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La théologie pratique

CHAPITRE I CADRE THÉORIQUE, REVUE DE LITTÉRATURE ET APPROCHES DE

1.4 La théologie pratique

Dans ce projet, c’est l’acte de lecture de la Bible qui constitue le domaine de recherche. Celui-ci est en correspondance avec ce qu’affirme le document Le projet de thèse de la Faculté de théologie et de sciences

religieuses de l’Université Laval. On y lit (2008 : 1) : « Un domaine de recherche représente, à l’intérieur de la

théologie pratique, l’ensemble des connaissances et des pratiques d’intervention se rattachant à l’un des quatre actes fondateurs de l’intervention d’un praticien dans le domaine du religieux et soumises à l’investigation du chercheur1. » Parmi les quatre actes fondateurs de la théologie pratique (Viau 2007 : 248),

ce projet de recherche est en lien avec le premier : « Proclamer : ce qui recouvre par exemple les dimensions relatives à l’évangélisation, à la catéchèse, l’homilétique et, plus récemment, à l’utilisation des nouvelles sciences de la communication ». Cependant, en raison même de la triangulation des concepts présents dans le question de recherche, ce projet en théologie pratique n’est pas sans relation avec d’autres actes fondateurs comme : « Édifier » et « Soutenir » (Viau, 2007 : 248).

Dans ce travail, c’est ma pratique comme intervenant dans le domaine de la lecture communautaire de la Bible qui motive l’ensemble de la démarche. Il faut se rappeler que la théologie pratique est, avant tout, une science de l’action. C’est aussi la pensée de Marcel Lefèvre (1971 : 32) qui, déjà au début des années 70, parlait de la théologie pastorale comme d’une science interdisciplinaire de l’action. Et parce qu’elle est une science de l’action, un projet de recherche en théologie pratique ne peut pas surgir d’une question uniquement

théorique, mais d’une pratique. Dans le cas présent, c’est bien de ma pratique comme formateur dans les ateliers et groupes bibliques de mon diocèse qu’il s’agit.

Des définitions de la théologie pratique, mises en relation avec la présente recherche sur la lecture communautaire de la Bible en contexte québécois, montrent que cette recherche est un travail de théologie pratique. Pierre-André Liégé parle de la théologie pastorale comme « la réflexion systématique sur l’ensemble du mystère de l’Église en acte vécu dans le temps de sa croissance », cité par Marcel Lefèvre (1971 : 31). Cette définition a sans doute inspiré aussi Marc Donzé car il la reprend à sa manière. Il écrit : « la théologie pratique est le service réflexif de l’action de l’Église aujourd’hui » (1995 : 295). Trois éléments très importants ressortent de ces définitions : la croissance de l’Église, le caractère scientifique et la référence à l’action. Ces éléments sont identifiables dans ce projet de recherche. En premier lieu, une recherche en théologie pratique, qui tire son origine d’une pratique pastorale en lien avec l’animation d’ateliers de lecture communautaire de la Bible peut être un service pour la croissance, au sens large, de l’Église. Deuxièmement, j’ai la conviction que la réflexion systématique sur la pratique de la lecture communautaire de la Bible déborde ma pratique personnelle et qu’elle est reliée à l’ensemble du mystère de l’Église, ce qui garantit le caractère scientifique de la théologie pratique. Enfin, les définitions de Liégé et de Donzé font référence à l’action. La théologie pratique, dans le cadre de ce projet de recherche, trouve son point de départ dans une série d’actions favorisant une pratique biblique de type communautaire et elle trouve aussi un objectif dans le renouvellement de cette pratique pour la vie de l’Église.

Ce projet de recherche sur la lecture communautaire de la Bible en contexte québécois à partir de ma pratique comme intervenant est une contemplation de l’action de Dieu dans son œuvre de salut qui se réalise à travers et avec l’agir humain. Dieu se fait un des nôtres en Jésus et poursuit son geste salvifique. C’est une théologie de la grâce et du Verbe fait chair (Fortin, 2005 : 17). En cela, cette recherche rejoint ce que dit Jean-Guy Nadeau de la théologie pratique quand il la présente comme « d’une théologie du salut en acte » (2004 : 222). Quelques indicateurs, présentés sous forme de questions et puisés à même les caractéristiques de la théologie pratique telles que présentées par Mulago (2001 : 7) permettent de vérifier si ce projet de recherche sur la lecture communautaire de la Bible répond à ce qu’est la théologie pratique. La pratique de la lecture communautaire de la Bible permet-elle aux hommes et aux femmes de notre époque d’écouter Dieu qui parle encore aujourd’hui? Cette manière de lire les Écritures favorise-t-elle une écoute réelle, à partir de leur réalité concrète, de leurs joies et de leurs peines, de leurs aspirations et de leurs espoirs? Dans les ateliers et les groupes de lecture communautaire de la Bible, les Écritures deviennent-elles, pour les personnes, Parole de Dieu qui invite à la conversion et à l’engagement pour la transformation de la société et de l’Église? Cette

réflexion systématique sur la lecture communautaire de la Bible est-elle ouverte aux autres disciplines pouvant enrichir sa compréhension, en dévoiler le sens et aussi la pertinence? Voilà autant de questions auxquelles ce projet de recherche veut répondre dans le cadre d’un travail de théologie pratique.

Pour mener à bien ce projet de recherche en théologie pratique, la méthode qualitative de la théorisation enracinée (Grounded Theory), apparaît comme l’outil privilégié malgré une certaine complexité du processus analytique qu’elle met en oeuvre. Celle-ci fait partie de la grande famille des méthodes qualitatives souvent utilisées en théologie pratique. Habituellement, elles portent sur l’étude des personnes dans leur milieu naturel. Dans ce projet de recherche sur la lecture communautaire de la Bible, l’objectif est encore plus précis. Il vise une certaine compréhension du processus de transformation observé chez les personnes qui lisent la Bible en groupe.

1.5 Méthode de la théorisation enracinée