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Tranches d’âge des individus déclarés cas probables et/ou confirmés dans les districts

PARTIE II VULNERABILITÉ DES ESPACES HUMANISÉS FACE AU RISQUE

4.2. Trois sites d’études différents de par l’expression épidémiologique de la peste

4.3.2. Tranches d’âge des individus déclarés cas probables et/ou confirmés dans les districts

Ce qui est flagrant aux premiers abords, concernant les tranches d’âges des individus ayant été notifiés cas probables ou confirmés, dans les 3 districts pris en compte dans l’étude, au cours de la décennie 2006-2015 c’est que la majeure partie d’entre eux (60.6%, 344/568) sont des individus de moins de 15 ans. Si l’on se focalise au cas par cas, c'est-à-dire sur les chiffres par district, le constat est que la situation suit la tendance générale de l’ensemble des districts.

4.3.3. Formations sanitaires fréquentées par la population des sites d’études en cas d’apparition de symptômes

4.3.3.1. District de Tsiroanomandidy

Sur les 29 formations sanitaires déclarantes, fréquentées par au moins un individu en quête de diagnostic et/ou de traitement de la peste (2006 à 2015), dans le district de Tsiroanomandidy : 693 individus ont fréquenté ces structures. Autour de 23 individus, en moyenne, sont passés dans ces structures pour un diagnostic et/ou un traitement de la peste, en 10 ans.

4.3.3.2. District d’Ambositra

156 individus ont fréquenté les 34 structures sanitaires de ce district. En 10 ans, ces formations sanitaires ont vu passer, en moyenne, 4 individus, en quête de diagnostic, de soins ou de traitements relatifs à la peste. 5 FS de ce district se distinguent du reste avec au moins 10 consultations (diagnostic, traitement…) relatives à la peste.

4.3.3.3. District de Mahajanga I

En ce qui concerne les formations sanitaires fréquentées en cas de suspicion de peste à Mahajanga, seule celle d’Androva a connu un rush de la part de la demande en matière de soins, si l’on peut le définir ainsi, notamment en 2006 avec 19 individus fréquentant, en 2007, avec 2 individus ayant fréquenté Androva et en 2011, avec 4 individus en quête de diagnostic de soins ou de traitements. Un total de 25 individus avait fréquenté cette structure de 2006 à 2015. Pour les cas confirmés et probables de peste toutes formes confondues pour les Districts d’Ambositra et de Tsiroanomandidy le taux de létalité est de près de 20% (114 décès/562 cas). Pour les cas probables et confirmés de peste bubonique, ce taux est de 16% (80

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décès/511 cas). Pour les cas probables et confirmés de peste pulmonaire, il est d’environ 48%, soit 10 décès/21 cas.

L’évolution spatio-temporelle des cas probables et confirmés de peste dans les deux districts des HTC dans le cadre de l’étude. De 2006 à 2015, des cas humains de peste sont apparus dans les districts de Tsiroanomandidy et d’Ambositra. Pour le cas du district de Tsiroanomandidy, plusieurs communes ont enregistré des cas de peste bubonique durant la totalité de la période d’étude. Mais des cas de peste pulmonaire ont été également notifiés dans certaines communes en 2008, 2011, 2012 et 2014. La cartographie de l’évolution spatiale des communes où des cas de peste ont été déclarés durant la période d’étude illustre bien le statut d’endémicité de la peste dans cette région des HTC. Pour l’ensemble des cas probables et confirmés de peste bubonique pris en compte dans cette étude, la plupart des cas notifiés sont des cas de peste bubonique et la mortalité due à la peste bubonique est relativement faible si le taux de létalité de peste pulmonaire avoisine les 50% pour l’ensemble des sites des HTC étudiés.

Conclusion du chapitre

Entre 2006 et 2015, plusieurs cas de peste ont été déclarés et enregistrés dans la base de données du LCP dans les trois districts pris en compte dans le cadre de cette étude. Dans les districts d’Ambositra et de Tsiroanomandidy, bien que faisant partie des HTC, les cas humains de peste n’apparaissent pas de la même façon. Les cas de peste apparaissent quasi annuellement dans le district de Tsiroanomandidy si dans le district d’Ambositra, une période de silence a été identifiée en 2010. Pour le cas du district de Mahajanga I, dans le littoral ouest-malgache, une épidémie de peste a été déclarée en 2006.

Il est fort probable que les espaces humanisés dans ces trois districts ne soient pas exposés de la même manière face au risque pesteux. Certaines régions administratives et donc certaines populations sont plus exposées et donc plus vulnérables face au risque pesteux. Le district de Tsiroanomandidy semblant être plus exposé et donc plus vulnérable au risque d’apparition de cas humains de peste que les districts d’Ambositra et de Mahajanga I.

Les différentes situations épidémiologiques de la peste dans les trois sites d’études ouvrent la voie à plusieurs pistes quant à l’hétérogénéité spatiale de l’expression de la maladie à Madagascar.

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Mais certaines questions semblent nécessiter des éclaircissements. Ainsi, quels seraient alors les facteurs pouvant expliquer cette hétérogénéité ?

Quel rôle pourrait jouer les connaissances des populations sur la peste dans cette expression de la maladie dans différents espaces ?

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Chapitre 5

Hétérogénéité des contextes épidémiologiques et comportements

contextualisés : influence des perceptions et des connaissances de la

population sur le risque pesteux

Ce chapitre est consacré aux perceptions de la population par rapport à la peste dans les sites étudiés mais également les perceptions des professionnels de santé par rapport à la maladie. Les principaux aspects qui seront soulevés dans ce chapitre sont les connaissances de la maladie, les attitudes en général, en cas de maladie, ainsi que les pratiques en cas de recours aux soins. Ces différents aspects seront synthétisés à partir d’une étude des Connaissances, attitudes et pratiques (CAP) par rapport à la peste d’une part du point de vue de la population générale et d’autre part selon les professionnels de santé. La méthodologie du CAP par rapport à des infections ou maladies est utilisée pour détecter d’éventuelles lacunes dans les campagnes des sensibilisations ou d’informations (Vakani, Basaria et al. 2011 ; Zhao, Shen et al. 2013 ; Wang, Yang et al. 2015 ; Arbiol, Orencio et al. 2016 ; Fatema, Hossain et al. 2017 ; Rahaman, Majdzadeh et al. 2017 ; Chen, Zhao et al. 2018) ; diffuser des messages sanitaires à la population, par exemple ;mais également pour identifier les liens entre situations épidémiologiques et comportements humains dans le cas précis de la peste, comme en Ouganda (Kugeler, Apangub et al. 2017).

Sur les HTC, les situations épidémiologiques varient d’une région à une autre. Ainsi le district de Tsiroanomandidy, est une région où des cas de peste humaine sont déclarés chaque année. Quant au district d’Ambositra, parfois des flambées épidémiques y sont déclarées, parfois des périodes de silence caractérisent les années (Cf. Chapitre 4). Ces deux districts faisant pourtant partie du « triangle de la peste » des HTC. En effet, ce sont des foyers de l’endémie pesteuse à Madagascar.

La question qui se pose est de savoir s’il y a un lien entre les comportements et/ou les perceptions de la population par rapport à la peste de ces districts et les situations épidémiologiques dans ces régions ce qui démontrerait le rôle de l’hétérogénéité spatiale dans la dynamique de la peste et le risque d’exposition à la peste à Madagascar, du moins, dans les perceptions et les comportements des populations face à la maladie.

L’étude menée a été une étude transversale exploratoire basée sur un questionnaire CAP. L’approche vise en premier lieu à évaluer les CAP des populations des sites d’études par rapport à la peste et en deuxième lieu de déterminer l’influence du contexte épidémiologique

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sur les variations de degrés CAP selon les sites étudiés. Enfin, il s’agit de déterminer les paramètres expliquant ces variations dans l’expression épidémiologique de la peste i) dans les différentes régions foyer de la peste des HTC, prises en compte dans l’étude ii) pour le cas du district de Mahajanga, dans le littoral ouest. Ces sites ont été choisis du fait de leurs caractéristiques géographiques et de la présence de cas déclarés entre 2006 et 2015.

5.1. Évaluer la vulnérabilité de la population face au risque pesteux à Madagascar.