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3.1 Les objets doivent être situés dans leur horizon

Dans le document Questions complémentaires de sociologie (Page 180-185)

Pour Schütz (1962), les objets, les choses, les paroles, les gestes,… que nous percevons ne sont jamais des objets, des choses, des paroles, des gestes isolés. Ils sont dès le début perçus comme « des objets dans leur horizon », ce qu’il appelle un « horizon de familiarité typique et de connaissances ».

Envisageons les deux situations ci-dessous pour préciser l’idée d’un horizon de familiarité. Un même objet y est commun. Et il y occupe une position centrale.

Situation n°1

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Nous sommes vraisemblablement tous d’accord pour qualifier cet objet central :

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Mettons-nous à côté de l’homme en uniforme bleu, puis à côté de l’homme en pantalon beige et tee-shirt blanc et enfin, à côté de l’homme en costume-cravate agenouillé près du chien. Chacun d’eux perçoit son environnement en tant que monde d’objets plus ou moins bien circonscrits, à qui ils attribuent un certain nombre de qualités. Ces objets et leurs qualités ne sont pas perçus de façon isolée, mais de façon intégrée. Nous pouvons également n’être attentif qu’à certaines qualités de l’objet perçu ou nous satisfaire d’une perception globale sans avoir à nous pencher sur certaines des qualités de cet objet. Les deux définitions de l’objet central se construisent au départ de certaines qualités saillantes de cet objet com- mun. Quelles sont les qualités qui comptent… Du point de vue de l’homme en uniforme bleu : ………

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Du point de vue de l’homme en pantalon beige et tee-shirt blanc : ………

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Du point de vue de l’homme en costume-cravate : ………

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3.2.- La typification du réel

Comment se fait-il que nous soyons tous ou presque tous tombés d’accord pour désigner l’objet central d’un même mot ?

Selon Schütz (1962 : 13), la plus grande partie de notre connaissance du monde est d’origine sociale : à travers le langage quotidien, à travers les mots que j’ai appris ou que l’on m’a ap- pris, on m’a appris comment définir l’environnement et en faire « mon » environnement. Dans la lignée des travaux de Schütz, Peter Berger et Thomas Luckmann (1986, La construc- tion sociale de la réalité, Paris, Méridiens Klincksieck) soulignent eux aussi la place centrale du langage dans la transmission des connaissances : le langage véhicule un ensemble de connaissances « typiques » dont chaque membre d’un même groupe a besoin pour tenir sa place dans les situations qu’il va rencontrer.

Plus précisément encore, le langage propose une « typification » du réel : les mots que l’on utilise ne renvoient pas à des expériences singulières mais ils désignent des expériences gé- nériques, typiques.

Poursuivons notre réflexion sur l’idée de « typification ». Sur l’image qui suit, de quoi s’agit- il ?

En comparant les trois images et les réponses qui ont été apportées, comment pouvons- nous préciser l’idée de « typification » ?

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Les horizons de « familiarité » ou de « typicalité » permettent donc d’agir dans le monde, d’y introduire une lisibilité, des clés de compréhension. Si les expériences antérieures sont dis- ponibles sous une forme « typique », elles ne sont pas pour autant figées : au contraire, l’horizon reste ouvert, les types peuvent être étoffés ou complétés par des expériences nou- velles…

Or nous avions pointé, dans l’introduction de ce syllabus, la nécessité de nous méfier des évidences, d’opérer une coupure à l’égard du sens commun, de la sociologie « spontanée ». On peut parfois être induit en erreur, parce que l’on a un peu trop vite succombé à la « facili- té » de la typification… Dans ces comptes rendus d’observation rédigés par un étudiant en sciences sociales qui observe les conduites des personnes qui fréquentent une gare, le narra- teur devrait se montrer plus prudent. Peut-être se trompe-t-il….

- Un SDF passe avec son chien, demande quelque chose à plusieurs personnes et puis s’arrête, ouvre son sac à dos et donne à manger à son petit chien (morceau de pain). - Un employé de la SNCB passe en même temps qu’un étudiant.

- Deux personnes stressées marchent. - Un ami passe avec un de ses potes.

- Un petit garçon court en criant gaiement et sa mère le rattrape et le prend par la main. - Un couple passe avec un chien.

- Une bande de jeunes scouts s’est regroupé en face du panneau d’horaire des trains si- tué devant la gare, emmenés par quelques scouts plus âgés. Ils se sont mis à chanter le plus fort possible leurs chansons de scouts ; leurs parents respectifs sont venus les ré- cupérer juste après.

Pointez les raccourcis opérés par l’observateur qui, au départ de certains indices, va poser des constats. ……… ……… ……… ……… ……… ……… ……… ……… ………

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Dans le compte-rendu suivant, le narrateur va un peu vite en besogne… Extrait d’un compte-rendu d’observation.

« Un homme m’interpelle par l’arrière et prend direct un ton à la fois gêné et poli. Ma première réflexion, avant qu’il ne me dise quoi que ce soit, c’était de me dire que cet homme était un mendiant qui me réclamait un peu de sous, comme on en voit malheu- reusement trop souvent à la gare. Je m’étais en réalité bien trompé. Le bonhomme m’a en réalité demandé d’un ton très gêné si on était bien à Liège. Cela m’a surpris, étant donné la célébrité de la nouvelle gare de Calatrava et les innombrables panneaux « Liège-Guillemins » un peu partout ; la question du Monsieur m’a interpellé. Mais en y réfléchissant un peu, je me dis que, pour un étranger, il est bien possible de ne pas être au courant de l’existence de la « gare révolutionnaire » de Liège-Guillemins ».

De quelles évidences faut-il ici se méfier ?

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Quelle attitude adopter si l’on entend prendre distance à l’égard du sens commun et si l’on veut éviter de succomber à un jugement hâtif ? ……… ……… ……… ……… ……… ……… ………

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Dans le document Questions complémentaires de sociologie (Page 180-185)