• Aucun résultat trouvé

Temps personnels, temps collectifs

Bien plus qu’une sociabilité professionnelle

1. La cohésion comme fondement de la sociabilité militaire

1.2. Temps personnels, temps collectifs

Les particularités de la fonction armée impliquent des militaires un engagement plein et entier et une disponibilité de tout temps et en tous lieux. Aussi, l’institution a développé des modes de penser et d’agir bien particuliers dont les bases se trouvent à la fois dans ses fondements historiques et symboliques, mais aussi dans un style de vie modelé qui s’articule autour de la notion de cohésion. Celle-ci, et la sociabilité dont elle découle, dépendent à la fois de l’espace et du groupe. En effet, plus ce dernier est centré sur lui-même et plus le rapprochement de ses membres est facilité. C’est pourquoi tout est fait pour favoriser le tissage de ces liens, que ce soit par des dispositions induites ou par un ensemble d’actions ciblées.

Au sein du régiment, l’espace le plus propice à l’apparition d’une forme de camaraderie est probablement la popote. En plus d’être un lieu de pause pendant le service, les popotes d’unités (escadron/compagnie) révèlent, le soir, un autre aspect. C’est le moment de la journée où cet espace prend tout son sens, en accueillant des rassemblements qui ne se présentent généralement pas comme une obligation pour les participants. Le centrage des unités primaire (pelotons ou sections) opéré pendant les heures de service disparaît alors au profit d’une sociabilité plus spontanée qui reste néanmoins circonscrite par certaines règles militaires. En effet, la popote reste un lieu propre à l’unité. Sans invitation, les personnels qui n’en font pas partie ne peuvent pas y aller. Ainsi, les incursions extérieures au groupe sont limitées et les relations établies pendant le service se poursuivent, sans qu’elles revêtent un caractère obligatoire. L’invitation est une ouverture de cet espace privé et se présenter sans avoir été convié est ressenti comme une forme de violation, « car partager un repas, inviter quelqu’un chez soi, c’est lui donner à voir une partie de notreintimité »73. N’étant pas dans un espace individuel, ce n’est pas son intimité propre qui est dévoilée mais celle du groupe. La popote est donc une sphère plus ou moins privée, c’est un lieu de vie qu’il ne convient pas de montrer au grand jour. L’ouvrir à une personne extérieure, c’est l’accueillir, mais aussi lui manifester sa confiance. Conférer une telle dimension à cet espace, c’est donner aux militaires qui vivent à l’escadron un lieu de vie qui leur est réservé et qui leur permet de ne pas rester dans leur chambre, sans pour autant qu’ils se retrouvent dans des espaces professionnels, notamment normalisés par la tenue de travail et par l’ensemble des autres règles énoncées dans le second chapitre. Chacun peut aller à la popote, en dehors des heures de service, en

73

Jean-Pierre Poulain, Jean-Pierre Corbeau, Penser l'alimentation. Entre imaginaire et rationalité, Privat, Toulouse, 2002, p. 152.

113 tenue décontractée. L’absence de distinction hiérarchique provoque alors un effacement des clivages sociaux et permet l’émergence de « la notion de compagnons d’armes qui transcende les grades »74 et, dans ce contexte, leur fait sentir « qu’ils appartiennent à une communauté d’égaux, qu’ils ont le même usage des mêmes pièces de mobilier, le même droit à être chez eux »75. En ce sens, la popote, où la hiérarchie fonctionnelle est moins présente, est un environnement privé qui semble essentiel pour le développement des liens entre les individus dans la mesure où « les relations intenses se déroulent à la maison, le soir ou en sortie avec les familles le week-end, voire pendant les vacances »76. En outre, le fait que la contribution à la vie de la popote ne soit pas une contrainte, mais au contraire un choix, implique une intégration volontaire au groupe et à l’institution qu’il représente, par une libre acceptation des normes qui l’accompagnent. En effet, « plus un individu a un fort sentiment d’appartenance à un groupe, plus il a tendance à adopter les valeurs, les normes et les règles de conduite de ce groupe »77. Ce sentiment d’appartenance passe notamment par ces lieux dédiés à la popote, « espace[s] approprié[s] »78 prenant la forme de territoires dans le sens où « ils se veulent identitaires, relationnels et historiques »79.

Que ce soit en situation opérationnelle type OPEX ou en garnison, une part non négligeable des militaires n’aime pas se joindre80

à ces rassemblements spontanés. Ils disent que « la popote c’est pour les bringueurs, pour ceux qui aiment boire et faire la fête »81 et préfèrent l’atmosphère tranquille de leur chambre « pour être seul ou pour se retrouver avec quelques copains et jouer à des jeux vidéo »82. Ces propos traduisent un certain individualisme chez une partie des engagés, à l’image de la société globale et de certains changements générationnels d’attitude des militaires83

. « Il y a toutes ces technologies et les jeunes restent dans leur chambre avec leur téléphone et leur ordinateur portable. Avant il y

74 Ministère de la Défense, Guide à l’usage des cadres de contact pour le commandement des EVAT, op. cit.,

p. 17.

75 Jean Cuisenier, Penser le rituel, Paris, PUF (coll. Ethnologies), 2006, p. 75.

76 Claire Bidart, « Sociabilité : quelques variables », Revue française de sociologie, 1988 | 29-4, p. 625.

77 Louis-Philippe Boucher, Joseph Morose, « Responsabilisation et appartenance : la dynamique d’un projet

éducatif », Revue des sciences de l’éducation, vol. 19, 1990, p. 417.

78 Expression empruntée à Roger Brunet, Le territoire dans les turbulences, 1991, Paris, Reclus, p. 23.

79 Marc Augé, Non-lieux, 1992, Paris, Seuil, cité par Pierre Alphandéry et Martine Bergues, « Territoires en

question : pratiques des lieux, usages d’un mot », Ethnologie française, 2004 | 1-vol. 34, p. 6.

80 Cette proportion est d’environ 30% en garnison et d’environ 25% en situation opérationnelle selon un sondage

effectué en 2006 auprès des militaires de deux escadrons du RICM en garnison à Poitiers et des deux compagnies du 8e RPIMa en mission de courte durée au 6e BIMa.

81 Propos d’un caporal du RICM recueillis lors d’un entretien, Poitiers, 28 octobre 2012. 82

Ibid.

114 avait seulement la télé au foyer. »84 Cette non-participation à la vie de caserne reflète une adhésion seulement partielle au système militaire puisqu’il n’y a pas une adoption totale du mode de vie qu’elle propose. Ces engagés cherchent à avoir une existence non uniquement centrée autour de l’institution et des micro-espaces privés naissent au sein même de la caserne. Ces personnes ne sont pas pour autant moins à l’écoute des besoins de leurs camarades dans le cadre du travail. Néanmoins, leur intégration est moins profonde et ne correspond pas totalement aux attentes de l’institution. Cette dernière peut alors se demander s’ils sont suffisamment soudés au groupe afin de s’investir de manière inconditionnelle lors d’un conflit, du fait de leur adhésion non-totale au système militaire. En effet, l’harmonisation des comportements relève de l’intégration à un seul modèle culturel qui se caractérise « par des comportements communs aux différents membres du groupe »85, ce qui n’est pas complètement le cas ici.

En outre, ce mode de vie n’est pas celui de l’ensemble des engagés puisque nombre de militaires n’y résident pas. Cette réalité amène à penser qu’une rupture relationnelle pourrait avoir lieu entre les membres de l’unité, mettant ainsi en péril sa cohésion. Afin de prévenir cette éventualité, l’institution contraint les militaires, dans les premiers temps de leur engagement, à vivre au régiment afin qu’ils acquièrent cet état d’esprit solidaire par une vie communautaire qui « en vient parfois à effacer la séparation entre le professionnel et le privé. Elle se noue dans la proximité et dans la quotidienneté de l’espace social de travail »86

. La rupture avec l’extérieur instaure inévitablement un centrage des personnes sur le groupe qui prend alors conscience de son existence et devient une entité collective construite sur « la conjonction de points communs, d’identité objective, du partage d’un intérêt collectif et d’une sociabilité intense »87. C’est seulement après plusieurs années d’engagement88 que les militaires peuvent vivre à l’extérieur, après en avoir fait la demande écrite auprès de leur commandant d’unité. Cependant, cette polarisation de l’identité des militaires n’induit pas une absence de cohésion et d’implication dans la vie militaire de la part de ces engagés. En effet, à l’issue de cette période initiale d’obligation à la vie régimentaire, l’état d’esprit solidaire voulu par l’institution peut être considéré comme acquis et les relations amicales peuvent se développer lors du temps de service et se poursuivre en dehors de l’enceinte du régiment.

84 Propos recueillis auprès d’un sergent-chef issu du rang du 8e RPIMa en mission de courte durée avec son unité

au 6e BIMa, Libreville, 15 novembre 2006.

85 Philippe Laburthe-Tolra, Jean-Pierre Warnier, Ethnologie, Anthropologie, op. cit., p. 81. 86

André Thiéblemont, Christophe Pajon, Le métier de sous-officier dans l’Armée de Terre aujourd’hui, op. cit., p. 268.

87 Claire Bidart, « Sociabilité: quelques variables », op. cit., p. 639. 88

Généralement deux à trois ans au moment de l’enquête. Cette durée tend à être plus courte avec la réduction des moyens et les restructurations instaurées par le Livre Blanc de 2008.

115 Néanmoins, cet éloignement physique de la caserne s’accompagne généralement de la constitution d’une vie privée du militaire avec la fondation de sa propre famille. Cela a pour conséquence une décroissance de sa sociabilité extérieure, notamment avec ses camarades. Le fait que les personnels ne vivent pas au régiment marque donc une rupture entre la sphère militaire, alors associée au travail et la sphère privée. « La création individuelle d’un lien d’articulation entre la vie privée et la vie professionnelle est le signe que l’organisation ne parvient pas à gérer les individus dans leur totalité »89 et qu’elle doit donc mettre en place un ensemble de stratégies visant à préserver les liens qu’elle juge nécessaires à l’accomplissement des missions90

. Cette régression de la sociabilité militaire est palliée par le fait que l’unité est régulièrement en missions à l’étranger. Ces dernières impliquent de vivre en espace clos, dans des conditions de vie difficiles et partagées par l’ensemble du groupe. Ces expériences opérationnelles permettent de reconstituer une union solide qui perdurera quelques temps après le retour en France parce que le vécu de ces « situations extrêmes procurera à certains des expériences intenses, créatrices de liens puissants, et productrices de micro-mémoires collectives à laquelle la relation se nourrira, même si elle se distend »91. En dehors des missions, les activités de cohésion suffisent alors à ressouder ponctuellement les liens du groupe pour garder une unité suffisante. En conséquence, lors du maintien en garnison, il est rare de trouver des militaires ayant de l’ancienneté à la popote, ces derniers résidant, la plupart du temps, en dehors du régiment. Le sergent de semaine92 est alors souvent le plus expérimenté dans les locaux à ces heures tardives. De par sa fonction, il ne participe généralement pas aux activités de la popote bien qu’il soit le garant de leur bon déroulement. Ainsi, ce lieu devient un espace que les plus jeunes s’approprient.

Les regroupements festifs à la popote sont généralement animés musicalement, plus particulièrement par des chants au caractère festif. Ce sont, pour la plupart, des « chants de

89 Sébastien Jakubowski « Normativité, autorité et individualité dans une organisation en changement »,

communication, Association française de sociologie, Réseau thématique « sociologie militaire », Villetaneuse, 24 fév. 2004, cité par Sébastien Schehr, « Le quotidien comme miroir de l’individualisation de la condition militaire : pistes de recherches et perspectives méthodologiques », in François Gresle (dir.), Sociologie du milieu

militaire, les conséquences de la professionnalisation sur les armées et l’identité militaire, Paris, L’Harmattan

(coll. Logiques sociales), 2005, p. 210.

90

Cf. infra chapitre 3.2.2.

91 André Thiéblemont, Chistophe Pajon, Le métier de sous-officier dans l’Armée de Terre aujourd’hui, op. cit.,

p. 261.

92 Sauf lorsque l’escadron est de service, le sergent de semaine est, dans les faits, un caporal-chef. Il reste donc

un militaire du rang et a connu, ou connaît encore, la vie en chambre collective à l’escadron. Il porte alors une attention toute particulière à la popote et ne cherche pas à faire usage de son autorité sur les militaires présents. Étant donné sa responsabilité d’être garant de la bonne tenue des lieux, il doit néanmoins parfois rappeler certaines règles mais essaie, dans la mesure du possible, de résoudre les éventuels problèmes directement et de ne pas avoir à en référer le lendemain à ses supérieurs hiérarchiques. Ceci est important pour que la popote reste un lieu de rassemblement spontané et de décompression relativement libre.

116 popote »93. Certains sont des « chants de bivouacs »94 et des « chants des îles »95. Ces pratiques musicales ne présentent pas de caractère obligatoire et dépendent uniquement de la volonté des participants. Par ailleurs, lorsqu’un chant est lancé, chacun est libre de contribuer à son énonciation ou de poursuivre sa conversation. Par le fait que le militaire ait la liberté de participer ou non à l’interprétation des chants, « la musique remplit la fonction symbolique d’une petite patrie »96

car c’est par l’aspect volontaire de son acte que l’engagé entre dans un processus d’intégration et d’identification au groupe.

Malgré l’aspect très spontané de ces regroupements, quelques normes institutionnelles subsistent. Étant située dans une enceinte militaire, la popote est contrainte de respecter les valeurs de l’armée et de se plier à des règles de vie applicables en toutes circonstances, et non uniquement pendant les heures de service. En conséquence, chacun est libre de venir à la popote mais il est moins facile de la quitter. Sa participation constitue une sorte d’engagement à concourir à la vie collective et il n’est pas possible de s’en retirer de son plein gré avant la fin. Il faut avoir une bonne raison pour partir prématurément sous peine de subir quelques railleries ou d’être considéré comme « un lâche ayant abandonné ses copains »97

. Même si l’engagement pour son unité est un acte volontaire, il doit être plein et entier. En ce sens, l’institution compte sur les initiatives individuelles de rassemblement mais elle fait régner certaines normes, même en dehors du service, s’appuyant sur la régulation du groupe par lui- même pour les faire appliquer dans ces circonstances où le commandement n’est pas toujours présent. Ainsi, de manière encore plus flagrante que dans le cadre de la pause pendant le service, les règles militaires sont induites et c’est par la régulation interne qu’elles sont appliquées dans cet espace dédié à la communauté de vie. C’est grâce à l’intégration des éléments culturels dans sa propre personnalité que le militaire n’a pas « le sentiment d’obéir à chaque instant à la pression d’une autorité extérieure, d’être l’objet d’une contrainte de la part des institutions ou des autres acteurs. C’est de sa propre conscience que jaillit finalement la source de sa conformité »98. Dans le même ordre, c’est la pression collective du groupe qui garantit la prédominance d’attitudes conformes à un modèle de vie particulier. La communauté en est alors le garant impliquant une quasi-impossibilité de remise en cause des règles, ces dernières étant d’autant moins discutables que la présence à la popote n’est pas une

93 Cf. infra chapitre 6. 94 Ibid.

95

Cf. infra chapitre 7 pour l’analyse de ce répertoire.

96 Yves Defrance, « Distinction et identités musicales, une partition concertante », Cahier d’ethnomusicologie,

n° 20, 2007, « Identités musicales », p. 15.

97

Propos d’un soldat de première classe du RICM recueillis lors d’un entretien, Poitiers, 25 mai 2006.

117 obligation. Ce sont les plus anciens qui assurent la transmission de ces codes aux plus jeunes sans considération des grades. Ainsi, un caporal, fort de quatre ou cinq ans d’expérience, peut les enseigner à un jeune sergent, supérieur hiérarchiquement, engagé depuis quelques mois. Ces règles de vie imposent un comportement adapté et conforme aux attentes de l’institution, fondé sur la solidarité et la prédominance du groupe sur l’individu. En définitive, les libertés individuelles sont en permanence contrôlées dans l’enceinte militaire. Bien que la décision de participer à une activité de popote reste personnelle, elle implique une acceptation tacite des règles qui l’accompagnent. En outre, l’ensemble de ces prescriptions n’est pas vécu comme une contrainte aux yeux des militaires grâce aux processus de répétition dont elles font l’objet.

La popote, non fréquentée par l’ensemble des militaires, ne peut être considérée comme suffisante à la forte cohésion souhaitée par l’institution. En conséquence, il incombe au commandement de garantir des liens forts entre les membres de son unité par d’autres moyens. Il doit donc faire en sorte que naisse une solidarité spontanée, à la fois d’une manière prescriptive, par le biais de règles de vie strictes, et d’une manière naturelle avec une organisation du travail la sollicitant. Inculquer ces valeurs morales uniquement par un mode répressif n’aurait que peu d’efficacité, d’où l’utilisation d’autres vecteurs dont les fondements sont psychologiques. L’habitude et la répétition sont fondamentales pour que cette volonté d’agir pour son groupe puisse devenir naturelle. En effet, « c’est par ce processus de naturalisation de la culture que les usages sociaux accèdent au rang d’habitudes auxquelles on recourt sans même s’en rendre compte. C’est également par ce processus de naturalisation de la culture que les formes sociales acquièrent une certaine stabilité, qu’elles ne sont jamais radicalement contestées dans leur principe »99. Toutefois, les activités inhérentes au service, comme les déplacements à pied, les exercices ou les bivouacs permettent « un partage d’expérience »100

orchestré par le chef et nécessaire à la cohésion mais elles ne sont pas non plus suffisantes pour générer des liens de camaraderie et une solidarité se rapprochant de celle présente dans l’univers familial. Utiliser des formes de rassemblements ritualisés contribue efficacement au maintien d’un état d’esprit conforme aux attentes de l’institution puisque le rite permet « la reproduction des valeurs et des symboles du passé, dont il garantit la survivance, écartant par les acteurs sociaux les avatars de l’incertitude et de l’angoisse nécessairement liés au changement et aux mutations du monde »101.

99 Jean-Yves Dartiguenave, Rites et ritualité : essai sur l’altération sémantique de la ritualité, Paris,

l’Harmattan, 2001, p. 41.

100

Nicole Fouilleul, Entre professionnalité traditionnelle et professionnalisation en cours, op. cit., p. 130.

118 Afin d’obtenir ce genre d’attitude, des rassemblements du groupe dans son ensemble, en dehors du service, sont organisés à une fréquence régulière. Ils peuvent être proposés, aussi bien par le commandant d’unité que par un chef de peloton et répondent à des célébrations diverses ou à une évaluation négative de la cohésion. Dans ce dernier cas, ils font suite à l’identification d’un besoin ou d’un dysfonctionnement par le cadre organisateur. Ce type d’activité, structuré autour d’un repas et dans une atmosphère festive, permet « de réduire tensions et désordre au sein du groupe et chez chacun de ses membres. Il assure ainsi une fonction de protection, d’assurance et de stabilité »102

. En ce sens, il joue un rôle important dans la cohésion souhaitée par l’armée bien qu’il ne présente pas de caractère officiel et ne puisse être considéré comme faisant partie du service. Ces rassemblements s’apparentent généralement aux activités de popote spontanées. Bien que peu ritualisés, « ils intensifient l’interaction et renforcent les relations émotionnelles et sociales de ceux qui y participent »103. Les cadres misent alors sur une ambiance divertissante avec des chants pour reconstituer les liens entre les membres du groupe car chanter ensemble, c’est « goûter cette profonde euphorie de mêler