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Les théories des représentations sociales et organisationnelles

organisationnelles et entrepreneuriales

1. Les théories des représentations sociales et organisationnelles

Le but de la gestion à travers les organisations est d’obtenir rapidement les informations utiles et d’optimiser la chaîne de valeur pour réaliser des profits. En revanche, les processus qui permettent d’atteindre ce but sont souvent complexes et difficiles à maîtriser lorsqu’ils « mettent en scène » des individus. Les interactions entre leurs personnalités déterminent largement l’efficacité des processus. Plus petite est l’entreprise et plus « l’intuitu personae » pèse. Pesqueux (2005) propose d’étudier ces organisations et les processus qui peuvent y être observés en s’appuyant sur la théorie des représentations ou des processus mentaux.

1. Les théories des représentations sociales et

organisationnelles

1.1. Les représentations sociales

Pour tenter de cerner les définitions des processus mentaux ou représentations sociales, le travail synthétique de Jodelet13 est mobilisé dans la suite de ces travaux.

« Les représentations sociales sont des modalités de pensée pratique orientées vers la communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et idéel » (Moscovici, 1961 in Jodelet, p. 365). Ce sont des processus

13

Jodelet, D. , Représentation sociale : phénomènes, concept et théorie, sous la direction de S. Moscovici, Paris, PUF, Le psychologue, 1997.

mentaux qui sont aux confins du protosoi14, de la mémoire et de l’émotion, de la sensation provoquée par l’environnement et/ou un événement. Ce processus mental va produire une image et une signification. Cette représentation est communiquée à travers une attitude, une posture qui peut être managériale, mais en lien avec une fonction ou une situation précise. Il y a donc tout un ensemble de représentations,

lesquelles se développent, lorsqu’elles sont partagées, au sein d’une organisation-PE. Ces représentations s’étendent, lors d’encastrements, à d’autres organismes et/ou réseaux socio-professionnels « on line » ou « off

line »15.

Emile Durkheim (XIXème siècle) fut le premier à évoquer la notion de représentations organisationnelles, qu'il appelait représentations ''collectives''. Il distingue les représentations collectives des représentations individuelles : " La société est une

réalité sui generis ; elle a ses caractères propres qu'on ne retrouve pas, ou qu'on ne retrouve pas sous la même forme, dans le reste de l'univers. Les représentations qui l'expriment ont donc un tout autre contenu que les représentations purement individuelles et l'on peut être assuré par avance que les premières ajoutent quelque chose aux secondes16. "

Le psychosociologue Moscovici (1961) met en évidence l’aspect dynamique des représentations sociales. Il s'attache à montrer " comment une nouvelle théorie

scientifique ou politique est diffusée dans une culture donnée, comment elle est

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Le protosoi est, selon le neurologue A. Damasio, « un ensemble d’images mentales du corps qui préfigurent le

Soi et influe sur la conscience ». L’autre moi-même, Odile Jacob, 2010, p. ?.

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Un réseau « on line » est relayé par Internet ; celui « off line » est constitué de contacts physiques. 16

transformée au cours de ce processus et comment elle change, à son tour, la vision que les gens ont d'eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent. " Cette approche

peut fournir les bases d’une dynamique de l’apprentissage en double boucle, mais aussi celle du processus de la facilitation d’internationalisation. Selon Moscovici, cette dynamique permet l’appropriation d’une nouvelle connaissance, sur laquelle s’appuie, par exemple, le développement international. Cette idée est reprise par Bourdieu (1982) qui indique que les nouvelles connaissances sont alors, intégrées aux schèmes organisationnels préexistants et influencent ensuite les attitudes et les comportements. Ce concept peut être appliqué à des acteurs d’une PE.

Les caractères fondamentaux d'une représentation sociale

Dans son ouvrage, Jodelet (1997) définit cinq caractéristiques de la représentation sociale

1) Elle est toujours représentation d'un objet :

Il n'existe pas de représentation sans objet. Sa nature peut être abstraite, comme l’internationalisation. L'objet est en rapport avec le sujet. Pour Jodelet (1997, p.365), la représentation « est le processus par lequel s'établit la relation entre le sujet et

l’objet ». Le sujet et l'objet sont en interaction et s'influencent l'un l'autre. Pour

Moscovici (1961), le sujet et l'objet ne sont pas foncièrement distincts : « se

représenter quelque chose, c'est se donner ensemble, indifférenciés le stimulus et la réponse ».

2) Elle a un caractère « imageant » et la propriété de rendre interchangeable le

Le terme image ne signifie pas la simple reproduction de la réalité mais renvoie à l'imaginaire social et individuel. C'est la face figurative de la représentation (Jodelet, 1997).

3) Elle a un caractère symbolique et signifiant :

La représentation sociale a deux faces, l'une figurative, l'autre symbolique. Dans la figure, le sujet symbolise l'objet qu'il interprète en lui donnant un sens.

4) Elle a un caractère constructif :

La représentation construit la réalité sociale. Toute réalité est représentée, c'est-à-dire appropriée par l'individu ou le groupe, reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui l'environne.

5) Elle a un caractère autonome et créatif : elle a une influence sur les attitudes

et les comportements.

L'élaboration des représentations sociales

Pour Moscovici (1961), une représentation se définit par deux composantes : ses

éléments constitutifs (figure 13) d'une part, et son organisation, c'est-à-dire les

relations qu'entretiennent ces éléments entre eux, d'autre part. Lorsqu'une représentation se crée, deux processus se mettent en œuvre : l'objectivation, avec la constitution d'un noyau figuratif et l'ancrage (Moscovici, 1961).

1) L'objectivation :

Le processus d'objectivation permet aux acteurs de s'approprier et d'intégrer des phénomènes ou des savoirs complexes. Il comporte trois phases :

- Le tri des informations en fonction de critères culturels.

- La formation d'un modèle ou noyau figuratif : les informations retenues s'organisent en un noyau17.

- La naturalisation des éléments auxquels on attribue des propriétés ou des caractères (à propos de la représentation des éléments de la psychanalyse). Pour Moscovici (1961)les représentations s’organisent autour d’un noyau, figuratif. C’est au sein de ce noyau que se réalise l’association figure / sens. Le noyau figuratif prend un statut d'évidence et devient la réalité même pour le groupe considéré. C'est autour de lui que se construit l'ensemble de la représentation sociale.

· L'ancrage :

C'est l'enracinement social de la représentation et de son objet. Ce processus comporte plusieurs aspects :

- Le sens : l'objet représenté est investi d'une signification par le groupe concerné par la représentation.

- L'utilité : La représentation a une fonction de médiation entre l'individu

et son milieu et entre les membres d'un même groupe.

Le langage commun qui se crée entre les individus et les groupes à partir

d'une représentation sociale partagée, leur permet de communiquer entre eux.

- L'enracinement dans le système de pensée préexistant : pour intégrer de nouvelles données, les individus ou les membres d'un groupe les classent et les rangent dans des cadres de pensée socialement établis.

Selon Moscovici (1961), la structure binaire (figure/signification) résulte des deux processus fondamentaux qui président à l’élaboration de toute représentation. Ces deux processus ont pour fonction de doubler un sens par une figure -donc objectiver d’un côté- et une figure par un sens -donc ancrer de l’autre côté-... les matériaux entrant dans la composition d’une représentation déterminée. C’est le processus d’objectivation qui produit la figure et c’est le processus d’ancrage qui lui donne sens.