2. Mousse en milieu poreux
2.2. Techniques et mécanismes de génération de mousse en milieu poreux
poreux
2.2.1. Les différentes techniques de génération de mousse
Pour former de la mousse en milieu poreux, plusieurs techniques d’injection peuvent
être utilisées, chacune ayant des caractéristiques propres.
La première est la technique dite de « Surfactant Alternating Gas » (SAG), qui consiste
à injecter alternativement le gaz et la solution de tensioactif. Cette technique est mise en
œuvre lorsque les pressions atteintes ne doivent pas être trop élevées, par exemple pour
des applications environnementales. En effet, les injections successives de gaz et de
solution permettent de « casser » en partie la mousse déjà présente, ce qui diminue la
pression dans le milieu (Maire et al. 2018). La formation de mousse en milieu poreux se
fait alors plus lentement, grâce à plusieurs mécanismes, pouvant être simultanés. La
pression nécessaire à la propagation de la mousse est alors plus faible.
Une autre méthode est la co-injection. Elle consiste à injecter simultanément le gaz et
la solution de tensioactif. Elle a l’avantage de permettre la maîtrise des débits de chaque
phase injectée. Néanmoins, elle ne permet pas de savoir avec certitude si la mousse s’est
formée dans le milieu poreux.
Enfin, la co-injection peut être utilisée pour pré-générer de la mousse dans un fritté ou
dans un milieu poreux de taille réduite avant de l’injecter dans le milieu poreux à étudier.
Cette technique s’appelle la pré-génération, et a l’avantage de permettre la visualisation
de la mousse obtenue avant injection. Elle ne présage toutefois pas du fait que la mousse
reste stable dans le milieu poreux. Néanmoins, sous réserve d’une bonne formulation,
l’utilisation de cette technique permet une augmentation rapide de la viscosité de la
mousse dans le milieu poreux. Ceci se traduit par la nécessité d’avoir une pression
suffisamment élevée pour permettre la propagation de la mousse. En terme de pressions,
la co-injection présente un caractère intermédiaire entre le SAG et la pré-génération.
Une fois le gaz et la solution de tensioactifs (ou la mousse pré-générée) injectés dans le
milieu poreux, la mousse se forme et évolue de plusieurs manières durant l’injection.
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2.2.2. Mécanisme de snap-off
Le mécanisme dominant de formation de mousse en milieu poreux est le mécanisme
de snap-off, illustré dans la Figure 2-21
: Représentation schématique du mécanisme de snap-off (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-22: Représentation schématique du mécanisme de division des lamelles (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-21
(Almajid and Kovscek, 2016). Lorsque la pression capillaire
locale diminue, les liquides mouillant les deux parois opposées peuvent se rejoindre pour
former une lamelle au niveau du seuil de pore (Chen et al., 2005). Dans les pores
initialement remplis de liquide, ce phénomène ne peut se produire que si le rapport de
taille entre le seuil de pore et la taille du pore est au maximum de 0,5. Ce ratio contrôlant
la pression capillaire locale au moment où le gaz pénètre dans le pore, il doit être au
maximum de 0,5 pour avoir une pression capillaire suffisante permettant le snap-off.
Cette condition est appelée « critère de Roof ». Dans les autres situations, le snap-off
dépend du rayon du seuil de pore et de la pression capillaire locale. Sous réserve de la
présence de tensioactifs stabilisant la lamelle formée, celle-ci peut alors se déplacer du
seuil de pore vers le pore et former une lentille. Si la quantité de liquide s’accumulant sur
les parois est suffisante, et la pression capillaire suffisamment faible, une nouvelle lamelle
peut ensuite se former au niveau du seuil de pore (Kovscek and Radke, 2003).
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2.2.3. Mécanisme de division des lamelles
Lorsque qu’une bulle emprunte deux seuils de pore différents, elle peut se scinder en
deux, créant ainsi une nouvelle lamelle. Ce mécanisme appelé division de lamelle est
représenté dans la Figure 2-22
: Représentation schématique du mécanisme de division des lamelles (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-23: Représentation schématique du mécanisme de leave-behind (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-22
. Le moteur de ce mécanisme est la différence de pression existant
au sein du film liquide. De plus, il ne peut générer de bulles plus petites que le pore (Xiao
et al., 2018).
2.2.4. Mécanisme de leave-behind
Figure 2-64: Représentation schématique du mécanisme de division des lamelles (Almajid and Kovscek 2016)
Figure 2-65: Représentation schématique du mécanisme de leave-behind (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-66: Représentation schématique du mécanisme de division des lamelles (Almajid and
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Lorsque le gaz est injecté pour la première fois dans le milieu poreux, des lamelles se
forment là où le gaz n’est pas passé, parallèlement à l’écoulement (Figure 2-23
: Représentation schématique du mécanisme de leave-behind (Almajid and Kovscek 2016)Figure 2-23
). Dans ce mécanisme, seules les bulles dont le volume est supérieur au
volume du pore se divisent. Ce phénomène n’a lieu que lorsque les pores voisins
contiennent peu ou pas de bulles (Almajid and Kovscek, 2016).
2.2.5. Mécanisme de pinch-off
Le dernier mécanisme de formation de la mousse est le pinch-off. Ce mécanisme
découvert récemment par Liontas et al. (2013) est en réalité composé de deux sous
mécanismes : le « neighbour-wall pinch-off » et le « neighbour-neighbour pinch-off »
(Figure 2-24
: Mécanisme de neighbour-wall pinch-off (A) et de neighbour-neighbour pinch-off (B) observés dans les travaux de Liontas et al. (2013)Figure 2-25: Différentes composantes de la viscosité de la mousse (adapté de (Hirasaki and Lawson 1985))Figure 2-24
). Le pinch-off a lieu lorsque dans un pore la pression capillaire
est suffisamment faible pour que les deux phases aqueuses de part et d’autre du pore se
rejoignent, formant alors deux bulles. Le pinch-off est observé dans des zones
relativement mouillées où les bulles peuvent facilement se déformer, et est dû à la
Figure 2-67: Représentation schématique du mécanisme de leave-behind (Almajid and Kovscek 2016)
Figure 2-68: Représentation schématique du mécanisme de leave-behind (Almajid and Kovscek 2016)