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Chapitre 2 : le cadre théorique

2. Traitement de la grammaire en classe de langue

2. Traitement de la grammaire en classe de langue

Cette partie de notre travail porte sur les méthodes les plus utilisées pour le traitement de la grammaire en classe de langue, nous présenterons essentiellement : la grammaire active/la grammaire passive ; la grammaire contextualisée/ la grammaire décontextualisée ; la grammaire déductive/la grammaire inductive ; la grammaire explicite/ la grammaire implicite ; la grammaire de l‟oral/ de l‟écrit ; la grammaire de la langue/la grammaire de la parole ; la grammaire normative/ la grammaire descriptive ; nous nous intéresseront également à la place de la grammaire dans les théories linguistiques modernes : énonciative et textuelle.

2.1. La grammaire passive/la grammaire active

La grammaire active ou grammaire mobilisée pour la production (Puren et al, 1998 : 193) est constituée d‟un ensemble de règles grammaticales utilisé et exploité à un niveau de compétence active définie comme la capacité de l‟apprenant à réutiliser des éléments linguistiques ou culturels pour sa propre expression personnelle. La grammaire passive ou grammaire mobilisée pour la reconnaissance ou la compréhension (Puren et

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al. 1998 : 201) est constituée d‟un ensemble de règles grammaticales que l‟apprenant utilise et exploite à un niveau de reconnaissance.

2.2. La grammaire contextualisée/ la grammaire décontextualisée

Par grammaire contextualisée on entend parler d‟une grammaire enseignée dans un contexte qui se rapporte à une situation de communication alors que la grammaire décontextualisée est celle qui est enseignée de manière isolée en dehors de tout contexte ou situation de communication.

2.3. La grammaire déductive/ la grammaire inductive

Une description grammaticale de L2 peut être enseignée soit déductivement : de la règle explicitée par le maître aux exemples qui l‟illustrent et qu‟il faut répéter, soit inductivement : des exemples répétés de manière intensive à la règle implicitée qui les ordonne en un exercice systématique.

2.4. La grammaire implicite/ la grammaire explicite

La grammaire implicite, selon le dictionnaire de didactique, vise à : « donner aux élèves la maitrise d’un fonctionnement grammatical » mais « ne recommande l’explication d’aucune règle et élimine le métalangage, ne s’appuyant que sur une manipulation plus ou moins systématique d’énoncés et de formes » (Coste et Galisson, 1976 : 254), selon cette

démarche, l‟enseignant, peut refuser de donner des explications qui portent sur l‟aspect grammatical et fait pratiquer aux élèves de manière intensive des exercices systématiques qui en principe leur permette par la répétition d‟analogies de fixer les régularités de la L2, comme il peut refuser les explications et les exercices formels et se tient à des procédures qui impliquent une pratique guidée de la L2, il vise par diverses simulations à faire intérioriser les régularités grammaticales de la L2 mais sans spéculer sur des repérages grammaticaux précis. Besse et Porquier définissent la grammaire implicite comme :

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« ce savoir grammatical plus ou moins méthodiquement enfoui dans la présentation de la langue étrangère et dans le travail qu’on demande aux étudiants de mener sur elle.»

(1984, 148), ils ajoutent que : « la grammaire implicite est en fait un enseignement inductif (c’est l’apprenant qui déduit lui-même les contraintes d’emploi de telle ou telle forme linguistique) non explicité (car l’enseignant fuit toute description ou tout recours à une quelconque terminologie grammaticale) d’une description grammaticale particulière de la langue cible » (1984 : 86).

La grammaire explicite par contre, repose sur l‟exposé d‟un métalangage grammatical par le professeur qui donne des explications et formule des règles, selon le dictionnaire de didactique la grammaire explicite : « est fondée sur l’exposé et l’explication des règles par le professeur, suivis d’application conscientes par les élèves » (Coste et Galisson, 1976 : 206), Besse et Porquier, quant à eux, définissent la grammaire explicite comme :

« l’enseignement/apprentissage, systématique ou ponctuel, d’une description grammaticale particulière d’éléments de la langue cible, description qui est explicité par l’enseignant, et /ou par les enseignés, en ayant recours à la terminologie » (1984 : 93).

Autrement dit, l‟enseignement de la grammaire passe par l‟explication des règles en classe.

En didactique des langues, la distinction implicite/explicite fonde une diversité d‟options méthodologiques, privilégiant, selon les cas une approche implicite de la langue (par exemple SGAV), une approche explicite (méthodologie « grammaire-traduction » par exemple) ou des approches mixtes intégrant, sous des formes diverses, l‟une et l‟autre.

2.5. La grammaire de l’oral/la grammaire de l’écrit

La grammaire de l‟oral se base sur les règles et les principes en application dans la langue orale, elle s‟intéresse aux déictiques, chevauchements, hésitations, interjections…, la grammaire de l‟écrit fonctionne plutôt comme une grammaire

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normative dont le but est de formuler des règles de langue considérées comme les seules correctes.

2.6. La grammaire de la langue /la grammaire de la parole

La grammaire de la langue correspond à l‟ensemble des règles qui déterminent le fonctionnement de la langue conçue comme un système linguistique qui obéit à des conventions sociales collectives, la grammaire de la langue limite son étude aux unités de taille égale ou inférieure à la phrase, la grammaire de la parole est l‟ensemble des règles qui déterminent la parole conçue comme la manifestation individuelle, effective et concrète de la langue, se matérialisant sous des formes de taille et de nature très diverses, c‟est une grammaire descriptive non normative.

2.7. La grammaire normative/la grammaire descriptive

Dans une perspective toujours prescriptive, la grammaire normative définit des modèles à partir de la description des pratiques d‟une élite censée représenter la norme. La grammaire normative s‟intéresse essentiellement à la langue et à l‟écrit, on peut citer à titre d‟exemple la grammaire traditionnelle qui fonctionne comme une grammaire normative. La grammaire descriptive est une grammaire scientifique qui s‟intéresse aux règles de fonctionnement de la langue ou de la parole, elle a pour finalité de rendre compte d‟une langue donnée, en synchronie, par l‟observation de corpus d‟énoncés authentiques oraux ou écrits. Nous pouvons citer l‟exemple de la grammaire moderne qui fonctionne comme une grammaire descriptive.

La grammaire normative et la grammaire descriptive sont généralement opposées par la linguistique appliquée : la grammaire normative est souvent considérée comme non scientifique, limitée aux écrits littéraires, alors que la grammaire descriptive est considérée comme une grammaire scientifique et objective, définissant clairement son objet et ses méthodes, enregistrant, classant et analysant les faits de langue observés (Galisson et Coste, 1976 : 253-254).

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2.8. La grammaire et la linguistique de l’énonciation

Les linguistiques énonciatives ont pour motif commun une critique formulée à l‟égard de la linguistique de la langue et une forte volonté d‟intégrer les faits de parole dans les études linguistiques.

La linguistique de l‟énonciation, à ses débuts, consistera en effet à repérer, à dégager et à analyser les indices de l‟énonciation dans la parole, ces indices, qui sont des outils de la langue, ont pour fonction d‟inscrire dans l‟énoncé la subjectivité du locuteur. La linguistique de l‟énonciation veut dépasser les frontières de la phrase considérée comme le niveau supérieur de l‟analyse linguistique et échapper à la réduction de la langue à un simple code à fonction purement infirmative. L‟objectif est d‟introduire le sujet parlant et la situation de communication dans les études linguistiques à travers la description et l‟identification des traces de l‟acte dans le produit c'est-à-dire les relations qui se tissent entre l‟énoncé et les différents éléments constitutifs du cadre énonciatif (l‟émetteur, le récepteur, les circonstances spatio-temporelles, les conditions générales de production/réception du message).

Cette théorie qui se soucie du rôle des éléments linguistiques et non de leur nature grammaticale étant donné que c‟est la fonction discursive qui importe, s‟occupe d‟une classe formée d‟éléments divers (quel que soit leur catégorie grammaticale), mais remplissant le même rôle c'est-à-dire exprimant la manière dont la structure linguistique s‟articule sur la situation. L‟intérêt de la linguistique de l‟énonciation est de déterminer le rôle de ces éléments linguistiques dans le fonctionnement du discours.

2.9. la grammaire et la linguistique textuelle

La prise en compte des unités transphrastiques, des unités supérieures à la phrase est un phénomène américain. La linguistique textuelle apparait dans un contexte épistémologique dominé par la linguistique de la phrase produit de la culture de la grammaire traditionnelle. En 1969, l‟expression de discours analysis inventé par Harris

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est traduite en français par discours suivi et les années suivantes voient apparaitre des demandes d‟extension de l‟objet de la linguistique aux unités transphrastiques, c‟est le cas de chercheurs qui travaillent sur la notion de paraphrase comme A. Culioli mais aussi Catherine Fuchs qui déclare en 1985 :

« de telles études serait pourtant précieuses, car la limitation à la phrase, dans ce domaine de la constitution de la signification, apparait comme une restriction dommageable » (1985 : 20-21).

Dans une certaine mesure, il existe des réponses à ce souhait d‟élargissement des contextes d‟étude, et c‟est le cas de l‟ouvrage majeur de Halliday & Hasan, Cohesion in

english (1976), dans cet ouvrage, les auteurs se livrent à une description des faits

transphrastiques, ils mettent l‟accent sur le fait que les sujets possèdent une compétence qui leur permet de distinguer une collection de phrase sans liens d‟un tout unifié, le texte est en effet pour eux, une unité sémantique, ils parlent d‟unités d‟ « usage du langage » et non une unité grammaticale, définition qui est au cœur de la linguistique textuelle dans l‟ensemble de ses développements.

Toutefois c‟est de la Suisse que vient l‟élaboration théorique la plus complète en linguistique sur la notion de texte avec J.M. Adam dont les travaux constituent actuellement la référence en matière de linguistique textuelle. Les linguistes ont commencé alors à se tourner vers l‟étude des unités transphrastiques, désirant par-là éviter la coupure qui s‟établit entre l‟analyse spécifiquement grammaticale (analyse des phrases séparément) et le fonctionnement d‟un texte (interdépendance des phrases dans l‟information qu‟elles apportent afin de donner une cohérence textuelle).

Cependant la tradition grammaticale puis les théories linguistiques qui prennent la phrase comme unité d‟analyse ne permettent pas de définir comment des structures de la langue sont liées aux structures textuelles, il est difficile d‟expliquer le plan textuel de l‟énoncé à partir de données grammaticales. Les liens entre ces deux niveaux apparaissent

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dans un domaine longtemps négligé, celui de la structure informationnelle du texte. Il s‟agit d‟un autre niveau d‟analyse qui est celui de la répartition de l‟information dans un texte. La linguistique textuelle ayant pour objet la structuration textuelle, ne s‟intéresse guère à la grammaire, elle s‟adresse à des apprenants avancés chez qui la grammaire de la phrase est supposée acquise, elle vise la compréhension et la production des textes.

3.

La didactique de la grammaire en langue étrangère : les méthodes précédentes