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Le contenu visé lors de l'enseignement de la grammaire

Chapitre 2 : le cadre théorique

1.1.4. Le contenu visé lors de l'enseignement de la grammaire

Le contenu ciblé lors de l‟enseignement de la grammaire n‟est pas nécessairement le même, dans les définitions recensées le contenu grammatical est centrés soit sur la morphologie et la syntaxe, soit sur la syntaxe, la morphologie et la sémantique, soit sur les règles d‟usage et les règles d‟emploi de la langue.

Pour les définitions centrées sur la morphologie et la syntaxe, enseigner la grammaire porte essentiellement sur l'ordre des mots dans la phrase et la structure interne

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des mots, puisque le terme « grammaire » renvoie aux connaissances morphologiques et syntaxiques orales et écrites d'une langue (Germain et Séguin, 1998). Certains auteurs, tel que Celce-Murcia (1991), se basent encore sur la définition qui restreint la grammaire aux connaissances morphosyntaxiques, l'enseignement de la grammaire est définit comme étant celui qui porte sur « [...] les flexions morphologiques, les mots de fonction et l'ordre syntaxique » (1991 : 459).

Dubois (1991 : 226), de son côté, limite l'enseignement de la grammaire à la description des morphèmes grammaticaux (articles, conjonctions, prépositions) en excluant les morphèmes lexicaux (noms, adjectifs, verbes et adverbes de manière). Borg (1999), dans la perspective de la didactique des langues, définit également l'enseignement de la grammaire comme étant celui qui vise à développer, chez les apprenants, une compétence morphosyntaxique d'une langue (1999 : 10).

Dans ses travaux linguistiques, Chomsky propose une définition centrée sur la syntaxe, la phonologie et la sémantique (1957, 1965), il met en évidence l'existence d'une composante centrale dans la grammaire, la syntaxe, et deux composantes périphériques, la phonologie et la sémantique. La morphologie est traitée à l'intérieur de la composante syntaxique. Selon cette conception, la grammaire réunit la syntaxe, la phonologie et la sémantique (Germain et Séguin, 1998). L'enseignement de la grammaire, selon les pédagogues d'orientation chomskyenne doit viser tous ces aspects.

En didactique des langues, Canale et Swain (1980) définissent la compétence communicative comme étant le résultat de quatre compétences : grammaticale, sociolinguistique, discursive et stratégique. Selon ces auteurs, la composante grammaticale comporte la connaissance du vocabulaire, des règles de formation des mots, de l'orthographe et de la construction de phrases. Selon les pédagogues d'orientation communicative l'enseignement de la grammaire doit porter sur tous les aspects ci-dessus mentionnés.

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Certains auteurs œuvrant dans le domaine de la didactique des langues incluent dans le terme « grammaire », en plus de la morphologie et de la syntaxe, une troisième composante qu‟est la phonologie. Tel est le cas de Stem (1996) qui considère que la grammaire concerne « [...] principalement les règles systémiques de la langue, soit les règles de prononciation et de construction des phrases (phonologie et morphosyntaxe) ». Dans la même perspective, Huljstin (1995) considère que, l'enseignement explicite de la grammaire doit englober deux types de règles, les règles de morphophonologie lexicale, nommées aussi « règles lexicales » et, les règles « non lexicales », soit celles qui concernent l'ordre des mots dans la phrase.

Enfin nous avons recensé des définitions centrées sur les règles d'usage et d'emploi de la langue. L‟enseignement de la grammaire selon cette conception porte, non seulement sur la morphologie et la syntaxe, soit les règles d‟emploi de la langue, mais aussi sur les conventions d'une utilisation appropriée à l'intention et à la situation de communication, soit les règles d'usage (Germain et Séguin, 1998). Trévise (1993) adhère, elle aussi, à cette conception élargie de la grammaire :

« Enseigner la grammaire est une expression dont les deux termes doivent être explicités

avant de tenter d'en justifier le but : une théorie des opérations énonciatives, par exemple, ne dissocie pas syntaxe et sémantique, elle prend en compte la négociation du sens et les ajustements syntaxiques nécessaires dans la compréhension et la production. Elle rend compte du fait que les valeurs sémantiques de base sont filtrées par le contexte et la connaissance du monde. Elle ne peut donner lieu à un enseignement grammatical issu d'une conception appauvrie de la grammaire, limitée à des propriétés morphosyntaxiques purement formelles, d'où seraient exclus le potentiel sémantique et le fonctionnement en contexte et en situation pour des énonciateurs actifs » (1993 : 48-49).

Larsen-Freeman (1999), de son côté, précise que l'enseignement de la grammaire ne peut se limiter à la présentation des propriétés et des structures formelles, puisque

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l‟objectif est d'amener les élèves à communiquer en L2, c‟est-à-dire être capables de produire des structures grammaticales exactes, signifiantes et appropriées.

Germain et Séguin (1998), enfin, proposent d‟inclure les règles d'emploi et d'usage, ils mettent en relation enseignement de la grammaire et représentations des enseignants. Selon ces auteurs, le développement de la compétence grammaticale des apprenants est nécessaire à l'usage d'une langue. Voici leur définition :

« [...] Enseigner la grammaire signifie, entre autres activités, exposer les apprenants à un certain type de description/simulation de la L2 [...] en présumant que la connaissance d'une description/simulation pourra éventuellement conduire à la maîtrise de l'usage de la L2 - en ne perdant jamais de vue que la description/simulation n'est toujours qu'une approximation d'un usage » (1998 : 34).

L‟enseignement de la grammaire pour Larsen-Freeman (1999) n'est qu'un moyen pour atteindre un objectif. Les enseignants doivent donc être conscients du contenu mais aussi à la manière d'enseigner la grammaire. En ce qui a trait au contenu, Larsen-Freeman indique que l'enseignement de la grammaire ne peut se limiter à la présentation des formes et structures utilisées, elle indique que l'enseignement de la grammaire doit permettre aux apprenants de produire des structures grammaticales correctes, signifiantes et appropriées, ils doivent être capables de communiquer de façon signifiante

En ce qui concerne l‟aspect formel, l'enseignement de la grammaire doit porter sur une description des morphèmes et des mots, d'une part, et de la syntaxe, d'autre part. Il doit comporter aussi des informations sur la distribution d'une structure grammaticale, c‟est-à-dire les environnements linguistiques dans lesquels elle peut être produite : dans quel type de phrases, avec quel type de verbes, etc.

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Par ailleurs, enseigner le sens d'une structure grammaticale fait référence à la fois au sens lexical de certains mots ou au sens grammatical de la structure. Le sens lexical renvoie aux catégories grammaticales de certains mots : prépositions, locutions verbales, etc. Les structures grammaticales ont un sens grammatical. Par exemple, on peut expliquer le sens d'un temps verbal utilisé dans une structure, le changement de sens selon le verbe utilisé, etc. En ce qui a trait à l'emploi, enfin, l'enseignement de la grammaire peut inclure des explications sur les contextes ou les discours dans lesquels une structure donnée est appropriée.

Toutes les acceptions et les approches recensées témoignent, à notre avis, non seulement de la polysémie du terme de grammaire mais implique aussi un élargissement qualitatif et quantitatif du concept de grammaire à la composante discursive qui comprend la cohésion des formes linguistiques et la cohérence des actes exprimés. Toutefois aucun consensus ne se dégage à l‟heure actuelle à propos de la délimitation du concept de grammaire, qui pourrait englober s‟autres domaines.