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Texte de synthèse remis aux étudiants à la fin du cours

Dans le document Écritures en chemin (Page 90-98)

C

ETTE ANNÉE 99-00, l’EM83 – quatre heures

d’affilée4

pour la première et dernière fois5

– a commencé vite : première demi-séance très dense, mise en U et écriture dès la seconde partie avec trois lectures.

Didier Van Cauwelaert, le premier, a déjà, ce 19 octobre 1999, bien inspiré tout le monde, je l’ai constaté à ce que vous en avez écrit. En effet, beau- coup parmi vous ont dévoilé leurs textes. Pour ma part, voilà ce que cette lecture m’a ce jour-là permis d’associer : « Cet extrait est court, mais il évoque

beaucoup. Il y a le bonheur et la ruse, le passage du savoir en bons points, le côté inépuisable. La suite n’en sera sans doute que plus forte. L’homme est ha- bile. La vision est idyllique et sympathique et pour- tant, elle est aussi tragique. Ce qu’on découvre à l’école, ce sont ces morts qui nous constituent et marquent notre histoire d’une façon qui amène les enfants à jouer, dès tous petits, à la guerre. C’est ce qu’on leur apprend. Et à couper, diviser, soustraire…

Il y a d’autres choses, certes, à conjuguer avec ce champ de bataille. Mais cette découverte du monde, si elle n’élude pas tout, aurait de quoi désarçonner un enfant en appétit de savoir. »

L’

ENTRÉE EN MATIÈRE

« Ce qui m’intéresse dans une écri-

ture,

ce n’est pas la forme littéraire, mais la vie qui y est créée. » 6

Le premier cours, c’est comme l’incipit, la première page d’un livre, déterminant pour la suite : on garde et on dévore, ou on jette. Ce contexte initial, Sylvie B l’a évoqué ainsi :

« C’était un mardi après-midi, dans une classe

surchauffée, où seulement une dizaine d’étudiants7

était venue partager ce moment de travail. Au tout début, c’était le désarroi total entre nous. Que faire,

Chemins de formation

qu’écrire, comment démarrer ? Ce n’est jamais facile d’écrire le premier mot d’une page blanche et là, en- core plus que d’habitude. Alors nous trois, nous nous sommes tournées vers une autre collègue, la doyenne de l’EM, pour engager la conversation. C’est alors que tout a commencé. Rien qu’en échangeant nos avis, opinions et sentiments face à tout ce que l’on a vu dans le cours ensemble, tout s’est mis à fusionner dans ma tête. J’ai, sans plus tarder, pris un crayon et du papier afin de noter toutes les moindres idées qui me concernaient. En fait, dialoguer avec une per- sonne qui a du recul par rapport à nous est révéla- teur de notre propre état de pensée. J’étais plus ou moins consciente d’un certain nombre d’idées et c’est par l’hétérogénéité de nos pensées que j’ai eu de quoi écrire, là, maintenant. »

Voilà, le décor était planté, l’intergénérationnel et l’hétérogénéité en marche (et ce n’est pas moi qui ai introduit, notez bien, ces termes : je travaille le pre- mier et un peu le second qui a fait l’objet d’une « vraie » recherche de la part de mes collègues. Nous voici donc spontanément au cœur de la question, mais il n’y a pas d’observateur patenté dans la salle). Pourtant ça n’est pas si simple, de démarrer, d’écrire. Écoutons maintenant Valérie P. :

« Aujourd’hui, pour la première fois de ma vie, je

sèche devant ma feuille. On me demande de faire marcher mon imagination et voilà, c’est le trou noir. On est mardi, il est plus de 18 heures et tout le monde écrit. Apparemment, il n’y a qu’à moi que ça pose problème. Écrire une suite à une histoire, quoi de plus facile ?

Il faut dire qu’en général, ça ne me pose pas de

problème non plus. Sauf aujourd’hui. J’ai regardé autour de moi en souriant bêtement, j’ai fixé les murs, j’ai contemplé ma feuille, et voilà. Après avoir réfléchi sans succès pendant cinq longues, très longues minutes, sans qu’à aucun moment je n’ar- rive à faire le vide dans ma tête pour qu’il en sorte enfin quelque chose, j’ai décidé de faire comme tout le monde.

Et voilà, moi aussi, j’écris (la preuve !). J’écris tout et n’importe quoi, je bute sur les mots, je me sens seule, isolée, nerveuse. Je remue les pieds, je gri- bouille ; c’est ça, la nervosité !

Et maintenant, que dire pour ma défense ?

Tout simplement qu’il y a une question que j’aime- rais bien poser et que je n’ose pas puisqu’apparem- ment, je suis la seule à me la poser : mais oui ou non faut-il que j’écrive quelque chose en rapport avec les sciences de l’éducation ? Ou bien une suite de texte qui pourrait commencer par :

« Mais voilà dans la vie on ne fait pas toujours ce qu’on veut!

On peut souhaiter quelque chose de toutes ses forces et voir la vie vous éloigner de vos désirs. Pour moi, le bonheur c’était d’apprendre mais pour mes parents… »

Voilà quelque aperçu de l’ambiance de départ. Ce qui amène une double question : qu’est-ce qui se pas- se, qu’est-ce qui gêne ou déstabilise, débloque, sti- mule ou révèle, ceci à deux niveaux : du déroulement du cours, des habitudes d’écriture ?

« Comment savoir ce qu’il est plus impor-

tant d’apprendre ? Pourquoi apprendre ceci et négliger cela ? En dehors de l’enseigne- ment scolaire, n’y a-t-il pas d’autres choses que je dois apprendre mais que l’on ne m’enseignera jamais ? »

VIOLAINEF. Marguerite CM se rappelle de cette « écriture

contrainte et contrôlée qui tue l’écriture. » Dans ce

sens, écoutons Sylvie B. :

« […] En dépit de toute bonne volonté, ce n’était

pas simple de mettre en retrait mes habitudes sco- laires. De la maternelle à la terminale, et même lors de mes trois dernières années de faculté, tous nos travaux écrits (des premières lignes d’écriture en CP jusqu’aux dissertations en licence), tous étaient lus, corrigés et évalués par l’enseignant. Tout travail fai- sait l’objet d’une note… » et d’hésiter entre plaisir, li-

berté et frustration, devant un nouveau « mode d’em- ploi » du cours et de l’écriture. Peut-être s’agit-il, comme le suggère Cybèle G, de reprendre

« confiance », de « remettre l’écrit à sa juste place »,

mais aussi de « récupérer le droit de penser dans les

marges » ?

Car, constate (déplore ?) Vanessa M. : « À l’école,

on apprend, on rencontre madame connaissance et monsieur savoir. Mais qui sont-ils ? […] Tout au long de notre vie nous nous enrichissons çà et là, des autres d’une part, et de nos propres expériences d’autre part. Mais c’est à l’école que l’on vérifie tout, on évalue l’acquisition des savoirs, ça gâche

tout. »

Rapportant cela, je me sens concernée, car tous les propos que je rapporte ici sont issus de dossiers que j’ai dus… évaluer ! Mais on le sait, l’éducation au sens large revient à la capacité d’assumer les para- doxes, sans les coincer en contradictions et ceci en est un bel exemple.

Alors, quels « chemins d’écriture » commencés pour quasi tous à l’école ?

Parfois, ce qui remonte est encore en souffrance, comme le raconte Violaine P. :

« C’est en essayant de me rappeler mes premiers

moments liés à l’écriture (et à la lecture également, les deux sont indissociables), que j’ai pu faire resur- gir de ma mémoire un souvenir oublié. En fait, mon premier souvenir concernant mon rapport à l’écri- ture et à la lecture est un souvenir assez douloureux, il s’agit d’une mauvaise expérience qui date de la maternelle et pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier. Certains souvenirs marquent plus que d’autres… » Là, le contenu relaté regarde Violaine,

mais voici ce qu’elle évoque encore à ce propos : « Je

me souviens de la gêne et de la honte que j’ai ressen- ties à ce moment-là, du ton employé par la maîtresse pour accompagner ces quelques mots de reproches : “Ben, alors, Violaine ? !”»

Voici une autre teneur de témoignage, proposé par Bernadette C. :

« Long voyage que celui de remonter le temps à

mes premiers pas d’écriture. Telle une pelote de laine, je tire le fil de mon existence, écrire pour ap- prendre, pour mémoriser, pour fixer mon attention.

Chemins de formation

siner des lettres puis à écrire. Cet apprentissage a été pour moi plus fastidieux que la lecture. Main mal à- droite et mal-habile, apprendre à lier et délier révé- lait mon manque d’entraînement à cet exercice.

Au collège, j’appréhendais toujours les temps consacrés à la rédaction. Je lisais peu et éprouvais de grandes difficultés à structurer mes pensées, mes pensées en mots et les mots en phrases. Je me trou- vais face à une limite. J’écrivais souvent comme je parlais, le niveau de langue était celui que je connaissais. Je ne possédais pas cette aptitude et pourtant je rêvais de pouvoir communiquer, d’être comprise des autres… »

Et quand « cultures de l’écrit » se profile…

D

ÉROULEMENT ET DÉCOUVERTES « Le plaisir d’écrire S’est révélé à moi A v e c stupéfaction. » AUDEB. Violaine P. a fait ainsi ressortir les particularités de ce cours, telles qu’elle les a ressenties :

« Le cours d’écriture m’a offert la possibilité de

découvrir une autre ambiance que celle qui plane ha- bituellement dans un cours de fac : les élèves alignés en rang devant le prof qui fait un monologue – par- fois interrompu par une question ou une remarque d’un élève –, ce qui signifie : pratiquement aucun échange entre profs et élèves d’une part, ni d’échanges entre élèves eux-mêmes sur le cours qui

est en train de se faire. […]

Il est vrai aussi que le sujet du cours implique une manière différente de travailler ; en effet, nous pro- duisons quelque chose : des écrits, des textes qui sont la base du cours donc, il est important que nous puis- sions échanger nos idées, nos impressions, nos re- marques.

Dans un cours « classique », le prof n’a pas grand-chose à attendre de nous : il fait son cours, il dit ce qu’il a à dire, ce qu’il connaît, et nous prenons des notes. C’est tout.

[Ici] c’est différent, tellement différent… »

Dans le même ordre d’idées, Sylvie B oppose ce cours « aux cours traditionnels où on ne fait qu’ap-

prendre, sans trop réfléchir et en s’investissant très moyennement. »

« Alors, constate Laetitia B., pour la première fois

dans un cadre scolaire, ce cours a “permis” une li- berté d’écriture. L’écriture s’est dévoilée être un outil à même de tisser un lien entre l’individuel et le social. » Ceci éclaire d’une certaine façon cela, l’ef-

fet pédagogique différent tenant aussi à la dynamique interactive qui s’est établie entre les étudiants pen- dant le cours. Et qui s’est étendue au dehors.

Relativement mise en confiance, la plume a par- fois couru quasi toute seule : « J’ai écrit sans pen-

ser » constate après coup Nadège R. surprise, et non

mécontente du résultat. De même Violaine P. : « Je

l’ai écrit sans m’en rendre compte, sans y prêter la moindre attention. » Et cela a marché aussi pour des

écrits universitaires, notamment la problématique du mémoire qui n’a pas toujours résisté à un exercice

d’entraînement en dix-neuf étapes, réalisé sans pré- paration et à mains nues…

M

AIS

« L’écriture est une bête austère qui crache de

l’encre

comme une vipère son venin. »

VANESSAM. Tout n’est pas si simple et si j’insiste sur ces témoi- gnages, c’est pour pointer les effets d’une spécificité, et non pour faire une quelconque apologie. D’ailleurs, bémols et limites sont bien vite apparus, et ils ont tout autant été signalés, soulignés, voire par- fois travaillés.

Pour autant, je n’ai pas voulu voir si les étudiants ayant fréquenté ce cours, sous des formes et modali- tés toujours un peu différentes d’une année sur l’autre, allaient plus ou moins que les autres au bout de leur écriture de mémoire et avec quelle pertinence ! J’ai remarqué tou- tefois deux étudiants ayant fréquenté le cours deux ans de suite, quoique pour l’une d’entre eux, la validation ait été brillante dès la première année, le second n’a produit qu’au bout des deux ans : aucun des deux, malgré des qua- lités indéniables, d’écriture notamment, n’a été au bout de la maîtrise à cause du mémoire. Peut-être y reviendront-ils, peut-être est-ce pour des « raisons » n’ayant rien à voir avec l’écriture (certainement même…). L’objectif n’est pas là, et chacun compose

lui-même globalement avec son histoire. Donc, pas de statistiques, il s’agit d’un cours, non d’une re- cherche, et il n’a pas d’autres retombées attendues que celles d’un cours, même si cela n’exclut pas de le réfléchir aussi autrement. Ces comptes rendus an- nuels que j’en fais, réclamés au départ par Natacha C., tout comme le livre8que j’ai produit sur

l’écriture, jalonné de paroles d’étudiants et guidé par eux, en sont une marque.

Bref, et même si on la travaille, tout n’est pas rose en écriture, c’est peu de le dire9, et Cristina C. n’est pas

la seule à l’avoir relevé, si elle l’a fait de façon à la fois originale et extrêmement nette. En guise de dos- sier d’évaluation, elle m’a fourni un paquet de ciga- rettes. Des lights, tout de même, mais comme je ne fume pas… Sur le paquet, j’ai remarqué alors qu’un avertissement était collé en capitales : L’ÉCRITURE

NUIT GRAVEMENT À LA SANTÉ. Je l’ai ouvert et ai

découvert huit feuillets écrits recto verso de la main gauche alors qu’elle est droitière (Pascal Quignard, qui utilise aussi cette ressource, appelle sa main gauche Augustina Izquierdo), sous le titre : L’écriture

constructrice/destructrice10et où elle remarque, en le

regrettant, que ce second aspect de l’écriture a peu été traité en cours. Elle propose donc de le dévelop- per en s’appuyant principalement sur Octavio Paz et Cioran et réclame le droit de ne pas écrire11 (que nous

avions décliné sur le modèle de Pennac), même son mémoire de maîtrise12: « Ayant déjà produit des mé-

moires disparus au fond des universités, à quoi bon de toute façon ? » déplore-t-elle. En tout cas, c’est

évident que l’écriture ne résout rien et même si cer- tains lui voient des vertus thérapeutiques poten-

Chemins de formation

tielles, elle peut même faire des ravages tout comme les mots dits.

Vanessa M. est plus ambivalente, si elle remarque que l’écriture peut être « un frein à la pensée ». Elle reconnaît pourtant qu’elle aime depuis peu écrire, si elle n’aime pas ce qu’elle écrit. « Mon histoire, ma

vie est intervenue sur mon écriture », souligne-t-elle.

C’est peut-être ce qui amène Christelle P. à dire : « J’ai commencé par une autobiographie qui a fini

par brûler par colère. »

Ceux qui pensent que l’écriture peut être parfois objective, détachée de son auteur, se heurteront à de telles conceptions qui savent de quoi elles parlent.

U

N PARCOURS EN COMMUN

« Il fait un temps de formation. »

13

Ces évocations sont tronquées, frustrantes et pointent les limites de l’exercice. Elles ne sont ni exhaustives, ni « justes », relevant quelques expressions au gré des textes et faisant fi tant de l’ensemble des écrits, que du vécu intense des séances. Dans ce dilemme, j’ai choisi de rester au plus proche possible des écrits relevés. Sur un tel thème, comment faire autrement ? Il faudrait tous les lire mais même… Par exemple, le texte tout en rouleau de Carine B. ne supporterait pas d’être tronqué (est-ce elle qui avait écrit en cours cet amusant texte sur les chiens, oui, on peut le lire p.126) ; la grand-mère de Laïla Z., les ratures et pho- tos de Cybèle G. ou la spécificité du propos de Gaël G. qui, enquêtant sur le « meurtre de la plume », se

demande si le « grand souk mondial » du toilage in- ternet ne deviendrait pas « un immense réservoir de

récits de vie » : vaste question !

Par ailleurs, nous avons voyagé principalement, concernant l’écriture, avec Quignard et Gracq, Des- roche, Drevet, Rouaud, Barbara, Delerm, Eliade, Ju- liet, etc. accompagnés comme il se doit de réflexions théorisantes ; produit textes et contre-textes (ce qui ne fut pas sans soulever résistances et découvertes),

haïkus et lettres (deux furent déposées au « grenier

du siècle », une page de l’une d’entre elles, échappée à la photocopie, restera mystérieusement oubliée – donc si précieuse – pendant un siècle !) ; tâté de l’au-

topostéropodie avec le sensible Alexandre Lhotellier

qui nous honora de sa visite tout comme Sandra Maia et Fabio Vasconcelos venus du Brésil (tous trois fu- rent très remarqués), et deux étudiantes de l’an der- nier qui eurent l’idée d’animer un cours, initiative sympathique qui curieusement ne fut pas, au contraire des précédentes, évoquée dans les dossiers. Parmi les textes produits avec (ou sans) contraintes plus ou moins claires, citons chez ceux avec consigne « nos chemins de lecture et d’écri- ture », ainsi que la forme d’une écriture, sur le mo- dèle de La forme d’une ville de Gracq. Créant une revue intitulée Chemins de formation dont le premier dossier portera sur l’écriture, je vais proposer à six d’entre vous que tout ou partie de leur texte soit pu- blié dans la revue. Le comité de lecture évaluera en- suite la pertinence de ce choix.

Mais avant de clore ce topo, je ne résiste pas à l’envie de proposer à votre lecture ce texte de Laïla Z. :

« On a essayé de me tuer dans la nuit de samedi à

dimanche. Dans un amphi gigantesque, devant ma prof et une poignée d’étudiants. Tétanisés, anesthé- siés. Tellement amorphes que je n’ai pas demandé d’aide. Pourquoi est-ce que ce garçon, que je n’avais vu que deux fois, une dizaine de mots, m’en voulait-il tant ? Il s’est acharné, son trident me poursuivait. Je l’ai épargné, dans une magie qui n’appartient qu’à nos RÊVES. »

Oui le danger rôde, fors dans notre imagination…

A

LORS

?

« Je vous propose un jeu : nous recher-

chons ensemble un mot. Pour vous al- léger dans cette lourde tâche, je vous mets sur la route : le bonheur, la bonne humeur et la douceur représentent ce mot caché. Alors ? Peut-être avez-vous déjà trouvé ? Pour ceux cherchant toujours désespéré- ment, regardez-vous dans la glace un jour où vous débordez de bonheur et là, vous trouverez la réponse à coup sûr. »

VIOLAINEP.14 Quelques-unes d’entre vous partageront les mots de la fin, je me contenterai d’y souligner en gras, au pas- sage, certaines clés :

« Je crois qu’en fait, je n’avais pas conscience de

cette influence [des lectures] sur mes écrits car tout simplement je n’écrivais pas pour moi, mais pour le système scolaire. Je n’avais même pas conscience d’être auteur de ces textes dans la mesure où je n’avais pas envie de les écrire et j’étais obligée

d’écrire. Ce que je remarque en tout cas, c’est que depuis cette révélation, les lectures suivies d’un écrit ont beaucoup apporté de choses à ces écrits et ont changé mon rapport à l’écriture. En effet, prendre conscience d’être auteur de ses textes, c’est impor- tant, car on prend conscience de ses droits en tant qu’auteur de ses écrits, et puis on n’écrit plus de la même façon. Cela prend un autre sens, maintenant j’écris avant tout pour moi, tout en m’adaptant au futur lecteur. » Nadège R.

Dans le document Écritures en chemin (Page 90-98)