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a) Les tensions entre les identités pré-définies : les Noirs et les Blancs

Évoqué très souvent dans le blog d'Ifemelu, le poids culturel de la couleur de peau a une importance capitale dans Americanah :

“The only reason you say race was not an issue because you wish it was not. We all wish it was not. But it's a lie. I came from a country where race was not an issue ; I did not think of myself as black and I only became black when I came to America.(...)” (A : 290)

Ifemelu se découvre aux États-Unis une identité doublement différente de la majorité blanche, puisqu'elle est africaine et noire. Cette double mise en perspective du personnage-focalisateur a son origine dans le ressenti d'Adichie elle-même qui confie, lors de nombreux entretiens, avoir eu la même expérience au début de ses séjours aux États-Unis221. L'utilisation des verbes être et devenir (« be » et « become ») est ici significative dans la mesure où ils font partie d'un processus d'auto-identification qui est, paradoxalement, opéré par les autres. Une grande partie du roman Americanah est centrée sur la construction de soi par soi-même, après avoir subi des identités imposées et qui ne sont pas en accord avec le ressenti profond de la protagoniste.

221 « When I get off the plane in Lagos, I completely forget that I'm Black. When I get off the plane in Atlanta, race is so present. ». L'auteure définit ensuite cette obligation de prendre en compte le facteur racial comme une source d'épuisement mental (« source of mental exhaustion ») (interview avec Chimamanda Ngozi Adichie, TimesTalk : Chimamanda Ngozi Adichie, 4 mai 2017, 39'32, disponible sur

La différence entre ce que l'on pense être et l'image de soi renvoyée par les autres a été amplement analysée dans le cadre du mouvement de la Négritude dans les années 1950 et 1960 en France, qui crée une identité panafricaine culturelle et spirituelle fondée sur la couleur de peau noire. Dans Le discours sur la Négritude, Césaire théorise la négritude en tant qu'identité que l'on pourrait associer au terme anglais Blackness, tel qu'il apparaît dans l'expérience américaine d'Ifemelu dans Americanah comme la découverte de sa « négritude » :

La Négritude, à mes yeux, n'est pas une philosophie. La Négritude n'est pas une métaphysique. (…)

C'est une manière de vivre l'histoire dans l'histoire.222

Elle est sursaut, et sursaut de dignité.

Elle est refus, je veux dire refus d'oppression.

Elle est combat, c'est-à-dire combat contre l'inégalité.

Elle est aussi révolte (…) contre ce que j’appellerai le réductionnisme européen.223

Césaire oppose clairement ici deux modes d’être dans le monde, deux manières de vivre et de s'approprier un mode de vie dans l'Histoire. Il fait référence à une opposition historique entre les Blancs oppresseurs, colonisateurs et les Noirs colonisés. À certaines époques historiques, comme l'esclavage ou la ségrégation raciale aux États-Unis, affirmer une identité fondée sur la couleur de peau noire a été une question d'affirmation sociale et politique, ainsi qu'une demande de reconnaissance des droits et de l'égalité de cette communauté. Au fond, il s'agit de la création d'un cadre social et politique pour que cette communauté puisse exister pleinement et dignement dans une structure plus vaste, une nation ou un continent, aux yeux des communautés blanches comme des déclinaisons de la figure de l'Autre.

Néanmoins, bien que l'auteur le rejette, le terme « philosophie » employé par Césaire rappelle l'idée de démarche dynamique, parcours et devenir, à l'instar de la « philosophie de l'hybridité et des métissages » de Michel Serres évoquée dans l'introduction, associé au terme d'identité dans toute sa diversité et multiplicité. La Négritude est aussi une philosophie dans la mesure où toute identité et toute expérience identitaire représentent également des parcours, des manières d’être dans le monde autant que dans et avec soi-même.

Césaire associe la Négritude à une identité à part entière224 et met en avant l'expérience des

222 Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme suivi de Discours sur la Négritude, Paris, Présence Africaine, 1955 ; 2004, p. 82.

223 Ibid., p. 84.

Noirs américains comme la première et l'essentielle expérience de la Négritude. Toutefois, l'auteur souligne une différence entre « appartenance ethnique » (« ethnicity ») et identité (« identity »): « ethnicity » renvoie à l'appartenance raciale, l'enracinement dans une communauté bien définie, tandis que le terme d'identité s'adresse à ce qu'il y a de plus intime en soi225. Il est question dans le discours de Césaire, comme dans certaines nouvelles du recueil The Thing Around Your Neck et dans Americanah, d'une écriture à l'image un parcours de découverte de ce noyau dur du soi qui se positionne nécessairement en fonction de l'autre (ici, l'autre racial), à savoir aussi l'autre social et culturel.

Si l'appartenance d'Ifemelu à l'identité africaine et nigériane semble évidente, elle découvre littéralement qu'elle est noire car cette identification a un poids culturel et historique important aux États-Unis compte tenu du passé esclavagiste long de trois cents ans et des politiques raciales ségrégationnistes et discriminatoires qui ont succédé entre 1865 et 1964. Selon le journaliste et écrivain américain Ta-Nehisi Coates, la création de la race est une composante de séparation entre deux communautés. En affirmant que « la race naît du racisme, et non le contraire»226 (affirmation qui fait écho au blog d'Ifemelu dans Americanah : « Race matters because of racism. », A : 337), Coates conclut que l'identité raciale elle-même est une invention socioculturelle, comme le dit Ifemelu: « Race is not biology, it is sociology. » (A : 337). Par exemple, la protagoniste parle de sa négritude (« blackness », A : 331) et devient elle-même « une sœur » pour les autres (« a sister », A : 311), ce qui signifie qu'elle est intégrée à la communauté culturelle noire-américaine, donc à une manière d'exister dans la société américaine différente de celle des Blancs.

Cette attitude d'Ifemelu vient en réaction à une identité culturelle imposée que les Noirs subissent en général car la couleur de peau noire est associée à la pauvreté, au déclassement et au passé esclavagiste : « [Race] is decided for you. » (A : 290). Inversement, Coates dit au sujet de certaines personnes de la communauté blanche qu'elles « se croient blanches » ou qu'elles ont été « éduquées pour être blanches »227. Il s'agit, donc, d'une construction de la communauté blanche qui fonde le mythe du Rêve américain, dont la communauté noire ne fait pas partie. Par opposition, la négritude transcende les frontières de la couleur de peau et désigne plutôt une catégorie sociale et

différence, comme mémoire, comme fidélité et comme solidarité. » (Ibid., p. 83).

225 « Je dirais donc non pas ethnicity, mais identity (identité), et qui désigne bien ce qu'il désigne : ce qui est fondamental, ce sur quoi tout le reste s'édifie et peut s'édifier : le noyau dur et irréductible ; ce qui donne à un homme, à une culture, à une civilisation sa tournure propre, son style et son irréductible singularité. » (Ibid., p. 89).

226 Coates, op.cit., p. 23.

un mode d'identification par l'autre, blanc, comme l'affirmait déjà William Faulkner dans The Sound and the Fury228.

Dans Americanah, cette manière réductrice d'identifier l'autre à travers sa couleur de peau est déconstruite à travers les expériences d'Ifemelu : être Noire équivaut à une identité et une existence à part entière aux yeux de certains Américains blancs. De manière plus générale, la couleur de peau devient un critère de définition de la communauté noire, alors qu'il n'en est pas de même pour la communauté blanche. À travers son blog sont dénoncés beaucoup de stéréotypes sociaux et langagiers. Par exemple, lorsqu'elle critique les comportements racistes de certains Américains (« The manifestations of racism have changed, but the language has not. », A : 315), Ifemelu pointe du doigt une réalité dont le poids historique, culturel, politique et social pèse toujours très lourd aux États-Unis : « 'Racially charged' means we are uncomfortable saying 'racist. » (A : 351). Ce constat reflète, encore une fois, celui d'Adichie elle-même qui affirme dans plusieurs interviews que la race est encore très présente dans l'esprit des Américains et qu'elle constitue le sujet le plus controversé dans le pays229.

Toutefois, si la couleur de peau mène à une identification imposée à la communauté noire, l'objectif de cette identité ainsi créée et qui transcende les cultures est, selon Stuart Hall, de « défendre le droit à la représentation pour modifier les “relations de représentation” »230. Ce dernier concept équivaut à un type de positionnement et à une manière d'identification qui doit être revendiquée car elle a trop souvent été confisquée par l'autre. Pour Hall, identifier signifie représenter et conduit ainsi à un positionnement par rapport à l'autre et à soi-même. Changer ce positionnement revient à devenir acteur de sa propre construction identitaire.

De manière générale, la communauté noire-américaine s'est retrouvée au centre de ce processus de représentation et d'identification qui a donné lieu au fil du temps à une double identité due à une double appartenance culturelle et historique, noire et américaine. Dans son ouvrage célèbre The Soul of Black Folk, W. E. B. DuBois l'analyse comme une dualité sociale et culturelle qui génère une dualité identitaire :

228 « A nigger is not a person so much as a form of behaviour : a sort of obverse reflection of the white people he lives among. » (William Faulkner, The Sound and the Fury, London, Chetto and Windus, 1961, p. 84).

229 « Race is America's original sin. (...) Race is the organizing principle of American history, of American life, and it's the one thing Americans are most uncomfortable about. » (interview avec Chimamanda Ngozi Adichie, Chimamanda Ngozi Adichie-Americanah-International Author's Stage, 20 mai 2014, 2'03-2'43, disponible sur https://www.youtube.com/watch?v=b8r-dP9NqX8 , consulté le 24 mai 2016).

230 Stuart Hall, « Diaspora culturelle et identité », Identités et cultures, ed. Maxime Cervulle, trad. Christophe Jacquet, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 204.

It is a peculiar sensation, this colour-consciousness, this sense of always looking at one's self through the eyes of others, of measuring one's soul by the tape of a world that looks on it with amused contempt and pity. One ever feels his twoness... The history of the American Negro is the history of a strife to merge his double self into a truer and better self.231

Cette double conscience (« double consciousness »232) dont parle DuBois est très présente dans Americanah. Avant de se positionner, Ifemelu sent le poids de la double appartenance des Noirs, conséquence du regard de certains Blancs américains, qui conduit nécessairement à des crises identitaires. DuBois l'affirme à travers le terme « strife », qui indique le conflit intérieur qui accompagne ce devenir, conflit dont on s'efforce de se libérer en laissant de côté le regard extérieur qui le conditionne.

Dans Americanah, cette libération se fait surtout par le biais de la voix littéraire, à savoir à travers le blog d'Ifemelu. Le filtre de la littérature a été un important véhicule de la construction du soi, comme pour Ottobah Cugoano, auteur afro-américain du XVIIIe siècle dont parle Roxann Wheeler dans son article « Betrayed by Some of My Own Complexion » en affirmant que l'auteur considère la couleur de peau comme un facteur de construction identitaire233. La question de l'identification à des stéréotypes blancs par les écrivains afro-américains, parfois d'anciens esclaves, du XVIIIe siècle est ainsi remise en cause. En effet, il s'agit donc de création et non de mimétisme d'un modèle, à savoir du modèle dominant de la société majoritairement blanche. Finalement, ce que recherchent des auteurs comme Olaudah Equiano234, est surtout un moyen de se créer en tant que sujet parlant235. Il s'agit pour eux de retracer un parcours littéraire qui traduit une construction identitaire non dépourvue de tensions et de violence, car le terme « struggle » rappelle, d'ailleurs, le mot « strife » cité auparavant dans la citation de DuBois.

231 W. E. B. DuBois, The Soul of Black Folk, New York, American Library, (1903), 1982, cité dans Felicity Nussbaum, « Being a Man », eds. Caretta, Vincent et Gould, Philip. Genius in Bondage: Literature of the Early

Black Atlantic. Kentucky, University Press of Kentucky, 2001, p. 56.

232 Ibid., p. 56.

233 « [He] gives skin colour (…) a volatile place in contemporary discourse (…) from the superficial and the inconsequential to the very fabric of identity » ( Roxann Wheeler, « Betrayed by Some of My Own Complexion », Caretta et Gould eds., Genius, p. 34.).

234 Olaudah Equiano est un ancien esclave yoruba contemporain d'Ottobah Cugoano ayant vécu aux États-Unis et en Grande-Bretagne, et auteur de l'autobiographie The Interesting Narrative of the Life of Olaudah

Equiano, or Gustavus Vassa the African, Written by Himself publiée d'abord en 1789, puis en 1791.

235 « the struggle to form a consistent identity as a black man » (Felicity Nussbaum, « Being a Man », Caretta et Gould eds., Genius, p. 56.).

La quête identitaire souvent laborieuse et pénible est visible à travers les efforts que met Ifemelu dans son blog afin de lutter contre les identifications « toutes prêtes » dont les Noirs sont le plus souvent les victimes, qui équivaut à une standardisation des représentations de l'autre. Comme Equiano ou Cugoano, Ifemelu mène un combat pour l'affirmation de soi en tant que sujet. Cependant, ce combat est d'autant plus difficile que la nature-même de l'identité est instable et changeante. Hazel Carby affirme à ce sujet: «Identities are negociated not hermetically and in isolation, but in relation to others… and… those identities shore up, respond to, and react against the cultures that the operating individuals identify with and against »236. Il est question d'une perpétuelle négociation de l'identité surtout pour les personnages noirs, souvent en terre étrangère, en contact avec des Blancs. De plus, il y a dans cette citation l’idée d'une adaptation de l'identité des personnages en fonction de l'endroit où ils vont, des chocs culturels qu'ils subissent et des rencontres qu'ils font, le tout ayant des conséquences importantes sur leur identité.

De plus, l'expression « respond and react » met en évidence l'importance de l'autre dans la construction de soi. L'identité apparaît comme un effet de la confrontation d'entités, de formes, de corps, de relations contradictoires, comme cela apparaît dans l'ouvrage History / Stories of India qui analyse l'importance des récits dans la construction de l'identité indienne :

Identities are always relational and incomplete, in process. Any identity depends upon its difference from, its negation of some other term, even as the identity of the latter term depends upon its difference from, its negation of the former.237

Identity is always a temporary and unstable effect of relations which define identities by making differences.238

La construction de l'autre racial, social ou culturel et de la différence est l'équivalent d'une réaction à ce que Tshiala et Bieri appellent « [un] changement indésiré »239 qui vient en général de l'extérieur, l'expression d'un facteur ou d'un regroupement de facteurs, perçu(s) comme intrusifs. La découverte par Ifemelu de sa négritude peu après son arrivée aux États-Unis est celle d'une identité

236 Hazel Carby, « The Canon: Civil War and Reconstruction », Michigan Quarterly Review 28, 1989, cité dans Genius, Caretta et Gould eds., p. 42-43, nous soulignons.

237 Catherine Delmas and Chitra Krishnan eds. History / Stories of India, New Delhi, Macmillan, 2009, p. 114.

238 Lawrence Gossberg, « Identity and Cultural Studies : Is That All There Is ? », American Cultural

Studies : A Reader, John Hartley et Pearson, Roberta Pearson eds., Oxford : Oxford University Press, 2000,

114-121, cité dans Delmas et Krishnan eds., History, p. 99.

239 Lay Tshiala et Armand Bieri, « Regard sur l'autre, critique de soi », Nous autres, Erica Dauber Ziegler et Geneviève Perret eds., Genève, M.E.G, 2005, 93-113, p. 108.

qu'elle n'a jamais considérée sienne mais à laquelle elle est assimilée à cause de son apparence. Toutefois, être noire sans être noire-américaine complexifie son statut :

“(…) We prove that the world can be like this room. It can be a safe and equal space for everyone. We just need to dismantle the walls of privilege and oppression.”

(…) “You should blog about this, Ifemelu,” Grace said.

“You know why Ifemelu can write a blog, by the way ?” Shan said. “She's writing from the outside. She doesn't really feel all the stuff she's writing about. It's all quaint and curious to her.(...) If she were African American, she'd be labelled angry and shunned.” (A : 336)

Ifemelu se situe encore une fois au carrefour des identités raciales, géographiques, culturelles (« she's writing from the outside »). Symboliquement, sa position à la fois intérieure et extérieure à la société américains traduit la question de la distance dans l'acte de l'écriture du blog enchâssé dans le texte du roman : l'écrivaine est en même temps dedans et dehors par rapport à son travail artistique, elle est actrice et metteuse en scène de son histoire tout en étant observatrice. La distance critique par rapport à l'autre est un trait récurrent dans l’œuvre d'Adichie. Dans la nouvelle « Jumping Monkey Hill », la description des autres participants à l'atelier d'écriture ressemble à la description des étudiants de Princeton dans le paragraphe du roman Americanah :

The Kenyan and the Tanzanian looked ordinary, almost undistinguishable―tall men with whide foreheads who were wearing tattered beards and short-sleeved patterneed shirts. (…) She wasn't sure about the South Africans : the white woman had too-earnest face, humorless and free of makeup, and the black looked patiently pious, like a Jehova's Witness who went from door to door and smiled when each was shut in her face. (« Jumping Monkey Hill », TAN: 98)

Le même type d'observation détaillée de la figure de l'autre, bien qu'il soit noir et africain comme Ujunwa, le personnage-focalisateur, apparaît dans « The Thing Around Your Neck » non seulement au sujet des Américains, mais aussi des Nigérians à travers la narration à la deuxième personne :

Sometimes you sat on the mattress of your twin bed and thought about home―your aunts who hawked dried fish and plantains, cajoling customers to buy and then shouting insults when they didn't ; your uncles who drank local gin and crammed their families and lives into single rooms ; your friends who had come out to say goodbye before you left, to rejoice because you won the American visa lottery, to confess their envy ; your parents who often held hands as they walked to church on Sunday mornings, the neighbours from the next room laughing and teasing them (…) (« The Thing Around Your Neck », TAN : 117-118)

Le pronom « you » désigne ici à la fois un avatar du personnage-focalisateur et du lecteur, une perspective à la fois proche et distante, familière et étrangère. À travers cet outil narratif, la remise en question concerne non seulement l'autre du pays d'accueil, l'autre racial ou culturel, mai

aussi le pays d'origine ainsi que l'entourage de la protagoniste Akunna. Le focalisateur se situe en dehors des scènes pourtant familières qu'elle observe, malgré son mal du pays, avec un ton équidistant qui montre une distance critique vis-à-vis des changements dans sa vie qui lui permettent d'agir plus librement. D'autre part, cette distance montre aussi le dépaysement d'Akunna à la fois par rapport à la terre d'accueil, où elle ne se sent jamais réellement acceptée, et à sa terre natale, qui fait maintenant partie de ses souvenirs. La séparation entre le familier et l'étranger se voit ainsi floutée et, bien qu'elle représente une étape vers l'auto-construction, elle illustre aussi un sentiment de non appartenance propre aux personnages qui vivent l'expérience de l'exil.