4. Résultats et discussions
2.1. Choix du tensioactif
Bien que les expériences hors milieu poreux aient permis de montrer la grande stabilité
des mousses de saponine en présence d’huile, d’autres tensioactifs sont également
envisagés pour les expériences en colonne, afin de s’assurer du choix du tensioactif. La
mousse en milieu poreux ayant des interactions avec les parois, non présentes hors milieu
poreux, il se pourrait que les mousses n’aient pas le même comportement suivant le
milieu envisagé. Ainsi, en fonction de leur moussabilité et de la stabilité en l’absence et en
présence d’additifs, les tensioactifs considérés sont : la saponine, le lauramidopropyl
bétaïne (LAPB), le cocamidopropyl hydroxylsutaine (CH) et le sodium decylglucoside
hydroxypropyl phosphate (SDHP). Lors des tests hors milieu poreux, le lauramidopropyl
bétaïne permettait d’obtenir une mousse avec des propriétés intéressantes. Il a cependant
été écarté, car en présence de particules de silice, un précipité important se forme. La taille
des agrégats de ce précipité étant de l’ordre de 1,8 µm, celles-ci risquaient de colmater le
milieu poreux.
2.1.1. Mesures des concentrations micellaires critiques (CMC)
Lors des expériences hors milieu poreux, la comparaison entre différents tensioactifs
a été réalisée aux mêmes concentrations volumiques ou massiques. Néanmoins, l’égalité
des concentrations ne reflète pas forcément la réalité physique, notamment puisque la
concentration à laquelle se forment les micelles varie en fonction du tensioactif. Ainsi,
pour prendre en compte le moment où les micelles se forment, il est décidé de réaliser les
127
expériences à la même concentration, de 3,2 fois la CMC. Avant cela, la CMC est mesurée
pour chacun des tensioactifs.
Pour les trois tensioactifs sélectionnés, la CMC a été mesurée grâce à la méthode de la
goutte pendante. Les CMC obtenues sont présentées dans le Tableau 4-6.
Tableau 4-6: Valeurs de CMC obtenues pour trois tensioactifs différents grâce à la méthode de la goutte pendante
Tensioactif CMC (en %vol ou en %wt)
Cocamidopropyl hydroxysultaine (CH) 0,005 %vol Sodium Decylglucoside hydroxypropyl phosphate (SDHP) 0,024 %vol
Saponine 0,06 %wt
Un exemple de courbes de tension superficielle obtenues en fonction de la
concentration volumique est présenté dans la Figure 4-10.
Pour chacun des tensioactifs, l’allure des courbes est en accord avec les tendances
attendues. Au fur et à mesure que la concentration augmente, la tension superficielle
diminue. Puis, à la CMC, lorsque les micelles commencent à se former, la concentration de
tensioactifs à l’interface se stabilise, de même que la tension superficielle.
Figure 4-10: Tension superficielle mesurée en fonction de la concentration volumique pour les deux tensioactifs indiqués 25 30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 0 0,02 0,04 0,06 0,08 Tensi o n sup erfi ci el le (m N /m ) Concentration (%vol) CH SDHP
128
Suivant le tensioactif considéré, la CMC varie, en fonction du paramètre d’empilement
des tensioactifs, de la répulsion stérique, ainsi que de la potentielle répulsion
électrostatique entre tensioactifs à l’interface. Plus les répulsions entre tensioactifs à
l’interface sont grandes, et moins il est possible d’en ajouter à l’interface, donc plus les
micelles se forment à faible concentration, et plus la CMC est faible. Ainsi 0,08%vol de
cocamidopropyl hydroxysultaine correspondent à 16×CMC tandis que la même
concentration volumique de sodium decylglucoside hydroxypropyl phosphate ne
correspond qu’à 3,3×CMC.
De même, suivant le tensioactif considéré, la valeur de la tension interfaciale obtenue
après la CMC varie suivant sa capacité à entrer en interaction avec les molécules de la
phase gazeuse et à diminuer la tension de surface.
Il est intéressant de remarquer que la valeur obtenue pour la saponine ne correspond
pas à la valeur citée dans la littérature, qui est de 0,025%wt (Stanimirova et al., 2011). La
saponine utilisée dans leurs travaux avait été obtenue après une série d’étapes de
purification d’extraits naturels. Cela démontre donc qu’une minime modification de la
formulation peut entraîner d’importants changements de comportement physique des
tensioactifs. Il est donc nécessaire de mesurer la CMC lorsque le produit utilisé n’est pas
exactement le même que celui utilisé dans la littérature.
2.1.2. Expériences en colonne
Lors des expériences en colonne, la perméabilité mesurée est de 24,2 ± 0,4 D (mesure
obtenue à partir des valeurs de perméabilité de 25 colonnes différentes).
Trois tensioactifs sont testés afin de déterminer celui donnant les meilleures
performances de déplacement de mousse, c’est-à-dire avec un fort RF et une faible
saturation en eau. Les tensioactifs ont préalablement été choisis grâce aux tests réalisés
hors milieu poreux. Pour chacun des tensioactifs retenus, les valeurs de RF et de S
wobtenues à l’équilibre (dans les conditions précisées en partie 3.2.5 p.82) sont présentées
dans le Tableau 4-7.
129
Le RF est directement relié à la force de la mousse : plus le RF est élevé, plus la mousse
est forte. La saturation permet, elle, de connaître le volume de phase aqueuse présent
dans le milieu poreux à tout instant. De fait, une faible saturation implique une plus grande
efficacité de la mousse à déplacer la phase aqueuse.
Tableau 4-7: Valeurs de RF et de Sw obtenues pour différents tensioactifs testés à Cs = 3,2×CMC, Qtot
= 6,3 mL.min-1 et une qualité de mousse de 87,5 %
Tensioactif RF Sw
Cocamidopropyl hydroxysultaine (CH) 10,0 0,44 Sodium decylglucoside hydroxypropyl phosphate (SDHP) 6,6 0,34
Saponine 11,5 0,39