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RELIGIEUSES ET TRADITIONNELLES AU

BENIN

Le Bénin pourrait évoluer vers un néo-système étatique amorcé par le gouvernement de Boni Yayi84 qui semble avoir engagé, apparemment, en marge du cadre constitutionnel, un réel processus d’institutionnalisation des relations entre, d’une part, les élites politiques et, d’autre part, les élites religieuses et traditionnelles, en matière de gouvernance politico-administrative, alors que de tels rapports étaient par le passé bien plus officieux qu’officialisés.

Suite aux exemples singuliers, donnés par Pierre Osho et Théodore Holo, de relations qu’entretiennent, entre elles, les élites politiques, traditionnelles et religieuses dans l’État démocratique béninois, et à la nouvelle préoccupation, à ce sujet, du gouvernement du Président Boni Yayi, comment peut-on comprendre les situations officielle et officieuse des chefferies religieuses et traditionnelles au Bénin, de même que leur place dans la gouvernance, sans oublier l’impact que de telles relations peuvent avoir sur la démocratie de cette nation ?

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Gouvernement du Bénin, « Le Président : Thomas Boni YAYI », Portail Officiel du

Gouvernement, République du Bénin in http://www.gouv.bj/president/thomas-boni-yayi &

PANAPRESS, « Biographie du Dr Yayi Boni », AFRIK. COM, 12 mars 2006 in

§ A : DE LA NATURE DES ÉLITES POLITIQUES, RELIGIEUSES ET TRADITIONNELLES ET DE LEURS ATTRIBUTS

A la tête de l’État béninois, depuis l’élection du 6 avril 200685, le Président Boni Yayi porte en faveur des élites religieuses et traditionnelles un nouveau regard qui semble annoncer une réorganisation de ces groupes sociaux, laquelle ne serait pas sans conséquences sur la gouvernance politique. Avant d’entrevoir ce que pourraient-être ces changements, il ne serait pas vain de définir ce que nous entendons par cette typologie élitique :

- par élites religieuses, nous désignons les leaders ayant la responsabilité de diriger les organisations émanant des religions endogènes et exogènes, de même que lesdits cultes ;

- par élites traditionnelles, nous nous référons aux leaders, désignés aujourd’hui comme chefs coutumiers ou rois d’une localité, lesquels ont hérité d’une charge traditionnelle de prédécesseurs ayant détenu, par le passé, une autorité temporelle sur une communauté avant ou au cours de la période coloniale. Nos conceptions terminologiques, au niveau de la compréhension de ce que sont les élites religieuses et traditionnelles, se rapprochent, sans préméditation de notre part, de celles définies par la charte consacrée à la gouvernance locale au Bénin. La Charte Nationale sur la Gouvernance Locale en République du Bénin, qui engage les élus communaux et locaux à respecter certains principes nécessaires à une bonne gouvernance locale, donne une définition de l’autorité religieuse en son article 1 : « toute personne investie d’un pouvoir de religion traditionnelle ou importée »86. Aux termes de ce même article, la chefferie traditionnelle est un « ensemble formé par les rois, les têtes couronnées, les dignitaires et les sages, gardiens de la tradition »87.

Le forum, qui devait procéder à la réorganisation des chefferies traditionnelle et religieuse au Bénin, a traité aussi bien du statut et du rôle de ces institutions dans l’État. Plusieurs sujets polémiques ont été suscités à l’intérieur même des groupes constitués par ces chefs de cultes et garants de la tradition pour

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Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs, Rapport d’évaluation de la gouvernance, novembre 2007, p. 8, in http://www.undp.org.bj/docs/Maep_rapportnov07.pdf consulté le 7 décembre 2012.

86

ONG ALCRER & Coopération Internationale Allemande, Charte Nationale sur la Gouvernance Locale en République du Bénin, ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance locale, de l’Administration et de l’Aménagement du Territoire, 2011, p. 6 in http://www.decentralisation-benin.org/IMG/pdf_Charte_nationale_GL_corps.pdf consulté le 18 mars 2014.

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redéfinir leur statut et aborder, entre autres, la question d ’une hiérarchie au niveau des fonctions traditionnelles. C’est ainsi que plusieurs rois ont voulu se distinguer des chefs ou des rois de second ordre. Il n’en reste pas moins que s’il y a une différence, en termes de degré ou de hiérarchie entre ces dernières personnalités, il s’agit ici plutôt d’une identité de nature entre chefs et rois. Pour autant, il est important de s’appesantir, pour mieux comprendre ces institutions, sur la conception et la notion de chefferie traditionnelle ? Qu’est-elle donc ?

Le chef traditionnel pourrait être perçu quelque part comme une élite traditionnelle. Les élites renverraient, d’après Pierre Ansart, à un groupe d’individus « aux compétences et aux performances exceptionnelles et objectivement vérifiables »88. Une élite peut détenir un certain pouvoir et apparaître à ce titre comme « l’élite du pouvoir », à laquelle peut être rattachée un « groupe de statuts » auquel on peut conférer un « ensemble de rôles stratégiques »89. Qualifier une élite, c’est l’envisager sous trois angles : sa légitimité, son rôle social et ses organisations et structures, de même que ses fonctions90.

Un chef traditionnel, par exemple, détiendrait donc un certain pouvoir qui pourrait s’apparenter à sa capacité d’influence, laquelle s’appuierait, à son tour, sur la persuasion. Cette dernière exerce de l’attrait sur les personnes qui sont, de facto, quelque part, déjà sous une emprise, comme charmées, tandis que les personnes contraintes par un pouvoir stricto sensu sont dans une autre situation91. Le pouvoir92 peut être défini, d’après l’historien Ian Kershaw, comme la « chance pour un individu de faire triompher au sein d’une relation sociale sa propre volonté contre des résistances »93. L’auteur y voit un aspect relationnel à relativiser, dans la mesure où le pouvoir s’apprécie par rapport à une personne sur laquelle il

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André AKOUN & Pierre ANSART, Dictionnaire de Sociologie, Paris, Le Robert/Seuil, 1999, p. 178. 89 Ibid., p. 179. 90 Ibid. 91

Jean LHOMME, « La notion de pouvoir social », Revue économique, Volume 10, n° 4, 1959, p. 487 in http://www.persee.fr/articleAsPDF/reco_0035

-2764_1959_num_10_4_407367/article_reco_0035-2764_1959_num_10_4_407367.pdf consulté le 19 mars 2013.

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Bertrand BADIE et al., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques , Paris, Armand Colin, 2005, pp. 265-266.

93

Max WEBER, Economy and Society, Berkeley/Los Angeles/Londres, Günther Roth et Claus Wittich, 1978, p. 53, et Ian KERSHAW, Hitler : Essai sur le charisme en politique, Paris, Gallimard, 1995, p. 35.

s’exerce94. Par contre, ce même historien fait une distinction entre le pouvoir et la domination. Le premier pourrait s’appuyer sur la seconde qui serait , en réalité, « la chance pour un ordre de rencontrer une obéissance prompte, automatique et stéréotypée chez un groupe déterminé d’individus »95.

Robert Dahl s’est intéressé également à la compréhension de la notion de pouvoir qui renverrait selon lui « à des sous ensembles de relations entre des unités sociales ; ainsi les comportements d’une ou de plusieurs unités dépendent en certaines circonstances du comportement d’autres unités »96.

Vincent Lemieux se rapproche, quant à lui, dans sa définition du pouvoir de celle de Bertrand Russel qui estime que la spécificité du pouvoir réside en « la capacité de produire les effets voulus »97. Il est à noter que si les moyens sont nécessaires au contenu d’un pouvoir, son accroissement n’est pas forcément corrélé à leur concentration car explique Vincent Lemieux :

« Les moyens servent au pouvoir, que leur emploi ou leur transmission fassent agir l’autre, ou l’empêchent d’agir, mais ce n’est pas la grandeur de ces moyens qui mesure automatiquement la grandeur du pouvoir »98.

Robert Dahl met l’accent sur la dimension de changement que peut induire l’influence dans les actions humaines. Il estime en ce sens que « l’influence constitue un rapport entre des acteurs par lequel l’un d’entre eux amène les autres à agir autrement qu’ils l’auraient fait sans cela »99. Vincent Lemieux explique que la définition de l’influence (laquelle pourrait être implicite également) du politologue Dahl « inclut également les cas où l’acteur A amène B à poursuivre une action que celui-ci aurait interrompue sans l’intervention de A. Pour lui l’action inclut ce qui est de l’ordre des sentiments et des attitudes »100.

94

Ian KERSHAW, Hitler: Essai sur le charisme en politique, op. cit., p. 36. 95

Max WEBER, Economy and Society, op. cit., p. 53 et Ian KERSHAW, Hitler : Essai sur le charisme en politique, op. cit., p. 36.

96

Vincent LEMIEUX, Les cheminements de l’influence : Systèmes, stratégies et structures du politique, LAVAL, Presses Universitaires, novembre 1979, p. 52 in

http://classiques.uqac.ca/contemporains/lemieux_vincent/cheminements_de_influence/chemine ments_de_influence.pdf consulté le 15 septembre 2014.

97 Ibid., p. 51. 98 Ibid., p. 55. 99 Ibid., p. 52. 100 Ibid.

Vincent Lemieux, lui, opère une distinction entre le pouvoir et l’influence , différence qui se situerait au niveau de la notion de répression ou de coercition quant à ses moyens, en ces termes :

« Ceux qui croient au pouvoir croient aussi que la coercition est son aboutissement, qu’elle s’exprime par l’utilisation de la force, la menace de son utilisation, ou la pesanteur du nombre. Ceux qui croient au contraire que le po uvoir ne doit pas dépasser l’influence se limitent à suggérer ou à ‘‘instiguer’’, c'est -à-dire à vouloir convaincre, mais sans avoir recours ou menacer d’avoir recours à la force »101.

Le pouvoir se distingue ainsi de l’influence en ce qu’il a une dimension énergétique ou informationnelle contrairement à cette dernière qui ne serait qu’informationnelle102. Le politologue Lemieux explique la différence entre les conceptions énergétique et informationnelle ainsi :

« C’est la différence, en somme, entre une conception énergétique du monde, où des causes produisent des effets, et une conception informationnelle du monde, où des acteurs en informent d’autres et les induisent ainsi à agir »103.

Par ailleurs, selon le résultat des effets sur les personnes sur lesquelles elle, puis il s’exercent, on parle de la positivité ou la négativité de l’influence et du pouvoir104. A la suite de ces caractéristiques, Vincent Lemieux nous donne cette définition de l’influence :

« Il y a influence de A sur B quand, à la suite de l’information transmise de A à B, un résultat est atteint, qui se conforme aux préférences de A. Plus brièvement, il y a influence de A sur B quand A rend ses préférences efficaces envers B, suite à des flux d’information »105.

Fort donc des précisions qui précèdent, l’on pourrait proposer de définir le chef traditionnel comme une élite détentrice d’un certain pouvoir social et non politique et qui serait en mesure d’influencer d’autres personnes sensibles à son leadership106. Le pouvoir social peut s’exercer dans les limites du temps et de

101 Ibid., p. 49. 102 Ibid., p. 48. 103 Ibid., p. 49. 104 Ibid., pp. 49-50. 105 Ibid., p. 49. 106

l’espace dans lesquels il s’enracine107. Doué d’une dimension immatérielle108, ce pouvoir social serait la « capacité consciente d’exercer une influence sociale nette »109. Il faut le distinguer du pouvoir politique qui, lui, se caractériserait par une « action exercée à la fois sur le suffrage universel et grâce à lui »110.

D’après Robert Biersted, par contre, que cite Jean Lhomme, le pouvoir, de façon générale, s’enracine dans la société. Il y a plusieurs types de pouvoirs qui s’observent à différents niveaux de la société à l’occasion de l’établissement de relations diverses111. Ainsi, à côté du pouvoir politique, il existerait de nombreux pouvoirs sociaux. Entre de tels pouvoirs, lesquels sont souvent confondus, il pourrait y avoir une coexistence ou une rivalité112. Il est important de mentionner l’imprécision des résultats du pouvoir social où l’objectif pourrait être d’ « atteindre l’opinion ‘‘utile’’ et de lui faire reconnaître certaines valeurs »113. C’est ainsi qu’une personne qui incarne au mieux l’opinion, voire les valeurs d’un groupe, peut escompter jouir d’un certain pouvoir social114. J.-P. Poitou nous donne une représentation du pouvoir en ces termes :

« Les fondements du pouvoir sont formés de toutes les ressources dont dispose A, et qui peuvent d’une façon ou d’une autre constituer un renforcement pour B. Les moyens sont les modalités d’utilisation de ses ressources par A pour obtenir de B qu’il modifie son comportement : promesses, menaces, sanctions, etc. La portée du pouvoir de A, c’est l’ensemble des actions de B que A peut obtenir lorsqu’il exerce son pouvoir. Enfin le degré du pouvoir de A est défini en termes de probabilité.115 »

Quant à l’opinion utile, elle pourrait être en réalité comprise comme cette partie de l’opinion, donc d’un sous-groupe, qui serait acquise à un individu hégémonique aspirant à détenir une quelconque autorité116. L’opinion utile 107 Ibid., p. 489. 108 Ibid., p. 484. 109 Ibid., p. 487. 110 Ibid., p. 483. 111 Ibid., p. 482. 112 Ibid., p. 482. 113 Ibid., p. 483. 114 Ibid., p. 488. 115

J.-P. POITOU, « Modèles formalisés du pouvoir », L'année psychologique, 1967, vol. 67, n°2, p. 601 in http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003

-5033_1967_num_67_2_27584 consulté le 18 mars 2003. 116

possèderait donc des attributs de l’opinion générale, mais s’en différencierait du fait qu’elle serait sujette à un contexte singulier117.

Ces distinctions permettent à Jean Lhomme de suggérer que le pouvoir social serait la « capacité, pour un sujet, de se faire reconnaître par l’opinion utile une aptitude à représenter le groupe-objet et à disposer d’une autorité sur lui »118.

Par ailleurs, le pouvoir social s’apprécierait en Occident à travers cinq schèmes de valeurs, relatives aux dimensions : physiques, intellectuelles, politiques, économiques et sociales119. C’est sur ces qualités que pourrait s’appuyer un chef en quête d’autorité, s’il aspire à être reconnu comme tel par un groupe qu’il veut incarner et dont il veut assurer la cohésion à partir de valeurs dominantes120.

Toutefois, il ne peut arriver à cette suprématie ou à cette domination que si le groupe accepte de s’y soumettre121. Il lui faut donc revêtir une certaine légitimité, que Jeanne Becquart-Leclercq définit comme la « concordance entre un pouvoir concret et un paradigme du pouvoir »122.

Mais si une personne peut représenter un groupe, celui-ci peut représenter à son tour une société d’individus plus large123. Tel est le cas d’une élite traditionnelle ou religieuse (les analyses autour de la notion de chef et des notions de pouvoir social et d’élite valent également pour les leaders religieux) dont le pouvoir social peut s’étendre sur plusieurs groupes humains et donc sur des segments considérables de la société.

Alors, si un groupe a vocation à diriger, comme c’est le cas de la chefferie, comment cette dernière peut-elle être perçue, au Bénin en l’occurrence ? Par exemple, qu’est-ce que peut représenter la chefferie, notamment traditionnelle ou religieuse ? 117 Ibid., p. 499. 118 Ibid. 119 Ibid., pp. 492-494. 120 Ibid., pp. 494-495. 121 Ibid., pp. 495-496. 122

Jeanne BECQUART-LECLERCQ, « Légitimité et pouvoir local », Revue française de science politique, 1977, 27e année, n°2, p. 230 in

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035 -2950_1977_num_27_2_396146 consulté le 19 mars 2013.

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Le constitutionnaliste et professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, autre rédacteur important de la Constitution béninoise, présente la monarchie et la chefferie, qui lui est inférieure en termes de rang, comme des « faits sociologiques » renvoyant à un « groupe organisé » détenant une relative autorité124. L’autorité serait toutefois à distinguer du commandement qui, lui, désignerait « l’exercice effectif d’une autorité »125. Ces deux notions peuvent être confondues dans certaines situations126. Une personne investie des qualités de chef a de « l’ascendance sur les populations du village ou de la région » en tant qu’individu « choisi ou accepté » par les populations, destiné à être un représentant face au pouvoir central127. Un chef ne peut être compris sans le recours à des notions telles que l’autorité, la responsabilité et le commandement128.

Pour comprendre ce qu’est un chef, il est important de comprendre ce que renferme la notion de chefferie. La chefferie, notamment traditionnelle ou religieuse endogène, est une institution sociale coutumière remontant à l’ancien Dahomey. Cette dernière renvoie aux réalités sociales béninoises faisant du chef quelqu’un de « sacré, vénéré de tous. Un homme qui est chef devient tabou,

sacer »129.

Vénéré de façon quasi religieuse, le chef avait une autorité temporelle ou religieuse, voire l’une et l’autre à la fois. Il en a conservé quelques parcelles même après la période coloniale. Cette nature sacrée du chef traditionnel lui donne une autorité temporelle, mais également spirituelle. C’est pourquoi, d’après l’historien Félix Iroko, le chef traditionnel béninois présiderait aux manifestations religieuses, avec comme privilège la possibilité de nommer des chefs de cultes traditionnels130.

124

Maurice AHANHANZO GLELE, Le Danxome : du pouvoir aja à la nation fon, P a r i s, Nubia, 1974, p. 27.

125

Jean LHOMME, « La notion de pouvoir social », art. cit., p. 496. 126

Ibid., p. 497. 127

Maurice AHANHANZO GLELE, Le Danxome, op. cit., pp. 27-28. 128

Ibid. 129

Maurice AHANHANZO GLELE, Le Danxome, op. cit., p 30. Voir aussi Musée Historique d’Abomey, « Histoire : les rois d’Abomey », EPA in http://www.epa-prema.net/abomey/rois.htm

consulté le 15 octobre 2013. 130

Entretien avec Félix Abiola IROKO :

L’entretien s’est déroulé le 28 novembre 2009, au Centre culturel français (Cotonou). F. A. Iroko est professeur d’Histoire à l’Université d’Abomey-Calavi (anciennement Université Nationale du Bénin) et spécialiste de plusieurs thématiques dont celles ayant trait aux groupements ethniques et à l’histoire politique des chefferies et royautés du Bénin. Il a fait ses études universitaires à la Sorbonne, en France, où il a obtenu un doctorat de troisième cycle en histoire politique en 1974, puis un doctorat d’État en

Un monarque peut donc, comme le rappelle si bien le médiéviste français Georges Duby, posséder deux attributs ou fonctions, l’une temporelle et l’autre divine131.

Dans le Bénin rural et profond, les rois et chefs traditionnels sont investis d’un certain prestige par les populations locales, lesquelles leurs prêtent parfois des dons et pouvoirs thaumaturgiques, comme ceux supposés détenus par le défunt et précédent monarque traditionnel de la commune de Kétou132. Maurice Ahanhanzo Glèlè renchérit sur l’importance et l’exceptionnalité du chef traditionnel en expliquant que « celui qui est fait chef par une collectivité, fût-il le plus jeune du groupe, dès lors qu’il est investi de cette haute magistrature, devient l’objet de la confiance, du respect et presque toujours de la fidélité de la collectivité »133.

Le professeur Ahanhanzo Glèlè poursuit son explication sur l’institution autour de la personne du chef en rapportant que la chefferie est « le système par lequel s’exercent l’autorité et le commandement. Le chef est la personne investie de ce commandement responsable dans un groupe social donné. La chefferie, ce sont à la fois le commandement et tous les attributs attachés à la personne,

1987 en histoire économique, toujours dans l’Hexagone. Catholique de confession, le professeur Iroko écrit au journal La Croix du Bénin. Il a été également membre du Comité d’organisation et du Sous-Comité intellectuel du Forum national des rois et des dignitaires du Bénin (11-12 septembre 2008). Agé d’une soixantaine d’années, il est de l’ethnie nago-yorouba, tout en étant originaire, à la fois, du département du plateau, situé entre le sud et le centre du Bénin (Kétou), par son père, et du Nord, par sa mère, issue de l’aire Bariba ou Batombu. Le professeur Iroko nous a fait le point des relations entre les élites politiques, religieuses et traditionnel en période électorale et non électorale. Il a évoqué la relativité du pouvoir social des institutions religieuses et traditionnelles. L’historien a déploré les risques d’instrumentalisation réciproque des sphères politique, religieuse et traditionnelle et nous a esquissé les conditions du déroulement du forum des rois et dignitaires auquel il a participé. Voir une de ses interventions : « Le pays des Amazones » in http://afrique.arte.tv/blog/?p=2197 consulté le 3 septembre 2013.

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Georges DUBY, Les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme, Paris, Gallimard, 1978, p. 40. 132

ABP/IA/AH, « Plateau/ Culture : Kétou fête sa 50ème couronne royale », ABP/Bénin. Info, Pobè, 30 août (l’année n’est pas indiquée mais, après des recherches plus fouillées, il semble que l’événement se soit produit en 2011) in http://www.benininfo.com/300810.htm consulté le 20 octobre 2013. Voir aussi Office de Tourisme Abomey et Régions, « Kétou : Sites royaux. Le royaume de Kétou », Abomey et Région, 2009 in

http://www.tourismeabomeyetregion.com/index.php/sites