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1.1 L’apparition de la traduction audiovisuelle

La traduction audiovisuelle est un type de traduction qui a pour particularité d’être perçue par deux canaux : le canal visuel et le canal auditif (Schwarz, 2011, p. 5). Les premières formes de traduction audiovisuelle sont apparues en 1895 avec l’invention du cinéma muet et la nécessité de traduire les intertitres présents dans ce type de films (Hillman, 2011, p. 2). La traduction audiovisuelle sous forme de sous-titrage ou de doublage n’a réellement été développée qu’à partir des années 1920 avec le besoin d’exporter les films du cinéma sonore (Remael, 2010) et de rendre ainsi accessible certains contenus à un public d’une autre langue que celle de l’original (Díaz Cintas & Anderman, 2009, p. 4). Ce transfert entre langues peut s’effectuer de l’oral à l’oral ou de l’oral à l’écrit (ibid.). D’après Remael (2010), les premières publications concernant la traduction audiovisuelle datent des années 1950-1960, mais ce domaine n’a connu de réel développement qu’à partir des années 1990, lorsque les recherches et les publications ont connu une grande expansion en traductologie.

De nos jours, la traduction audiovisuelle est une discipline qui suscite beaucoup d’intérêt et de plus en plus de chercheurs y consacrent des études en traductologie (Díaz Cintas &

Anderman, 2009, p. 8)

Ce champ d’études, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est un produit de l’ère numérique dans laquelle nous vivons actuellement, car les demandes de traduction proviennent de la télévision qui multiplie les chaînes et les programmes, de l’industrie du cinéma qui grandit sans cesse et de l’ancrage d’internet dans notre société (Díaz Cintas & Anderman, 2009, p. 1).

De ce fait, les types de traduction audiovisuelle sont divers et répondent à des attentes différentes en fonction du public et des supports.

1.2 Les types de traduction audiovisuelle

Chaque pays est libre de choisir le type de traduction audiovisuelle qui correspond le mieux aux attentes du public cible, en fonction de facteurs historiques, linguistiques, géographiques, politiques, financiers et culturels (Perego, 2014, p. 9). Les deux domaines principaux de la traduction audiovisuelle sont d’un côté le revoicing, qui regroupe le doublage, le voice-over, la narration, le commentaire libre et l’interprétation (Schwarz, 2011, p. 9) et de l’autre le

6 sous-titrage (Díaz Cintas & Anderman, 2009, p. 4). Ces deux domaines coexistent et répondent aux différentes demandes du marché de la traduction de manière complémentaire (Martínez-Sierra, 2014, p. 311). Au sein du domaine du revoicing, la première catégorie principale est celle du doublage, aussi appelée « traduction totale », qui consiste à remplacer intégralement la bande son originale par une nouvelle bande son en langue cible (Díaz Cintas

& Oreo, 2010). Ce type de traduction audiovisuelle est très pratiqué dans certains pays, tels que la France, l’Espagne ou l’Italie (Massidda, 2015, p. 32). La seconde catégorie principale est celle du voice-over ou de l’interprétation, qui consiste à superposer le dialogue traduit au dialogue original, qui reste audible en arrière fond (Díaz Cintas & Oreo, 2010). Ce type de traduction audiovisuelle se retrouve souvent dans les programmes non fictifs, tels que les documentaires, les interviews, les journaux d’actualités, etc. (ibid.)

Le second domaine est celui du sous-titrage, qui peut être interlingual ou intralingual (Massidda, 2015, p. 45), et qui est la discipline de la traduction audiovisuelle qui s’est le plus développée avec le temps (Díaz Cintas & Anderman, 2009, p. 3). Cette pratique, qui consiste à utiliser un texte écrit qui apparaît à l’écran pour traduire les échanges du dialogue original (Díaz Cintas & Oreo, 2010),a en effet subi de nombreux changements d’ordre technologique et a également évolué au niveau de la réception par le public, de l’émergence de nouveaux modes et de nouvelles approches de traduction ou dans la manière de travailler (Díaz Cintas

& Anderman, 2009, p. 3). Parmi ces changements, l’arrivée du DVD et de sa plus grande capacité de mémoire a notamment modifié les tendances en matière de traduction audiovisuelle (ibid.). En effet, la plus grande capacité de stockage des DVD a permis aux films de contenir une version sous-titrée en plus de la version doublée afin de permettre au public de choisir ce qu’il préférait (ibid.).

Avec le temps, la traduction audiovisuelle s’est étendue à d’autres domaines, à l’instar de l’opéra ou du théâtre, qui ont développé des surtitres ou de l’audiodescription pour les personnes possédant une déficience auditive ou visuelle, car celles-ci en ont exprimé le besoin (Díaz Cintas & Anderman, 2009, p. 2). De la même manière, un autre type de sous-titrage a également été créé : le sous-titrage intralinguistique pour sourds et malentendants (Massidda, 2015, p. 45). Ce travail ne s’intéresse toutefois pas à ce type de sous-titrage, mais se concentre sur le sous-titrage interlinguistique professionnel et le sous-titrage amateur de contenus audiovisuels.

7 1.3 Les enjeux de la traduction audiovisuelle

La difficulté principale de la traduction audiovisuelle est de superposer les canaux auditifs et visuels (Schwarz, 2011, p. 5). Ainsi, le traducteur doit être conscient de la redondance qui peut être créée par l’interaction entre le dialogue et les images (ibid.). Ceci est encore plus important pour le traducteur qui doit fournir une traduction dans le domaine du revoicing, car il a également pour tâche de créer un langage oral qui semble naturel au public (ibid.).

Une autre difficulté de la traduction audiovisuelle est de posséder deux domaines principaux, à savoir le doublage et le sous-titrage, qui s’opposent depuis toujours et créent des demandes différentes en matière de traduction, comme le signale Schwarz (2011, p. 3) : « Both translation methods are now in use and the preference for one or the other, as well as the debate as to which is more suitable for the medium, divides the world into opposing groups ».

Cette préférence est liée à l’histoire de certains pays, notamment la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, qui, pendant de nombreuses années, avaient pour interdiction de voir des films dans leur langue originale afin de protéger l’industrie locale des importations américaines (Schwarz, 2011, p. 2-3). Cette habitude est restée ancrée dans certains pays, mais même ceux-ci commencent peu à peu à changer de mode de fonctionnement pour favoriser progressivement le sous-titrage et encourager la diversité linguistique dans l’industrie du cinéma (Massidda, 2015, p. 32). Le doublage garantit toutefois un meilleur accès à tous les contenus pour les enfants ou les personnes illettrées dans les pays en voie de développement, notamment en Amérique du Sud ou en Asie (Schwarz, 2011, p. 14), mais également à une grande partie de la population qui ne parle souvent pas d’autre langue que la sienne. Il faut néanmoins prendre en compte que ce type de traduction représente un investissement bien plus grand en matière de temps et d’argent que le sous-titrage (ibid.).

Malgré les divers enjeux passionnants que soulèvent la traduction audiovisuelle et ses différentes catégories, par contraintes de temps et d’espace, ce travail est essentiellement centré sur le sous-titrage et ses spécificités.

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