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Nous avons usé de documents divers pour comprendre la nature des relations entre élites politiques, traditionnelles et religieuses. Nous nous sommes servi également des résultats d’enquêtes diverses, de même que des entretiens réalisés, après un questionnaire bien établi, souvent sur le terrain béninois.

§ A : DES SPECIFICITES DU TERRAIN DE RECHERCHE AU QUESTIONNAIRE

Nous avons effectué quatre voyages au Bénin aux fins d’y conduire des entretiens et des enquêtes :

- du 27 juillet au 31 août 2009 ;

- du 13 novembre au 30 novembre 2009 ; - du 10 avril au 15 mai 2011 ;

- et du 27 juin au 18 juillet 2012.

Notre recherche de terrain a été réalisée sous la forme d’une enquête de type sociologique auprès des élites politiques, traditionnelles et religieuses et d’autres segments de la population, mais également à partir de documents écrits, émanant de sources autant secondaires que primaires. En ce qui concerne notre terrain, nous nous sommes rendu dans plusieurs communes, en automobile le plus souvent, parfois accompagné d’un guide interprète connaissant les réalités locales. Ces communes visitées sont situées dans les départements béninois suivants :

- le Littoral ;

- l’Atlantique (à Ouidah et Kpomassè) ; - le Zou (à Abomey) ;

- le Plateau (à Kétou) ;

- les Collines (à Dassa, Ségobé et Savè) ; - et la Donga (à Djougou).

Nous précisons que les royautés et chefferies traditionnelles que nous avons étudiées ne correspondent pas, territorialement, aux limites qui étaient les leurs avant la colonisation. Aujourd’hui, elles sont circonscrites dans les commune s auxquelles elles se confondent, même si certains rois ou chefs traditionnels ont une influence qui débordent sur plusieurs départements. Par exemple, le territoire où s’exerce, actuellement, l’autorité traditionnelle du roi d’Abomey serait surtout la commune d’Abomey. Pourtant symboliquement, si on tient compte de l’histoire de ce royaume, avant la période coloniale, le pouvoir social du roi d’Abomey, symboliquement, s’étendrait aux départements du Zou, des Collines, du Plateau, de l’Ouémé, mais aussi à ceux du Mono et de l’Atlantique. Mais il n’existe malheureusement pas, à notre connaissance, une cartographie pouvant rendre compte d’une telle territorialité, le Bénin étant aujourd’hui un État qui ne donne aucune assise officielle à ces royautés et chefferies traditionnelles. En tout cas, tout le territoire national appartient juridiquement à l’État béninois et non à ces chefferies et royautés traditionnelles.

En ce qui concerne notre écriture proprement dite, au niveau formel, nous avons choisi volontairement, de même que par souci de commodité et d’uniformisation, d’appliquer les majuscules aux premières lettres des champs d’études, des Services et des domaines. Mais, de façon générale, pour les fonctions, institutions et les titres de personnes physiques, morales ou institutionnelles, nous avons retenu essentiellement les règles orthographiques du français autour des majuscules337. Par contre, nous avons tenu compte, par moments, du principe de l’antonomase338 inverse, pour privilégier la majuscule sur

337

A propos des majuscules lire :

- Alain GÉLY, « Épisode n°11 : Le bon usage des minuscules et des majuscules », in

http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/CS126M.PDF consulté le 30 juin 2014 ;

- Louis QUESNEL, « Les mots à majuscule en politique », Communication et langages, 1969, Vol. 3, pp. 79-89 in

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336 -1500_1969_num_3_1_3752 consulté le 30 juin 2014 ;

- et Jean-Yves DOURNON, « Marques du dialogue. Emploi des majuscules dans les titres », Langue française, 1995, Vol. 108, n°108, pp. 86-96 in

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023 -8368_1995_num_108_1_5323 consulté le 30 juin 2014.

338

Au sujet de l’Antonomase, lire Jean-François GUÉRAUD, « L’antonomase en question… », L’information Grammaticale, Année 1990, Vol. 45, N°45, pp. 14-18 in

la première lettre d’un nom commun, en l’assimilant à un nom propre, par singularisation.

D’autre part, nous avons également opté, également, pour la transcription en italique des mots qui n’étaient pas d’origine française, de même que pour des termes consacrés ou des surnoms.

Pour notre rédaction, quant au fond, nous nous sommes appuyé sur une recherche documentaire entre autres. En ce qui concerne les documents, nous nous sommes procuré des ouvrages spécialisés, mais également des ressources électroniques (revues, livres et articles), à partir de bibliothèques en ligne. Nous avons obtenu également certains documents officiels d’institutions religieuses comme l’Église catholique, mais également des rapports et notes émanant d’instances administratives. Nous avons consulté, entre autres, les résultats statistiques des élections présidentielles de 2006 et de 2011, de même que le rapport général sur l’organisation du Forum national des rois et des dignitaires du Bénin de septembre 2008. La plupart des ouvrages que nous avons consultés portent sur les thèmes suivants :

- les caractéristiques de l’État, du système politique et des partis politiques, en Afrique subsaharienne ;

- la démocratie en Afrique subsaharienne et au Bénin ;

- les modes de gouvernance et la transition politique en Afrique ;

- la chefferie traditionnelle et les institutions religieuses en Afrique subsaharienne et au Bénin ;

- l’ethnisme comme donnée de construction de la société en Afrique et au Bénin ;

- les entrepreneurs religieux et traditionnels en Afrique et au Bénin; - les relations entre politique, religieux et traditionnel en Afrique

subsaharienne et au Bénin ;

- la nature des pouvoirs traditionnels et religieux en Afrique subsaharienne et au Bénin.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/igram_0222 -9838_1990_num_45_1_1948

Pour mieux rendre compte de la réalité des relations entre élites politiques, religieuses et traditionnelles, il nous a semblé préférable de mener une enquête sociologique. Elle a été conduite aussi bien dans la capitale que dans plusieurs localités, du sud au nord du Bénin, auprès de personnes ciblées en fonction de plusieurs qualités sociales ou statutaires. Nous avons ainsi enquêté essentiellement auprès :

- d’universitaires, notamment historiens, sociologues et juristes ; - de représentants des élites religieuses et traditionnelles ;

- de représentants des élites politiques (maires, anciens ministres, chefs de partis politiques, anciens députés et cadres administratifs d’administration centrale et locale) ;

- de citoyens béninois que nous avons choisi d’interroger lorsque nous étions convaincu que l’analyse des faits sociaux et politiques de leur localité d’origine, voire de la société béninoise, était pertinente. Notre choix s’est également porté sur eux en considérant qu’ils avaient un relatif savoir académique, avec une compréhension correcte ou acceptable du français, langue officielle de l’État béninois. Nous avons enfin tenu compte de leur aptitude à évoluer, avec une aisance suffisante, entre les milieux ruraux et citadins, quand ils arrivaient à cerner leurs principes de fonctionnement au niveau des relations humaines.

D’autre part, nous avons opté, dans la construction de notre questionnaire de base (lequel a varié quelque peu sur le terrain), pour des questions semi-ouvertes, afin d’avoir des appréciations particulières sur des sentiments plus personnels de nos interlocuteurs d’une part. D’autre part, un tel choix nous a permis également d’établir des statistiques qualitatives à partir d’appréciations générales.

Ainsi, notre questionnaire a été esquissé, à partir de quelques axes principaux, autour de sujets ayant trait aux :

- rôle et place des religions et traditions, ainsi qu’à leurs garants et gardiens ;

- histoires, traditions et coutumes des localités béninoises, relatives aux anciens royaumes ;

- domaines et modes d’intervention des élites traditionnelles et religieuses, de même qu’à leurs fonctions et attributions ;

- évolutions du statut des élites traditionnelles et religieuses avant et après la période démocratique ;

- dispositions prévues constitutionnellement quant à la sollicitation, en période normale, des élites religieuses et traditionnelles ;

- appels aux élites religieuses comme traditionnelles en périodes électorales ;

- évolutions politiques du système constitutionnel béninois ;

- clivages principaux, capables d’influencer les diverses élections au Bénin ;

- formes et fonctionnement de la gouvernance politique et administrative ; - corrélations entre l’identité religieuse et celle ethnique et les

nominations des élites politico-administratives.

Organisation du questionnaire :

· Questions principales relatives au poids et à la place de la tradition et de la religion au Bénin :

- Les Africains et les Béninois tiennent-ils à leurs traditions et à leurs religions ? Si oui pourquoi ?

- Les traditions et religions sont-elles prégnantes au Bénin ? Si oui, comment ?

- La tradition et la religion sont-elles dotées d’un statut légal par la Constitution démocratique ? Si oui, lequel ?

- La tradition et la religion étaient-elles dotées d’un statut légal dans la Constitution marxiste-léniniste ? Si oui, lequel ?

- Y a-t-il une contradiction constitutionnelle entre la référence aux mânes des ancêtres et la laïcité béninoise ?

- Quelle est la position des élites religieuses et traditionnelles dans l’ordre politico-administratif ?

- Les élites religieuses et traditionnelles jouissent-elles d’une écoute auprès de leurs concitoyens ? Si oui, de quelle façon ?

· Questions relatives aux rapports des leaders politiques avec les élites religieuses et traditionnelles en périodes non électorales :

- Quel discours tiennent les élites politiques (députés, ministres, Présidents, maires, Préfets, etc.) sur la religion et la tradition de la période non démocratique à la période démocratique ?

- Les députés et les maires entretiennent-ils des relations avec les élites traditionnelles et religieuses ? Si oui, lesquelles ?

- Si des rapports existent, quand se sont-ils noués ? Et pourquoi ?

- Comment résumeriez-vous la nature des relations entre élites traditionnelles, politiques et religieuses au Bénin ?

- En tant qu’ancien ministre du Président X, pouvez-vous nous parler de la place que son gouvernement a accordée aux religions et aux traditions, de même qu’à leurs représentants ?

- Le Président X entretenait-il des relations avec les élites traditionnelles et religieuses ? Si oui, de quelle nature ?

- Qu’en est-il de vous-même ?

- En tant que (ministre, Préfet, chef de parti politique ou maire), rencontriez-vous des élites traditionnelles et religieuses ? Si oui, pourquoi ?

- Les députés et maires entretiennent-ils des relations avec les élites traditionnelles et religieuses ? Si oui, lesquelles, et à quel moment particulier sont-elles établies et pourquoi ?

· Questions relatives aux rapports des leaders politiques avec les élites religieuses et traditionnelles en périodes électorales et de crises :

- En tant qu’élite politique pouvez-vous nous dire comment se passent les relations entre vos pairs et les élites traditionnelles et religieuses pendant les élections présidentielles, législatives, et communales ? - Pensez-vous que les élites religieuses et traditionnelles ont joué un rôle

- Les élites traditionnelles et religieuses influencent-elles le cours d’une campagne politique dans leur localité ? Si oui, comment et pourquoi ? - Pensez-vous que les populations tiennent compte des recommandations

de leurs élites traditionnelles et religieuses en période électorale ? Si oui, comment ?

- Pensez-vous que les élites traditionnelles et religieuses sont des leaders d’opinion ? Si oui, pourquoi ?

· Questions relatives aux clivages principaux déterminant les élections au Bénin : - En dépit de l’existence de l’ethnisme et du régionalisme présents dans le

pays, y a-t-il une nation béninoise ?

- Quel est le poids de l’ethnisme et du régionalisme au Bénin ?

· Questions relatives à la forme et au fonctionnement de la gouvernance politique :

- L’État central gouverne-t-il absolument seul au Bénin ? Si non, avec quelles entités partage-t-il l’exercice du pouvoir ?

- L’État est-il contraint par les forces religieuses et traditionnelles ? Si oui, comment et quand ?

- Le pouvoir public est-il partagé au Bénin entre élites politiques, traditionnelles et religieuses ? Si oui pourquoi ?

· Questions relatives à la corrélation entre l’identité ethnico-religieuse et la nomination des élites politico-administratives :

- Le régionalisme, l’ethnisme et la religion sont-ils déterminants dans l’attribution d’un poste politico-administratif ? Si oui, comment ?

- L’appartenance à un terroir et à une religion favorise-t-elle une candidature politique ?

· Enfin, questions récurrentes relatives aux matières, domaines de pouvoir, fonctions et attributions des élites religieuses et traditionnelles :

- Le régionalisme, l’ethnisme et la religion sont-ils déterminants dans l’attribution d’un poste politico-administratif ? Si oui, comment ? - Y a-t-il des domaines de compétence attribués aux élites traditionnelles

- Depuis 2008, quel type de visibilité le gouvernement actuel donne-t-il aux élites traditionnelles et religieuses ? Pourquoi ?

- Y a-t-il un changement par rapport aux relations antérieures entre l’État et les élites traditionnelles et religieuses?

- Dans le futur, les élites traditionnelles et religieuses sont-elles appelées à jouer un rôle dans la sphère publique ? Si oui, quel sera le fondement de celui-ci ?

Il importe de décrire la réalisation de notre enquête sociologique à travers son mode de déroulement et de mentionner les solutions trouvées, face à certaines contraintes.

En résumé, nous avons surmonté quelques difficultés au cours de notre enquête, en raison de la sensibilité particulière de notre objet de recherche. En effet, au Bénin les élites traditionnelles et religieuses sont auréolées d’un certain prestige social. Par conséquent, elles ne sont pas approchées facilement et cultivent, pour la majorité, la discrétion au niveau de leurs relations avec les élites politiques. Quant à ces dernières, rompues à la communication, elles s’expriment avec beaucoup de précautions.

Pour comprendre leurs relations, nous avons donc dû procéder par recoupements et interroger séparément ces trois catégories d’élites, après avoir veillé à instaurer un climat de confiance. A la suite de notre recherche, nous sommes parvenu à des conclusions, assez récurrentes, qui furent comparées à celles émanant d’ouvrages et de documents sérieux. Nous avons aussi vérifié la réputation de toutes ces élites auprès de la population.

Ce qui nous a sûrement aidé, c’est probablement le professionnalisme que nous avons tenté de conserver, tout en adoptant une certaine impartialité dans notre recherche. Nous avons, en toute courtoisie, veillé, dans nos échanges, à ne pas nous laisser impressionner par le statut de nos interlocuteurs.

Pour nous faire respecter, par nos enquêtés, nous avons développé une stratégie de présentation. Nous nous comportions parfois comme un familier des champs politique, traditionnel et religieux béninois, pour ne pas être pris comme un absolu profane. Ce procédé avait l’avantage de nous faire apparaître aux yeux

de toutes ces élites comme un interlocuteur valable, capable d’entamer un dialogue interactif et sérieux.

De façon plus précise, cette enquête menée dans des localités béninoises s’est réalisée avec, comme supports, un dictaphone et une caméra pour mémoriser l’essentiel des entretiens qui nous paraissaient utiles. Les entretiens pouvaient durer d’une dizaine de minutes à plusieurs heures (quand un climat de confiance s’installait et que les développements étaient nécessaires). Nous avons pris contact avec les leaders religieux et traditionnels, le plus souvent, en leur téléphonant directement, après avoir obtenu leurs coordonnées téléphoniques inscrites dans le rapport du Forum des rois et dignitaires du Bénin de 2008. Parfois, nous avons été recommandé ou introduit par des connaissances personnelles, quand nous ne pouvions personnellement les joindre. Il nous est arrivé également de solliciter directement une rencontre avec des élites religieuses, traditionnelles et politiques, sans prendre rendez-vous, à leur domicile, quand celui-ci pouvait être connu de tout le monde. Nous nous sommes parfois rendus dans des lieux de travail de certaines de ces élites, souvent sans suivre un protocole formel de demande de rendez-vous. Parfois, nous connaissions personnellement nos enquêtés car nous avions précédemment déjà établi un contact avec eux. Quelques fois, par contre, nous avons procédé à des enquêtes presque au hasard. Plus précisément, celles-ci se déroulaient au gré de circonstances heureuses, après avoir été informé de la démarche à adopter pour mieux aborder nos enquêtés. Plus rarement encore, si ce n’est exceptionnellement, voire accidentellement, nous nous sommes retrouvé, par hasard, en face de ces élites religieuses, traditionnelles et politiques, voire administratives. Nous avons alors profité d’une telle opportunité pour les interroger. Il est en effet difficile d’obtenir un rendez -vous au Bénin à cause de la pesanteur de l’administration. C’est le cas si l’on n’est pas recommandé ou si on ne précipite les choses soi-même, surtout quand le temps imparti, par la durée du séjour de recherche, est court. Dans cette optique, sur place, la recommandation remise par notre directeur de recherche, appuyée par le cachet de l’école doctorale de ‘‘Sciences Po Bordeaux’’, attestant du caractère strictement universitaire de nos enquêtes, nous a secouru à maints égards. En effet, nos questions étaient sensibles

pour un pays assez politisé comme le Bénin, où les élites traditionnelles et religieuses, peu ou prou discrètes, cultivent un certain secret.

Si les grandes élites traditionnelles et religieuses endogènes s’exprimaient en français, au début d’un entretien, les premiers échanges verbaux devaient s’effectuer dans la langue du terroir. C’était une façon pour ces élites de marquer de faire valoir le respect de leur culture ou tout au moins de l’honorer, nous a -t-il semblé. C’est à ce niveau que nous avions besoin de traducteurs. Une fois le contact instauré, nous procédions parfois à un entretien libre, sans être figé au questionnaire, en fonction de l’intérêt des sujets abordés .

A toutes ces personnes abordées, en l’occurrence ces élites, nous expliquions, avant de commencer notre entretien, l’objet de notre enquête pour montrer notre fiabilité. Nous leur précisions que nous poserions toutes les questions, puisque la démarche scientifique nous recommandait d’éviter la complaisance au cours des interrogations. Puis, nous proposions à nos interlocuteurs de filmer ou enregistrer nos échanges, s’ils le permettaient. Ces dispositions nous affichaient comme des personnes dignes de foi . Il arrivait que l’interrogation se déroule en off pour certains sujets sensibles. Parfois, certains de nos enquêtés refusaient d’être interrogés à cause de la nature de l’enquête.

Pour autant, si nous avons essayé de créer un climat de confiance et de proximité, qui nous a permis d’avoir de nombreuses informations, presque sur le ton de la confidence parfois, nous avons réussi, de bonne foi, à garder une certaine distance et neutralité. Par exemple, lorsque certains de nos enquêtés tentaient de monnayer notre entretien, nous leur expliquions, avec succès, les règles que requérait notre démarche scientifique de recherche comme : la probité et la déontologie du chercheur. Celles-ci allaient à l’encontre de cette façon de faire, qui biaisait les motivations, de même que les résultats des échanges.

À certaines occasions, il nous est arrivé de nous rendre chez des chefs traditionnels et religieux endogènes, de premier plan, avec de petits présents symboliques (ce qui n’avait rien à avoir avec une corruption que nous aurions subie ou que nous aurions fait subir), comme des bouteilles d’alcools . Cela relevait d’une coutume qui recommande de ne pas aller chez un grand leader traditionnel ou religieux les mains vides. Cette façon de faire nous attirait d’ailleurs la sympathie et nous permettait de montrer à ces élites traditionnelles et religieuses endogènes, de très haut rang, que nous étions respectueux de leurs protocoles coutumiers de bienséance.

Après la prise de contact, quand l’occasion se présentait, nous avons tenté d’observer certains événements de l’intérieur (la campagne de la Première dame du Bénin dans la région de Kpomassè, les manifestations du respect accordée aux rois, chefs traditionnels et chefs religieux endogènes dans leurs cours quand des personnes les approchaient), tout en gardant une certaine distance physique et déontologique, malgré notre présence dans les lieux. Nous avons parfois vécu, lors de séjours courts, certains aspects du quotidien des populations . Cela a été par exemple le cas quand nous avons passé deux nuits au sein du village de Ségobé, situé dans le département des Collines, situé entre les communes de Glazoué et Savè. Nous n’avons alors pas manqué de questionner certaines personnalités de cette localité, notamment un membre du conseil élu dudit village. Nous avons également interrogé quelques membres de la famille de notre conducteur automobile, originaire de Ségobé. Le grand-père maternel de ce dernier était le fondateur dudit village. Nous avons ainsi pu nous renseigner, auprès de ces