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Tests du χ 2

Dans le document ´ECOLE NATIONALE DES PONTS ET CHAUSS´EES (Page 74-78)

a-dire `a l’´egalit´e statistique des deux proportions. Ce test est nomm´e : comparaison de deux proportions.

IV.2 Tests du χ

2

IV.2.1 Test d’ad´equation `a une loi discr`ete Le probl`eme

On observe n v.a. (Xi)1in, ind´ependantes et de mˆeme loi, `a valeurs dans un espace fini A= {a1, . . . , ak}. Cette loi, inconnue, est caract´eris´ee par la suite p= (p1, . . . pk) (avec Pk

j=1pj = 1), o`u pour tout j = 1, . . . , k, la quantit´e pj d´esigne la probabilit´e d’observer aj (ind´ependante deien raison de l’identique distribution desXi) ; soit pj =P(Xi =aj). La loi jointe dun-upletX= (Xi)1in est : pour tout (x1,· · · , xn)∈An,

Pp(Xi =xi, 1≤i≤n) = Yn i=1

Pp(Xi=xi) = Yk j=1

pcard(j {i;xi=aj}).

Remarque IV.1. Il en est ainsi, par exemple, si on proc`ede `a un sondage dans une po-pulation divis´ee en k cat´egories, les tirages des n individus pouvant ˆetre consid´er´es comme ind´ependants, et, `a chaque fois, la probabilit´e d’ˆetre dans une cat´egorie donn´ee ´etant ´egale `a la proportion (inconnue) d’individus de cette cat´egorie dans la population totale. C’est bien le cas si on effectue des tirages “avec remises” et “brassage” de la population, mais un tel

“mod`ele d’urne”, quoique traditionnel, n’est pas tr`es r´ealiste. Cependant, on peut consid´erer qu’on est approximativement dans le mod`ele propos´e si on fait porter le tirage sur des indivi-dus distincts (tirage “sans remise”) mais dans un contexte o`u la taille totale de la population est tr`es grande par rapport `a celle de l’´echantillon.

♦ On avance l’hypoth`ese que le param`etre est p0 = (p01, . . . , p0k), o`u p0j > 0, pour tout j = 1, . . . , k. Le but est de tester, `a un niveau donn´e α, cette hypoth`ese nulle simple,H0 ={p=p0}, contre l’hypoth`ese alternativeH1={p6=p0}.

Intuitions

Pour tout j = 1, . . . , k on note Nj = card({i : Xi = aj}) = Pn

i=11{Xi=aj} la variable al´eatoire de comptage du nombres de fois o`u l’´etat aj est visit´e par les v.a. Xi,i= 1, . . . , n.

La v.a.Nj suit une loi binomiale (voir X.2.1, p. 242) de param`etres (n, pj). On rappelle que E[Nj] =npj, que la v.a. ˆPj = Nnj est un estimateur convergent sans biaisde pj (voir le chapitre II).

Il y a donc lieu de penser que, s’il est vrai que p = p0, la suite des effectifs observ´es nj = card({i :xi =aj}) sera telle que la suite des fr´equences observ´ees, ˆp = (ˆp1, . . . ,pˆk) =

IV.2. TESTS DU χ2 65 (nn1, . . . ,nnk), sera “proche” (en raison de la loi forte des grands nombres cit´ee pr´ec`edemment) de la suite mise en test p0 = (p01, . . . , p0k).

Avec cette notation, il vient que Pp(Xi = xi, 1 ≤ i ≤ n) = Qk

j=1pnjj, ce qui met en ´evidence, par la m´ethode de Halmos-Savage (voir le th´eor`eme II.19), que la v.a. k-dimensionnelle N = (Nj)1jk est exhaustive, ce qui justifie que nous fassions porter notre test sur cette suite des effectifs observ´es, ou, ce qui revient au mˆeme, sur la suite des fr´equences observ´ees ˆP = ( ˆPj)1jk. La loi deN est la loi multinomiale de param`etres n etp= (p1, . . . , pk), not´eeM(n, p) (voir X.2.1, p. 243). On peut v´erifier que ˆP est l’estimation par maximum de vraisemblance de p.

On souhaite donc pouvoir caract´eriser une “distance” entre lasuite des fr´equences ob-serv´eespˆet lasuite des fr´equences th´eoriques p0, de mani`ere `a rejeter l’hypoth`ese nulle si cette distance est sup´erieure `a une certaine valeur fronti`ere. Pour r´ealiser ce programme, il faut que :

– la loi, sous l’hypoth`ese nulle, de cette distance soit (au moins approximati-vement) connuede sorte que la fronti`ere sera le quantile d’ordre 1−α de cette loi (le rejet `a tort de l’hypoth`ese nulle sera bien alors de probabilit´e approximativement ´egale

` a α),

– si l’hypoth`ese nulle n’est pas satisfaite, cette distance ait tendance `a prendre des valeurs d’autant plus grandes que la vraie valeur du param`etrepest plus “´eloign´ee” de p0(ce qui, l`a aussi, conduit `a souhaiter disposer d’une distance entrepetp0, gouvernant la loi de la distance entre la v.a. ˆP etp0).

Outils

On d´efinit la distance du χ2 (oudistance du chi-deux) , entre deux probabilit´es sur un ensemble fini `a k´el´ements, p= (pj)1jk etq = (qj)1jk, par :

D(p, q) = Xk j=1

(pj−qj)2 qj .

Remarquons que, faute de sym´etrie entre p et q, cet objet n’est pas une “distance” au sens math´ematique traditionnel du terme (on parle parfois de “pseudo-distance” du χ2).

On d´emontre (nous l’admettrons) que, si l’hypoth`ese nulle est satisfaite, la loi de la v.a. n.D( ˆP , p0) tend, quand n tend vers l’infini, vers la loi du chi-deux `a k−1 degr´es de libert´e (voir X.2.2, p. 246). Ceci conduit, pour n “assez grand” (notion qui sera pr´ecis´ee empiriquement dans la suite), `a fonder sur n.D( ˆP , p0) le test, au niveau α, de l’hypoth`ese H0 ={p=p0}, le rejet ayant lieu si

n Xk j=1

(ˆpj −p0j)2

p0j ≥χ2k1,1α,

o`uχ2k−1,1−α d´esigne le quantile d’ordre 1−α de la loi du chi-deux `ak−1 degr´es de libert´e, disponible dans des tables ou via les ordinateurs. C’est ce que l’on appelle le test du χ2. Crit`ere pratique.On consid`ere souvent que l’approximation fournie par la loi du χ2 `a k−1 degr´es de libert´e pour la loi de n.D( ˆP , p0) est valide si tous les produits np0j(1−p0j) sont sup´erieurs ou ´egaux `a 5.

Int´eressons nous maintenant `a la puissance de ce test, c’est-`a-dire consid´erons les si-tuations o`u p 6= p0. On d´emontre (nous l’admettrons ) que, si la loi commune des v.a. Xi est caract´eris´ee par la valeur p du param`etre, alors la loi de n.D( ˆP , p0) est bien approch´ee, quand n tend vers l’infini, par la loi dite du χ2 d´ecentr´e `a k−1 degr´es de libert´e, χ2k1,δ (voir X.2.2, p. 246), avec pour coefficient d’excentricit´eδ =n.D(p, p0).

Il se produit alors une circonstance heureuse concernant la famille des lois χ2k−1,δ : elle est, `a nombre de degr´es de libert´e fix´e (ici k−1) stochastiquement croissante avec le coefficient d’excentricit´eδ, c’est-`a-dire que, pour toutt >0, la probabilit´e qu’une v.a. suivant la loi χ2k−1,δ d´epasset est fonction croissante deδ.

10 20 30 40

0.025 0.05 0.075 0.1 0.125 0.15

Fig.IV.1 – Densit´e du chi-2 `a 5 degr´es de libert´e avec d´ecentrage de 0, 3 et 6.

Afin d’illustrer davantage le ph´enom`ene d’excentricit´e engendr´e parδ nous pouvons rap-peler queE[χ2k,δ] =k+δ et Var(χ2k,δ) = 2(k+ 2δ).

G´en´eralisation `a l’ad´equation d’une loi quelconque

Soient n v.a. (Xi)1jn ind´ependantes, de mˆeme loi inconnue Q, et `a valeurs dans un espace mesurable (E,E). On veut tester l’hypoth`ese que cette loi coincide avec une loi propos´ee Q0.

On suppose que l’ensemble E est infini, ou bien fini mais `a cardinal trop ´elev´e pour qu’on puisse lui appliquer raisonnablement le test du χ2. Un artifice parfois pratiqu´e est de consid´erer une partition finie de E, soit (A1, . . . , Ak), et de se contenter de tester si les valeurs desPQ(X1 ∈Aj) sont ´egales auxP

Q0(X1 ∈Aj). Il suffit donc de relever, pour chaque observation xi, `a quelle partie Aj elle appartient, ce qui revient `a consid´erer des v.a.Xi = j1{X

iAj} `a valeurs dans l’ensemble{1, . . . , k}. On se trouve ramen´e au probl`eme pr´ec´edent, mais au prix d’une certaine tricherie sur le probl`eme pos´e : on ne sait plus distinguer entre deux lois diff´erentes, mais identiques sur la partition choisie. En d’autres termes, on teste en fait l’hypoth`ese nulle selon laquelle la loi inconnueQappartient `a l’ensemble des lois qui affectent `a chacune des parties Aj la mˆeme probabilit´e que Q0; l’hypoth`ese alternative est alors le compl´ementaire de cet ensemble dans l’ensemble de toutes les probabilit´es sur (E,E).

Si malgr´e cet inconv´enient on d´ecide de proc´eder ainsi, il reste `a choisir la partition. Si son effectif k est fix´e, on constate que l’approximation par la loi asymptotique de χ2 sera d’autant meilleure que la suite desPQ0(Aj) sera plus proche de la suite constante dont tous les ´el´ements valent 1k; en effet c’est ainsi que la plus forte des valeursnPQ0(Aj)(1−PQ0(Aj)) sera la plus faible possible ; or ces valeurs sont les variances des effectifsNj et, pour chaque

IV.2. TESTS DU χ2 67 j, plus cette variance est ´elev´ee, plus l’estimation de pj par la fr´equence observ´ee nj/n (qui nous a servi `a justifier heuristiquement le test) est mauvaise.

Quant au choix dek, il sera l’objet d’un compromis entre le d´esir d’´elever k(pour ne pas trop d´enaturer le probl`eme initial) et le d´esir d’´elever n1k(1−1k) (`a rendre au moins ´egal `a 5) pour valider au mieux l’approximation par la loi du chi-deux.

Dans le cas particulier d’une loi Q0 sur R admettant une densit´e et donc (voir X.1.2) `a fonction de r´epartition, soitF0, continue, on prendra g´en´eralement une partition (A1, . . . , Ak) en intervalles (born´es ou non) tous de probabilit´e 1k, donc d´elimit´es par les points sj (o`u 1 ≤j ≤k−1) v´erifiant F0(sj) = kj. Mais cette m´ethode reste m´ediocre et les m´ethodes de type non-param´etrique, qui seront vues au chapitre V, sont en g´en´eral meilleures.

IV.2.2 Test d’ad´equation `a une famille de lois discr`etes Pr´esentation g´en´erale

Le mod`ele est ici le mˆeme qu’en IV.2.1 : on observenv.a.Xi, ind´ependantes et de mˆeme loi, `a valeurs dans un espace fini, soit A={a1, . . . , ak}. Cette loi, inconnue, est caract´eris´ee par la suite p = (p1, . . . pk), o`u, pour tout j (avec 1 ≤ j ≤ k), pj d´esigne la probabilit´e d’observer aj.

Ici l’hypoth`ese `a tester n’est plus r´eduite `a une valeur bien d´etermin´eep0, mais elle exprime que le param`etre appartient `a une famille (pθ, θ ∈ Θ), o`u l’on note pθ = (p1,θ, . . . , pk,θ) un vecteur de poids de probabilit´e index´e par un param`etre θ. Attention : Θ n’est pas ici l’ensemble des param`etres du mod`ele tout entier mais param´etrise seulement l’hypoth`ese nulle.

Une id´ee naturelle est de reprendre la m´ethode du test d’ad´equation vue en IV.2.1 en y rempla¸cant p0 parpˆ

θ, o`u ˆθest une estimation de θ. C’est ce que l’on appelle untest du χ2 adaptatif. On d´emontre alors que si l’ensemble Θ des valeurs possibles pour θ est une partie ouverte d’int´erieur non vide deRh (avech < k−1) la loi denD( ˆP , pθˆ) tend, sous l’hypoth`ese nulle, vers la loi du χ2 `a k−h−1 degr´es de libert´e, sous des conditions de r´egularit´e que nous ne pr´eciserons pas ici, mais qui sont satisfaites si ˆθ est une estimation par maximum de vraisemblance. Donc on proc`ede comme dans le test duχ2 d’ad´equation, en rempla¸cant seulement le nombre de degr´es de libert´e k−1 par k−h−1.

Exemple : test du χ2 d’ind´ependance

Les v.a. i.i.d. Xi sont ici de la forme (Yi, Zi), o`u les “premi`eres composantes” Yi sont `a valeurs dans A = {a1, . . . , ak}, et les “secondes composantes” Zi sont `a valeurs dans B = {b1, . . . , bm}.

On note, pour tout j = 1, . . . , k, et tout ℓ = 1, . . . , m, pj,ℓ = P((Yi, Zi) = (aj, b)). Le param`etre est doncp= (pj,ℓ)1jk,1m.

On veut tester l’hypoth`ese que les 2 composantes sont ind´ependantes, autrement dit que la loi commune des couples (Yi, Zi) est une loi produit, c’est-`a-dire encore que tous les pj,ℓ sont de la forme :

∀(j, ℓ)∈A×B, pj,ℓ=P(Yi=aj, Zi =b) =P(Yi =aj)P(Zi=b) =qjr,

o`u n´ecessairement, pour tout j, qj = Pm

ℓ=1pj,ℓ et, pour tout ℓ, r = Pk

j=1pj,ℓ. Les qj ca-ract´erisent la loi commune des v.a.Yi et les r caract´erisent la loi commune des v.a. Zi; ces lois sont appel´ees aussi premi`ere et seconde lois marginales desXi (voir X.1.1, p. 225).

Ainsi, sous l’hypoth`ese nulle, le param`etre, caract´eris´e d’une part par les k valeurs qj (de somme ´egale `a 1) et d’autre part par les m valeurs r (aussi de somme ´egale `a 1), appartient `a un espace de dimension h =k+m−2. On supposera que les qj et les r sont tous non nuls, ce qui assure que, sous l’hypoth`ese nulle, l’ensemble de param´etrage est une partie ouverte deRk+m2

Etant observ´e un ´echantillon de taille´ n, soit (yi, zi)1≤i≤n, notons, pour tout couple (j, ℓ), nj,ℓ l’effectif des observations ´egales `a (aj, b) et ˆpj,ℓ leur fr´equence (ˆpj,ℓ = nnj,ℓ).

On estime alors chaque qj de la premi`ere marge par la fr´equence marginale correspondante ˆ

qj = n1 Pm

ℓ=1nj,ℓ et de mˆeme, pour la seconde marge, chaque r par la fr´equence marginale correspondante ˆr= n1 Pk

j=1nj,ℓ.

Alors, si l’hypoth`ese nulle est satisfaite, on estime, pour tout couple (j, ℓ), pj,ℓ, par le produit des fr´equences marginales ˆqj (pour mimer la formule d’ind´ependance cit´ee plus haut).

Nous admettons que les conditions de validit´e de la m´ethode sont satisfaites, ˆqj et ˆr´etant respectivement des estimateurs par maximum de vraisemblance de qj etr. Le test, au seuil α, consiste donc `a rejeter l’hypoth`ese d’ind´ependance si :

n

ℓ=1nj,ℓ est le nombre d’observations dont la premi`ere composante est ´egale `a aj,

– n′′ =Pk

j=1nj,ℓ est le nombre d’observations dont la seconde composante est ´egale `ab, – χ2(k1)(m1),1α est le quantile d’ordre 1−α de la loi duχ2 `a (k−1)(m−1) degr´es de

libert´e (en effetkm−(k+m−2)−1 = (k−1)(m−1)).

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