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Chapitre 3 le centre spirituel découvert dans l’oeuvre romanesque de Raymond Queneau

3.3 L’homme véritable dans Odile La critique

En ce qui concerne la lecture d’Odile à la lumière de René Guénon, on rencontre la critique véhémente de Claude Debon dans son article intitulé Queneau saisi par les

agélastes (Claude Debon, 217-227). Dans cet article, elle se fâche contre la lecture de

Raymond Queneau faite par Emmanuël Souchier, en l’accusant de placer l’oeuvre entière de Queneau sous l’influence de René Guénon. En fait ses arguments se concentrent sur l’interprétation d’Odile, particulièrement sur la dernière scène que Roland Travy passe en

Grèce où il admire l’harmonie grecque dévoilée par le Théâtre de l’Acropole. Emmanuël Souchier reconnaît l’influence guénonienne dans la description : « la scène prolongée par les montagnes se situe très exactement à l’horizon : au-delà il n’y a plus que le ciel, le ciel que rien ne tâche, pas plus que l’oeuvre de l’homme ne gâche la nature. Rien ne décline ici, rien ne dégrade, rien ne déchoit. Devant cette harmonie qui se propageait en vastes ondes je n’aperçus plus ni limites ni contradictions » (OCII, 612-613 ; Emmanuël Souchier, 51). Or Claude Debon, pour sa part, trouve que c’est arbitraire de dire qu’il y a un élément guénonien dans cette description. En revanche, elle préfère chercher une clef de la lecture d’Odile dans le Voyage en Grèce de Raymond Queneau, dans lequel elle trouve l’interprétation dans l’article Harmonies grecques. Elle précise qu’ici c’est à la

Naissance de la Tragédie de Nietzsche que Queneau fait allusion, et elle dit que « c’est

lui (Nietzsche) qui, dans ce qui s’appelle désormais la Naissance de la Tragédie, dénonce les « phrases creuses sur l’harmonie grecque’ et montre dans l’union d’Apollon et de Dionysos la véritable harmonie universelle » (Debon, 223). Mais il me semble que Claude Debon aussi bien qu’Emmanuël Souchier traitent trop négligemment la mention faite par Raymond Queneau de ce qui suit : « ici se trouvait l’omphalos, centre de l’Univers, où se réconcilient toutes les contradictions » (VG, 58). Emmanuël Souchier n’en fait pas mention, et Claude Debon n’y prête pas assez d’attention quand elle dit « quant à l’allusion à l’omphalos dans ce même article elle vient naturellement sous la plume de quiconque évoque ce lieu sacré, de même que les mystères d’Eleusis étaient poétiquement imaginés par Nietzsche » (Debon, 223-224). Cependant, il ne faut pas oublier que René Guénon consacre un article particulier au sens de l’omphalos dans le Roi du Monde : « il y a encore d’autres symboles qui, dans les traditions antiques, représentent le centre du monde, un des plus remarquables est peut-être celui de l’omphalos, [---], le mot grec omphalos signifie ‘ombilic’, mais il désigne aussi, d’une façon générale, tout ce qui est centre, et plus spécialement le moyeu d’une roue » (RM, 74-75). René Guénon continue : « le symbole de l’omphalos pouvait être placé en un lieu qui était simplement le centre d’une région déterminée, centre spirituel, d’ailleurs, bien plutôt que centre géographique, quoique les deux aient pu coïncider en certains cas » (RM, 75). Plus loin, René Guénon remarque que « l’omphalos du temple de Delphes ; ce temple était bien réellement le centre spirituel de la Grèce antique » (RM, 77), mais ce n’est pas tout, parce que

l’omphalos est représenté aussi par une pierre sacrée en forme de pilier, et auprès de cette pierre sont donnés les oracles à Delphes. Et cette pierre est aussi identifiée au ‘centre du monde’, par sa forme de pilier. Cette pierre se présente comme un conique et ‘le cône rappelait la montagne sacrée, symbole du ‘pôle’ ou de l’Axe du Monde (RM, 78). D’ailleurs, dans Aperçus sur l’ésotérisme chrétien, on lit aussi des passages qui décrivent que l’omphalos est comparé au « Centre du Monde » (AEC, 32). En plus, l’omphalos a d’autres représentations qui ont le même sens que celui de la pierre : la forme ovoïde (l’Œuf du Monde), un tertre en forme de Pyramide54.

Revenons à l’article Harmonies grecques de Raymond Queneau. Il mentionne qu’« ici se trouvait l’omphalos, centre de l’univers, où se réconciliaient toutes les contradictions » (VG, 58). Or, René Guénon mentionne que « le centre de la croix est donc le point où se concilient et se résolvent toutes les oppositions ; en ce point s’établit la synthèse de tous les termes contraires, qui, à la vérité, ne sont contraires que suivant les points de vue extérieurs et particuliers de la connaissance en mode distinctif » (SC, 49), « au point central, toutes les distinctions inhérentes aux points de vue extérieurs sont dépassées, toutes les oppositions ont disparu et sont résolues dans un parfait équilibre » (SC, 53).

Cependant, pour Raymond Queneau, « l’omphalos, centre de l’univers » se comprend d’une autre façon, mais pas tout à fait différente de celle de René Guénon. En face de Raymond Queneau, c’est l’éternité des sites intemporels, ou la vie perpétuelle des ruines par rapport à la vie quotidienne humaine, celle-là demeure l’immuable, celle-ci se caractérise par le devenir, et les deux sortes de vie confluent ici, c’est-à-dire au centre des sites. L’harmonie, d’une part, l’homme, d’autre part, comme une partie du devenir viennent ici se rejoindre dans l’éternité. Par là Raymond Queneau nous montre un autre sens de l’harmonie : « on voit alors s’associer la nature à l’oeuvre de l’homme, car l’on constate que les montagnes environnantes et le ciel même viennent lui donner sa signification complète et magnifier son existence, dans laquelle se sont déjà concrétisées les harmonies numérales de l’architecture. Le Grec ne s’anéantit pas dans la Nature non plus qu’il ne l’asservit ; mais s’accordant avec elle, il garde ainsi lui-même sa propre

54 Le symbole de la pyramide se réfère à l’Axe du Monde: « de plus, si le symbole de la montagne ou de la pyramide est rapporté à l’Axe du Monde, son sommet, [---], s’identifie plus spécialement au Pôle même »(SFSS, 132).

autonomie et réalise la plénitude de son être » (VG, 57-58).

Cette harmonie est aussi décrite par René Guénon dans Mélanges en ce qui concerne l’omphalos et le temple de Delphes : « il y avait dans le temple de Delphes une pierre appelée omphalos, qui représente le centre de l’être humain aussi bien que le centre du monde, suivant la correspondance qui existe entre le macrocosme et le microcosme, c’est-à-dire l’homme, de telle sorte que tout ce qui est dans l’un est en rapport direct avec ce qui est dans l’autre. Avicenne a dit : ‘Tu te crois un du néant et c’est en toi que réside le monde’ » (M, 55).

Ici, l’homme partage aussi cette harmonie éternelle par sa réalisation architecturale. Son existence est donc magnifiée par son oeuvre, qui est immergée dans la Nature. Raymond Queneau dit ailleurs dans l’écrivain et le langage : « le temple de Dionysos à Athènes, par exemple, montre comme l’homme peut construire en accord entier avec ce qui entoure, et fond, son oeuvre » (VG, 178), parce que pour lui « les sciences anciennes, se présentaient comme une collaboration de l’homme avec la nature » (VG, 178), ce qui convient tout à fait à ce qu’il dit par rapport à l’harmonie grecque. Dans Odile, Roland Travy dit qu’ « à côté de moi venait se placer cet Arabe que j’avais rencontré un jour » et « un Arabe immobile regarde la campagne et le ciel, poète philosophe noble » (OCII, 519). On peut se demander pourquoi au moment où Roland Travy comprend l’harmonie grecque, l’image de l’Arabe lui revient à la pensée. C’est parce qu’ il est, comme le dit Emmanuël Souchier, le symbole du centre du monde lui aussi. La campagne et le ciel désignent la terre et le ciel, le regard qui couvre la terre et le ciel signifie qu’en cet homme s’unissent la terre et le ciel, donc, cet Arabe est le troisième terme qui unit la terre et le ciel. Le roman

On revient au roman. D’abord, du point de vue narratif, l’histoire que raconte Roland Travy se déroule quand il fait un voyage en Grèce, et cette histoire couvre sa période au Maroc et à Paris. Au début du roman, le narrateur dit : « lorsque cette histoire commence, je me trouve sur la route » (OCII, 517), et en page 613, il dit : « mon histoire finit là. Après cela, j’ai continué à vivre : naturellement, ou plutôt j’ai commencé, ou bien encore : j’ai recommencé » (OCII, 613). C’est le narrateur qui raconte son passé antérieur au moment

où il fait son voyage en Grèce dans le passé, à compter duquel il est en train de raconter toute son histoire après son retour de Grèce.

Dans le passé antérieur, Roland Travy rencontre sur la route un Arabe : « devant moi, un Arabe immobile regarda la campagne et le ciel, poète, philosophe, noble ». À ce moment-là, Roland Travy ne prend pas conscience qu’il s’agit de quelque chose relative à son initiation, c’est juste après avoir fait son voyage en Grèce qu’il se rappelle qu’il s’est initié au moment où il rencontre cet Arabe, mais avant le voyage, il reste toujours ignorant de ce que signifie cet Arabe immobile qui regarde le ciel et la terre (la campagne). Il est hanté par cette image parce qu’il n’en connaît pas le sens, la seule chose qui le frappe, c’est qu’il se rend compte que quelque chose se passe en lui : sa naissance --- « je l’ai dit : quand je naquis, il faisait clair. Jour clair, jour de clarté, ciel éclairé, clair de ciel – la lumière m’ouvrit les yeux et la boue gluait sous mes pieds comme du placenta » (OCII, 1305).

Dans la première version de l’expérience marocaine, le narrateur raconte encore une fois sa seconde naissance d’une façon différente : « la preuve, c’est que je commence avec une flaque d’eau sur une route, là-bas du côté de l’Extrême-Occident – et d’un sage vêtu d’une djellaba et qui contemple le monde dans une goutte d’eau roulant le long d’une feuille d’arbre. Un arbre quelconque. Le figuier de barbarie si je voulais donner la couleur locale » (OCII, 1309). Ici, le sage de la première version est remplacé par l’Arabe de la version définitive ; cela nous révèle donc que cet Arabe est un sage. Et comme un sage, il fait en lui l’union du ciel et de la terre comme l’Homme Universel. Et le fait que le sage contemple le monde dans une goutte d’eau est typique de l’enseignement hindou : « en contemplant une goutte d’eau, on connaît le monde de toutes les eaux » (Zhao, 162). Et le figuier de barbarie nous rappele le figuier d’Égypte dans le poème Rue Paul-Verlaine de Courir les rues (voir pages 234-235 de la thèse).

Toutefois, cet Arabe avec son immobilité se répète plusieurs fois dans le roman. Pour Roland Travy, l’Arabe qui se tient debout immobile, c’est aussi le symbole du centre du monde, la Grande Triade, par lequel Roland Travy s’initie. C’est donc un germe planté dans le coeur de Travy pour qu’un jour ce germe y grandisse et le conduise jusqu’à la connaissance finale : « oui, il y a quelque chose là-bas (au Maroc) qui m’a frappé, je veux dire : qui m’a donné un coup, quelque chose que je n’ai pas compris, quelque chose qui ne s’est pas développé mais qui subsiste en moi comme une veilleuse qu’aucun souffle

ne saurait éteindre » (OCII, 609), « Le germe qui doit être déposé dans l’être pour rendre possible son développement spirituel ultérieur, c’est précisément l’influence qui, dans un état de virtualité et d’‘enveloppement’ exactement comparable à celui de la graine, est communiquée par l’initiation » (IRS, 44). Et ce germe planté une fois dans le coeur de Roland Travy va pousser et fait prendre conscience à Roland Travy de sa présence dans son coeur jusqu’à le répéter sept fois depuis son apparition tout au long du récit : « deux fois au Maroc, trois à Paris, et deux en Grèce » (Michel Dyé, 307)55.

Les critiques divisent le roman en trois parties selon les noms géographiques : Maroc, Paris, et Grèce. On peut dire que c’est au Maroc que Roland Travy débute son initiation, à savoir sa naissance à 21 ans. C’est la seconde naissance d’après René Guénon que le narrateur raconte dans le passé antérieur.

Or, c’est à Paris que Travy parcourt les épreuves pour atteindre la connaissance finale, ou plutôt l’harmonie spirituelle. Mais, ce parcours spirituel est ponctué de conflits entre ce qui se passe dans sa vie et le rappel de cet Arabe immobile. On va faire brièvement un bilan de ce qui se passe dans la vie de Roland Travy en ce qui concerne les idées qu’il attaque dans l’ombre de René Guénon : le rationalisme de Saxel, les spirites et l’anti-rationalisme d’Anglarès.

Le rationalisme est toujours soumis à la critique de René Guénon, comme on le sait. Le rationalisme dans le roman est décrit de la façon suivante : « on s’assure de la solidité des fondations avant de construire le rez-de-chaussée et le rez-de-chaussée fini on passe au premier étage puis au second et ainsi de suite sans qu’il y ait de motif pour que cela s’arrête. Mais en réalité les choses ne se passent pas ainsi ; [---]. Il s’agit de décrire un monde, de le découvrir est non de le construire ou de l’inventer, car il existe en dehors de l’esprit humain et indépendamment de lui » (OCII, 529), « parce qu’il y a là une réalité qui nous dépasse et qu’on ne peut exprimer au moyen du langage qu’invente notre raison, parce qu’échoue le mécanisme rationnel de reconstruction de ce monde-là. Comme échoue le mécanisme rationnel de reconstruction de ce monde-ci je suppose » (OCII, 531). A ce moment-là, l’Arabe immobile fait son premier rappel à l’esprit de Roland Travy.

55 Voir le personage dans l’oeuvre de Raymond Queneau, p.307, sous la direction de Daniel Delbreil, Presse de la Sorbonne Nouvelle, 2000.

C’est peut-être l’esprit de René Guénon qui fait écho dans l’esprit de Roland Travy : « la raison est évidemment faillible par suite de son caractère discursif et médiat, [---], si rigoureuse qu’on veuille rendre l’expression, ce qu’elle laisse en dehors d’elle est toujours beaucoup plus que ce qu’elle peut enfermer » (EDH, 95), et la raison, d’après René Guénon, est lié à l’individualisme : « rationalisme et individualisme sont donc si étroitement solidaires qu’en fait, ils se confondent le plus souvent » (RQST, 92), « l’individualisme, de mettre la raison au-dessus de tout, de faire de cette faculté purement humaine et relative la partie supérieure de l’intelligence, ou même d’y réduire celle-ci toute entière ; c’est là ce qui constitue le ‘rationalisme’, dont le véritable fondateur fut Descartes » (CMM, 94). Pour Roland Travy, il lui semble exister un monde qui est au-delà de ce monde-ci, parce que ce monde-ci révèlé par la raison n’a pour objet que le sensible, mais atteindre ce monde-là lui semble aussi difficile. Peut-être les mathématiques sont-elles le seul moyen, parce que dans les mathématiques se cache « la beauté de la théorie des fonctions automorphes ou même plus simplement des sections coniques »(OCII, 539).

On sait qu’au retour du Maroc, Roland Travy fréquente le groupe d’Oscar, et que par hasard, il fait sa connaissance de Saxel, ce dernier est attaché au groupe d’Anglarès : un groupe de l’infrapsychisme, autrement dit le groupe du surréalisme. Pendant ses activités dans le groupe d’Anglarès, Roland Travy assiste une fois à la séance du groupe des spirites. Le spiritisme, c’est aussi un sujet que René Guénon attaque avec véhémence dans ses livres l’erreur spirite et le théosophisme. Le problème est que le groupe des spirites croie en la réincarnation, par exemple dans le roman, il fait venir Lénine. Ce qui met René Guénon en colère, c’est que selon la doctrine hindoue, il n’existe pas de réincarnation, c’est-à-dire de reprise de l’ancien corps que jette un être quand il est mort. Pour René Guénon, un être, quand il est mort, change sa modalité d’être en une autre, il ne peut jamais revenir dans son ancien état d’être, donc, c’est absurde de dire que Lénine est réincarné en quelqu’un d’autre, à savoir encore dans un état humain. Dans le roman, Roland Travy ne dit rien directement contre ce groupe des spirites, on sait qu’il attaque avec véhémence le groupe d’Anglarès qui est uni au groupe des spirites.

L’anti-rationalisme du groupe d’Anglarès est aussi sous l’attaque de Roland Travy, chez qui on sent le souffle de René Guénon.

La seconde fois que l’image de l’Arabe immobile fait écho, est liée à l’enseignement qu’apporte Vincent à Roland Travy. C’est le moment où il y a un schisme entre Saxel et le groupe d’Anglarès, et que Roland Travy reste éloigné de ce groupe aussi. A son côté, il ne reste que Vincent (Tuquedenne). Et Roland Travy est immergé dans sa recherche du monde idéal derrière les mathématiques mais sans aucun résultat, au contraire : « je me laissais couvrir de mousses, caillou bénévole et ahuri » (OCII, 583). Or, à ce moment, Vincent montre à Roland Travy ce qui se passe dans ce qui l’entoure, et soudain Roland Travy prend conscience que « je m’aperçus que je n’étais pas sorti du domaine du presque rien » (ibid.). En fait, Roland Travy sent que la vie qu’il mène jusqu’à ce moment-là est vide de sens, il hésite au carrefour de la vie future. C’est à ce moment-là qu’il se rappelle l’image de l’Arabe. Et de plus il arrive à faire une découverte qui est très fructueuse. C’est le 12 décembre qu’il a observé par hasard « deux rameurs réguliers simples à embranchements uniques alternés, trouver le nombre de leurs points d’intersection en fonction des douze quantités dont dépend leur représentation symbolique par rapport à deux axes de coordonnées » (OCII, 584). Nous n’ignorons pas que le chiffre 12 signifie les douze zodiaques, donc suggérant le centre et la circonférence, et les deux axes de coordonnées, c’est le symbole de la croix, donc 12 zodiaques sur la croix, c’est tout à fait ce dont traite René Guénon dans le Symbolisme de la Croix.

Ces trois éléments ne se retrouvent pas par hasard en effet : l’Arabe en tant que sage est réparti en Vincent comme initié qui introduit l’éducation spirituelle en Roland Travy, lequel à son tour semble s’ouvrir spirituellement, et à ce moment-là il s’approche de l’intellect métaphysique prôné chez René Guénon.

La troisième fois que l’image de l’Arabe se rappelle à Roland Travy, c’est juste après qu’il ait critiqué le groupe de l’infrapsychisme d’Anglarès. Dans cette critique-là, on aperçoit aussi la présence de René Guénon. On lit : « On peut proposer à l’homme l’état d’enfance comme un ‘idéal’ à la condition que ce ne soit pas par défaut mais par suréminence, non parce qu’on ne peut parvenir à être un adulte mais parce qu’au contraire on a réalisé toutes les possibilités de cet état. Ces gens qui prônent l’enfance la cherchent dans les sous-sols de la conscience, [---], puérilités ! puérilités » (OCII, 600). On peut repérer deux points qui nous renvoient à René Guénon. Le premier point, c’est qu’il s’agit de l’enfance. D’après Roland Travy, par enfance, on peut réaliser toutes les possibilités

de l’état d’un être. Nous revenons à René Guénon, on lit chez lui : « les allusions à la ‘simplicité’, expression de l’unification de toutes les puissances de l’être, et regardée