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Dans le document tel-00397901, version 1 - 23 Jun 2009 (Page 169-176)

Ce second moment abandonne le regard zénithal et adopte le point de vue de l'acteur, et s'attache à Pipséité1, à la dimension subjective de l'identité spatiale, à la représentation -toujours travaillée par un souci de cohérence et de continuité - que l'individu fournit de son propre rapport aux lieux ; à la manière dont il se positionne, s'identifie ou se distingue en parlant de ses pratiques spatiales. Mais, contrairement à ce qu'il en fut dans le premier livre et ce qu'il en sera dans le troisième, l'intention n'est pas ici strictement comparative ni classificatrice. L'analyse s'intéresse davantage aux modalités pragmatiques de cette ipséité spatiale, en prenant pour objet la manière dont les individus, en situation d'entretien, construisent leur identité spatiale en structurant leurs espaces de vie par le langage et le récit ; en acceptant ou en refusant une démarche réflexive, en proposant des représentations d'eux-mêmes marquées par des lignes de cohérence ou de fracture, en esquissant une généalogie de leurs schèmes. En quelque sorte, elle interroge les modalités, les significations et les fonctions de l'identité narrative mais également son statut et ses limites dans le cadre de l'élaboration d'une théorie de la pratique spatiale, cette identité narrative étant définie comme l'ensemble des représentations sociales et spatiales que les individus, en situation d'entretien, formulent à propos d'eux-mêmes, pour affirmer leur originalité, ces représentations étant généralement marquées par un souci d'unicité, de cohérence et de continuité. Cette réflexion est l'occasion de définir la place et le statut que nous accordons à l'individu et à son discours dans l'élaboration d'une géographie de l'action.

Partons du constat que depuis une dizaine d'années, les géographes du « vécu » se sont appropriés la catégorie d'individu et participent, certes avec un léger retard, au processus d'humanisation des sciences sociales. Nul ne saurait le contester et l'on peut sans doute s'en réjouir. Néanmoins, tout en accordant indéniablement à l'individu et à son langage une valeur épistémologique croissante, et en les mettant parfois même au centre de l'intelligibilité de l'espace géographique, force est de constater que notre discipline n'a pas contribué à une réflexion profonde sur le mode de production et le sens de l'individu contemporain, en esquivant le débat qui hante et déchire le champ sociologique depuis trente ans à propos de son statut, de sa genèse et de ses modifications historiques. Nous formulons trois principaux reproches à l'endroit de l'individu géographique comme au statut accordé à son langage, sachant que ces critiques concernent des travaux forts disparates qui ne sont pas intégrés dans un champ.

En premier lieu, les géographies sociales et humanistes qui ont consacré l'avènement de la catégorie d'individu dans notre discipline au cours des années 1980 ont eu tendance à proposer une représentation moniste de l'individualité, fondée sur une conception unitaire, homogénéisante et totalisante de la relation de l'individu à l'espace, peu sensible à la

1 Selon l'expression consacrée par P. Ricœur, l'ipséité, en répondant à la question « q u i suis-je ? » désigne l'identité pour soi (du latin « ipse »). Elle concerne donc la part subjective de l'identité personnelle.

Ricœur P. (1990), Soi-même comme un autre, Seuil.

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pluralité des formes d'expérimentation des lieux. Les concepts d'espace vécu, d'appropriation, de territorialité, de géographicité ou encore d'habiter qui ont structuré la problématique individuelle l'expriment particulièrement bien, et ce, à plus d'un titre.

D'une part, ils reflètent à notre sens le privilège accordé à l'investissement psychoaffectif et consacrent sa reconnaissance comme mode principal d'expérimentation spatiale -conformément à une inspiration existentialiste et phénoménologique. La manière dont G. Di Méo, dans le prolongement des travaux de Moles et Rohmer, envisage les structures élémentaires de la territorialité dans son dernier ouvrage, illustre bien l'hégémonie accordée à l'intensité de l'affect, plutôt qu'à ses différentes figures ou à d'autres valeurs, dans la structuration des territorialités individuelles2. D'autre part, ces concepts tendent à faire de l'individu géographique une entité dont le rapport spatial forme une totalité cohérente, donc réductible à une figure unique, et ce d'autant plus qu'ils sont bien souvent intégrés à une problématique de l'identité. En ce sens, les différentes figures d'urbanités que propose J. Lévy dans sa recherche sur le rapport entre identités spatiales et socio-politiques3 - celle du métropolitain, du provincial et du villageois - tendent à emprisonner la multiplicité des relations de l'individu à l'espace dans une grille de classement unique, et à occulter les discontinuités, les tiraillements et les contradictions internes propres à l'expérience individuelle. Notre premier objectif sera donc, en se démarquant de l'idéologie continuiste qui caractérise la conception moderne de l'individu occidental, d'une part de montrer que la perception de l'unité ou de la pluralité de la relation de l'individu aux lieux procède de stratégies interprétatives et méthodologiques ; d'autre part de mettre en exergue la plus-value cognitive d'une objectivation systématique de toutes les formes de discontinuités individuelles, en inscrivant celles-ci dans un processus historique d'individualisation et de complexificalion des spatialités, et plus largement du social.

Un second procès doit être fait à l'individu géographique. En mettant principalement en avant les compétences individuelles, c'est-à-dire la capacité des individus à énoncer des intentions, à définir des stratégies, à justifier et à légitimer leurs pratiques, les protagonistes de cette géographie de l'individu ont eu tendance à esquiver la question des conditions biographiques et sociales de possibilité de l'action individuelle, en versant dans le paradigme égocéphalocentrique de l'acteur transparent à lui-même, extérieur à la société et souverain. Bien entendu, les déclarations théoriques sont plus mesurées. Selon J. Lévy par exemple, « Les individus sont des acteurs qui maîtrisent une part variable, jamais totale, des déterminants de leurs biographies. Ils vivent dans un système social qui les contraint et qui les forme. »4. Dans le même ordre d'idée, M. Lussault écrit : « Affirmer que certains aspects d'une parole d'un individu renvoient aussi à des schèmes préréflexifs et non objectivés par celui-ci [...] rappelle simplement que l'individu n'est jamais totalement transparent à lui-même et, en même temps, souligne la présence de la société avec sa part, justement, d'opacité et de préréflexivité, dans le langage de l'acteur »5. En théorie donc, les individus ne sont pas totalement indépendants de la société qui, dans une certaine mesure, contribue à les structurer. Mais, ce qui apparaît manifestement comme une détermination insupportable est rapidement relativisé: « D ' u n e part, ce système est complexe [...].

D'autre part, au sein de ce système, les composants que sont les individus sont des éléments actifs, équipés en capacités de représentation et d'action en sorte de pouvoir

2 Di Méo G. (1998), Géographie sociale et territoire, coll. Fac géographie, Nathan Université, p. 94-108.

3 Lévy J. (1997), « Urbanités, Identités spatiales et représentations de la société », in Calenge C., Lussault M., Pagand B., Figures de l'urbain, Maison des Sciences de la Ville, Université de Tours, p. 35-65.

* Lévy J., Op. Cit. p. 36.

5 Lussault M. (2000), « Action ! », in Lussault M. et Lévy J. (dir.), Logiques de l'espace, esprit des lieux, Belin, p. 29.

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prendre des décisions qui ne font pas que transcrire les évolutions générales du système mais y contribuent également. »6. Deux éléments nous portent, à titre heuristique, à nous démarquer de ces propositions. En premier lieu, en dépit des déclarations, prenons acte que dans les travaux empiriques, la part obscure, contrainte et socialement préréflexive de l'individualité est toujours esquivée au profil des compétences intentionnelles et stratégiques, comme le montrent les analyses de J. Lévy sur le choix résidentiel permanent, fondées sur la reconnaissance d'un libre arbitre individuel, sans que les conditions d'élaboration des goûts ne soient jamais évoquées. Dans ce contexte, bien que personne ne songe à contester que les schèmes obéissent à certaines conditions sociales de possibilité, nul, à notre connaissance, ne propose de prendre celles-ci pour objet - par exemple en étudiant la manière dont les schèmes circulent dans l'espace social et contribuent à orienter les jeux de positionnement ou de distinction - comme si nous avions affaire à une problématique périmée. Ainsi, la revendication d'un individu « social de part en part » constitue-t-elle davantage une pétition de principe qu'une réelle hypothèse de travail ; et la question du rapport extériorité / intériorité, une problématique proprement absente. Par ailleurs, les propositions précédentes ouvrent un second point de discussion : peut-on réduire la part préréflexive de l'individualité à une part relictuelle, et postuler que l'homme d'aujourd'hui est de plus en plus transparent à lui-même, comportant à la marge quelques points noirs mal dégrossis ? Cette hypothèse résiste mal à l'investigation empirique pour deux raisons. D'une part, parce qu'en matière de pratique spatiale, les enquêtes font ressortir que la réflexivité (langagière) individuelle est plus faible qu'ailleurs et distribuée inégalement : dans bien des cas, la part préréflexive de l'action, avec ses schèmes stéréotypés et ses gestes machinaux, est prépondérante. D'autre part, et c'est là l'argument décisif, parce que la séparation entre le réflexif et le non réflexif, entre le transparent et l'obscur paraît, à bien des titres, fort discutable. Y compris dans ses moments réflexifs, et dans le déploiement spécifique de formes de réflexivité, l'individu est dépendant et déterminé de part en part par les systèmes de goûts, de valeurs, de normes qui l'entourent, ce qui ne l'empêche pas, dans ce point obscur, de faire des choix, de se sentir libre et souverain alors même que son action est informée intégralement par ce qu'il a socialement acquis. Ceci nous invite, dans le sens d'un structuralisme génétique, à postuler une double réalité du monde social, l'une, celle du sujet, ne recouvrant que partiellement l'autre, celle de l'extériorité sociétale qui le constitue.

S'ouvre alors un troisième point de contestation. Les géographies sociales et humanistes, en rompant avec le positivisme, ont eu pour principal intérêt de mettre au premier plan les individus et leur mondes vécus, en s'intéressant à leurs langages et à leurs représentations : c'est désormais un truisme ! Nul ne songerait à mettre en cause ce ressourcement phénoménologique, à savoir la grande attention apportée à la subjectivité et à la relativité des points de vue. Toutefois, de la reconnaissance de la subjectivité individuelle, n'a-t-on pas versé dans le subjectivisme, c'est-à-dire dans l'hypostase du point de vue de l'acteur ? Cette question mérite d'être posée, et interroge le statut que l'on doit accorder à la subjectivité individuelle, et donc au langage, dans une théorie de l'espace géographique et de l'action. A cette question, les géographes du « vécu » semblent fournir un élément de réponse principal. Dans la majorité des cas, l'attention au langage s'inscrit dans une démarche compréhensive de type wéberienne qui, tacitement, prend en charge la question de la causalité. Alors que jadis la production de l'espace découlait de « facteurs » extérieurs aux individus, ce sont désormais ceux-ci, dotés d'intentions et de rationalités propres, qui sont au centre de l'intelligibilité donnée à la praxis. Si nous partageons cet

6 Lussaiilt M. (2000), Op. Cil, p. 29.

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engouement pour l'analyse des logiques pratiques, peut-on réduire pour autant l'explication de l'activité humaine à la seule compréhension et à la seule restitution des rationalités subjectives ? Une théorie de l'action peut-elle se limiter à une théorie du monde vécu ? A l'évidence, non. On ne peut se contenter de collecter et de restituer les représentations des acteurs pour rendre intelligible leur action et, sur ce point, il nous semble urgent de sortir d'une conception naïve du langage7. En premier lieu, parce que les

« choses dites » ne sont pas toujours les « choses causantes » : il existe parfois entre les pensées et les actes de sérieuses béances si ce n'est de profondes contradictions. Les logiques pratiques ne sont pas toujours conformes et ne s'épuisent donc pas dans l'analyse des discours. D'autre part, même en postulant une entière conformité entre le dire et le faire, la description et la restitution des rationalités subjectives qui ignorent ce que les raisons individuelles doivent à leurs contextes sociaux et biographiques ne permettent pas de comprendre pleinement un acte individuel, à savoir pourquoi, dans la même situation, d'aucuns auraient agi à l'identique quand d'autres auraient agi autrement ; et condamnent la question du partage ou de l'écart des points de vue à une véritable aporie. Quiconque l'a expérimenté sait que l'irréductibilité (et l'incommensurabilité) des rationalités individuelles, et le déplacement sur ce terrain de la question des « causes », laissent parfois profondément insatisfait et n'autorisent qu'une compréhension partielle du social8.

Dans ce cadre, le statut accordé à la subjectivité individuelle et au discours sur l'action doit être redéfini. Celui-ci peut être double. Le premier, traité par une minorité, s'inscrit dans une démarche pragmatique et interroge ce que le discours sur l'action rend possible.

Dans ce cas, le « dire » est étudié comme un « faire », en tant qu'acte doté de fonctions, de significations et plus ou moins suivi d'effets (performativité). En somme, il s'agit d'analyser ce que les « économies sémiotiques » ou les « mondes vécus », médiatisés par le langage, font advenir, en concourant à la praxis. C'est précisément sur cette conception de l'action et du langage que se fonde la géographie de M. Lussault : « Tout dire est un faire social. Même une simple qualification des choses par un acteur constitue tout autant une praxis qu'une livraison d'information (...). Partant de cela, le langage performatif apparaît comme un objet central pour l'examen des pratiques, pour peu qu'on omette pas de rappeler que le passage de la performativité potentielle à la performance avérée -est un processus qui renvoie plus au sociétal qu'au linguistique. ».9 Pour autant, comme le suggère la fin de la citation, cette conception pragmatique du langage - particulièrement sensible aux situations d'interactions langagières et aux modalités selon lesquelles, par leurs énoncés, les acteurs sociaux configurent leurs espaces de vie - ne peut ni ne doit être séparée d'une démarche génétique. Le plus souvent ignorée, sauf à titre programmatique,

7 Sans rejeter la conception référentielle et informationnelle du langage, il est néanmoins utile de préciser qu'il n'est pas un simple média « neutralisé et neutralisant» permettant d'accéder à la réalité de l'action et d'en comprendre les logiques. Parler est un acte à part entière, et en dit autant sur l'acte de parler - sur ses conditions et ses effets - que sur l'acte lui-même. Celte proposition, qui reconnaît une fonction praxéologique au langage, réserve une place à l'analyse pragmatique. D'autre part, sans remettre en cause l'idée que le langage puisse constituer une voie d'accès privilégiée aux logiques de la pratique, elle permet de discuter l'hypothèse d'une concordance systématique entre les actes de langage et les actes pratiques (non langagiers) auxquels ils réfèrent, afin de se donner la possibilité d'identifier des décalages ou des contradictions que d'ailleurs les acteurs ordinaires pointent souvent : « C'est que du discours ! », « Enfin, en réalité... ».

8 Nous avons pu expérimenter l'impasse à laquelle mène une démarche exclusivement compréhensive lorsqu'à propos d'une même réalité, deux vérités s'affrontent, par exemple lorsqu'un individu justifie le choix d'une résidence périurbaine au nom de la valeur accordée à la « campagne » et que son collègue, pris isolément, l'accuse explicitement de « m e n t i r » et de masquer par des valeurs «positives» ce qui relève d'une inféodation aux lois du marché immobilier.

9 Lussault M., Op. Cit. p. 27.

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celle-ci ne consiste plus seulement à étudier la performativité des actes de langage mais ce qui les a rendu possible, en s'intéressant à leurs contextes d'énonciation et, plus généralement, à leurs conditions sociales et biographiques de possibilité, notamment en reconstruisant «l'espace des points de v u e »1 0. Or, il s'agit là d'un réel impensé géographique et d'un champ d'investigation relativement vierge. Ce second objet tient pour présupposé que le discours individuel est traversé par une extériorité sociale dans laquelle il trouve pour partie son origine. En prenant très au sérieux le point de vue de l'acteur, il n'occulte pas pour autant la question de la causalité et recherche l'activité, à l'échelle individuelle, de multiples déterminations pour partie extérieures à l'individu. Il peut être résumé à cette seule question : qu'est-ce qui fait qu'un individu dit ce qu'il dit et/ou fait ce qu'il fait? Ainsi, nous le voyons, seule l'association entre ces deux problématiques (pragmatique et génétique) du langage, en remettant le sujet à sa (juste) place, peut permettre d'échapper au subjectivisme.

Fort de ces trois critiques, nous avons choisi de défendre une théorie de l'individu et de l'expérimenter. Cette théorie se situe dans le sillage des travaux de B. Lahire et de J-C. Kaufman et assume le double héritage de N. Elias et de P. Bourdieu. Elle se fonde sur deux idées complémentaires. D'une part, la catégorie d'individu est un produit historique et social. D'autre part, l'individu ne peut pas être pensé indépendamment de la société. Un peu schématiquement certes, elle part du constat que dans les sociétés archaïques à faible différenciation - comme la société Kabyle étudiée par P. Bourdieu en 1950 -, il n'y a pas ou peu d'individu. L'intégration des différentes dimensions de la société et la force des mécanismes de socialisation collective inhibent à la fois un statut et un sentiment de l'individualité. Dans ce contexte, l'émergence de l'individu (l'individualisation) présuppose une diversification des sphères d'activités et des univers de socialisation, des systèmes de normes et de valeurs, seule condition pour faire de chacun le réceptacle d'expériences différenciées. Entre ces fragments de socialisation disparates et hétérogènes, il faut bien quelque chose pour faire le lien. C'est là qu'intervient la catégorie d'individu et qu'émerge une conscience de soi de l'individu comme être autonome et souverain. Ce processus d'individualisation - c'est-à-dire d'émergence de l'individu comme catégorie de l'entendement - recouvre trois dimensions. En premier lieu, il se caractérise par la production d'une idéologie individualiste, c'est-à-dire par un sens tout construit de sa propre unité et de sa propre continuité. C'est ce phénomène que d'aucuns appellent la subjectivation, l'ipséité ou la problématique de soi. Simultanément, il se manifeste par une fragmentation et une hétérogénéité croissante de l'expérience individuelle et par l'intériorisation d'un nombre croissant de schèmes et de registres d'actions, ce qui ne manque pas de faire de chacun le dépositaire d'un complexe d'expériences et de principes d'action unique et irréductible. Enfin, il favorise l'émergence au pôle individuel de segments réflexifs de plus en plus poussés, retour de l'individu sur lui-même qui n'est ni naturel ni spontané mais procède de la pluralité et de la tension entre certaines logiques d'action, le conflit de schème jouant un rôle central dans la prise de conscience de modèles alternatifs d'action et invitant l'individu à faire des choix et à les assumer.

Pour comprendre le sens des énoncés cl plus largement celui de l'action, nous ne pouvons nous contenter de restituer les rationalités individuelles sans étudier leurs conditions sociales et biographiques de possibilité, c'est-à-dire sans étudier pourquoi, dans une situation identique, d'autres individus penseraient ou agiraient de la même façon et d'autres autrement, donc sans reconstruire l'espace des points de vue qui structure un ensemble pratique. Nous verrons que cette démarche relationnelle, qui présuppose la mise en place d'une méthodologie comparative, permet d'atteindre un niveau d'objectivation (donc d'explication) bien supérieur à ce que permettrait l'analyse séparée (et isolée) des différents points de vue.

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En insérant la catégorie d'individu dans un processus historique, ce modèle ouvre plusieurs pistes de réflexion qui doivent nous aider à penser - à partir d'un matériau langagier de description, de qualification et de justification des lieux de vie recueillis au

En insérant la catégorie d'individu dans un processus historique, ce modèle ouvre plusieurs pistes de réflexion qui doivent nous aider à penser - à partir d'un matériau langagier de description, de qualification et de justification des lieux de vie recueillis au

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