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Chapitre 1 : Revue de la littérature

1.1 Description des papillomavirus

1.1.3 Traitements disponibles et en développements

1.1.3.1 Traitements disponibles

Plusieurs traitements sont utilisés pour enrayer la présence des verrues de la région anogénitale. Certaines méthodes vont être préconisées selon le type et la grosseur des condylomes ainsi que l’étendue de la surface à traiter. Les interventions incluent l’ablation chirurgicale, la destruction des cellules infectées, l’utilisation d’un stimulateur de la réponse immunitaire locale par l’application d’onguents topiques seul ou en combinaison avec un traitement au laser. L’excision de la verrue génitale va s’effectuer à l’aide d’un bistouri ou bien avec un électrocautère qui utilise l’électricité pour chauffer une boucle métallique servant à couper les condylomes. Les traitements qui vont amener une nécrose de la région infectée regroupent entre autre l’utilisation de l’énergie infrarouge d’un laser au dioxyde de carbone et la cryothérapie qui consiste à appliquer de l’azote liquide au niveau de la zone à traiter. L’application locale d’agents corrosifs comme les acides trichloroacétique et salicylique, vont aussi être utilisés pour détruire les cellules de la région infectée.

Les traitements locaux administrés sous la forme d’onguents, de gels, ou de solutions, vont contenir des agents réduisant la prolifération cellulaire. Nous retrouvons dans ce groupe la podophyllotoxine qui est une toxine se liant à la tubuline empêchant la

formation de microtubule et induisant un arrêt du cycle cellulaire provoquant la nécrose dans les tissus traités (von Krogh, 1981). Un autre agent antiprolifératif couramment utilisé est le 5-fluorouracil (5-FU). Il bloque l’activité de la thimidylate synthase et inhibe la synthèse d’ADN générant un arrêt du cycle cellulaire. Le cidofovir, un analogue de nucléoside pour lequel le mécanisme d’action envers les PV n’est pas complètement connu, a été développé initialement pour contrer les infections par le cytomégalovirus mais il est maintenant fréquemment utilisé pour les lésions sévères et récurrentes causées par les VPH (Coremans and Snoeck, 2009). Une étude prometteuse mais qui reste à être confirmée, propose que le cidofovir pourrait supprimer la prolifération des cellules transformées par les VPH et induire l’apoptose. Le mécanisme impliquerait une protéine virale qui ajouterait des groupements phosphates au cidofovir créant une forme du médicament causant la mort cellulaire (Andrei et al., 2000). De plus, les cellules traitées au cidofovir accumulent dans la phase S du cycle cellulaire en réduisant le niveau de la protéine p21 sans affecter la quantité de p53 (Johnson and Gangemi, 1999).

La classe de médicament modulant le système immunitaire regroupe l’interféron et l’imiquimod, deux agents approuvés pour lutter contre les verrues génitales. L’imiquimod inhibe la réplication des VPH et provoque la régression des condylomes. Son action repose sur l’activation de l’immunité innée par la stimulation de la production d’interféron alpha (IFN-α) et d’autres cytokines pro-inflammatoires ainsi que l’activation des lymphocytes T (Garland, 2003; Scheinfeld and Lehman, 2006). Il est appliqué localement sous la forme d’onguent à une concentration de 5% où l’on constate une régression des condylomes ainsi qu’une diminution de l’ADN viral dans 51,6% des cas (Garland et al., 2006). Une thérapie approuvée pour contrer les lésions bénignes causées par les VPH, est l’utilisation d’IFN. Il existe principalement deux types d’IFN, les IFN de type I, tel que l’IFN-α et l’IFN-β, synthétisés par de nombreux types cellulaire et l’IFN de type II, tel que l’IFNγ produit principalement par les lymphocytes T après l’induction de la réponse adaptative. Les IFN

mènent à l’activation de plus de 300 protéines et de voies enzymatiques pour la plupart ayant une activité antivirale telle que la synthèse d’ARNases, l’activation de la protéine kinase R (PKR) répondant à la présence d’ARN double brin et modulant la synthèse de protéines, en plus d’accroître l’expression des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classe 1 et d’activer le système immunitaire adaptatif. Tous ces éléments peuvent directement inhiber la réplication et la propagation virale.

L’IFN-α, l’IFN-β et l’IFNγ ont été testés pour enrayer les condylomes génitaux, mais la plupart des informations disponibles révèlent que l’IFN-α est le plus efficace. Cette protéine sécrétée possède des facultés anti-tumorales ainsi qu’antivirales en modulant l’activation des lymphocytes T et leurs effets cytotoxiques (Cirelli and Tyring, 1994; Czelusta et al., 1999). De plus, la production d’IFN lors d’une infection virale induit une augmentation de la protéine p56. Il a été démontré que la protéine p56 interagit spécifiquement avec la protéine virale E1 des VPH nécessaire à la réplication de l’ADN du virus. Cette interaction modifie la localisation nucléaire de E1 et aussi inhibe son activité hélicase empêchant ainsi la synthèse de l’ADN viral dans les cellules basales de l’épithélium (Terenzi et al., 2008). Aussi, l’efficacité du traitement à l’interféron est d’autant plus augmentée lorsqu’il est appliqué localement et en combinaison avec une thérapie physique telles que la chirurgie ou bien l’utilisation du laser à CO2 (Yang et al.,

2009). Finalement, la thérapie photodynamique peut être avantageuse pour le traitement de condylomes génitaux de petites tailles ou des néoplasies intra-épithéliales. Cette technique requière l’utilisation d’un agent photosensibilisant qui est sensible à la lumière. Ce médicament est appliqué sur la zone à traiter et reste inactif jusqu’à ce qu’il soit exposé à lumière d’un laser à une longueur d’onde précise. L’illumination active l’agent présent dans la lésion et permet la production de radicaux libre qui sont cytotoxiques (Barnett et al., 2003). Malgré l’existence de diverses approches pour contrer les condylomes causés par les

VPH, aucun d’entre eux ne vont éradiquer les verrues génitales et pour la majorité des patients, les thérapies doivent être reprises dû à la récurrence de l’infection.

Les traitements des lésions précancéreuses et du cancer du col de l’utérus à un stade précoce visent à enlever complètement les cellules anormales et regroupent donc les mêmes techniques chirurgicales utilisées pour contrer les condylomes. Une étude récente montre que le cidofovir, utilisé pour le traitement des verrues, aurait aussi des effets anti- métastasiques ciblant les cellules exprimant les protéines oncogéniques des VPH (Amine et al., 2009). Pour certains cas de cancers plus avancés, l’utilisation de méthodes d’excision incluant la conisation qui consiste à l’ablation d’une partie du col et l’hystérectomie, définie comme l’enlèvement complet de l’utérus, sont envisagées. D’autres cas de cancers invasifs vont nécessiter des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie.