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3 L ES MODES DE PROCÈS

3.5.2.2 Tester l’absence de télicité avec pendant + durée quantifiée

La compatibilité avec pendant + durée quantifiée et le verbe conjugué au Passé composé permet de vérifier le caractère non-borné du procès (atélique).

[115] Elle a nagé pendant deux heures. [- borné]

[116] Il a été amoureux pendant trois semaines. [- borné]

[117] ?? Il a bu un verre de bière pendant dix minutes. [+ borné] [118] *Elle a trouvé ses clés pendant une heure. [+borné]

GOSSELIN (1996, 45) signale certains glissements sémantiques conduisant à « la construction de séries de réitération » comme dans l’exemple suivant :

[119] Pierre a éternué pendant cinq minutes.

Une réalisation immédiate peut demander de ne « retenir que l'état résultant du procès » (GOSSELIN 1996, 45) :

[120] Les magasins ont fermé pendant trois semaines.

Un accomplissement interrompu est également compatible avec

pendant + durée :

[121] Il a chanté Lohengrin pendant cinq minutes et il est mort d’un infarctus. 3.5.3 TESTER LA PONCTUALITÉ DU PROCÈS

GELUCK (1994), Le meilleur du chat

À elle seule, la compatibilité du syntagme verbal avec une indication temporelle ponctuelle – par exemple à + n heure(s) – ne suffit pas pour s’assurer de la ponctualité du mode de procès. Il est en effet possible de dire :

[122] Il est arrivé à huit heures. Mais également :

Alors qu’en [122] le procès parait effectivement ponctuel43, notre connaissance du monde nous dicte une interprétation différente pour [123], sans toutefois rendre l’énoncé irrecevable. Aussi courte soit-elle, aucune symphonie ne pourrait être considérée comme ponctuelle. GOSSELIN (1996, 45) rappelle que ce test linguistique aboutit souvent « à ne retenir que l’une des bornes (le plus souvent la borne initiale) d’un procès non ponctuel ». Cependant, comme le souligne GARCÍA-FERNÁNDEZ

(2000, 120) en comparant [124] et [125], il existe certaines restrictions qui, elles, sont d’ordre résolument pragmatique :

[124] A las tres tenía hambre y me hice un bocadillo.

(À 3h, j’avais faim et je me suis préparé un sandwich) (nous traduisons) [125] *A las tres tenía anginas y no quise salir.

(À 3h, j’avais une angine et j’ai préféré ne pas sortir) (nous traduisons) Alors que avoir faim et avoir une angine représentent tous deux des états temporaires, il semble qu’un trop grand éloignement temporel entre la borne initiale et finale rende [125] irrecevable. En témoigne également la différence d’acceptabilité entre [126] et [127] pourtant basés sur un même verbe :

[126] Il a construit un château de cartes à midi.

= Il a commencé à construire un château de cartes à midi. [127] ?? Il a construit un château à midi.

= ?? Il a commencé à construire un château à midi.

Ainsi, bien que la durée ne soit linguistiquement explicitée dans aucun des deux cas, [126] s’avère recevable alors que [127] ne l’est pas. Pour pallier les imperfections du test de ponctualité, GOSSELIN (1996, 46) recourt à la paraphrase mettre n temps à/pour SV pour distinguer accomplissements et réalisations instantanées. Pour ces premiers, le test indique la durée du procès :

[128] Il a mis dix ans à écrire son roman. = Il a passé dix ans à écrire son roman.

Appliquée aux réalisations instantanées, la paraphrase met en évidence la durée qui précède l’évènement relaté par le syntagme verbal :

[129] Il a mis dix minutes à trouver ses clés.

= Dix minutes se sont passées avant qu’il ne trouve ses clés.

43 La vignette de GELUCK en exergue illustre toute la difficulté de la définition de la ponctualité. Pour DOWTY (1986/2005, 337) : « Achievements are those […] predicates which are not only typically of shorter duration than accomplishments but also those for which we do not normally understand as entailing a sequence of subevents, given our usual everyday criteria for identifying the events named by the predicate. Dying […], take[s] place, according to everyday criteria, when one state – being alive […] – is recognized as being replaced by another: being dead […] ».

Bien que GOSSELIN (1996, 46) reconnaisse à être malade (état) et

fonctionner (activité) un comportement identique à celui des

accomplissements, l’application scrupuleuse de la paraphrase ainsi formulée semble poser problème pour les états :

[130] ?? Il a mis un jour à être malade.

[131] ? Il a mis cinq minutes à avoir envie d’aller au cinéma. [132] ? Il a mis deux mois à aimer le chocolat.

[133] Il a mis deux mois à apprécier le chocolat.

GOSSELIN (1996, 46) cite uniquement l’exemple [134], certes plus probant : [134] Luc a mis cinq minutes à savoir cette chanson.

En [134] apparait clairement la signification : « Cinq minutes se sont écoulées avant que Luc ne sache cette chanson ». En somme, appliquée aux réalisations instantanées, aux activités et aux états, la paraphrase mettre n temps à + SV révèle un glissement sémantique régulier : n temps s’est écoulé avant que SV. En revanche, avec les accomplissements, la signification est la suivante : passer n temps à SV. L’incompatibilité du syntagme verbal avec commencer à, continuer à

et arrêter de permet également, selon FUCHS (1991, 12), de vérifier la ponctualité :

[135] Il a commencé à manger. [136] Il a continué/fini de manger.

[137] Il a commencé à manger le poulet. [138] Il a continué/fini de manger le poulet. [139] *Il a commencé à trouver ses clés. [140] *Il a continué/fini de trouver ses clés.

Toutefois, comme le note VETTERS, certains états – au même titre que les réalisations instantanées – sont eux aussi incompatibles :

[141] *J’ai commencé à avoir une maison. [142] *J’ai arrêté d’avoir une maison.

(VETTERS 1996, 98-99) En dépit de leurs limites, les tests linguistiques n’en demeurent pas moins indispensables pour classer les modes de procès. Il est par conséquent fondamental d’analyser les divers comportements des syntagmes verbaux en fonction des paramètres susceptibles d’avoir des répercussions sur l’expression de la temporalité. GOSSELIN remarque ainsi :

Si l’on observe le fonctionnement des types de procès avec les différents temps et aspects verbaux, on s’aperçoit que les phénomènes de glissement de sens sont à la fois fréquents et réguliers […]. Leur fréquence interdit qu’on utilise tels quels les tests de compatibilité pour classer les prédicats verbaux en fonction du type de procès qu’ils expriment ; leur régularité autorise, en revanche, l’hypothèse de la possibilité de les expliquer et de les prédire.

(GOSSELIN 1996, 46) Voyons donc en quoi consistent les glissements de sens relatifs au temps.

3.6 L

ES GLISSEMENTS SÉMANTIQUES

3.6.1 LES TYPES DE CONFLITS ET LEURS RÉSOLUTIONS

Nous ne dresserons ici qu’un aperçu rapide des notions de conflit et

résolution de GOSSELIN (1996, 36s), sur lesquelles nous reviendrons plus longuement dans la section 5.2.4 page 193. Schématiquement trois possibilités se présentent. La première est l’absence de conflit :

[143] Le soldat a marché pendant douze heures.

Le verbe marcher incarne une activité, c’est-à-dire un procès atélique adapté au circonstanciel pendant douze heures. Considérons maintenant l’énoncé suivant :

[144] Son fils a marché en dix mois.

Il existe ici un conflit engendré par la rencontre de marcher et du circonstant introduit par en+durée quantifiée. Sa résolution conduit à interpréter la durée dénotée par l’expression temporelle comme la phase préparatoire du procès, soit : « Dix mois se sont écoulés avant que son fils ne sache marcher ». Enfin la troisième possibilité résulte d’un conflit ne débouchant sur aucune résolution. L’énoncé s’avère alors irrecevable :

[145] *Elle écrivit sa thèse depuis trois mois.

Envisageons les divers conflits possibles et leurs résolutions. 3.6.2 ÊTRE EN TRAIN DE + SYNTAGME VERBAL INFINITIF

La locution être en train de + syntagme verbal à l’infinitif est généralement incompatible avec les états et ne débouche sur aucune résolution de conflit :

[146] *Il est en train d’avoir des origines alsaciennes. (état nécessaire) [147] *Elle est en train d’être malade. (état contingent)

Employé avec une réalisation instantanée reflétant l’aboutissement d’une progression, être en train de engendre un glissement sémantique renvoyant à cette progression (voir GOSSELIN 1996, 59) :

[148] Pierrick est en train d’atteindre le haut du volcan.

Si la réalisation instantanée ne marque pas l’aboutissement d’une progression, se produit alors un phénomène de dilatation dans la perception du procès :

Remarquons que, quel que soit le type de procès, être en train de ne peut pas être utilisé avec le Passé simple, le Passé composé, le Plus-que-parfait et le Futur antérieur : « *Il fut/*a été/*avait/??aura été en train de nager ». Dans l’exemple suivant, la juxtaposition de l’aspect en cours et de pendant + durée quantifiée aboutit à une interprétation itérative :

[150] Il cuisine/cuisinait pendant une heure.

= À chaque fois, son activité culinaire dure/durait une heure.

L’adjonction de être en train de conduisant à marquer la progression du procès, elle n’est pas compatible avec l’itération et ne débouche sur aucune résolution de conflit :

[151] *Il est/était en train de cuisiner pendant une heure. 3.6.3 LES CIRCONSTANTS AVEC PENDANT + DURÉE

En raison de son aspect en cours, l’Imparfait (ou le Présent) est incompatible avec l’explicitation d’une durée quantifiée (bornée). La résolution du conflit se traduit donc par une interprétation itérative :

[152] Il chante/chantait pendant dix minutes.

= Chaque fois, son activité de chanter dure/durait dix minutes.

Si une indication temporelle antéposée spécifie une date précise, elle bloque l’interprétation itérative (Imparfait dit « narratif ») :

[153] Lucie récupéra l’oiseau agonisant pour le soigner. Le lendemain, il chantait pendant dix minutes.

Ponctuelles par définition, les réalisations instantanées irréversibles semblent incompatibles avec pendant + durée quantifiée44, quel que soit le temps grammatical : « ??Il arriva/est arrivé/arrivait/arrive/arrivera pendant dix minutes ». Elles sont en revanche possibles avec

pendant + durée non quantifiée pour les temps grammaticaux

exprimant l’aspect « aoristique » :

[154] Il arriva/est arrivé/arrivera/était arrivé/va arriver pendant la soirée.

Un glissement sémantique s’opère pour les réalisations instantanées réversibles telles que sortir, entrer, allumer, éteindre, se réveiller, etc. Dans ce cas, le conflit est résolu en ne retenant que l’état résultant :

[155] Il s’est réveillé pendant dix minutes.

= Il est resté éveillé pendant dix minutes et s’est rendormi.

44 Nous suivons GARCÍA-FERNÁNDEZ (2000, 87-88) qui, pour l’équivalent espagnol durante, différencie deux types : (a) la durée est quantifiée : pendant deux heures ou (b)

non-quantifiée : pendant le repas. Alors que (a) quantifie la durée du début à la fin du

[156] Il a allumé la lampe pendant une heure.

= La lampe est restée allumée pendant une heure.

Lorsque le procès est un accomplissement, la résolution débouche soit sur l’itération : « Il a chanté La Bohème pendant dix ans » (i.e. il a chanté cet opéra à de multiples reprises pendant dix ans), soit sur l’interruption en cours de procès : « Elle a lu Les Misérables pendant une journée et a abandonné » (i.e. le roman n’a pas été lu en entier). Même dans le cas d’activités, peuvent émerger des conflits résultant de notre connaissance du monde :

[157] Il a arrosé son jardin pendant une heure. [158] Il a arrosé son jardin pendant deux ans.

Ainsi, alors que la durée explicitée en [157] parait plausible pour arrose

son jardin, en [158], seule une réinterprétation itérative s’avère possible. 3.6.4 LES CIRCONSTANTS AVEC EN + DURÉE

Contrairement à pendant qui peut prendre une durée quantifiée ou non, la préposition en n’est que rarement associable à des durées non-quantifiées :

[159] *Il a été malade en année.

[160] Il est venu en matinée/soirée/semaine.

Nous l’avons vu, avec les réalisations instantanées, en + durée quantifiée (et mettre à + durée quantifiée) donne lieu à un conflit entre la ponctualité du procès et la durée exprimée par le circonstanciel. Sa résolution s’effectue donc par un glissement de sens du procès vers sa phase préparatoire :

[161] Il a trouvé la solution en dix jours.

= Il a réfléchi dix jours avant de trouver la solution. [162] Il est mort en trois heures.

= Il a agonisé trois heures avant de mourir.

Si l’existence d’une phase préparatoire semble peu probable, l’énoncé devient difficilement acceptable (voir GARCÍA FERNÁNDEZ 2000, 83) :

[163] *Il a trouvé des clés sous la table en cinq minutes. (nous traduisons l’exemple espagnol de GARCÍA-FERNÁNDEZ)

Certaines activités tolèrent l’utilisation de en + durée quantifiée. La durée renvoie alors au temps qu’il a fallu pour parvenir à l’évènement dénoté par le syntagme verbal : « Léa a parlé anglais en dix mois » (i.e. Dix mois ont été nécessaires pour que le Léa parle l’anglais). Toutefois, si le syntagme verbal ne réfère pas à un procès résultant d’une attente préalable (et d’une certaine manière influençable ou contrôlable), le conflit ne semble autoriser aucun glissement de sens :

[164] ? Il a ri en dix minutes. [165] ?? Il a neigé en cinq jours.

[166] *Elle a attendu son copain en cinq heures.

Un glissement de sens similaire à celui des activités peut se produire pour certains états. GOSSELIN (1996, 45) cite les exemples suivants :

[167] Il a été malade en cinq minutes.

= Il est tombé malade en cinq minutes. [168] Luc a su cette chanson en cinq minutes.

= Luc a appris cette chanson en cinq minutes.

GARCÍA-FERNÁNDEZ (2000, 83-84) signale par ailleurs que l’adjonction d’une expression dénotant la fréquence (une fois, deux fois, etc. ) rend le procès télique et autorise alors l’utilisation de en + durée : « Il a trouvé trois fois des clés sous la table en cinq minutes » ; « Elle a attendu trois fois son copain en cinq heures ».

3.6.5 LES CIRCONSTANTS PONCTUELS

L’utilisation de circonstanciels tels que à + indication temporelle

ponctuelle crée un conflit avec les procès exprimant intrinsèquement

une durée. La résolution consiste à ne retenir généralement que la borne initiale du procès :

[169] Il fut ivre à midi. (état contingent : son ivresse se manifesta à midi)

[170] Il a écouté la radio à midi. (activité : il a commencé à écouter la radio à midi)

[171] Elle écrivit un poème à midi. (accomplissement : elle commença la rédaction d’un poème à midi)

Certains accomplissements semblent plus vraisemblablement renvoyer à la borne finale :

[172] A : Et Patricia ?

B : Elle est rentrée chez ses parents à minuit.

Cette interprétation dépend toutefois du contexte pragmatique dans lequel l’énoncé est utilisé. Si Patricia était à une soirée et que B l’a vue partir à minuit, le procès renvoie à la borne initiale. Au contraire, si B est le voisin des parents de Patricia, ce même énoncé réfère au moment précis où Patricia est effectivement rentrée à la maison.

L’utilisation d’un temps grammatical en cours avec un circonstanciel ponctuel ne débouche sur aucune résolution de conflit avec les états nécessaires :

[173] *À minuit, Jean-Pierre est/était d’origine savoyarde. [174] *Jean-Pierre est/était d’origine savoyarde à minuit.

Dans le cas des activités, avec l’aspect en cours, l’utilisation d’un circonstant ponctuel donne lieu à un conflit. La résolution aboutit à l’itération en renvoyant à la borne initiale du procès : « Manon cuisine/cuisinait à minuit », c’est-à-dire « Tous les jours à minuit, Manon commence/commençait à cuisiner ». Bien que cette interprétation reste possible lorsque le circonstant est placé en tête de phrase (en position thématique), les énoncés suivants présentent une ambigüité :

[175] À minuit, Manon cuisine.

= Aujourd’hui, à minuit, Manon commencera à/sera en train de cuisiner/Chaque jour à minuit, Manon commence à cuisiner.

[176] À minuit, Manon cuisinait.

= Quand je l’ai vue à minuit, Manon était en train de cuisiner/Chaque jour, Manon commençait à cuisiner.

Les accomplissements semblent avoir un comportement similaire : [177] Léo lit un poème à midi.

= Aujourd’hui, à midi, Léo lira un poème/Chaque jour à midi, Léo commence à lire un poème.

[178] Léo lisait un poème à midi.

= Tous les jours à midi, Léo commençait à lire un poème. [179] À midi, Léo lit un poème.

= Aujourd’hui, à midi, Léo commencera à/sera en train de lire un poème /Chaque jour à midi, Léo commence à/est en train de lire un poème.

[180] À midi, Léo lisait un poème.

= Quand je l’ai vu à midi, Léo était en train de lire un poème /Chaque jour à midi, Léo commençait à lire un poème.

Toutefois, pour des raisons pragmatiques, même si le glissement sémantique conduit à une interprétation focalisant apparemment sur la borne initiale du procès, certains procès paraissent difficilement admissibles :

[181] ?? Manon écrivit un roman à minuit.

Ce genre de problème ne se pose pas pour les réalisations instantanées utilisées avec l’aspect en cours. Le glissement sémantique conduit donc naturellement à l’itération :

[182] Il éteint/éteignait la lumière à minuit.

= Tous les jours à minuit, il éteint/éteignait la lumière. [183] À minuit, il éteignait la lumière.

Tous les jours à minuit, il éteignait la lumière.

Récapitulons donc les conflits et leur type de résolution et les diverses paraphrases permettant de les expliciter.

3.6.6 RÉCAPITULATIF DES CONFLITS ET DE LEUR(S) RÉSOLUTION(S)

Les cinq tableaux ci-dessous répertorient les valeurs conflictuelles les plus représentatives (en cours renvoie à l’aspect « imperfectif »). On remarquera que, parmi les résolutions de conflits ( ), comprenant la dilatation, l’inchoativité, la focalisation sur la phase préparatoire ou résultante, et l’itération, c’est cette dernière qui s’avère de loin la plus fréquente. Les états nécessaires n’admettent quant à eux aucune résolution de conflit.

LÉGENDE DES TABLEAUX

: conflit

na : non applicable - : incompatible + : compatible

ÉTAT NÉCESSAIRE : avoir des origines corses

compatibilité résolution paraphrase possible

en cours - na na être en train de +SV autre - na na - na na pendant+durée quantifiée autres - na na en cours - na na

pendant+durée non quantifiée autre

- na na

en cours - na na

en + durée quantifiée autre

- na na

en cours - na na

à+circonstanciel ponctuel autre

- na na

Tableau 9 – Les états nécessaires : conflits et résolutions

ÉTAT CONTINGENT : être malade

compatibilité résolution paraphrase possible

en cours - na na

être en train de +SV autre

- na na

en cours itératif À chaque fois, il était malade…

pendant+durée quantifiée autres

+ na na

en cours itératif À chaque fois, il était malade pendant x temps

pendant+durée non quantifiée autre

+ na na

en cours itératif+phase

préparatoire À chaque fois, après x temps, il tombait malade... en + durée quantifiée

autre phase préparatoire Après x temps, il tomba malade

en cours - na na

à+circonstanciel ponctuel

autre inchoatif Il tomba malade…

Tableau 10 – Les états contingents : conflits et résolutions

ACTIVITÉ : nager

compatibilité résolution paraphrase possible

en cours + na na

être en train de +SV

autre - na na

en cours itératif À chaque fois, il nage pendant x temps

pendant+durée quantifiée autres

+ na na

en cours itératif À chaque fois, il nage pendant la nuit

pendant+durée non quantifiée autre

+ na na

en cours - na na

en + durée quantifiée

autre phase préparatoire Après x temps, il est parvenu à nager en cours itératif À chaque fois, il nage à midi

à+circonstanciel ponctuel autre

+ na na

ACCOMPLISSEMENT :lire un poème

compatibilité résolution paraphrase possible

en cours + na na

être en train de +SV autre

- na na

en cours itératif+interruption À chaque fois, il lit un poème pendant x temps

et s’interrompt pendant+durée quantifiée

autres + na na

en cours itératif À chaque fois, il lit un poème pendant la nuit

pendant+durée non quantifiée autre

+ na na

en cours itératif À chaque fois, il lit un poème en x temps

en + durée quantifiée autre

+ na na

en cours itératif À chaque fois, il lit un poème à midi

à+circonstanciel ponctuel autre

+ na na

Tableau 12 – Les accomplissements : conflits et résolutions

RÉALISATION INSTANTANÉE :allumer le gaz

compatibilité résolution paraphrase possible

en cours dilatation (Après un instant, le gaz sera allumé) être en train de +SV autre

- na na

en cours itératif+état résultant (si

réversible) À chaque fois, le gaz reste allumé pendant x temps pendant+durée quantifiée autres état résultant (si

réversible) Le gaz est resté allumé pendant x temps

en cours itératif À chaque fois, le gaz reste allumé pendant la

nuit pendant+durée non quantifiée

autre + na na

en cours itératif+phase

préparatoire À chaque fois, il parvient à allumer le gaz en x temps en + durée quantifiée

autre + na na

en cours itératif À chaque fois, il allume le gaz à midi

à+circonstanciel ponctuel autre

+ na na

Tableau 13 – Les réalisations instantanées : conflits et résolutions

Malgré leur intérêt, ces tableaux, synthétiques, ne donnent qu’un aperçu partiel de la question. En effet, outre les interférences engendrées par le type d’aspect grammatical, la position du circonstanciel, la quantification ou non de la durée, etc., se pose également la question de la composition intrinsèque des syntagmes verbaux et nominaux de l’ensemble de la proposition. Ainsi DOWTY

(1986/2005, 335) souligne-t-il l’influence du pluriel tant dans le prédicat que dans le sujet :

[184] John noticed the rare seashell on the beach. (réalisation instantanée) [185] John noticed rare seashells on the beach. (activité)

[186] Tourists noticed the rare seashell/rare seashells on the beach. (activité) En [184] l’utilisation de « the » dans le syntagme nominal objet « the rare seashell » circonscrit une quantité finie et rend le procès télique. En revanche, en [185] l’absence d’article renvoie à une quantité indéterminée ne pouvant déboucher sur une délimitation temporelle du procès et le rendant donc atélique. En [186], l’absence de borne provient de l’incertitude quantitative du syntagme nominal sujet « Tourists » (voir également WILMET 1997, 317-318).

3.7 L’

INFLUENCE DES DÉTERMINANTS SUR LE TYPE DE PROCÈS 3.7.1 LE DÉTERMINANT DU SYNTAGME NOMINAL OBJET

Cette question ne touche évidemment pas la totalité des verbes français puisqu’un grand nombre d’entre eux n’admettent aucun syntagme nominal objet. C’est normalement le cas des verbes traduisant un état, dont la plupart se composent d’une copule suivie d’un adjectif : être blanc, maigrichon, hagard, irrévérencieux, etc.

Comme le remarque PUSTEJOVSKY (1991/2005, 35), les états se distinguent de tous les autres modes de procès par leur homogénéité45. Il est