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Théorème d’inversion locale et fonctions implicites

Dans le document Les Mathématiques pour l’Agrégation (Page 197-200)

Calcul différentiel

11.3 Théorème d’inversion locale et fonctions implicites

11.3.1 Théorème d’inversion globale

Définition 473 On appelle application contractante ou contraction une ap-plication lipschitzienne dont le coefficient de Lipschitz est<1.

Théorème 474 (Théorème de Banach du point fixe) SoitX un espace mé-trique complet ethune contraction deXdansX. Alors :

•hadmet un unique point fixex0

• ∀x d(x, x0)≤ 1Lip(h)1 d(x, h(x))

Démonstration : Unicité :

•Supposonsx1etx2deux points fixes.

•d(x1, x2) =d(h(x1), h(x2))≤Lip(h).d(x1, x2); doncx1=x2

Existence :

•Considéronsxquelconque dansX, on va travailler sur la suite deshn(x).

•Supposonsn≤m, alors

d(hm(x), hn(x))≤

n1

X

i=m

d(hi(x), hi+1(x))

+

X

i=m

Lip(h)i.d(x, h(x))≤ Lip(h)m

1−Lip(h).d(x, h(x)) On en déduit facilement les deux résultats annoncés.ut

Il faut quef soit une contraction, c’est à dire une application lischitzienne de constante de Lipschitz< 1; avec un rapport1cela ne marche pas, ni même avec d(f(x), f(y)) < d(x, y). Par exemple,x 7→ x+exdéfinit une application deR+ dans R+,R+ est bien complet, et on a biend(f(x), f(y)) < d(x, y), et pourtantf n’admet pas de point fixe.

théorème d’inversion locale478, théorème de Cauchy-Lipschitz515, la réso-lution de l’équation de Volterra (voir [6]).

D’autres théorèmes de points fixes existent : par exemple le théorème du point fixe de Brouwer311 (avec pour application le corollaire313), le théorème de Kakutani , le théorème de Schauder , et même pour ceux qui connaissent un peu la calculabi-lité un théorème de point fixe que l’on trouvera dans le livre "Théorie de la récursion pour la métamathématique", de R. Smullyan (Masson, 1995), avec pour application le théorème de Rice et ses multiples conséquences (attention, il faut connaître un peu le

domaine pour pouvoir se lancer dans ce genre d’originalités...).

Lemme 475 SoientU et V des ouverts des espaces normés E etF. On se donnehdeU dansV,hbijective, dérivable enx0. Alorsh1est dérivable en h(x0)si et seulement si les deux conditions suivantes sont vérifiées :

•Dh(x0)est un isomorphisme deEsurF

Il existeK≥0et un voisinageW deh(x0)dansFtels que

∀y∈Wkh1(y)−x0k ≤Kky−h(x0)k

Démonstration : Tout d’abord montrons que ces deux conditions sont nécéssaires.

Pour cela on suppose qu’effectivement h1 est dérivable en h(x0), et on procède comme suit :

•On dérive les deux expressions

h1◦h=IdE

et h◦h1=IdE et on montre bien queDh(x0)est un isomorphisme.

•Par définition de la dérivée, la quantité ci-dessous tend vers0poury→h(x0): kh1(y)−h1(h(x0))−D(h1)(h(x0))(y−h(x0))k

ky−h(x0)k

Donc pourydans un certainW cette quantité est plus petite que1, et donc poury∈W on a

kh1(y)−h1(h(x0))k ≤Kky−h(x0)k avecK= 1 +kD(h1)(h(x0)).

Il reste à prouver la réciproque, c’est à dire que les conditions sont suffisantes.

•Par définition, on a

h(x)−h(x0) =Dh(x0)(x−x0) +kx−x0k(x) avec(x)tendant vers0pourx→x0.

En composant avecDh(x0)1(dont les hypothèses garantissent l’existence), on ob-tient

x−x0=Dh(x0)1(h(x)−h(x0))− kx−x0k.(Dh(x0)1((x))) avecy=h(x)(toutydeV peut s’écrire ainsi) ety0=h(x0), on obtient alors h1(y)−h1(y0)−Dh(x0)1(y−y0) =−Dh(x0)1.(h1(y)).kh1(y)−h1(y0)k On sait par hypothèse que pour y assez proche dey0 on akh1(y)−h1(y0)k ≤ K.ky−y0k, donc

Dh(x0)1.(h1(y)).kh1(y)−h1(y0)k

ky−y0k ≤K.kDh(x0)1k.k(h1(y))k

orh1(y)tend versx0quandy → y0donc cette quantité tend vers0; ce qui permet de conclure.ut

Théorème 476 (Théorème d’inversion globale) Soit A une application li-néaire continue deE dansF, avecE un espace de Banach et F un espace normé, telle que A1 existe et est continue (A est un homéomorphisme li-néaire). Soitφune application lipschitzienne deEdansFtelle queLip(φ)<

kA1k1. Alors :

•h=A+φest inversible

•h1est lipschitzienne, avecLip(h1)≤ [1−kAk−1A−1k.Lip(φ)]k

SihestC1 surU ouvert deE, et si∀x∈ U Dh(x)∈ Isom(E, F), alors h1estC1sur l’ouverth(U), et pour toutx∈U la différentielle deh1est donnée par

D(h1)(h(x)) = (Dh(x))1

Démonstration : Raisonnement en plusieurs étapes :

•Etant donnéydansF, et on considère l’équation h(x) =y équivalente à

x=A1.y−A1(φ(x))

L’applicationx7→A1(φ(x))est Lipschitzienne de rapport<1, et donc l’application x7→A1(Y)−A1(φ(x))aussi. Donc par le théorème du point fixe de Banach, cette équation a une solution uniquex.

hest donc inversible.

•Avecy=h(x)ety0=h(x0), on peut écrire

x=A1(y)−A1(φ(x)) x0=A1(y0)−A1(φ(x0)) et en déduire

kx−x0k ≤ kA1k.ky−y0k+kA1k.Lip(φ).kx−x0k en utilisant l’hypothèse surLip(φ), on a alors

kx−x0k ≤ kA1k

1− kA1k.Lip(φ)ky−y0k D’où le résultat sur la constante de Lipschitz deh1.

•Supposons maintenanth C1surUouvert deE.h(U)est un ouvert puisquehest un homéomorphisme. Par le lemme précédent,h1est dérivable surU. En dérivant

h1◦h=IdE

et

on obtient queD(h1)(h(x)) = (Dh(x))1. En écrivant D(h1)(y) =Dh(h1(y))1

et en rappelant que Inv : Isom(E, F) → Isom(F, E), h 7→ h1 est continue on constate qu’en outreD(h1)est continue.

11.3.2 Théorème d’inversion locale

Définition 477 (DifféomorphismeC1) Une applicationhdeU dansV avec Uouvert d’un espace vectoriel normé etV ouvert d’un espace vectoriel normé est un difféomorphismeC1sihest bijective et de classeC1et de réciproque de classeC1. Plus généralement, aveck≥1, une applicationhdeU dansV avecU ouvert d’un espace vectoriel normé etV ouvert d’un espace vectoriel normé est un difféomorphismeCk si hest bijective et de classe Ck et de réciproque de classeCk.

Une application bijective etC1n’est pas un difféomorphismeC1; il faut aussi que la réciproque soitC1!

Théorème 478 (Théorème d’inversion locale) SoithdeU dans F une ap-plicationC1, avecU ouvert deE, etE etF des espaces de Banach. Si la différentielleDh(x0)est bijective deEdansFpour un certainx0deU, alors il existeU0voisinage dex0dansEet un voisinage ouvertV0def(x0)dansF tels quehinduit un difféomorphismeC1deU0dansV0. On a alors

D(h1)(h(x)) = (Dh(x))1 pour toutxdansU0.

Voir le théorème480et le corollaire479. Le théorème d’inversion locale per-mettra aussi de montrer l’équivalence des différentes définitions des variétés deRn, voir définition493.

Démonstration : On pourra se référer par exemple à [13].

Dans le cas de la dimension finie, le fait que la différentielle soit bijective implique que les dimensions des espaces soient les mêmes, et que le jacobien (défini puisque les dimensions sont les mêmes) est non nul.

Corollaire 479 Soitf une applicationC1d’un ouvertU d’un espace de Ba-nachEdans un espace de BanachF; sifinjective et si sa différentiellef0(x) est un isomorphisme en toutx∈U, alorsf est unC1-difféomorphisme deU surf(U), qui est alors un ouvert deF.

Modulo le résultat selon lequel l’application qui à f dans Isom(E, F) associe

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