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3. PRATIQUE DE L’ALIMENTATION DU COBAYE DOMESTIQUE

3.3 Toxiques alimentaires

La petite taille de ces animaux explique le fait qu’ils sont rapidement intoxiqués avec des quantités infimes. Les intoxications sont graves, il faut être très vigilant avec les aliments qui

sont distribués. On rappelle que, mis à part leur état de fraîcheur irréprochable, les végétaux donnés en complément de la ration doivent être sains, c’est à dire indemnes de substances toxiques ou de micro-organismes sources d’infections. Il ne faut en aucun cas ramasser les légumes du potager traités à l’insecticide ou à l’engrais, et les donner tel quel sans lavage préalable. Il faut éviter de ramasser l’herbe des bas-côtés ou bordant les fossés, susceptible d’être souillée par des déjections de chiens ou d’oiseaux et par les gaz d’échappement des véhicules. Il ne faut pas disposer un enclos extérieur sur une pelouse qui a été récemment exposée à de l’herbicide ou du pesticide. De même qu’il faut éviter le foin humide et les granulés moisis ou périmés (sources d’aflatoxines), ainsi que les végétaux souillés, contaminés par des bactéries (Yersinia ou Salmonella) ou des parasites (trématodes) (32) (119) (135).

Les intoxications alimentaires les plus insidieuses sont celles causées par certaines plantes d’ornement (lorsque le cobaye est laissé en liberté dans la maison sans surveillance) et certaines plantes sauvages (cueillies par des propriétaires néophytes ou consommées par le cobaye dans son enclos ou à l’occasion d’une fugue).On considère que les plantes ornementales toxiques pour les chiens et chats le sont aussi pour les N.A.C. susceptibles de les consommer. Le cobaye est un animal d’autant plus exposé qu’il adore grignoter et goûter à tout si on lui en laisse la liberté. Les principaux toxiques sont inégalement répartis dans les différentes organes de la plante (49). Certaines plantes sont toxiques quand elles sont fraîches, et inoffensives sèches : le bouton d’or dans le foin sec est sans danger par exemple (119). Un règle d’or en matière de plantes sauvages, consiste à s’abstenir en cas de doute (135). Une autre règle simple est de se méfier systématiquement des plantes à bulbes (119) (135). De toute manière, la nature semble avoir donné au cobaye peu d’attrait pour les plantes qui lui sont préjudiciables. En effet, souvent il les délaisse après y avoir à peine goûté.

Certains légumes couramment utilisés pour la cuisine humaine renferment des substances toxiques pour nos petits animaux. Nous avons précédemment évoqué le chou et ses glucosinolates inhibant l’absorption d’iode par la thyroïde, la pomme de terre crue et ses glyco-alcaloïdes (solanine et chaconine). Il faut ajouter la plupart des haricots crus du genre Phaseolus, les cacahuètes de mauvaise qualité ou moisies contenant des aflatoxines et les oignons crus riches en dérivés hémolytiques. La laitue contient du laudanum, elle favorise les flatulences et les désordres intestinaux : il faut la distribuer en petite quantité (91) (135).

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Enfin certains aliments issus de l’alimentation humaine sont vivement déconseillés pour : • leur forte teneur en sucre : les bonbons et autres sucreries, les gâteaux, le chocolat

sous toutes ses formes

• ou leur forte teneur en lipides : beurre, fromages, desserts lactés

Ces aliments prédisposent aux fermentations intestinales excessives et aux dermatoses. Le tableau 12 regroupe les plantes et aliments toxiques ou déconseillés les plus fréquents, la liste n’est pas exhaustive.

Tableau 12: liste des principaux végétaux toxiques et aliments déconseillés, d’après (26) (49) (70) (91) (102) (111) (119) (120) (135)

Plantes sauvages

Belladone, bouton d’or, prêle, ciguë, coquelicot, datura, digitale, euphorbe (latex, tige et

feuilles), fougère, liseron, mercuriale, millepertuis, mouron blanc, moutarde, muguet.

Plantes d’ornement

Amaryllis (racine, tubercule, bulbe, feuilles), aucuba (tige, feuilles et fruits), azalée (racine,

tubercule, bulbe, feuilles, tige, fleurs, fruits), belle de jour (fruits), chrysanthème (tige, feuilles, fleurs), cyclamen (racine, bulbe et tubercule), dieffenbachia (latex, tige, feuilles et fleurs), ficus (latex, tige, feuilles), gui (fruits et feuilles), houx (fruits et feuilles), jacinthe (racine, tubercule, bulbe, feuilles), jonquille (racine, tubercule, bulbe, feuilles), mimosa du Japon (fleurs et fruits),

narcisse (racine, tubercule, bulbe, feuilles), philodendron (latex, tige, feuilles et fleurs),

pommier d’amour (fruits), primevères (tige, feuilles, fleur), rhododendron (racine, tubercule, bulbe, feuilles, tige, fleurs, fruits), tilleul d’appartement (tige et feuilles), tulipe (racine, tubercule, bulbe, feuilles).

Feuilles et

branchages Caroubier, chêne rouvre, if, laurier rose, peuplier, pin, sapin, troène. Légumes

déconseillés

Cacahuètes (aflatoxines), chou en grande quantité (glycosinolates goitrogènes), haricots du

genre Phaseolus, laitue en excès (laudanum), oignon (dérivés hémolytiques), pomme de terre crue et ses pelures (solanine et chocanine).

Aliments

déconseillés Beurre, fromages, œufs (cholestérol), biscuits, chocolat, desserts lactés, pâtisseries, sucreries.

Conclusion sur l’alimentation : finalement, le cobaye n’est pas un animal bien difficile à nourrir, pour peu qu’on ne tombe dans aucun excès : ni celui de le nourrir à volonté avec une alimentation trop riche ou irrationnelle, ni celui de le considérer comme une poubelle de table finissant les épluchures et les déchets de cuisine. Son entretien est facile, pourvu que sa ration quotidienne soit :

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• appétente, de sorte à ce qu’il soit attiré spontanément

• équilibrée, de manière à subvenir aux besoins correspondant à son statut physiologique et sanitaire

• en accord avec son régime alimentaire naturel

• saine, indemne de toxique ou d’altérations physico-chimiques

• stable et constante, pour prévenir tout dérèglement du transit intestinal

En effet, dès lors que l’on a pris connaissance de ses besoins nutritionnels, en particulier en vitamine C, de ses habitudes alimentaires et de ses particularités anatomiques, il est facile de lui fournir une alimentation quotidienne adaptée : granulés complets spécialement formulés pour cobaye agrémentés d’un complément ménager. Ce dernier n’est bénéfique que s’il est raisonné. Le cobaye doit être rationné, les repas doivent être les plus réguliers possible. La gestion de tout changement alimentaire doit passer par une consciencieuse transition alimentaire permettant l’adaptation de la flore digestive. L’eau doit être de qualité irréprochable car le cobaye est sensible à toute modification organoleptique ou olfactive. Ces quelques points phares garantissent la bonne santé de notre rongeur.

Conclusion du premier chapitre : il convient de retenir que le cobaye se distingue des autres rongeurs par un ensemble de particularités anatomiques, physiologiques, métaboliques, nutritionnelles et comportementales qu’il convient de connaître pour effectuer sa consultation dans les meilleures conditions.

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SECONDE PARTIE :

LA CONSULTATION DU COBAYE

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Depuis les années 80, la médicalisation des N.A.C. va croissante. Elle constitue un événement remarquable. En effet, s’il paraissait impensable auparavant de prodiguer des soins individuels sur ces animaux, il n’est pas une semaine aujourd’hui sans que l’un de ces animaux soit présenté à la consultation (11).

Cependant, la négligence ou l’ignorance des propriétaires les conduit souvent à amener leur animal alors que la pathologie se trouve déjà à un stade bien avancé.

De plus, le coût étant un facteur limitant, ils préfèrent souvent acheter un nouvel animal plutôt que de tenter un traitement onéreux et dont le succès n’est jamais réellement garanti.

Pour toutes ces raisons, le vétérinaire est amené, dans la majorité des cas, à poser un diagnostic tardif en ne se basant que sur son examen clinique. Cela relève souvent d’un véritable défi médical (32).

1. IMPORTANCE DE L’ANAMNESE