalisé par Léonie après qu’elle avait réussi à retrouver son ancien amant – le frère de Crouïa-Bey : « Jojo Mouilleminche, alias Chaliaqueue, Torricelli, Voussois, qui est sans doute Voudzoï ressuscité »(OCII, 1710), à savoir, le maître du terrain, l’ancien amant de Léonie, lequel est mort depuis dix ans, mais bien sûr un faux mort. Après l’inauguration du Park Voussois, c’est l’Uni-Park au sens propre de ce mot, même si « la chapelle existait toujours, baignant dans autant d’oubli, autant de discrétion »(OCII, 1230), mais symboliquement c’est l’union réalisée.

Avant la réalisation de cette union, on sait que l’Uni-Park a quelque chose à voir avec la lune, « un univers lié à la lune, monde de l’imperfection et peut-être de la folie, monde en tout cas du passage »(OCII, 1707). Léonie est dotée des caractéristiques de l’Éternel féminin, comme Ève, Psyché, et Pandore. C’est elle qui tient l’Uni-Park. En revanche, Pradonet, même s’il « se croit un grand homme d’affaires », ne serait arrivé à rien sans Léonie. C’est donc elle qui est le patron de l’Uni-Park, au clair de la lune. C’est donc la sphère de la lune, « puisque celle-ci est le milieu cosmique où s’élaborent les germes de toute la manifestation formelle » (HDV, 160). Par les germes, René Guénon entend plutôt la source de la forme individuelle. Par cette source, René Guénon nous indique que l’être, qui fait son voyage divin posthume, monte à la sphère de la lune, soit il est absorbé dans la sphère de la lune, soit il la dépasse vers le Principe Suprême. Or, celui qui est absorbé dans la sphère de la lune va redescendre dans un autre état d’être, ou simplement il reprend une forme individuelle. C’est comme un vortex par lequel l’être entre de ce côté et sort de l’autre côté, une vie de passage.

C’est ce qui se passe dans l’Uni-Park : l’incendie qui consume et détruit toutes les formes différentes : « en moins de deux, ce magnifique parc d’attractions n’était plus qu’un brasier. Et quelques instants plus tard, un tas de braises au milieu desquelles s’écroulait avec un bruit infernal, le réseau spiraloïde et mouvementé des montagnes russes » (OCII, 1179). Et Pierrot le compare à une inondation, ce qui nous rappelle que la lune est toujours liée à l’eau chez René Guénon.

Cependant, parmi les décombres et les cendres s’érigera un autre Uni-Park, un monument babylonien plus magnifique et plus attrayant, selon Pradonet. Malheureusement cela ne se réalisera pas. En revanche, parmi les cendres, c’est un Jardin d’Éden qui s’établit.

Même si après l’incendie, Pradonet propose de reconstruire l’Uni-Park, ce dernier reste toujours pas tout à fait carré (OCII, 1191). Le lecteur prend conscience que l’Uni-Park, même s’il apparaît quadrilatéral, ne l’est pas complètement, et qu’une partie est manquée. A savoir que le quadrilatère n’est pas parfait.

En revanche, le Jardin d’Éden avec ses quatre fleuves symbolise le centre du monde, mais au contraire, l’Uni-Park, manquant d’une partie, ne peut pas devenir un centre du monde, car « la chapelle poldève l’empêche d’arrondir son carré »(OCII, 1265). Le projet d’un monument babylonien ne se réalisera pas. Par contre, avec l’annexion du terrain des Princes Poldèves, ce n’est plus le cas.

On se souvient que René Guénon nous montre qu’au lieu de la voie des ancêtres, il y a la voie des dieux qui passe par la voie des ancêtres, mais ne retombe pas dans les formes individuelles, et continue sa montée vers la région de l’éclair, de l’éther, jusqu’au centre spirituel qui est plutôt l’union finale. Dans l’Uni-Park, la scène est tout à fait tourbillonnante dans un mouvement cyclique : « ici, l’on tourne en rond et là on choit de haut, ici l’on va très vite et là tout de travers, ici l’on se bouscule, et là on se cogne, partout on se secoue les tripes et l’on rit, on tâte de la fesse et l’on palpe du nichon, on exerce son adresse et l’on mesure sa force, et l’on rit, on se déchaîne, on bouffe de la poussière »(OCII, 1104). Tout est désordonné, rien n’est stable, même Pradonet, qui est le patron de l’Uni-Park, est finalement remplacé par Mouilleminche, c’est-à-dire qu’il change d’état d’être, mais, l’Éternel féminin reste là. Elle était l’amante de JoJo Mouilleminche il y a dix ans. Et dix ans après elle est redevenue son amante.

Dans le Park, il y a successivement, l’Homme Aquarium, la Pithécanthropesse, la Danse du ventre, le Prestidigitateur, et d’autres qui viennent et disparaissent, mais le Park reste. Dans le Park, comme il est sous la sphère de la lune qui est la source des germes de la manifestation formelle, il y a toujours des choses qui se réfèrent à l’éroticité : les voyous se réjouissent de regarder les dessous des femmes, Yvonne se donne à plusieurs garçons, et même Léonie appelle Pradonet zebbi, qui signifie le penis. Sans doute, dans le Park, on ne peut pas ne pas remarquer des choses qui se rapportent à la copulation, à la reproduction, par lesquelles on met au monde de nouvelles formes, et à la relation adultère de Pradonet et de Léonie.

Mais ensuite, Voussoi épouse la veuve Léonie, Il s’agit alors d’un mariage légal par lequel tout se règle.

Mouilleminche

On passe à Mouilleminche, le frère de Crouïa-Bey. D’abord, il faut reconnaître en Crouïa-Bey un homme qui a atteint la réalisation. On se réfère à René Guénon, on lit ceci : « En d’autres termes, pour qu’un travail, de quelque genre qu’il puisse être d’ailleurs, soit ce qu’il doit être, il faut avant tout qu’il corresponde chez l’homme à une ‘vocation’, au sens le plus propre de ce mot ; et, quand il en est ainsi, le profit matériel qui peut légitimement en être retiré n’apparaît que comme une fin tout à fait secondaire et contingente, pour ne pas dire même négligeable vis-à-vis d’une autre fin supérieure, qui est le développement et comme l’achèvement ‘en acte’ de la nature même de l’être humain » (IRS, 77), « il arrive aussi que celui que nous pouvons appeler indifféremment ‘vulgaire’ ou ‘populaire’ serve à lui seul de ‘masque’ initiatique ; nous voulons dire par là que les initiés, et spécialement ceux des ordres les plus élevés, se dissimulent volontiers parmi le peuple, faisant en sorte de ne s’en distinguer en rien extérieurement » (IRS, 183), « il en est ainsi à tel point que, dans les pays de tradition islamique, on dit que, lorsqu’un Qutb doit se manifester parmi les hommes ordinaires, il revêt souvent l’apparence d’un mendiant ou d’un marchand ambulant » (IRS, 184), et « c’est dans ce milieu que l’être peut trouver son meilleur refuge » (IRS, 184).

de ‘déguisement’, dans toutes les formes traditionnelles, à des initiés de haut rang, surtout lorsqu’ils avaient à remplir à l’extérieur quelque mission spéciale » (IRS, 181). Et maintenant, nous revenons à la description faite de Crouïa-Bey, le frère de Mouilleminche : « il avait fait toutes sortes de métiers, puis un jour, la vocation lui était venue : il voulait devenir fakir » (OCII, 1116), c’est la vocation qui rappelle que les initiés les plus élevés se déguisent en mendiants, en fakirs, en jongleurs, en prestidigitateur, parmi les gens les plus ordinaires. Aussi la description de Crouïa-Bey nous révèle quelque chose d’extraordinaire « il a des yeux de braise, un front de penseur, des mains de pianiste, une taille de guêpe, une barbe de sapeur, des lèvres de corail, un thorax de taureau, ah qu’il est beau, ah qu’il est beau » (OCII, 1114), aussi on lit ceci émit par Yvonne : « l’oeil magnétique » (OCII, 1152), c’est peut-être un oeil qui voit tout. Le plus important, c’est que Léonie le prend pour Mouilleminche, son ancien amant, c’est-à-dire son ancien amant en qui s’unissent à la fin Crouïa-Bey, JoJo Mouilleminche et le dresseur d’animaux.

Quant à JoJo Mouilleminche, on a quelques informations sur lui indirectement par Léonie, mais deux nous apprennent beaucoup. L’une, c’est qu’il était chanteur, il avait des noms de théâtre, l’autre est qu’il est mort à cause d’une chute. La première nous indique qu’il faisait du théâtre. Mais René Guénon nous fait savoir que « le théâtre est un symbole de la manifestation, dont il exprime aussi parfaitement que possible le caractère illusoire ; et ce symbolisme peut être envisagé, soit au point de vue de l’acteur, soit à celui du théâtre lui-même. L’acteur est un symbole du ‘Soi’ ou de la Personnalité se manifestant par une série indéfinie d’états et de modalités, qui peuvent être considérés comme autant de rôles différents ; et il faut noter l’importance qu’avait l’usage antique du masque pour la parfaite exactitude de ce symbolisme. Sous le masque, en effet, l’acteur demeure lui-même dans tous ses rôles, comme la personnalité est ‘non-affectée’ par toutes ses manifestations » (AI, 188). Donc, chanter comme être acteur de théâtre, c’est exercer un métier qui contient un sens profond, que l’on pense, c’est un symbole aussi de réalisation. De plus, dans la chute René Guénon entend toujours un acte descendant qui s’éloigne du centre spirituel, ou un acte par lequel se perd la tradition métaphysique.

JoJo Mouilleminche est mort d’une chute, mais symboliquement, c’est un acte choisi pour ceux qui atteignent la réalisation. Leur anciennes formes sont mortes, mais elles subsistent sous une autre forme comme un autre état d’être. Donc, on lit que JoJo

Mouilleminche, une fois la réalisation atteinte, est mort, mais pas physiquement car il se transforme en dresseur d’animaux.

On se souvient aussi que le prince poldève est mort d’une chute de cheval, et que le tombeau consacré au prince poldève appartient en fait à Voudsoi qui n’est autre que JoJo Mouilleminche.

JoJo Mouilleminche le chanteur et JoJo Mouilleminche le dresseur, et le prince poldève ne sont que le même homme48 : tout-en-un.

JoJo Mouilleminche, c’est la figure composée qui signifie l’élément masculin qui atteint peu ou prou la réalisation ou l’union. Mais la réalisation finale ne s’effectue que dans l’union avec Léonie, l’éternel féminin.

C’est dans l’Uni-Park que la vraie réalisation est atteinte du côté du féminin comme du côté masculin. Dans un autre sens, puisque ce terrain est consacré symboliquement à Voussoi, le prince poldève, et la fusion de ce terrain avec l’Uni-Park, symbolisé par le mariage de Voussoi avec Léonie, apporte finalement la paix : « le repos du prince Luigi ne sera plus troublé par la sabbat de l’Uni-Park, le hourvari obscène de ses haut-parleurs, le fracas répugnant de ses attractions »(OCII, 1231). Jusque là, on savait que la chapelle, sans son mariage avec l’Uni-Park, se sentirait toujours troublée. De même, l’Uni-Park (ou Luna-Park), sans sa réunion avec le terrain qui manquait (le yang), n’aurait pas trouvé son harmonie (le yin). Finalement le park est devenu parfaitement quadrilatère, comme le Jardin d’Éden flanqué par quatre fleuves. Cette idée de quadrilatère se réfère aussi au Mingtang que René Guénon traite dans la Grande Triade.

Pierrot

Pierrot, sous le signe de la lune, participe toujours du caractère lunaire. Au début, on lit ceci : « il avait des analogies avec la lune » (OCII, 1105), C’est donc peut-être à cause de cela qu’il est souvent repoussé par les filles qu’il aime ; dans le cas contraire ce serait une relation saphique. Ce caractère lunaire doit être contrebalancé par des éléments solaires ou simplement masculins. D’ailleurs, « on ne lui avait jamais dit qu’il était

48 On se souvient que le dresseur s’appelle Voussoi et que c’est à lui qu’appartient la chapelle sur le terrain de Mounnezergues.

intelligent » (ibid.), et le lecteur le trouve plutôt bien benêt, par rapport à ses deux copains, Paradis et Petit Pouce, qui ont plus de savoir-faire que lui. Il est myope, ne voit pas à plus de cinq mètres devant lui, et « le rétrécissement du champ d’action de son rayon visuel l’empêchait de jouir pleinement des beautés dévoilées à la sortie du tonneau » (OCII, 1105).

Or, il s’efforce de faire de son mieux pour pratiquer son métier, « il était donc nerveux, et content » (OCII, 1105). Un métier fixe, pour lui, est toujours un bonheur : « il y avait vraiment de quoi laisser courir le long de son échine le frisson de la douce existence, [---], et du plaisir dans le coeur » (OCII, 1105). Malheureusement, sa première fréquentation avec Yvonne lui fait perdre son travail. Dans un certain sens, il n’est pas bête à son travail : « Pierrot commence à avoir le tour de main et à faire mécaniquement son nouveau métier » (OCII, 1100). Mais cela ne marche pas : il est contrecarré par sa fréquentation lunaire avec un autre élément lunaire.

Cependant, quand on lit qu’il visite la chapelle, ce sera différent. La terre occupée par Mounnezergues nous révèle en apparence des choses symboliquement lunaires : solitaire, sombre, la chapelle est consacrée à la mort. Cet aspect est confirmé par des critiques : Mounnezergues sous-entend la lune (OCII, 1707)49. Or, il ne faut pas oublier : « peut-être une influence solaire ou mercurienne m’empêcha tout d’abord étant enfant de me réjouir de la vue des kystes cotonneux ou des chancres suppurants » (OCII, 1133-1134). C’est là l’indice de l’influence solaire qui existe en lui, et cette influence signifie l’opposé de la lune, de l’Uni-Park. Donc, on trouve chez Mounnezergues le symbole désormais tout à fait masculin et solaire. On sait de plus que c’est grâce au nom des Poldèves que Mounnezergues commence à faire ses études : géographie, astronomie, cosmographie, etc.. Mais le plus important, c’est l’érection d’un mémorial qui donne au lieu sa sanction, car, comme nous l’avons dit plus haut, c’est l’élément de la réalisation représentant Crouïa-Bey, JoJo Mouilleminche et Voussoi, ce dernier étant un prince qui évoque pour nous la noblesse.

On peut regarder comme un voyage divin le parcours de Pierrot dans l’Uni-Park. Le voyage qu’il fait vers le Midi se réfère métaphysiquement au centre au sens propre du mot

49 Il y a des critiques qui montrent que Mounnezergues est lié aussi avec la lune par sa phonétique ‘moon’ en anglais, mais le récit, Mounnezergues nie cette liaision : « je ne suis pas un lunatique »(OCII, 1161), et aussi Raymond Queneau le nie aussi.

Midi.

D’après René Guénon : « à l’époque primordiale, l’homme était, en lui-même, parfaitement équilibré quant au complémentarisme du yin et du yang ; d’autre part, il était yin ou passif par rapport au principe seul, et yang ou actif par rapport au Cosmos ou à