• Aucun résultat trouvé

organisationnelles et entrepreneuriales

3. La facilitation d’internationalisation

3.1. La définition de la facilitation

Nous suggérons que l’idée de l’internationalisation de l’entreprise soit introduite comme un système de représentations. Dans cette optique, la facilitation de l’internationalisation de la PE est envisagée comme une nouvelle représentation de l’organisation. Cette nouvelle représentation est à l’initiative d’un collaborateur. A ce stade, il est nécessaire de justifier notre position épistémologique et la notion de facilitation.

La facilitation est un processus mental (Filion, 2007), une représentation qui s’intègre parmi les systèmes de représentations existant dans une organisation. La facilitation contribue à la vision centrale du chef d’entreprise. Elle s’inscrit pour son acteur (le facilitateur) comme une démarche légitime au sein de l’entreprise. Le

facilitateur n’est pas un conseiller extérieur, impliqué de façon sporadique. La facilitation n’est en rien une mission « parachutée ». Elle est initiée par un (ou plusieurs) collaborateur de l’entreprise qui a une vision dite complémentaire à la vision centrale du dirigeant. Cette vision complémentaire vient en soutien de l’action principale décidée par le chef d’entreprise. Elle est issue d’une connaissance particulière plus que d’une compétence. Selon Filion (2007) la facilitation désigne l’ensemble des actions définies et mises en œuvre par de proches collaborateurs de l’entrepreneur pour que se réalisent la vision centrale et son action. Nous souhaitons apporter à cette réflexion l’idée que la facilitation soit une représentation organisationnelle dont la résultante est une action.

D’ailleurs, l’auteur de référence mentionne que la construction de représentations et le fonctionnement des systèmes de représentations dans les PME expliquent les variantes de l’action (Filion, 2008). Le chef d’entreprise et/ou dirigeant d’une PE est le visionnaire de la stratégie entrepreneuriale. Pour que l’entreprise puisse asseoir son développement, le chef d’entreprise intègre dans son équipe un ou des gestionnaires appliqués au contrôle de gestion. Il importe aussi, que le visionnaire sache s’entourer de personnes axées sur la pratique (la connaissance au sens large) et la facilitation (Filion, 2009). La condition sine qua non du succès de la facilitation tient dans le partage des visions entre le chef d’entreprise et les acteurs de la facilitation. Filion propose un schéma qui illustre le fonctionnement de la vision et de la facilitation dans l’organisation.

Figure 11: La vision et facilitation (Filion, 2007, p.363)

3.2. La facilitation d’internationalisation

Ainsi, il est possible d’imaginer, à partir de cette interaction entre le chef d’entreprise et ses collaborateurs « facilitateurs », la construction d’une nouvelle représentation qui réduit l’incertitude de l’international et le conservatisme de l’entreprise. Elle facilite l’acte d’internationalisation pour la PE : la facilitation d’internationalisation.

Vision centrale

Visions complémentaires

Figure 12: La proposition d’un processus de facilitation d’internationalisation

La facilitation d’internationalisation est ici, une adaptation du concept de facilitation établi par Filion. La facilitation d’internationalisation ne doit pas être uniquement le fait du/des facilitateur(s). Le facilitateur doit, en effet, partager sa vision avec la vision centrale du chef d’entreprise qui doit accepter d’y intégrer une dimension internationale lors de son apprentissage (de type défini par Agyris et Schön) au contact du facilitateur. Le facilitateur doit quant à lui, construire son espace à mi-chemin entre celui du visionnaire central qui doit rester le chef d’entreprise et le(s) gestionnaire(s), trop peu entrepreneur(s) et principaux tenants du “conservatisme” pour développer une vision nouvelle (Filion,2008). Cette voie médiane permet

d’éviter un affrontement trop direct avec les différentes parties prenantes et de favoriser un climat de négociation, d’apprentissage individuel en double boucle et organisationnel tel que défini précédemment (Agyris et Schön, 2002).

Le facilitateur, après l’appropriation et le tri des informations issues de ses réseaux et des expériences personnelles, se construit mentalement un « noyau figuratif », un point d’ancrage mental qui induit une représentation nouvelle de l’internationalisation. Ce « noyau » va se voir attribuer par le facilitateur des « qualifications », une vision.

Cette nouvelle représentation devrait influencer la vision principale du chef d’entreprise en fonction du niveau de conservatisme de celui-ci. Elle induit un apprentissage pour l’organisation-PE dans son ensemble comme pour le chef d’entreprise. Cet apprentissage « en double boucle » et la nouvelle représentation issue de la « facilitation d’internationalisation » devraient permettre la régression du conservatisme et développer une vision partagée vers l’international. « La

représentation joue avec la conviction comme mode d’anéantissement du doute et de l’incertitude 19» (Pesqueux, P.5 2004). Cette représentation n’est pas uniquement « externe » ou « interne ». C’est une interface (insidership et outsidership, au sens de Johanson et Vahlne, 2009) qui constitue une représentation innovatrice telle que la facilitation d’internationalisation. Le développement de l’internationalisation, selon une approche fondée sur l’apprentissage et l'expérience, paraissait autrefois nécessaire. Aujourd’hui, il peut être déterminé par les opportunités d’affaires provenant des réseaux professionnels et sociaux, grâce à une ouverture facilitée aux réseaux internationaux. Le manque de ressources et d'expérience de

19

PE peut être rapidement compensé par un processus de facilitation interne; l’objectif étant, dans un premier temps, de palier le conservatisme du chef d’entreprise et, dans un second temps, d’enrichir sa connaissance de l'international de façon synchronisée avec l’ensemble des parties prenantes de l’organisation.

Cette nouvelle représentation de facilitation face au conservatisme du chef d’entreprise, conduit à formuler l’hypothèse suivante :

H2 : Le processus de facilitation d’internationalisation influe négativement sur le conservatisme.

Section II : Le processus de facilitation