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5.1 Le topless ne choque plus

Dans le document Questions complémentaires de sociologie (Page 144-147)

La pratique du topless, devenue fréquente sur les plages d’Europe occidentale, ne semble plus soulever de passion.

Les Français, « pas choqués » par les seins nus à la plage

Loin d’être choqués, les Français n’ont absolument rien contre les femmes qui bron- zent seins nus sur la plage, d’après un sondage réalisé par l’Institut BVA pour Le Pari- sien-Aujourd’hui en France, publié vendredi 2 août. Seules 13% des personnes inter- rogées se disent outrées par cette pratique, dont 16% de femmes.

L’âge n’a absolument aucune incidence sur les réponses des sondés. Les Français les plus jeunes (19%) et les plus âgés (16%) sont ainsi les plus offusqués par le topless sur la plage. En revanche, on peut noter des disparités entre le nord et le sud de

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l’Hexagone. Les seins nus sur la plage ne posent aucun problème aux habitants du Sud-Est (9% de personnes choquées) et du Sud-Ouest (7%), mais peuvent heurter la sensibilité des Franciliens (19%), et des sondés domiciliés dans le Nord-Ouest (16%).

Pas de topless en centre-ville

Plus des trois quarts des Français (79%) se disent choqués par le topless en centre- ville, pratique autorisée à New York depuis 1992. Sans surprise, les sondés n’apprécieraient pas non plus que les femmes pratiquent les seins nus dans un jardin public (74%).

Ce sondage a été réalisé en ligne, les 17 et 18 juillet derniers, auprès d’un échantillon de 989 personnes représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

http://www.ladepeche.fr/article/2013/08/02/1682967-francais-choques-seins-nus-plage.html, 02/08/2013

Aujourd’hui, une femme peut raisonnablement se montrer quasiment nue devant des per- sonnes étrangères sans courir certains risques. Lequel ? Ou lesquels ? Argumentez votre ré- ponse.

Un premier risque qu’elle ne court pas (ou plus).

……… ……… Parce que :

……… ………

D’autres risques qu’elle ne court pas (ou plus).

……… ……… ……… ……… Parce que : ……… ……… ……… ………

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Pour compléter votre réponse, voici un extrait du manuel de savoir-vivre rédigé par Erasme en 1530. Il témoigne d’une évolution majeure dans nos sociétés occidentales.

Si on distribue des serviettes, pose la tienne sur ton épaule gauche ou sur ton bras. Si tu t’attables avec des gens de qualité, ôte ton chapeau mais veille à être bien peigné. A droite le gobelet et le couteau, à gauche le pain. Beaucoup étendent, aussitôt assis, les mains vers les plats. C’est ainsi que font les loups. Ne plonge le premier tes mains dans le plat que l’on vient de servir : on te prendra pour un goinfre, et c’est dangereux. Car celui qui fourre sans y penser, quelque chose de trop chaud dans la bouche doit le recracher ou se brûler le palais en avalant. Tu susciteras les rires ou la pitié. Il est bon d’attendre un peu pour que le garçon apprenne à maîtriser ses instincts. C’est d’un paysan que de plonger les doigts dans la sauce. On prend ce qu’on désire avec le couteau et la fourchette sans fouiller le plat tout entier comme font les gourmets, en s’emparant du morceau le plus près de soi. On prend avec la quadra ce qu’on ne peut prendre avec les doigts. Quand on t’offre un morceau de pâté ou de gâteau avec la cuiller, tends ton assiette ou prend la cuiller tendue. Pose le mor- ceau sur ton assiette et rends la cuiller. Si on t’offre quelque chose de liquide, goûtes-y et rends la cuiller non sans l’avoir essuyé d’abord avec la serviette. Il est discourtois de lé- cher ses doigts graisseux ou de les nettoyer à l’aide de sa veste. Il faut se servir de la nappe ou de la serviette.

Il est malpoli de saluer qui urine ou défèque… Un homme bien élevé ne se laissera jamais aller à découvrir sans nécessité les membres que la nature a associés au sentiment de pu- deur. Quand la nécessité l’y contraint, il doit le faire avec décence et retenue, même s’il n’y a pas de témoin. Car les anges sont toujours présents. Rien ne leur est plus agréable chez un garçon que la pudeur, compagne et gardienne d’un comportement décent.

Quand tu te déshabilles ou te lèves, pense à la pudeur, prends garde de rien présenter aux yeux d’autrui de ce que les mœurs et la nature ont voulu cacher.

(Erasme, 1530, De civilitate morum puerilium – Petit manuel de savoir-vivre à l’usage des enfants)

La nudité n’est pas une chose nouvelle, mais le regard sur la nudité a beaucoup changé. Quand on évoque le sentiment de « pudeur », c’est que l’on suppose qu’un individu « nor- mal » est capable de :

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L’éclairage de Norbert Elias

Cette capacité est le fruit d’une évolution historique qualifiée par le sociologue Norbert Elias de processus de civilisation (Elias N., 1976, La civilisation des mœurs, Paris, Presse-Pocket). Au cours de ce processus, hommes et femmes vont refouler tout ce qu’ils ressentent en eux- mêmes comme relevant de leur nature animale, en le rendant moins visible, en le refoulant dans l’intimité. On évolue ainsi vers un contrôle intime des émotions et des manières : rires, pleurs, rots, pets,… Toutes ces manifestations peuvent s’exprimer dans des circonstances précises et selon des procédures codifiées.

Norbert Elias, « remarquant qu’il est impensable qu’une femme ait pu se montrer au 19e siècle en public, sans se faire conspuer par la société, dans un de ces costumes de bain qui sont aujourd’hui d’usage courant, explique que ces changements, ainsi que la pratique uni- verselle des sports par les hommes aussi bien que par les femmes, présupposent un niveau élevé de contrôle des pulsions » (Elias N., 1939, Über den Prozess der Zivilisation : sozio- genetische und psychogenetische Untersuchungen, t.I : Wandlungen des Verhaltens in den weltlichen Oberschichten des Abendlandes, t.II : Wandlungen der Gesellschaft : Entwurf zu einer Theorie der Zivilisation, Bâle,Haus zum Falken, cité par Granger, 2010, « Du relâche- ment des mœurs en régime tempéré. Corps et civilisation dans l’entre-deux guerres », Ving- tième siècle. Revue d’histoire, 106, avril-juin, p.116).

Dans le document Questions complémentaires de sociologie (Page 144-147)