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5.1 Techniques adoptées pour la collecte et le traitement des données

5.1.1 Les techniques de collecte

La conduite d’une recherche en sciences humaines en général et donc en technologies éducatives pour parler spécifiquement de ce champ disciplinaire, nécessite avant toute chose que le chercheur opère des choix judicieux sur la méthode de collecte de données. Ces choix vont certes dépendre de l’objet de la recherche, les problématiques en jeu, mais également du contexte de l’étude et de la possibilité d’accès aux informations via la méthode envisagée.

Page 111 sur 338 Parmi les méthodes qui sont proposées au chercheur, il y a celles dites actives, qui se caractérisent par le fait que le chercheur s’implique fortement dans l’objet d’étude. A côté de la méthode active, il y a celle de collecte dite passive, à l’instar de l’observation directe et non participante, pour laquelle nous avons opté à titre principal, même si par la suite, pour des raisons de triangulation, nous y associations l’entretien et le questionnaire. Une définition scientifique de l’observation s’énonce comme suit : « Observer est un processus incluant l’attention volontaire et l’intelligence, orienté par un objectif terminal ou organisateur et dirigé sur un objet pour en recueillir des informations » De Ketele (1980, p. 27). La technique d’observation dans la présente recherche a donc consisté à constituer un corpus de données primaires en vidéographiant les séquences pédagogiques mises en œuvre en différenciation, tout en veillant à intervenir le moins possible dans le déroulement des activités pédagogiques, de manière à minimiser les biais induits par ces interférences dans la validité des données recueillies. Cette technique de collecte nous a semblé tout à fait adaptée, étant donné que notre problématique interroge le construit de la motivation en contexte classe et hors classe. En effet, l’une des forces de la technique d’observation directe est sa capacité à saisir les actions proprement dites des apprenants et des enseignants, de saisir leur dynamique et les interactions qui vont s’établir entre apprenants, entre apprenants et enseignants et même entre apprenants et artefacts matériels ou symboliques. Notre observation directe concerne par ailleurs, les données textuelles issues des posts des apprenants dans le groupe dédié à l’expérimentation. Rappelons à ce sujet que les réseaux numériques, parmi lesquels les réseaux sociaux dont WhatsApp qui nous intéresse, favorisent aujourd’hui l’émergence des techniques d’observation numérique. Dans notre processus de collecte de données par observation, nous prenons à notre compte les stratégies de De Ketele (1980) utilisées pour réduire l’impact de l’observation sur les groupes observés.

5.1.1.2 L’enquête par entretiens

La première variante de notre technique de collecte de données est la technique d’entretien. Nous l’avons voulu comme dans le cas de l’observation directe tout aussi passive. Ces entretiens étaient soit individuels, soit par groupes. Les entretiens individuels étaient réalisés à l’issue de la séquence pédagogique, de manière à permettre à l’apprenant interviewé de livrer sur le vif ses impressions sur la conduite de la séquence et sur les activités auxquelles il avait été confronté. Nous avons choisi pour ces entretiens le style semi-directif, parce qu’il nous permettait à travers des questions ouvertes de laisser l’occasion aux apprenants interviewés de

Page 112 sur 338 s’étendre sur les représentations qu’ils se sont faits dans leur rapport à la technologie au cours de l’expérimentation. La limitation des questions et le caractère semi-directif ont conféré l’avantage de recentrer le discours de l’apprenant sur les thématiques en jeu, notamment les activités des apprenants, leur contrôle sur le dispositif, les situations de communication qui émergent en leur sein dans différents contextes et les attitudes motivationnelles qui en découlent. Lorsque ces derniers avaient tendance dans leurs propos à s’écarter considérablement de ces préoccupations, nous étions amenés à les recentrer en reformulant ou en reprécisant la question. Pour ce qui est du contexte du déroulement des entretiens, ils se faisaient en face-à-face dans un bureau, de manière à isoler l’apprenant interviewé de l’influence de ses camarades et de l’enseignant, pour ne pas que l’apprenant soit obligé de dire ce que ceux-ci aimeraient entendre. Les moments privilégiés pour la tenue de ces entretiens étaient la fin de chaque séance de cours pour les entretiens individuels, et la fin de la séquence pédagogique pour les entretiens de groupe. Ces choix délibérés visaient d’une part à saisir les impressions des apprenants sur le vif, et d’autre part à saisir leurs attitudes holistiques sur le déroulement de l’expérimentation.

L’utilisation des entretiens dans une recherche qualitative permet de dégager une discussion sur les thèmes énoncés. En dehors de veiller dans leur conduite à baliser l’espace formel de l’objet de la discussion, aucune autre restriction n’est envisagée. Les conversations qui naissent de la communication entre les sujets enquêtés, c’est-à-dire les apprenants ou leurs enseignants et le chercheur, pour revenir à la logique de notre thématique de recherche, provoquent la formation de représentations sociales, dont la dynamique peut être repérée grâce à cet outil pertinent que constitue l’entretien. L’entretien sera donc l’un des choix méthodologiques qui viendra en renfort pour étayer, compléter ou réorienter notre analyse obtenue à partir des observations en situation. Nous envisageons ici l’utilisation de deux types d’entretien. Dans un premier temps, nous conduisons des interviews semi-dirigés et vidéographiés avec certains apprenants sélectionnés, notamment en fonction de leur implication ou non dans les activités suggérées. Ceci se fait à l’issue des séquences instrumentées. Nous procédons aussi à l’interview de l’enseignant avec pour souci de saisir les représentations que celui-ci se fait de l’implication de ses apprenants dans la démarche pédagogique telle qu’il le leur propose et les interprétations qu’il dégage sur leurs pratiques en termes de satisfaction ou d’insatisfaction et en termes de correction à apporter. L’enquête par entretien permet au bout de sa conduite, de disposer après transcription d’un matériau brut discursif, dont le traitement par la méthode de l’analyse des

Page 113 sur 338 contenus favorise sa lisibilité, sa compréhension et sa capacité à produire du sens sur la dynamique des représentations émergentes Negura (2006).

5.1.1.3 L’enquête par questionnaire

Le questionnaire a constitué une autre méthode de collecte de données que nous avons utilisé dans notre recherche. Elle visait à rechercher chez les apprenants des attitudes que nous avons croisé avec l’expression réelle des déterminants observés (Muchielli, 1993, P27). Pour la phase de pré-collecte l’outil a été soumis aux étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Yaoundé (ENSP). Ainsi, En nous inspirant des propositions de Muchielli, nous avons opté pour le genre dit questionnaire par l’enquêteur, par opposition à l’auto-administration. En procédant ainsi, nous avons pu, au cours d’une séance de face-à-face, faire renseigner les deux questionnaires présentés en annexes 11.1.2 et 11.1.3 et disposer des réponses en temps réel. Ceci a eu pour avantage de nous éviter des pertes de temps, qui seraient dues aux délais de retour. Nous avons enregistré un fort taux de répondants. En effet, seuls les apprenants absents au moment du passage des questionnaires n’avaient pas pu y répondre. Dans la confection de l’instrument psychométrique, nous avons choisi les formes de questions fermées, à travers l’usage des items énoncés selon une échelle de Likert à cinq niveaux de réponses. Il s’agissait donc comme l’affirme Muchielli, d’un ensemble de questions fermées, qu’il nomme pré-codées, par opposition au questionnaire post-codé qui représente plutôt un ensemble de questions ouvertes. L’avantage de ce choix pour nous a consisté en ce qu’elle a facilité l’attribution des réponses, tous les items étaient complétés et le classement des réponses s’est également montré rapide. Reconnaissons tout de même que les réponses univoques obtenues ne favorisaient pas l’expression de certaines attitudes réputées plutôt subjectives (Mucchielli,1993 P30).