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Orchestration des scenarii pédagogiques par apprentissage mobile

3.1 Motivation et apprentissage médié par les technologies

3.1.4 Orchestration des scenarii pédagogiques par apprentissage mobile

Les regards favorables quant aux possibilités qu’offrent les ANP pour améliorer l’apprentissage à travers l’accroissement de la motivation des apprenants et partant l’accroissement de leurs performances, constituent un levier important pour la médiation des activités d’apprentissage scénarisées, qui associées à une pédagogie différenciée, elle-même trouvant dans le

M-Page 72 sur 338 Learning des variétés de possibilités de mise en œuvre, est susceptible de soutenir la remédiation pédagogique. Aussi notre centre d’intérêt, dans le cadre de la présente thèse se situe-t-il dans le continuum des recherches qui interrogent les effets sur les apprentissages, des dispositifs qui allient l’orchestration des scénarii pédagogiques à l’apprentissage mobile. Dans le prochain paragraphe, nous voulons aborder des travaux sur l’apprentissage mobile, qui ont été conduits aussi bien en Afrique qu’ailleurs dans le monde.

3.1.4.2 Quelques études illustratives

Parmi elles, citons en premier cette étude de Baron et al (2015) conduite dans deux établissements scolaires pilotes au Niger, sur le bilan d’une expérimentation de dotation des tablettes numériques, lancée en mars 2013, en partenariat avec le ministère de l’éducation nationale du Niger, l’Agence Française de Développement (AFD), l’ONG Aide et Action et plusieurs entités de la société Orange. La mise en œuvre du projet intégrait entre autres volets, la formation des intervenants, les enseignants et les inspecteurs notamment, à l’usage des tablettes numériques, l’octroi des tablettes munies des ressources éducatives à l’instar des dictionnaires de langues, des livres au programme et des anales pour la préparation de l’examen BEPC. La méthodologie de collecte de données était basée sur des enquêtes menées auprès des élèves, l’analyse des traces générées par l’usage de la tablette, des entretiens et la récupération des résultats à l’examen BEPC. Au bout du compte, l’enquête d’entrée ayant mis en évidence la faible possession du manuel scolaire par les apprenants et comme conséquence l’adoption de stratégies peux fructueuses en situation de pratiques de classe, comme l’utilisation du manuel par des groupes d’élèves, les tablettes se positionnent comme une solution idoine permettant à chaque apprenant de disposer de supports pédagogiques identiques. L’enquête quantitative finale et les entretiens ont confirmé cet intérêt de la tablette, avec à la clé son appropriation rapide et l’effectivité de son usage en classe et à la maison. Par contre, l’analyse des traces ressort des écarts en termes d’intensité d’usage selon le genre, le collège et les disciplines. L’expérimentation n’a pas pu mettre en évidence une différence significative entre les résultats aux examens BEPC des classes expérimentales et les résultats au niveau national.

Swaffiels et al (2013), ont utilisé le téléphone mobile et la messagerie pour soutenir le leadership des directeurs d’écoles primaires au Ghana. L’expérimentation, qui a débuté au mois de mars 2012, visait l’envoi et la réception des messages via skype, à travers un compte dénommé (LfL) Ghana, pour permettre au destinataire d’identifier la source du message. Au terme de l’expérimentation en avril 2013, l’analyse quantitative et qualitative des données

Page 73 sur 338 recueillies, et constituées des messages postés en réponses, a révélé une bonne réactivité des participants. En effet, ceux-ci ont régulièrement répondu aux messages, avec des formats de réponses qui variaient du simple mot (oui ou merci), au paragraphe, en passant par la phrase. L’étude a persuadé les chercheurs qu’un tel dispositif basé sur la messagerie favorise le soutien des professionnels de l’éducation dans le développement partagé de leur leadership.

L’étude de Leclet et al (2007) s’est intéressée à une formation de type « hybride », alternant des séances en présentiel et à distance. Le dispositif étudié intégrait un blog enseignant et des blogs étudiants permettant de communiquer les avancées du travail entre pairs et entre pairs et enseignants à partir d’un ANP. Les résultats de l’expérimentation confirment l’intérêt de la méthode d’apprentissage, consacrent l’usage des blogs comme un « bon outil », « pratique » et facile d’accès, qui assure un certain nombre de fonctionnalités, mais relèvent la difficulté de collaboration entre étudiants en dehors des séances en présentiel, due aux difficultés d’accès à Internet. Les chercheurs relèvent par ailleurs le caractère fastidieux des feedbacks à donner par l’enseignant.

Attenoukon et al (2015) ont entrepris une étude sur l’apprentissage avec les supports mobiles dans l’enseignement supérieur au Bénin. L’objectif de leur recherche était d’analyser les usages de l’apprentissage mobile chez les apprenantes du niveau supérieur de ce pays. Ils ont travaillé sur un échantillon de 188 sujets appartenant à diverses institutions universitaires, en utilisant une méthodologie mixte à dominance qualitative. Les résultats de cette étude ont permis de révéler l’existence des usages de téléphones mobiles par les apprenantes, pour la recherche documentaire, le partage des informations, comme support didactique ou à des fins ludiques. Mais ces usages restent insuffisants, notamment dans l’apprentissage des disciplines scolaires. Plusieurs apprenantes sont cependant convaincues de l’utilité des téléphones portables pour l’apprentissage. Elles expriment leur souhait de la mise en place d’une réglementation qui consacre l’utilisation formelle du téléphone mobile dans les salles de classe.

Kouakou (sd) a conduit une étude sur les déterminants de l’adoption de l’apprentissage mobile par les étudiantes de l’université Cheick Anta Diop de Dakar au Sénégal, avec pour objectif d’identifier les facteurs influençant l’intention d’adoption de l’apprentissage mobile chez les étudiants. Son travail s’est basé sur un échantillon de 197 étudiantes et avait comme variable dépendante l’intention d’adoption du m-apprentissage et comme variables indépendantes l’utilité perçue, la facilité d’utilisation, l’influence sociale, les conditions de facilitation et l’enjouement perçu. Sa méthodologie consistait en l’administration d’un instrument de mesure

Page 74 sur 338 à 24 items sur une échelle de Likert à cinq points. Les analyses des régressions multiples ont mis en exergue l’influence de l’utilité perçue, de l’influence sociale et l’enjouement comme des facteurs qui influencent l’intention d’adopter le m-apprentissage. Par contre, la facilité d’utilisation perçue et les conditions de facilitation n’exercent aucune influence sur l’intention d’adopter le m-apprentissage.

L’article de Djeumeni (2014), relate une expérimentation sur l’apprentissage de la lecture à l’aide du téléphone portable, par les jeunes écoliers de niveau 1, âgés de 6 à 8 ans. Le projet a été réalisé en trois phases, notamment, la compréhension des difficultés de lecture des écoliers, la production des ressources comportant du son et adaptées à la classe d’âge visée et l’utilisation du téléphone portable pour favoriser l’apprentissage des apprenants à partir des ressources ainsi préparées. Au terme de l’expérimentation, des entretiens ont été menés avec les élèves, les parents et les enseignants. Les résultats font état de la dextérité des écoliers à utiliser les téléphones et à la collaboration effective des parents à cette modalité d’apprentissage, à travers la mise à disposition de leurs téléphones. Cependant, on a par ailleurs relevé un prolongement de la durée de la leçon et les enseignants ont émis des inquiétudes, sur l’écoute prolongée à laquelle seraient soumis les tout-petits.

Cortez et al (2004) quant à eux, ont étudié l’utilisation d’un MCSCL (Mobile Computer

Supported Collaborative Learning) en conjonction avec l’enseignant, pour proposer un environnement d’apprentissage de type constructiviste médié par ANP. Le dispositif est constitué d’un exerciseur à partir duquel des activités d’évaluation de type QCM ont été réalisées. Les élèves par groupes de trois et à partir de leur ANP devaient répondre aux questions dans le cadre d’un cours de Sciences Physiques, pour favoriser la collaboration et l’interaction. Les tests inférentiels effectués ont permis aux chercheurs de conclure d’une part que: « les apprenants du groupe contrôle ont eu besoin en moyenne de plus d’essais pour répondre correctement aux questions du dispositif » [traduction d’après l’auteur]. De plus, l’étude a révélé qu’il n’y avait pas de différence significative entre le nombre d’essais nécessaires pour répondre correctement aux questions de type 1 par rapport à ceux de type 2, au sein du groupe expérimental.

Une autre expérimentation est celle de Theodorescu (2014), qui s’est intéressée à améliorer le processus d’apprentissage en utilisant la technologie pour stimuler les apprenants d’associer l’auto-apprentissage dans leur organisation du temps. Cette étude a révélé que les raisons qui poussent les apprenants à utiliser leurs appareils mobiles sont d’abord le souci de socialiser et

Page 75 sur 338 la communication, viennent ensuite l’apprentissage, les travaux à faire à domicile, la ludification, le développement personnel et le e-commerce.

Quant à Farcer et al (2004), leur étude a porté sur l’utilisation d’un dispositif techno-pédagogique combinant jeux et mobile pour l’apprentissage des sciences naturelles. Leur problématique consistait à s’interroger sur les effets de la combinaison des aspects des technologies jeux et mobile. Cette combinaison encourage-t-elle le développement conceptuel de la compréhension des apprenants sur le comportement des animaux, des lions notamment et l’interaction avec l’environnement. Et aux chercheurs de conclure que les joueurs deviennent des experts quand ils sont placés en situation de contrôlabilité de leur apprentissage, aux côtés des pairs compétents.

L’étude de Yuh Shyan Chen et al (2004)., toujours menée en sciences naturelles, mais concernant les papillons, consistait à développer un dispositif mobile pour l’apprentissage par observation de papillons. Il s’agissait d’apprendre à identifier la famille, le nom, l’écologie et le comportement des papillons. L’apprenant devait pouvoir travailler partout et à tout moment. La recherche tentait de répondre à la question de savoir si le dispositif proposé peut être une aide mobile idéale pour l’apprenant pour devenir capable, auto-dépendant, auto-motivé et apprenant indépendant, quand ces derniers s’engagent dans des activités de pleine-nature pour les explorer d’eux-mêmes. Après les quatre activités dont trois guidées et une réalisée de manière indépendante, les résultats des pré-tests et post-tests ont présenté des scores moyens du groupe expérimental en progression significative avant et après l’activité, par rapport au groupe contrôle.

Le « mobile learning organiser » (Corlett, Sharples, Bull et Chan 2002) est une étude qui visait à soutenir l’apprentissage au niveau universitaire sur une période longue. La motivation du projet résidait en ceci que de nombreux hommes d’affaires détiennent des agendas électroniques personnels offrant une gamme d’outils à l’instar du calendrier, de la liste des contacts, du e-mail etc. pour gérer leur vie professionnelle. Le dispositif a ainsi été conçu pour assister la gestion administrative plutôt que l’apprentissage. La question était donc de savoir si il y aurait un intérêt à developer un dispositif analogue pour l’apprentissage mobile, en vue de soutenir les étudiants de niveau universitaire pour la gestions de leurs études? L’expérimentation a été conduite sur des étudiants ayant reçu chacun un iPAQ Pocket PC doté d’une connexion sans fil LAN, mais sans téléphone, pour une durée d’une année scolaire. Ces

Page 76 sur 338 appareils étaient équipés d’un gestionnaire de temps, d’un gestionnaire de la formation, d’un gestionnaire des communications (e-mail et messagerie). Les étudiants devaient s’en servir pour s’engager dans une variété d’activités, y compris celles qui n’étaient pas directement liées à leur apprentissage. Le questionnaire complété par les étudiants impliqués a révélé des changements positifs dans l’utilisation de l’appareil au cours de la période d’expérimentation. C’est ainsi que l’usage du gestionnaire de temps et de la messagerie a progressé, traduisant une perception d’intérêt pour ces outils. D’autres outils, à l’instar du gestionnaire de la formation se sont cependant avérés sans intérêt.

My Art Space (Vavoula et al 2003, Sharples 2007), est une étude qui a exploré l’adoption d’une nouvelle technologie dans l’apprentissage. L’objectif était de questionner le fait de réorganiser l’absence de connexion entre l’école et le musée pendant les visites et la préparation, puis le suivi en classe. Destiné aux enfants de 11 à 15 ans, le dispositif devait permettre aux apprenants de créer leur propre interprétation des objets du musée, à travers des descriptions, des images et des sons qu’ils partageraient et présenteraient en classe. Les informations ainsi collectées à l’aide du téléphone mobile multimédia par chaque élève étaient automatiquement transmises à un serveur et les élèves pouvaient revisiter leurs informations collectées à l’aide d’un navigateur, une fois de retour à l’école. Au terme de l’expérimentation, l’évaluation a permis de relever que certains élèves avaient de la peine à identifier les images et sons enregistrés une fois de retour à l’école.

Citons enfin cette étude expérimentale de Lin et al. (2015) effectuée dans le cadre de la formation des infirmiers, avec pour objectif, d’adopter la technologie comme une stratégie d’apprentissage pour la formation des apprenants en soins infirmiers, à travers l’usage du dispositif en situation réelle. Les résultats de l’expérimentation ont révélé que cette approche a significativement amélioré les résultats et les attitudes de l’apprenants dans l’apprentissage des fondements du métier d’infirmier.