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Chapitre 2 : le cadre théorique

1.5. Les exercices grammaticaux

Parmi les activités métalinguistiques, il en est une qui a pris une place considérable en classe de langue étrangère au point de s‟imposer comme un de ses piliers c‟est l‟exercice grammatical. Considéré comme inhérent à toute classe de langue :

« l’exercice est une technique d’apprentissage qui traverse les modes et constitue une composante essentielle de toutes les méthodes de langue quelles que soient leurs options théoriques et méthodologiques. » (Vigner, 1982 : 71)

Les exercices sont donc une activité caractéristique de l‟apprentissage en cadre formel, notamment scolaire, Besse et Porquier parlent de rituel communicatif propre à la salle de classe. (Besse et Porquier, 1984 : 120).

l‟exercice grammatical peut être défini comme : « une tâche langagière ponctuelle à caractère répétitif, contraint, et métalinguistique marqués » (Besse et Porquier, 1984 : 121), tâche demandée par l‟enseignant aux apprenants et évalué par lui, l‟exercice vise donc un point de langue précis que les élèves sont amenés à travailler sur consigne précise ou modèle de manière répétitive et fait l‟objet d‟une évaluation de la part de l‟enseignant. Pour J.P. Cuq :

« l’exercice renvoie à un travail méthodique, formel, systématique, homogène, ciblé vers un objectif spécifique. Au sein d’un ensemble construit d’activités, l’exercice est conçu pour répondre à une difficulté particulière. » (2003 : 94).

Dans l‟enseignement/apprentissage d‟une langue étrangère à quoi servent les exercices grammaticaux ? Quel rôle jouent-ils dans l‟acquisition des régularités d‟une langue étrangère ? De façon générale, l‟exercice comme le rappelle Vigner :

« implique l’existence d’un objectif pédagogique précis. L’activité est intentionnellement finalisée et délimitée dans sa portée. Elle prend la forme d’un travail méthodique sur la forme » (1984 : 14).

D‟un point de vue didactique l‟exercice a une double fonction qui est de parfaire un apprentissage et d‟en permettre le contrôle, il vise donc à fixer ou à corriger ce qui est

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en cours d‟apprentissage, un exercice grammatical n‟est pas destiné à introduire des éléments nouveaux mais à assurer ou à renforcer l‟acquisition de ceux qui ont été déjà présentés. La typologie des exercices peut varier considérablement selon les critères adoptés pour les distinguer. J. Bastuji (1977) propose de tenir compte des paramètres suivants :

-origine des exercices (viennent-ils du manuel ou du maitre) ;

-domaine linguistique traité : oral/écrit, orthographe/conjugaison/syntaxe…

-modèle métalinguistique impliqué : grammaire traditionnelle/fonctionnelle/générative -travail demandé aux étudiants : étiquetage d‟une classe ou d‟une fonction, classement de phrases, exercices à trous, manipulation de phrases diverses, invention de phrases… -exécution collective ou individuelle

-correction immédiate ou différée par l‟enseignant ou par le groupe -intégration aux autres activités scolaires

-finalités pédagogiques poursuivies : découverte de la langue, application des règles enseignées, contrôle et développement du raisonnement méthodique…

Pour J.P. Cuq les paramètres qui interviennent dans la conception et l‟élaboration d‟un cours sont complexes, ce qui rend toute typologie discutable :

« on peut distinguer les exercices suivant la phase de l’apprentissage dans laquelle ils s’insèrent, suivant le type de tâche qu’ils demandent, selon leur caractère guidé ou moins guidé, individuel ou collectif, ou encore […] suivant leur nature et leurs objectifs. »

(2003 : 94).

Il propose la typologie suivante :

-les exercices de réemploi : qui visent à faire créer par les élèves de nouveaux énoncés à partir d‟éléments linguistiques ou communicatifs déjà observés et mémorisés.

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-les exercices de reformulation : qui visent à faire exprimer les contenus d‟un document de départ en utilisant des tournures différentes.

-les exercices de répétition : qui visent par la répétition d‟un modèle l‟apprentissage de structures grammaticales.

-les exercices de substitution : qui visent à faire remplacer un élément de la structure étudiée ce qui entraine ou non une modification d‟accord.

-les exercices de suppression -exercice de transformation

-les exercices structuraux : qui visent à faire des manipulations de manière guidée et intensive des structures grammaticales. (Cuq, 2003 : 95-96)

Chaque type d‟exercice peut être caractérisé en fonction des paramètres qui permettent en effet d‟interroger un grand nombre d‟exercice. Besse te Porquier (1984) proposent quant à eux une typologie des exercices qui oppose essentiellement quatre types d‟exercice :

-les exercices de répétition liés surtout à la mémorisation et à la correction phonétique, ce type d‟exercice met en jeu des données lexicales, grammaticales et parfois pragmatiques. -les exercices à trous relèvent plutôt de l‟écrit, leur principe est de proposer à l‟élève un paradigme d‟unités (qui peuvent être des morphèmes, des mots, des syntagmes, des phrases ou même des paragraphes), et de lui demander d‟insérer chacune d‟entre elles dans le trou qui lui est approprié dans une suite d‟exemples ou dans un discours continu, ce type d‟exercice porte sur les relations et les connexions syntagmatiques que les unités entretiennent entre elles.

-les exercices structurels ont pour principe, non la répétition à l‟identique de phrases étrangères mais la réitération d‟une même structure par la pratique de phrases ou de séquences phrastiques par ailleurs différentes les unes des autres, l‟hypothèse didactique est que la réitération guidée de la même structure sous apparences langagières différentes en favorise l‟acquisition par l‟apprenant qui pourra ensuite produire d‟autres phrases par généralisation.

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-les exercices de reformulation spéculent sur ce fait de parole selon lequel il est toujours possible dans une langue donnée de dire autrement ce qu‟on veut dire ou ce qu‟on nous a dit, ce type d‟exercice relève donc d‟une sorte de traduction interlinguale, son principe est la réitération d‟un même contenu de signification à travers les diverses formulations qu‟il peut recevoir dans une situation d‟interlocution donnée ou dans des situations d‟interlocution différentes. (1984 : 124-125)

Besse et Porquier (1984 : 126) considèrent que cette typologie n‟est pas pleinement satisfaisante : un exercice structurel de substitution peut être considéré comme un exercice à trous, les jeux de langage peuvent selon leurs règles relever de différents types, ils estiment, en revanche qu‟elle permet de rendre compte de l‟ensemble des exercices utilisés actuellement en classe de langue.