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Les réponses des différents systèmes sanitaires dans la lutte contre la peste

PARTIE I LA PESTE FLÉAU DU PASSÉ ET PARFOIS CALAMITÉ DU PRESENT 18

2.4. Les réponses des différents systèmes sanitaires dans la lutte contre la peste

Afin d’endiguer la peste qui est dans quelques pays un problème de santé publique, des politiques, programmes et moyens de lutte ont été mis en place selon le cadre, qu’il soit national, soit propre à un pays, ou international soit régi par l’OMS. Ces réponses et actions sont toujours coordonnées par l’OMS, dans le cadre de la lutte contre la peste.

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2.4.1. Dans un cadre international

2.4.1.1. La peste maladie à déclaration obligatoire selon le Règlement sanitaire international ou RSI

La peste est une des maladies à vecteurs au même titre que la fièvre jaune ou la fièvre à virus du Nil soumis à une réglementation stricte dans le cadre du Règlement sanitaire international ou RSI (OMS, RSI, 2009). C’est donc une des maladies quaternaires à déclaration obligatoire.

Le RSI est une réglementation à cadre juridique établi pour protéger des pays et états membres de l’OMS, d’une éventuelle propagation de maladies d’envergure internationale. Actuellement 194 pays et états sont soumis à la RSI établie depuis 2005 par l’OMS. Cette réglementation a pour objectif de stopper la propagation potentielle de la peste d’un pays à un autre. La peste pouvant être un problème de santé publique international.

Le RSI est également un cadre juridique international mis en place par les différents états membres de l’OMS pour réguler, mais également contenir la propagation des maladies transmissibles à l’échelle internationale.

Son principal objectif est selon l’article 2 du RSI de 2005 :

« Prévenir la propagation internationale des maladies, s’en protéger, la maitriser et y réagir par une action de santé publique proportionnée et limitée aux risques qu’elle présente pour la santé publique en évitant de créer des entraves inutiles au trafic et au commerce internationaux »

Certaines règles sont prônées par la RSI dont :

La mise en place d’un système d’alerte mondial, mais également à l’échelle des états. La surveillance, la notification et le renforcement des capacités nationales en matière de

santé publique et de gestion d’épidémies

Des actions pour aider les États membres à s’armer contre les maladies transmissibles potentiellement épidémiques.

2.4.1.2. Historique du RSI

Ce sont les épidémies européennes de choléra durant le XIXème siècle qui ont fait naitre la volonté de mettre en place une sorte de coopération internationale pour faire face à la propagation des maladies infectieuses transmissibles, à l’époque. Cette idée a été lancée durant la conférence sanitaire internationale de Paris, en France, en 1851.

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Après la création de l’OMS (succédant à la naissance de l’ONU) en 1948, c’est en 1951 que les pays membres de cette organisation ont adopté le RSI.

De 1969 à 2005, le RSI a été révisé à maintes reprises :

En 1969, six principales maladies infectieuses graves étaient concernées par le RSI : le choléra, la peste ; la fièvre jaune, la variole, la fièvre récurrente et le typhus. Le choléra, la peste et la fièvre jaune étaient les maladies à déclaration obligatoire auprès de l’OMS. Ce qui veut dire que les États membres doivent systématiquement notifier à l’OMS l’apparition de cas de ces maladies.

Dans les années 1990, une révision a été également adoptée durant la 48ème assemblée Mondiale de la santé (1995) suite à la réémergence d’épidémies de maladies contagieuses (choléra, peste…) et l’apparition des cas de fièvre hémorragique Ebola

C’est durant la révision de 2005 que le RSI a mis en place l’Urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). L’OMS pouvant statuer sur l’urgence par rapport à la survenue d’une épidémie dans un État.

2.4.2. Dans un cadre national, à l’échelle des pays concernés : la lutte contre la peste à l’échelle des états et les recommandations de l’OMS

2.4.2.1. Surveillance continue des réservoirs et des vecteurs de la peste en zone d’endémicité pesteuse

Vu les acteurs constituant le cycle de transmission de la peste les mesures prises pour la prévention et le contrôle de la peste nécessitent une lutte une surveillance des rongeurs, mais également des vecteurs de la peste. Les cas humains de peste apparaissant dans les zones où les vecteurs et réservoirs sont endémiques. La peste étant avant tout une maladie animale transmise par les vecteurs, les axes prioritaires dans la lutte contre la peste concernent la lutte contre les vecteurs et les hôtes-réservoirs de la maladie (Pollitzer 1954).

2.4.2.2. La lutte contre les puces vectrices

Le premier objectif contre la peste consiste donc à lutter contre les puces vectrices de la maladie. Interrompre la transmission de la maladie par les puces est une des mesures prioritaires dans la lutte contre la peste. Cette interruption consiste à un épandage, poudrage ou désinfection des terriers et trous susceptibles d’abriter des rongeurs et leurs puces. Les insecticides ou les composés utilisés pouvant faire face à une résistance de la part des puces, des tests de résistance sont amenés à être effectués sur des populations de puces, sur le terrain. Le DDT fut, à une certaine période, très utilisée pour la désinfection. Des études ont prouvé que les puces ont développé une résistance à ce composé. Le DDT ayant également des

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conséquences néfastes sur l’environnement, il a été progressivement abandonné et remplacé par d’autres types de composés. Pourtant, l’utilisation de composants chimiques dans la lutte contre la peste rencontre une certaine difficulté lorsqu’il s’agit de lutter contre les puces des rats sauvages. Les rats sauvages et leurs terriers étant difficilement détectés.

2.4.2.3. Lutte contre les hôtes-réservoirs : un objectif complexe

Le deuxième objectif dans la lutte contre la peste est la lutte contre les hôtes-réservoirs. Dès que l’indice pulicidien baisse, la lutte contre les hôtes-réservoirs doit être menée. Mais cette lutte ne consiste pas qu’à l’élimination des rongeurs, qui est une chose ardue et difficile comme mentionnée plus haut. Le risque étant que si la population de rongeurs diminue, les puces vont aller chercher d’autres hôtes ce qui implique l’apparition potentielle de cas humains. Il y a également le risque dû à la compétition naturelle entre les différentes espèces de rats. En effet, si le nombre de rats vivant dans les villages diminue, par exemple, les rats des zones environnants et/ou des champs risquent de prendre leur place dans les villages (Pollitzer 1954).

Quoiqu’il en soit les composés rodenticide, la mise en place de pièges à appât, la fumigation des terriers ou l’utilisation d’anticoagulant, sont des procédés qui peuvent être utilisés pour tuer les hôtes-réservoirs

2.4.2.4. Les mesures prises par les structures et services de santé en cas de notification des cas de peste

Dans le cas de la déclaration d’un cas humain de peste dans une région d’un pays donné, quatre phases sont directement mises en place, selon les recommandations de l’OMS (dans le cadre du RSI). La peste étant une maladie grave, mais traitable dont on peut guérir facilement si la prise en charge est rapide.

Phase 1: le diagnostic et intervention médicale

Phase 2: les investigations épidémiologiques et épizootiologique et mesures d'urgence Phase 3: surveillance et lutte

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Conclusion du chapitre

La peste étant une zoonose elle touche essentiellement les populations animales, l’homme n’est qu’un hôte accidentel de la maladie. Les trois acteurs principaux du cycle de transmission de la maladie sont répartis dans le monde et des foyers naturels sont présents sur le continent africain, américain, européen et asiatique. Les conditions favorables aux acteurs principaux de la peste étant liées essentiellement aux facteurs environnementaux et climatiques.

La peste bubonique et pulmonaire restent les formes cliniques de peste les plus communes chez les êtres humains. L’apparition des cas humains de peste, outre les facteurs environnementaux et climatiques, est conséquente des contextes socio-économiques propres aux régions et zones du globe. C’est le cas des pays africains où la peste est endémique et où cette maladie est un problème de santé publique. Des mesures des luttes ont été préconisées et mises en place à différentes échelles : locales, régionales, nationales et internationales. La lutte contre la peste revêt plusieurs aspects du fait des acteurs concernés dans le cycle de transmission : lutte contre le vecteur, contre le réservoir et sensibilisation ou mesure de prévention auprès des populations.

Ces différents aspects de la lutte contre la peste expriment la complexité de la maladie. Face à cette complexité et à cette persistance de la peste à l’échelle mondiale, la nécessité de la mise en place de nouvelles approches dans la lutte contre la maladie est inexorable. Le RSI étant un noyau de cette lutte à l’échelle internationale. Cadre juridique matérialisant la volonté de stopper l’éventualité d’une propagation de maladies, dont la peste, dans le monde, le RSI, bien que nécessaire, ne répond pas aux problématiques posées aux échelles régionales et nationales des pays concernés par la peste humaine. Les contextes et les besoins des pays et régions étant variés.

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Chapitre 3

Particularités de l’endémicité de la peste à Madagascar : entre

complexité épidémiologique et contrastes spatiaux

La peste étant un problème de santé publique sur la grande île, un chapitre à part entière consacré au contexte malgache est nécessaire. Le contexte historique pour montrer l’évolution spatio-temporelle de la maladie, de son arrivée à nos jours, à Madagascar, en passant par les épidémies récentes, amène à une réflexion sur le caractère historique et donc social de la maladie.

Une question soulevée aussi dans ce troisième chapitre est : « quels éléments biologiques, environnementaux, géographiques et sociaux, favorisent l’endémicité de la peste à Madagascar ? ». Ces éléments y sont évoqués grâce à un survol bibliographique sur l’état des connaissances sur la peste à Madagascar. Mais ici les termes doivent être utilisés avec précautions : faut-il parler de maintien, de persistance, d’émergence ou de réémergence de la peste à Madagascar ?