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a Les terrains de petite agriculture familiale : la situation de deux expériences phares du PD-A phares du PD-A

Chapitre III Les stratégies de développement durable en Amazonie brésilienne brésilienne

III.I. a La recherche d’un nouveau modèle de développement socioéconomique : une question aux multiples facettes question aux multiples facettes

III.2. a Les terrains de petite agriculture familiale : la situation de deux expériences phares du PD-A phares du PD-A

En matière de paysannerie, l’objectif affiché par le PPG-7 et les mouvements socio-environnementaux était de mettre en place « un modèle agricole écologiquement soutenable,

économiquement viable, socialement juste et culturellement acceptable » (extrait du projet PD-A

n° 98c ayant conduit à la création de la COOPER). Cela montre que les producteurs sont prêts à faire des concessions sur certaines de leurs pratiques non-écologiques mais ils restent des agriculteurs, non pas des « jardiniers de la nature » selon l’expression consacrée. La production agricole, qu’elle soit à des fins vivrières ou commerciales, demeure pour eux la clé de la durabilité. Cela se ressent particulièrement dans la nature des projets mis en place dans l’APA do Igarapé Gelado (municipe de Paraupebas, Pará) ainsi que dans les lotissements agraires de Palmares et Margarida Alves (municipe de Nova União, Rondônia)

Rondônia versus Sudeste Paraense : quelles différences contextuelles ?

Traditionnellement, les fronts pionniers du Rondônia et du Pará sont distingués en raison de la nature de leur peuplement : une majorité de gaúchos et sulistas dans la première région et de nordestins dans la seconde (Aubertin, 1990 ; Coy, 1996, Ribeiro, 1997 ; Silva Tobias et al., 2002). Ainsi, à l’instar de Bret (2002) qui considère que « la société inégalitaire du Brésil peuplé

255 Les différents rapports sont disponibles à l’adresse Internet :

http://halshs.archives-ouvertes.fr/view_by_stamp.php?halsid=r3i5pkc9aunbqc4l1qie8rtdb5&label=DURAMAZ&langue=fr&action_todo=b rowse_byLast&orderby=ordre_date&submit=1&begin_at=0

256 Une synthèse a également été rédigée collectivement sur la COOPER, se référer en bibliographie à

Marchand et al., 2007.

257 Pour la RDS Tupé, le plan de gestion rédigé par la Secrétariat Municipal de l’environnement de la mairie de

s’est projetée dans le Brésil vide », l’origine des colons est souvent présentée comme un facteur

explicatif des différences régionales en matière de développement humain. Cela reviendrait à dire que les migrants originaires du Sud, plus organisés et capitalisés que les nordestins parviendraient plus facilement à subvenir à leurs besoins dans les zones pionnières. Si les statistiques régionales semblent aller dans ce sens (cf. les IDH municipaux dans la planche n°3), les observations réalisées dans ces deux terrains tendent à relativiser cette idée. Cela est notamment imputable aux efforts réalisés dans la région de Parauapebas pour améliorer les conditions d’existence de la petite paysannerie, nous y reviendrons lors de l’interprétation des résultats d’IDURAMAZ.

Mis à part ces différences dans l’origine des producteurs, les trajectoires pionnières sont significativement les mêmes. Les histoires de vie contées par nos interlocuteurs présentent de nombreuses ressemblances. Eux ou leurs parents ont été attirés par les projets de colonisation agraire issus de l’époque développementiste : le Projet Intégré de Colonisation à Ouro Preto d’Oeste (1970), la création du POLOAMAZÔNIA (1974) et du projet « Grand Carajás258 » (1980’s) à Parauapebas. Ceux qui n’ont pu être installés dans des lotissements officiels259, ce sont alors lancés dans des mouvements de sans-terres plus ou moins bien constitués afin d’obtenir un lopin260. Les deux communautés étudiées sont issues de ce genre de revendications foncières.

L’APA do Igarapé Geldo est le résultat de l’occupation d’une partie de la concession minière de la CVRD. L’entreprise qui cherchait justement à l’époque un moyen de la protéger et de s’acheter une conduite sur le plan environnemental261

258 Des lotissements agraires sous l’autorité du GETAT (Grupo Executivo das Terras do Araguaia-Tocantins),

étaient prévus dans ce programme. Ceux-ci avaient pour objectif de pacifier la région suite aux importants conflits fonciers mais aussi à cause de la guérilla communiste ayant eu cours pendant près de 3 ans (1972-1975).

rentre en tractation avec l’IBAMA pour créer une mosaïque d’unités de conservation. La « citadelle verte » de Carajás est mise en place à la fin des années 1980, soit 760 00 ha d’aires protégées regroupant une REBIO, deux FLONA (où tout est interdit sauf l’exploitation de minerais) et une APA destinée à accueillir les occupants et leurs familles. Celle-ci fait 22 000 ha dont seulement la moitié est ouverte aux usages agricoles, le reste étant attribué à des réserves communautaires pour protéger la forêt ombrophile ouverte sub-montagnarde (décret n° 97718 du 5 mai 1989). Ce type d’unité de conservation d’usage durable avait pour objectif de faire office de tampon entre les zones de colonisation traditionnelles (au nord) et les zones de réserves (au sud). Le statut d’APA sauve les occupants de l’expulsion mais ne satisfait qu’imparfaitement leur demande. Il est en effet plus contraignant qu’un PA classique notamment en ce qui concerne les abattis/brûlis et l’exploitation des ressources naturelles (Rodrigues et al., 2003 ; Dumora, 2006). Environ 120 familles y vivent aujourd’hui.

259 Rappelons que le taux de variation de la population rurale enregistré entre 1970 et 1980 était de l’ordre de

370% en Rondônia (Léna, 1992). Aux flux de colons exogènes sont venus s’adjoindre ceux des enfants issus des vagues antérieures de migration. Les lots étant trop petits pour des familles encore nombreuses, les enfants devenus adultes n’avaient d’autres solutions que le départ. Sans formation, la plupart d’entre eux ne pouvaient travailler en dehors du secteur agricole.

260 Pour rappel, l’antenne rondoniense du MST est créée en 1984, celle du Pará au début des années 1990.

261 Afin de se disculper des dégradations environnementales inhérentes à l’ouverture de la mine, la Banque

Mondiale et la CEE, qui avaient financé près d’un quart du projet, avait demandé à la CVRD de les compenser. Les remontrances à l’époque concernaient les déforestations directement imputables aux structures de la CVRD (excavation, ligne ferroviaire Marabá/São Luis do Maranhão) ainsi que l’utilisation massive de charbon de bois pour alimenter ses fourneaux (Droulers, 2004).

Les lotissements agraires Palmares et Margarida Alves sont issus de la libération d’une ancienne fazenda jugée improductive. Le PA Palmares a été délimité officiellement en 1997 (9 800 ha), pour y installer environ 320 familles (moyenne des lots 25 ha). Alors que le processus de démarcation était en cours, d’autres sans-terres, souvent des proches ou des compagnons de campement des habitants de Palmares, se lancent dans l’invasion de la deuxième partie de la

fazenda restée à son ancien propriétaire. Palmares sert de base d’appui au nouveau campement

et la terre occupée est rapidement transformée en un nouveau lotissement, Margarida Alves. Celui-ci est officiellement démarqué en 1998 pour abriter environ 250 familles sur 11 900 ha dont la moitié est également mise en réserve forestière262. À cause de son statut relativement flou et l’absence de contrôle de la part de l’INCRA, cette réserve a subi par le passé des assauts répétés de sans-terres conduisant à la dégradation de près de 1 000 ha de végétation (Oliveira et Bursztyn, 2004). Pour Palmares, en raison du taux important de déforestation lors de la démarcation, il était impossible de mettre en place une réserve en bloc. Seul des espaces remarquables entrant dans le cadre des APP ont été protégés, le reste pouvait être entièrement déboisé. L’INCRA avait prévu de compenser cette absence par la délimitation d’une réserve forestière dans la région d’Ariquemes équivalente à la taille du PA Palmares. Ce que l’IBAMA a refusé au nom de la révision 2001 du Code Forestier (obligation de compenser dans le même bassin hydrographique). À cause de cela, ce PA est actuellement en totale violation des lois environnementales.

Deux spirales de la durabilité aux destinées dissemblables mais construites sur les mêmes bases

Au cours de leur histoire, ces deux communautés ont remis en question le système agro-pastoral conventionnel et ont cherché à renouer avec des modes de production paysans, plus diversifiés, plus écologiques et surtout moins dispendieux en ressources naturelles. Ce qui a donné naissance aux premières expériences alternatives. Dans ces deux terrains, les communautés ont pris le parti d’intervenir en aval, afin de faire évoluer les consciences et améliorer le niveau de vie des populations. Il s’agissait de mettre en place des structures de transformation et de commercialisation pour des productions plus vertes afin d’inciter les petits producteurs à les renforcer ou les essayer.

L’Association de l’APA do Igarapé Gelado est ainsi à l’origine de la création de la COOPER, coopérative mise en place en 1997 avec deux autres regroupements de producteurs de la région263

262 Ces deux lotissements agraires sont traités comme une seule et même communauté pour plusieurs raisons :

. L’objectif ici était de stimuler la production de fruits régionaux dans des SAF

- La première est historique puisque bon nombre de familles de l’un ou de l’autre PA ont commencé à se

fréquenter dans les différents campements de la région se renseignant les unes les autres sur les opportunités d’obtenir une terre dans un endroit x ou y… La conquête de Margarida Alves est directement liée à celle de Palmares.

- La seconde est sociale car les liens de parenté ou d’amitié sont nombreux entre les deux PA. Les deux

écoles pôles acceptent indifféremment des élèves venant de l’un ou de l’autre lotissement et lors des différentes mobilisations sociales, les deux associations locales font bien souvent front commun.

- La troisième est socio-environnementale puisque de nombreux projets communs de développement

durable ont concerné ou concernent encore les deux lotissements agraires (le PROAMBIENTE, l’APA, le Projet Padre Ezequiel, les micro-industries du MPA/MST).

263 L’ASCOOPAR (Association des cantines communautaires de Parauapebas et de sa région) regroupant des

familles des lotissements CEDERE I et II et l’APPGA (Association des Petits Producteurs de la Gleba Ampulheta) pour la Colonie Paulo Fontelles, zone de colonisation mitoyenne de l’APA.

(cupuaçu, cajá notamment264) ou par l’extractivisme (açaí). La COOPER reçoit deux fois l’appui du PD-A, en 2001 et en 2006, pour accroître ces installations (machinerie, bâtiments, véhicules) et lui donner une assise régionale (affiliation d’autres coopératives de la région, voir figure n° 19). Parallèlement à cela, un troisième financement du PPG-7 a été accordé pour consolider le réseau solidaire de coopératives fruitières baptisé FECAT265 dont la COOPER est l’une des chevilles ouvrières. Environ 5% des agriculteurs de Parauapebas vivant en lotissement de réforme agraire ont déjà eu recours à la COOPER266. L’APA do Igarapé Gelado possède la plus forte concentration d’affiliés à la COOPER (24 sur un total de 69 personnes) et de vendeurs occasionnels. Afin de récompenser leurs efforts et s’assurer un approvisionnement encore plus important, la COOPER a mis en place avec eux un projet PADEQ destiné à : réduire les brûlis de réforme par l’usage du labours (mécanisé), développer l’apiculture et les SAF, stimuler l’extractivisme non-ligneux. Ce projet établi en 2005 pour 25 personnes a progressivement étendu ses bénéfices au reste de la communauté : la municipalité et la CVRD ont aidé à l’établissement de structures collectives (pépinière, unité mellifère) ainsi qu’à la mécanisation gratuite des terres. Le même noyau dur de producteurs a servi à une expérience pilote de plantation d’acayers entièrement financé par la CVRD267 pour se racheter de l’ennoiement d’une partie de la réserve communautaire (cf. III.1.b). Expérience que la COOPER et le Secrétariat Municipal de l’agriculture (SEMPROR) souhaitent voir étendue à d’autres lotissements agraires de la région. Petit à petit, la COOPER a su mettre en place des partenariats puissants avec d’autres acteurs pour arriver à perdurer et aider au développement de la paysannerie régionale. Les liens avec la municipalité sont de prime importance. Celle-ci constitue actuellement le principal débouché commercial de la coopérative, ce qui la fragilise quelque peu. Toutefois son engagement vis-à-vis de l’agriculture paysanne est palpable, que ce soit au travers des mécanisations gratuites pour la réforme de pâtures dégradées, l’aide au reboisement (dons de semences) mais surtout l’acheminement gratuit des producteurs sur les marchés municipaux. Cela est inhérent au fait que les membres les plus actifs de la COOPER occupent aujourd’hui des postes à responsabilité au niveau municipal. La situation de l’APA do Igarapé Gelado est un très bon exemple d’une spirale de la durabilité qui perdure, la synergie des acteurs étant tangible. Elle connaît toutefois quelques difficultés. Comme les projets socio-environnementaux concernent peu ou prou que les membres de la COOPER et leurs amis proches, certaines voix s’élèvent au sein de l’APROAPA268 pour dénoncer ce favoritisme. La CVRD a d’ores et déjà trouvé une solution en proposant le tirage au sort pour ces futurs projets piscicoles. Mais la reconduction des expériences existantes (PADEQ, projet açaí) est questionnée par le reste de la communauté tant qu’elles ne profiteront pas directement à plus de personnes.

264 Respectivement Theobroma grandifolium et Spondias mombin.

265 Fédération des Coopératives de l’Araguaia-Tocantins.

266 Estimation de l’ex-président de l’Agence Régionale de Commercialisation du Sud-Est du Pará, entretien

réalisé en juillet 2007

267 Ce projet, initié en 2006 et prévu sur trois ans, coûte à la CVRD la modique somme de 120 000 € par an pour

un groupe de 28 personnes, soit le double du PADEQ pour un groupe de bénéficiaires équivalent. Cela s’explique par le fait que la CVRD prend en charge l’intégralité des fournitures et des coûts de fonctionnement de l’implantation. Ce qui inclut le matériel (clôtures, plants, engrais…), l’assistance technique et des défraiements destinés aux producteurs pour les jours passé à s’occuper des plantations. La COOPER s’engage pour sa part à acheter intégralement la production.

Figure n° 19 La COOPER au cœur d’un réseau de coopératives de portée micro et macro-régionale

Lors de leurs démarcations, les PA Palmares et Margarida Alves ont accueilli dans leurs rangs plusieurs des membres fondateurs de l’Association des Producteurs Alternatifs d’Ouro Preto d’Oeste (Apa-OP). Groupe qui menait depuis le début des années 1990 un travail autour de l’apiculture et de l’agriculture écologique. Ce noyau dur réussit à susciter des vocations chez leurs nouveaux voisins (environ une soixantaine de familles) au moment où le premier projet PPG-7 est accepté (1997). Celui-ci, reconduit en 2001, poursuivait le même objectif que la COOPER, la commercialisation des produits alternatifs : le miel269, les cœurs de palmier Pupunha (Bactris gasipaes) et les fruits amazoniens (transformés en liqueurs et confiseries) Comme évoqué précédemment, l’Apa-OP a initié un effet d’entraînement dans ces deux PA en réussissant à les intégrer à des programmes socio-environnementaux comme le PROAMBIENTE ou le PROMANEJO pour la gestion forestière de la réserve de Margarida Alves. Or, sa faillite, en 2008, a fait voler en éclat cette dynamique. De nouveaux acteurs et associations essaient de reprendre le flambeau mais en dehors des expériences développées autour de l’agroécologie (Padre Ezequiel, Terra Sem Males270

269 À noter que, dans les deux cas, les ateliers d’apiculture ont été montés avec des abeilles africanisées (Apis

mellifera scutellata) et non avec des espèces endogènes (du genre apis ou meliponae) dont le miel est pourtant

prisé. L’apiculture est souvent vue comme un moyen de sensibiliser les producteurs aux questions de biodiversité animale, or, en misant sur des espèces européennes ou africaines plutôt que sur la très grande variété d’espèces endogènes les projets du PPG-7 semblent se contredire. Par chance, les abeilles africanisées, très agressives, ne concurrencent pas les espèces mélipones locales habituées à faire face à des prédateurs plus redoutables. Pourtant, celles-ci continuent de disparaître massivement à cause des activités anthropiques (Kerr et al., 2001).

) la succession n’est pas vraiment assurée. Les projets de micro-industries agroalimentaires destinées aux productions paysannes peinent à aboutir (le

270 « Terre sans maux ». Projet développé par la CPT en étroite collaboration avec l’ONG Padre Ezequiel. Il est

spécifiquement tourné vers l’agroécologie. Les expériences mises en œuvre sont le fruit d’un dialogue entre des producteurs et des agronomes, l’objectif étant de les faire valider d’un point de vue technique et scientifique pour en assurer la diffusion.

MST, le MPA ainsi que les associations locales oeuvrent dans ce sens). Le PROAMBIENTE est toujours arrêté mais a trouvé un repreneur pour son exécution : l’association dirigeant l’école familiale rurale de Ji-Paraná. Le nouveau Plan de Développement Durable du Pôle d’Ouro Preto d’Oeste est ouvert à la consultation publique. Comme la nouvelle équipe considère que l’expérience des PSE n’a pas été concluante, ce qui est somme toute logique puisqu’elle n’a jamais été vraiment mise en œuvre, elle veut accentuer la partie production. Il y a de fortes chances que la saveur environnementale du programme s’estompe pour devenir un PRONAF bis

repetita. Le PROMANEJO a également trouvé un repreneur, l’association des producteurs de

Margarida Alves, mais souffre de graves problèmes d’exécution271. L’IBAMA bloque notamment le processus considérant que la réserve communautaire ne pourra être exploitée tant que les agriculteurs n’auront pas reboisé leurs APP et créé un plan de récupération des zones forestières dégradées par les différentes invasions. Comme le PROMANEJO est loin de faire l’unanimité auprès de la population du PA, qui préfèrerait voir les sommes disponibles être investies dans la production agricole plutôt que dans la gestion forestière, il a de fortes chances de disparaître si ces problèmes ne sont pas rapidement résolus.

Les rouages-clés de la durabilité paysanne tels qu’ils sont formulés par les projets

Sur le plan socio-économique, tous les acteurs rencontrés dans le Pará et le Rondônia soulignent les bienfaits de la production paysanne. La diversification de la production est perçue comme un moyen d’améliorer non seulement l’économie mais également la subsistance. Les mouvements sociaux agricoles du Rondônia insistent davantage sur les bienfaits de l’autoconsommation que dans le Pará. Ils considèrent que les cultures vivrières ont des avantages économiques (autant de dépenses en moins) mais aussi sanitaires : une alimentation saine et diversifiée est un premier pas vers le bien-être des populations. Le développement d’une économie solidaire fait également l’unanimité. Il y a plusieurs manière de l’appliquer. La COOPER, par exemple, considère qu’elle ne doit pas fonctionner dans une stricte logique capitaliste. Ainsi, même si cette structure ne parvient jamais à vendre tout son stock, 90,3% et 88,3% de vente sur les années 2005-2006, elle promeut l’achat à perte des fruits pour encourager les producteurs de la région à poursuivre leurs efforts. Un autre pan de ce type d’économie consiste à mettre en place un système d’aide mutuelle avec d’autres structures semblables afin de limiter les aléas de production (surproduction, problèmes d’approvisionnement ou de trésorerie). Ce que la COOPER a réussi à faire au sein de la FECAT mais pas l’Apa-OP272

271 Ce projet était initialement prévu avec un budget de 240 000 R$. Outre la formation de 14 agents forestiers

issus de la communauté et la réalisation préalable du plan de gestion par des ingénieurs qualifiés, cette somme devait également servir à la création d’une scierie mobile afin de vendre le bois au meilleur prix et ne plus être dépendant des madeireiros. Les bénéfices tirés de la vente du bois, moins les coûts de fonctionnement et de renouvellement du matériel, devaient ensuite être redistribués équitablement entre les membres de la communauté soit une somme de 250R$/mois/famille selon une estimation du président de l’association de Margarida Alves. L’association locale a hérité d’un projet pilote prévu seulement pour 500 ha sur les 5000 que compte la réserve. Elle cherche encore des partenaires notamment dans le monde scientifique (université de Porto Velho) et technique (ingénieurs forestiers) pour l’élaboration d’un plan de gestion définitif à moindre coût.

. Enfin, dernier point autour duquel la notion de commerce solidaire est ancrée, la valorisation des productions paysannes dans des niches de marché plus lucratives. Ceci afin de faire reconnaître leur plus-value sociale, culturelle ou environnementale. L’Apa-Op

272 L’Apa-OP avait essayé de tisser ce genre de liens avec les producteurs du RECA (Resflorestamento

Econômico Consorciado Adensado ou Reboisement agroforestier dense à des fins économiques). Lorsque

l’Apa-OP ne parvenait pas à fournir suffisamment de cœurs de palmier à ses partenaires commerciaux, le manque était comblé par le RECA. Ce partenariat n’a duré qu’un temps et n’a pas permis de la sauver de la banqueroute.

avait ainsi obtenu la certification écologique participative en 2003 et vendait une partie de sa production dans le commerce équitable via l’entreprise Alter Eco. Ses successeurs tentent de mettre en place des mécanismes similaires. La dimension écologique n’est pas toujours présente, l’idée de labélisation concerne parfois seulement l’aspect familial, artisanal ou paysan. La COOPER essaye également de rétribuer de manière juste les producteurs. Les tarifs sont

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