3. Applications à plus grande échelle
3.3. Expériences de remédiation des sols sur site réel
Bien que de nombreux essais terrain aient été recensés dans la littérature concernant
la récupération assistée du pétrole (Talebian et al., 2014), très peu ont déjà été menés sur
site réel comme méthode de dépollution.
3.3.1. Remédiation par blocage (Hirasaki et al. 1997)
La première fut mise en place en 1997 au Texas par Hirasaki et al. (1997) dans le but
de détourner le flux de solution de tensioactifs vers les zones les moins perméables afin
de faciliter l’extraction de DNAPL.
Le but était de nettoyer un milieu contaminé à 70% par du trichloroéthylène (TCE),
situé dans des zones dont la perméabilité était inférieure à 40 darcy. Un simple lavage par
injection d’une solution de tensioactifs ne pouvait suffire à cause de la présence de zones
de plus forte perméabilité à proximité (et ne contenant pas de DNAPL), avec une
perméabilité supérieure à 100 darcy. Ces zones auraient constitué un passage préférentiel
lors de l’injection d’une solution aqueuse, qui n’aurait alors pas balayé les zones de faible
perméabilité. Pour remédier à cela, de la mousse a été injectée comme fluide de blocage
des zones les plus perméables et permettre l’écoulement de la solution de tensioactif dans
les zones les moins perméables.
L’injection d’une mousse de sodium dihexylsulfosuccinate a été réalisée grâce à la
technique du SAG. L’injection de gaz s’est déroulée en alternance sur trois puits d’injection
par périodes de deux heures. Une solution de tensioactif a dans le même temps été
injectée pour permettre d’émulsifier le DNAPL et faciliter le lavage. Trois puits
d’extraction situés à différentes profondeurs faisaient face aux puits d’injection.
Durant les trois jours de traitement, 3,2 VP de solution de tensioactif ont été injectés
dans le sol, et l’augmentation de pression a montré la formation de mousse, qui a permis
de récupérer 138 L de DNAPL attribuables uniquement à l’utilisation de la mousse. Au
terme de l’injection, les analyses indiquent que la saturation moyenne a diminuée de 0,3%
à 0,03% c’est-à-dire en passant de 668 mg à 77 mg de polluant par kg de sol, et montrent
ainsi la réussite de la remédiation.
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Par la suite, très peu d’essais terrain sont recensés dans la littérature, les études se
concentrant pour la plupart sur des tests de dépollution de carottes de sols pollués.
Néanmoins, deux études récentes ont redémontré l’intérêt de la mousse pour la
remédiation des SSP (voir ci-dessous).
3.3.2. Remédiation par mobilisation et déplacement de DNAPL (Maire et al.
2018)
Dans la première étude, les auteurs ont comparé l’injection de mousse, au lessivage par
une solution de tensioactifs, pour réaliser le traitement d’un sol contaminé en composants
chlorés.
Pour cela, deux cellules différentes de même dimensions et de même configuration
géologique ont été utilisées. Elles ont été délimitées par des murs de ciment et de
bentonite, afin d’éviter la propagation du DNAPL. Pour chacune d’entre elles, les auteurs
ont tout d’abord utilisé une technique dérivée du pump and treat consistant à pomper
l’eau par un puits central, puis à injecter de l’eau par quatre puits situés dans chaque coin
de la cellule. Le but étant de déplacer le polluant pour pouvoir le pomper dans le puits
central, et de diminuer autant que possible le volume de DNAPL résiduel. Cette première
étape est réalisée sur une période d’un mois, et a été suivie soit par le lessivage, soit par
l’injection de mousse grâce à la technique de SAG. Le tensioactif utilisé dans les deux cas
est le sodium dihexylsulfosuccinate.
Dans la première cellule, durant le lessivage, les auteurs ont mesuré la tension
interfaciale de la phase aqueuse présente dans le milieu poreux en fonction du volume de
solution de tensioactif injecté afin de quantifier l’impact des tensioactifs sur la désorption
et la saturation en DNAPL. Bien qu’une augmentation du volume injecté ait entraîné une
diminution de la tension interfaciale, celle-ci n’est pas descendue en-deçà de 15 N.m
-1, ce
qui correspond à une saturation en DNAPL d’environ 0,2. Ces travaux sur le terrain faisant
suite à des essais en laboratoire, les auteurs s’attendaient à atteindre une saturation bien
plus faible. De même, la quantité de DNAPL récupérée est bien inférieure à celle attendue.
Les auteurs expliquent ces différences par les hétérogénéités présentes sur le terrain, ce
qui est confirmé par la présence de gouttelettes de DNAPL présentes dans les carottages
de milieux peu perméables, contrairement à ceux des milieux perméables.
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Dans la seconde cellule, la technique de SAG a permis la formation de mousse, malgré
la présence de DNAPL, comme indiqué par les valeurs de pression et les hauteurs
piézométriques enregistrées. Après trois semaines, des échantillons de sol ont été
prélevés à différentes profondeurs et perméabilités. Dans ceux-ci, la mousse était toujours
présente, tandis qu’aucune gouttelette de DNAPL n’a été remarquée, et ce même dans les
milieux les moins perméables. Ceci montre la persistance de la mousse et semble indiquer
que le traitement a bien fonctionné. Néanmoins, aucune quantification n’ayant été
réalisée, il n’est pas possible de savoir quelle a été l’efficacité du procédé de remédiation.
Face aux comportements inattendus observés en comparaison des essais de
laboratoire, les auteurs recommandent donc d’avoir une excellente connaissance du
terrain avant tout traitement. En particulier, les caractéristiques du milieu poreux, et la
manière de placer les puits d’injection et de pompage doivent être particulièrement
approfondies. Ceci doit ensuite être complété par de la modélisation afin de déterminer si
les conditions d’injections sont idéales, avant de pouvoir réaliser les essais terrain.
3.3.3. Remédiation par confinement in-situ (Portois et al. 2018)
Dans la seconde étude récente d’injection de mousse, la mousse avait pour rôle le
confinement d’une zone source de pollution au TCE. L’injection de mousse devait
permettre de dévier le flux d’eau souterraine de la zone source afin de limiter la dispersion
de la pollution et de permettre son traitement par la suite.
Une mousse constituée d’un mélange de sodium laureth sulfate, cocamidopropyle
betaine et lauryl glucoside a été pré-générée puis injectée pendant 96 h dans des puits
d’injection situés au niveau de zones de fortes perméabilités tout autour de la zone source.
Afin de vérifier le succès de l’injection de mousse, les auteurs se basent sur la réduction
de perméabilité engendrée par la présence de mousse dans le milieu poreux au voisinage
des puits d’injection. Des tests de pompage sont également réalisés un mois après
l’injection afin de mesurer le rayon d’influence de la mousse.
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Les résultats ont permis de démontrer une diminution de plus de 100 fois de la
conductivité hydraulique locale dans le milieu poreux due à la génération de mousse, ainsi
que la diminution résultante du flux de polluant. Les résultats montrent également la
rémanence de la mousse avec une conductivité encore supérieure à 10 fois la conductivité
initiale au bout de 3 mois. Par ailleurs, des essais en laboratoire et la modélisation ont
permis d’approximer le rayon d’action de la mousse à un maximum de 3,2 m. Enfin, les
auteurs ont pu montrer que la mousse permettait de diminuer le flux de polluant en aval
de la zone source d’un facteur d’environ 4,4.
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Chapitre 3
Dans le document
Mousses renforcées en polymère ou particules : application à la remédiation des sols pollués
(Page 90-95)