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3. PRATIQUE DE L’ALIMENTATION DU COBAYE DOMESTIQUE

3.2 Gestion pratique de l’alimentation du cobaye

3.2.5 Cas particuliers

3.2.5.1 Femelle gestante ou allaitante

Alimentation

La durée de la gestation est plutôt longue pour un petit rongeur comme le cobaye : 68 j en moyenne (58 à 72 j). Les besoins nutritionnels augmentent surtout au dernier tiers de la gestation, correspondant à la période de croissance maximale des fœtus. Par rapport à un adulte à l’entretien, les besoins d’une mère sont grossièrement multipliés par 1.5 en gestation et par 2−3 en lactation, puis ils diminuent doucement. Globalement, la femelle double son poids pendant sa gestation. Il est important de ne pas trop changer son alimentation habituelle pour ne pas perturber le fonctionnement de son tube digestif. Néanmoins ses besoins augmentant progressivement, il faut adapter sa ration quantitativement (91) (120) :

ƒ ajouter 10% de la ration dès le second tiers de gestation ƒ ajouter 25% de la ration au dernier tiers

ƒ rationner la future mère durant la semaine précédent la mise bas et éviter tout stress inutile. Ces précautions permettent de prévenir la toxémie de gestation (ou cétose) (cf 3ème partie 7.1). L’hypoglycémie physiologique de fin de gestation est aggravée par tout état de jeun. Cette anorexie entraîne la mobilisation des graisses d’où hyperlipémie puis cétonémie. L’obésité et le jeûne en fin de gestation sont des facteurs favorisants de cette pathologie qui survient le plus souvent à la faveur d’un stress (37) (64) (90) (96) (119) (122). Une composante génétique interviendrait également (110). Attention toutefois à ne pas trop limiter la femelle gestante, sous peine d’engendrer du cannibalisme.

ƒ surveiller que son abreuvement est suffisant pour assurer une lactation correcte (72).

ƒ doubler la ration au pic de lactation (du 5ème au 8ème j) (94) (111) et jusqu’au sevrage des petits (entre 15 et 21 j, dès qu’ils ont atteint un poids de 180 g) (2) (24) (31) (90) (111).

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Normalement les besoins décroissent en seconde partie de lactation, donc la ration devrait logiquement diminuer, mais comme les cobayes nouveaux nés grignotent rapidement les granulés de leurs parents, on préconise de conserver la ration doublée jusqu’au sevrage. On réalise alors une diète hydrique de 24h, puis on effectue une transition alimentaire pour revenir à la ration d’entretien.

De manière générale, il faut surveiller que la femelle s’alimente de façon équilibrée et que sa capacité d’ingestion n’est pas dépassée. Le cas échéant, il suffit de fractionner les repas quotidiens en 3 ou 4 prises (contre 2 ou 3 normalement). Il faut aussi s’assurer que le comportement de coprophagie est maintenu : même si son volume abdominal l’empêche de se replier vers son anus, la femelle gestante doit continuer à ingérer certains de ses féces prélevés à même la litière.

Qualitativement, la ration doit être plus énergétique (EM multipliée par 1,5), plus riche en protéines (20% de la ration contre 16% à l’entretien) et en vitamine C (60 mg/kg/j contre 20 mg/kg/j à l’entretien).

Pour ce faire, certains auteurs recommandent de distribuer 2 à 3 fois par semaine des graines germées (avoine, orge, maïs) en plus de la ration habituelle (26) (96) (120). Le pain trempé dans le lait puis essoré est apprécié de la mère et de ses petits dès leur 5ème jour de vie. C’est un moyen de soulager la femelle qui ne possède qu’une paire de mamelles pour généralement 3 ou 4 petits. Ces nouveaux aliments doivent être introduits progressivement à l’alimentation de base. Il faut supprimer le chou et le persil (agalactogène) de la ration de la mère (26). Abreuvement

La femelle gravide boit davantage au cours de la gestation et surtout pendant l’allaitement : il faut lui laisser une quantité d’eau fraîche à disposition 2-3 fois plus importante que d’habitude (120). Il faut particulièrement surveiller son abreuvement pendant ces périodes, surtout en été.

3.2.5.2 L’allaitement artificiel des cobayes orphelins

Les jeunes naissent dans un état de maturité avancée : ils sont couverts de poils, ont les yeux ouverts et sont munis de leur dentition définitive. Ils sont capables de grignoter des brins de foin dès la naissance et des granulés dès l’âge de 2 jours (26) (89) (90) (91) (109) (111). Malgré cette précocité, l’allaitement maternel, s’il est possible, est vivement conseillé durant les deux premières semaines, en tout cas au moins les cinq premiers jours de vie (26) (89) (147). Ceux qui ne tètent pas du tout pendant leurs 3 - 4 premiers jours succombent, il en est de même pour ceux qui pèsent moins de 50-60 g (2) (82) (89) (91) (109) (136). Les petits en croissance gagne 4 à 5 g/j. La composition du lait de cobaye est assez différente de celle des autres rongeurs. Son lait est moins énergétique, plus riche en eau, plus pauvre en protéines et en minéraux, mais concentré en vitamine C (cf tableau 11). Cette « pauvreté » n’est pas un frein au développement des petits : étant donné leur maturité dès la naissance, ils n’ont pas besoin d’un lait très riche. De plus, la croissance post-natale est relativement lente. La teneur élevée en vitamine C (29 mg/ 100ml de lait contre 0.4 chez le rat) laisse déjà présager l’importance future de cette vitamine dans la vie du cobaye (78).

La femelle n’est pas très maternelle avec ses petits (89) (91) (109). On peut quand même essayer de faire adopter un orphelin par une autre mère. Pour cela, il suffit de le frotter contre les nouveaux-nés de la portée d’adoption (111) (119). Si aucune autre mère n’est présente, ou si la portée est trop nombreuse, l’allaitement artificiel peut être tenté. Il ne faut surtout pas utiliser de lait maternisé pour carnivores domestiques ou de lait de vache, car non seulement ces laits sont trop pauvres en lipides, mais ils sont surtout trop riches en lactose (26). Un

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excès de sucre est plus préjudiciable qu’un défaut de graisse, il peut être à l’origine d’une diarrhée rapidement fatale (72) (111). Il faut essayer de se rapprocher le plus possible de la composition du lait de cobaye. Le mélange suivant semble être le meilleur compromis : 80% de lait de vache entier + 20% d’eau + 10 mg d’acide ascorbique (91), le tout chauffé à 38°C et donné au compte-goutte en guise de biberon (26) (111). Il faut attendre que le petit ait faim pour commencer : en général, c’est environ 12 à 24 heures après la naissance (89) (91) (119). Il est conseillé de nourrir le petit en le tenant dans la paume de sa main, sur le dos, en position quasi verticale, et de cesser la tétée quand il a pris 1-2 ml de lait de remplacement ou s’il repousse le compte goutte (111). Il ne faut surtout pas le forcer pour ne pas causer de pneumonie par fausse déglutition (119). Renouveler l’opération toutes les deux heures jusqu’à l’âge de 5 jours, puis toutes les quatre heures (89) en passant à 3 ml par repas (119). On augmente doucement les doses et les intervalles entre les tétées jusqu’au sevrage précoce effectué aux alentours du 15ème jour. On passe alors à une bouillie de céréales, de fruits et de légumes pendant quelques jours, et progressivement on introduit les granulés complets qui constitueront l’aliment de base de la ration d’adulte. On peut éventuellement les humidifier pour les ramollir les premiers jours (89). Ne pas oublier de stimuler la défécation et la miction après chaque tétée en frictionnant le périnée du petit avec un coton imbibé d’eau tiède (89) (91) (111) (119). L’élimination ne devient volontaire qu’au cours de la seconde semaine de vie des petits (89).

L’allaitement artificiel est délicat, il demande du temps et de la patience mais il donne de bons résultats.

Tableau 11: composition du lait de cobaye, d’après (24) (26) (78) (89) (94) (111) (119)

Eau (%) Calories

(/100g)

Matières grasses (%)

Protéines (%) Lactose (%) Matières

minérales (%) Vitamine C (mg/100ml) 83.5 77 3.92 8.1 3.02 0.84 29 3.2.5.3 Alimentation artificielle (13) (99) (142)

Un cobaye peut refuser de s’alimenter longtemps pour diverses raisons : anorexie, malocclusion dentaire, abcès buccal ou dentaire, néophobie. Il faut alors le nourrir artificiellement sous peine de le voir dépérir puis mourir.

Pour fabriquer la bouillie, il faut mixer des pommes ou des carottes avec un volume égal de salade, ajouter un demi volume de granulés complets pour cobaye, une cuillerée de miel et de l’eau jusqu’à obtenir la consistance adaptée. On peut remplacer les produits frais par des pots pour bébé (épinards par exemple) ou du yaourt. Il faut ajouter 2 mg de vitamine C pour 5 ml de bouillie.

Les besoins d’entretien journaliers d’un cobaye adulte s’élèvent à 200 kcal/kg/j, les affections fébriles peuvent les doubler. Ils sont couverts par 2-3 ml de bouillie/100g/j. Pour connaître le volume à administrer, il faut peser soigneusement le cobaye lors du premier gavage, puis le repeser régulièrement : d’une part pour contrôler sa prise de poids, et d’autre part pour lui administrer la dose adaptée.

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Pour le gaver, on utilise soit une seringue sur laquelle on ajuste éventuellement une canule, soit une sonde stomacale en caoutchouc flexible. Il faut faire attention que les incisives tranchantes ne viennent pas mordre ou sectionner la sonde. Pour cela, on peut faire sortir le tuyau sur le côté, à hauteur du diastème ; ou placer au bout de la sonde un morceau de bois oblong de section circulaire percé en son centre qui sera maintenu dans l’espace interdentaire. Une précaution supplémentaire doit être prise lors de la mise en place de la sonde : il faut éviter de la glisser dans l’ostium palatin, sinon elle risque de léser le palais mou. Si on sent une résistance en passant l’œsophage, il ne faut pas forcer mais exercer une rotation douce. L’alimentation artificielle n’est qu’une solution temporaire en attendant que le cobaye soit guéri et qu’il retrouve son appétit.

3.3 Toxiques alimentaires