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Thématiques relatives aux modalités pratiques du métier d’auxiliaire de vie

VUE DES PROFESSIONNELS

3/ Thématiques relatives aux modalités pratiques du métier d’auxiliaire de vie

! Thématique de la différence d’accompagnement au domicile et en

institution : les professionnels évoquent la différence de qualité de

l’accompagnement au domicile et dans les maisons de retraite où les conditions de travail ne permettent pas, selon eux, de s’occuper consciencieusement des personnes prises en charge notamment en termes d’hygiène. Ils évoquent aussi le fait que l’hospitalisation des personnes habituées à être accompagnées à domicile peut se solder par une dégradation notoire de leur santé, des problèmes de dénutrition et l’apparition fréquentes d’escarres en étant le symptôme le plus marquant, la dimension relationnelle avec le personnel soignant apparaissant également beaucoup plus réduite que dans le cadre d’un accompagnement au domicile.

! Thématique de la différence d’accompagnement d’un auxiliaire de

vie à l’autre : les professionnels attirent l’attention sur la disparité des

accompagnements, cette disparité étant, en priorité, mise en relation avec les différences de personnalité. Si cette disparité leur paraît donc incontournable, ils estiment, cependant, qu’elle produit des effets de comparaison que les bénéficiaires utilisent pour mettre en concurrence les auxiliaires de vie [Un professionnel : On parle toujours du 1er comme étant le meilleur].

! Thématique de la technicité de l’accompagnement des personnes

présentant des pathologies spécifiques : cette technicité est jugée

indispensable dans la mesure où elle engage parfois un pronostic vital. L’exemple évoqué est celui des personnes trachéotomisées qui doivent non seulement faire l’objet d’une surveillance permanente, mais également de protocoles d’accompagnements très spécifiques.

! Thématique de la transmission des savoirs d’un auxiliaire de vie à

l’autre : les professionnels évoquent l’importance de cette transmission

pour la continuité de l’accompagnement, cette transmission pouvant aussi être considérée comme un temps de formation important. Certains professionnels, responsables de service, évoquent l’existence de fiches d’informations qui ont fait l’objet d’une validation de la personne accompagnée et de cahiers de transmission auxquels les auxiliaires de vie peuvent se référer. Ces outils sont jugés très pertinents dans le cadre prestataire, mais les professionnels estiment qu’ils sont concrètement difficiles à mettre en place dans le cadre mandataire compte tenu du nombre important de professionnels, le

dépendantes vivant à domicile

suivi des accompagnements devenant dans ce cadre là beaucoup plus délicat.

! Thématique du « calibrage » des interventions : les professionnels attirent l’attention sur le fait qu’ils doivent toujours prendre garde à ne pas aller « trop » au-delà des demandes formulées par le bénéficiaire, le fait de prendre en charge des tâches qui ne leur sont pas spécialement dévolues créant un précédent difficile à contrôler par la suite. Il se peut, en effet, que dans des contextes particuliers ils répondent à des demandes auxquelles, néanmoins, ils ne peuvent pas toujours répondre. Or, lorsqu’ils se trouvent en situation de ne pas y répondre, cela produit des réactions d’incompréhension chez les bénéficiaires qui peuvent alors faire preuve d’agressivité à leur endroit [Un professionnel : Il faut se méfier, si on en fait un peu plus, après ils veulent toujours plus. Un autre professionnel : Souvent, quand on reste très longtemps chez une même personne, il nous en demande en plus, mais c’est pas toujours évident]. Ce « calibrage » de l’intervention tient aussi, notamment pour les auxiliaires de vie prestataires, à la nécessité de répondre aux attentes du bénéficiaire sans déborder sur le temps de l’accompagnement. Il s’agira, dans ce contexte, de prévenir toutes les demandes qui pourraient être formulées au dernier moment et qui tendent à produire de l’anxiété ou de l’agacement, la crainte d’arriver en retard chez le bénéficiaire suivant devenant alors omniprésente. ! Thématique de l’alternance des accompagnements dans le cadre des

services prestataires : cette alternance peut apparaître comme

importante pour certains professionnels dans la mesure où elle introduit de la diversité dans les modes d’accompagnement. Dans ce cas de figure, les professionnels attirent l’attention sur le fait qu’elle permet de ne pas trop routiniser les accompagnements, routinisation considérée comme vecteur d’ennui au travail. Au contraire, cette alternance apparaît à d’autres professionnels comme un facteur de pénibilité du travail dans la mesure où il suppose de leur part une adaptation constante aux demandes des différents bénéficiaires accompagnés.

! Thématique du conflit avec d’autres acteurs de l’accompagnement au

domicile : du point de vue des professionnels, les conflits qui peuvent

surgir entre les auxiliaires de vie et, par exemple, les personnels infirmiers des services de soin portent en général sur la répartition des tâches, la délégation de certaines tâches aux auxiliaires de vie et le sentiment qu’éprouvent ces derniers d’être instrumentalisés.

! Thématique de la pénibilité du travail de prise en charge à domicile : les professionnels attirent l’attention sur le fait que la pénibilité du travail se manifeste à différents niveaux :

dépendantes vivant à domicile

o Au niveau physique : ils évoquent en particulier les maux de dos ou lumbagos qui sont récurrents et parfois persistants lorsque ce sont des personnes en grande dépendance qui sont accompagnées. Bien qu’ils disposent de lèves malade, il se peut que les personnes accompagnées les refusent, ce qui les contraint à lever eux-mêmes les personnes avec toutes les conséquences que cela peut avoir, à terme, sur leur santé physique. À cet égard, les professionnels estiment que ce métier peut être très physique, les auxiliaires de vie hommes attirant particulièrement l’attention sur ce point dans la mesure où on leur dédie plus facilement les accompagnements exigeant une certaine force physique.

o Au niveau psychique : les professionnels s’accordent pour dire que ce n’est jamais évident de s’insérer dans le quotidien des personnes accompagnées, de répondre à la fois à leurs besoins et à leurs désirs tout en restant dans les limites du contrat établi avec la ou les personnes. En tant que mandataires, ils sont payés par les familles qui peuvent mettre fin au contrat si elles estiment qu’ils ne conviennent pas ou ne satisfont pas à ses exigences. Dans cette perspective, tout l’enjeu, pour eux, est de parvenir à se faire accepter par les personnes en situation de dépendance (le terme « adopté » ayant été évoqué à plusieurs reprises). Pour les mandataires, la permanence des liens peut aussi, par ailleurs, contribuer à alimenter chez les bénéficiaires un désir d’exclusivité, certains professionnels évoquant leur difficulté à faire accepter leurs périodes de vacances. De ce point de vue, les sentiments d’attachement que cette permanence des liens contribue à produire sont jugés parfois excessifs et difficiles à contenir, d’où la préférence de certains professionnels pour le statut de prestataire qui leur permet davantage de tenir à distance les bénéficiaires, les responsables de service pouvant aussi plus facilement être sollicités comme tiers dans la relation. À cet égard, un professionnel responsable de service prestataire attire aussi l’attention sur le fait que les auxiliaires de vie mandataires se trouvent parfois dans des situations délicates dans la mesure où elles accompagnent des personnes qui cumulent le statut d’employeur et de bénéficiaire. Le cumul de ces deux statut peut, selon ce responsable, s’avérer préjudiciable pour le professionnel qui doit maintenir le caractère bienveillant de son accompagnement même s’il éprouve du ressentiment à l’égard de l’employeur et quelles qu’en soient les raisons.

Du point de vue psychique, les professionnels soulignent également de manière unanime la dureté de ce métier où l’on doit être aussi bien psychologue, que pédagogue et diplomate. Il faut

dépendantes vivant à domicile

savoir, disent-ils, poser des limites, dire non et en même temps être calme, adaptable, jouer son rôle de confident, de conseil sans, toutefois, prendre parti dans les conflits entre le bénéficiaire et ses proches. Autre facteur de pénibilité, la confrontation récurrente avec des situations d’accompagnement de fin de vie et de décès, la confrontation avec le travail de deuil que ces situations impliquent étant jugée particulièrement difficile et douloureuse, en particulier lorsque des liens d’attachement se sont formés. ! Thématique du sentiment de solitude que peuvent éprouver les

professionnels : ces derniers attirent aussi unanimement l’attention sur

le fait qu’ils se sentent parfois très seuls. Ce sentiment de solitude peut trouver à s’exprimer dans différentes situations :

o Lorsqu’il s’agit de prendre une décision dont ils ne sont pas certains.

o Lorsqu’ils sont confrontés à des conflits (avec la personne accompagnée ou bien un de ses proches) auxquels ils ne parviennent pas à mettre fin et qui vont crescendo.

o Lorsqu’il se produit un accident dans le cadre de l’accompagnement (la personne tombe ou se fait mal).

o Lorsqu’ils sont confrontés de manière brutale au décès des personnes accompagnées.

! Thématique de la déconsidération dont le métier d’auxiliaire de vie

peut faire l’objet : les professionnels attirent aussi l’attention sur la

déconsidération dont leur métier fait parfois l’objet, déconsidération qui se donne notamment à voir, selon eux, dans les comportements autoritaires ou négligents qu’adoptent parfois les autres professionnels qui interviennent à domicile. Est évoqué, à titre d’exemple, l’infirmier ou l’aide-soignant qui ne jette pas les pansements usagés dans la poubelle ou laisse les serviettes souillées dans la corbeille dédiée au linge sale plutôt que de les jeter à la poubelle. [Un professionnel : On est le dernier maillon de la structure sanitaire. Tout le monde à tendance à nous piétiner.[…] Les aides-soignants, c’est service minimum et nous service maximum. Quand ils viennent, je dois arrêter mon travail. Je dis faîtes votre travail, chacun son cahier des charges. Il faut pas que les intervenants se croisent car on va toujours exploiter le maillon faible. Nous sommes les derniers sur la chaîne de la médecine].

4/ Thématiques relatives aux dimensions relationnelles dans