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7 SOLUTIONS POSSIBLES

7.2 Exemples provenant des autres municipalités

7.2.1 Traitement prioritaire des eaux usées industrielles

Si une petite municipalité doit faire face aux rejets des eaux industrielles en quantités qui surpassent largement la capacité de traitement de la station d’épuration municipale, une des solutions possibles est de construire une station d’épuration spécifiquement pour le parc industriel et d’en partager les coûts avec les industries qui sont ou qui seront desservies par cet ouvrage d’assainissement. La même solution est applicable aussi pour des villes plus grandes, mais dont les stations d’épuration sont déjà surchargées ou si leur type de traitement n’est pas bien adapté aux types de rejets industriels qui sont envisagés selon les secteurs d’activité des entreprises.

Deux exemples des réalisations de ce type ont été trouvés au Québec.

Le premier exemple est la Ville de Coteau-du-Lac. La ville est relativement petite et elle se trouve à l’ouest de Montréal. Elle fait partie de la MRC Vaudreuil-Soulanges, dans la région administrative de la Montérégie. Cela sert bien les fins de la présente étude qui est axée notamment sur les régions de l’Estrie et de la Montérégie. La population de la Ville de Coteau-du-Lac est d’environ 7 000 personnes (MAMROT, 2014).

La Ville de Coteau-du-Lac est propriétaire d’une usine d’épuration qui reçoit les eaux usées uniquement en provenance de son parc industriel. À l’origine, l’usine d’épuration du parc industriel a été construite par la compagnie Dupont. En 1989, la Ville de Coteau-du-Lac a acquis cette station d’épuration et l’a remise en fonction. La technologie de traitement utilisée est EA (étangs aérés), mais elle possède un décanteur secondaire d’où les boues sont extraites périodiquement pour les retourner en tête de traitement. Le procédé de traitement qui en résulte ressemble donc à la technologie des boues activées, mais sans extraction en continu (Ville de Coteau-du-Lac, 2013a).

Les paramètres techniques de cette station sont présentés plus en détail dans le tableau 7.3. Dans ce tableau, les données de l’autre station d’épuration de la Ville de Coteau-du-Lac sont également montrées pour faciliter la comparaison. Dans ce cas, les 166 m3 des eaux usées par jour en

moyenne qui sont traitées par la station du parc industriel représentent environ 4 % des 4 386 m3 par jour traités par la station principale.

Toutefois, l’avantage est que la station du parc ne possède aucun ouvrage de surverse et les débordements des eaux contaminées en cas de fortes précipitations ne sont donc pas susceptibles de se produire. En toutes circonstances, les eaux usées d’origine industrielle seront traitées à 100 %. Ce qui n’est pas si évident pour la station principale qui a 13 ouvrages de surverse sur son réseau de collecte. En même temps, par cette division des flux entre deux ouvrages d’assainissement, la municipalité s’est assurée que ces déversements soient moins néfastes pour l’environnement, car le réseau de la principale station d’épuration reçoit presque uniquement des eaux usées domestiques.

Tableau 7.3 Exemples des stations d’épuration du Québec avec un traitement prioritaire des eaux usées industrielles

(tiré de : MAMROT, 2013b). Date de mise à jour : 2013-04-05

Remarque : population, débit, charge et nombre d'ouvrages de surverse sont approximatifs Station d’épuration Type de

station Station No. Région Admin. Date de mise en opération (an-mois) Popul. Concept . Débit moyen (m3/jour) Charge moyenne DBO5 (kg/jour) Nombre ouvrages de surverse COTEAU-DU-LAC EA 71300-1 16 1996-06 6695 4386 335,0 13 COTEAU-DU-LAC (ÉPUR. PARC INDUSTRIEL) BA 71040-1 16 1990-01 166 0 SAINT-HYACINTHE BA 51460-1 16 1987-03 51520 45000 8500,0 43 DESCHAMBAULT EA(PV) 34055-1 03 1999-06 918 486 52,9 2 DESCHAMBAULT- GRONDINES (PARC INDUSTRIEL) EA 34058-1 03 1991-01 294 118,3 14,7 0 Légende :

Type de traitement : BA - Boues activées, EA - Étangs aérés, EA(PV) - Étangs aérés (Parois verticales) Régions administratives : Capitale-Nationale (03), Montérégie (16)

Le deuxième exemple est la Municipalité de Deschambault-Grondines. Elle se trouve dans la région administrative de la Capitale-Nationale et sa population est seulement d’environ 2 200 personnes (MAMROT, 2014).

La Municipalité de Deschambault-Grondines exploite elle aussi une station d’épuration réservée pour son parc industriel. C’est un gros parc et il est occupé maintenant principalement par

l’industrie lourde. L’aluminerie Lauralco inc., une filiale d’Alcoa inc., y est implantée (Municipalité de Deschambault-Grondines, 2014).

Toutefois, le parc industriel de Deschambault-Grondines est encore en développement. La zone d’une superficie de 649 hectares qui a été affectée à ce développement est actuellement occupée seulement à 26 % (Municipalité de Deschambault-Grondines, 2014).

La comparaison des données du tableau 7.3 amène à conclure que, dans ce cas, les volumes traités par la station du parc industriel représentent environ 24 % des volumes traités par l’autre station d’épuration, également exploitée par la municipalité. Cette deuxième station reçoit principalement des eaux usées d’origine résidentielle. Comme dans le cas du parc industriel de Coteau-du-Lac, la station du parc industriel de Deschambault-Grondines n’a aucun ouvrage de surverse sur son réseau de collecte.

Pour compléter l’image des services d’eau que les villes peuvent offrir aux entreprises implantées dans leurs zones industrielles, il reste à constater que l’eau potable est fournie au parc industriel de la Ville de Coteau-du-Lac également par une usine de filtration réservée à ce parc (Ville de Coteau- du-Lac, 2013b). Au parc industriel de Deschambault-Grondines, par contre, l’eau potable est livrée de la même usine qui alimente toute la municipalité (Municipalité de Deschambault-Grondines, 2014).

Constatons aussi que les deux parcs industriels étudiés sont déjà bien développés. En plus, les municipalités invitent de nouvelles entreprises à s’y implanter. Donc, on présume que les projets des stations d’épuration réservées à ces parcs sont économiquement viables et potentiellement rentables pour les municipalités concernées. Du point de vue environnemental aussi, le bénéfice est évident, car ces stations assurent le traitement prioritaire des eaux usées industrielles.

Une autre ville qui figure dans le tableau 7.3, la Ville de Saint-Hyacinthe, ne possède pas de station d’épuration réservée à un parc industriel. Elle a plutôt appliqué une autre solution intéressante.

La Ville de Saint-Hyacinthe, d’une population d’environ 55 000 personnes, se trouve également dans la région administrative de la Montérégie. Son territoire fait partie de la MRC Les Maskoutains (MAMROT, 2014).

En termes de volume, environ 25 % des 45 000 m3 par jour en moyenne qui entrent à la station d'épuration de la Ville de Saint-Hyacinthe sont d’origine industrielle. Cependant, en termes de DBO5, la pollution à traiter provient à 50 % des rejets des eaux usées industrielles. Elle varie de 6 000 kg à 11 000 kg par jour en moyenne mensuelle (Ville de Saint-Hyacinthe, 2014)

L’originalité de la station d'épuration de la Ville de Saint-Hyacinthe vient de ce que la conception du canal qui amène des eaux d'égout permet, en cas de surcharge, de traiter en priorité les eaux plus polluées provenant du parc industriel (Ville de Saint-Hyacinthe, 2014)

Par ailleurs, cet ouvrage d’assainissement est de type boues activées et un complexe de biométhanisation a été érigé près de la station. Ainsi, les boues primaires et les boues secondaires sont acheminées dans ces digesteurs anaérobiques. Cela signifie que la station d'épuration de la Ville de Saint-Hyacinthe est particulièrement bien adaptée au contexte local, car les industries agroalimentaires y dominent (Ville de Saint-Hyacinthe, 2014).