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Analyse des variables catégorielles du construit de la motivation

motivation

4.3.1 L’efficacité personnelle comme variable catégorielle et les observables

selon les dimensions

Nous ne le dirons jamais assez, la motivation est un élément clé dans le processus d’acquisition des apprentissages. Il est donc important, comme cela était déjà le cas dans l’enseignement classique (sans instrumentation) que l’apprentissage médié par les technologies mobiles prennent en compte les sources de cette motivation si on souhaite que les dispositifs techno-pédagogiques jouent le rôle catalyseur des apprentissages qui leur est dévolu par les chercheurs en technologies éducatives, les pédagogues et les didacticiens.

Après avoir levé un pan de voile sur la manière dont se caractérise la source de contrôlabilité, c’est-à-dire l’utilité, l’utilisabilité et le respect ou l’émergence des règles sociales, il est question dans ce paragraphe de définir la structure des indices de caractérisation de l’efficacité personnelle des apprenants qui se sont impliqués dans la réalisation des activités de l’expérimentation, que ce soit en situation de classe ou dans le groupe WhatsApp dédié.

En effet, l’approche sociocognitive de la motivation affirme que celle-ci n’est pas innée, mais plutôt qu’elle se fait et se défait ou alors qu’elle se construit et se déconstruit. Viau (1994 ; P7) a emprunté le concept d’efficacité de la théorie de Bandura (1997) repris par Galand et al (2004 ; P 93-97), et l’a renommé sentiment de compétence dans la construction de son modèle. L’efficacité personnelle ou le sentiment de compétence, voudrait exprimer cette croyance de l’apprenant, qu’il est en possession des capacités requises pour l’exécution d’une activité pédagogique. Si on fait le postulat que l’activité pédagogique en situation d’apprentissage classique ne se déroule pas de la même manière que l’activité pédagogique en situation d’apprentissage instrumenté, on dira que l’efficacité personnelle dans ce dernier contexte est la croyance de l’apprenant en sa capacité à réaliser l’activité pédagogique avec la technologie. Une fois ceci admis, nous pouvons poursuivre le design de notre caractérisation de cette variable efficacité personnelle en situation de différenciation pédagogique en apprentissage mobile, pour suggérer que les indicateurs à renseigner soient issus des sources qui agissent sur l’efficacité personnelle, à savoir (1) l’expérience active de maîtrise ou l’expérience vécue de la personne, (2) l’expérience vicariante ou expérience sociale ou encore apprentissage par les modèles, (3) la persuasion verbale et (4) les états physiques et émotionnels. Ici encore, comme pour la variable contrôlabilité, on peut établir avec l’analyse de l’activité effectuée en se

Page 107 sur 338 servant du « Task Model », un rapport. En effet, les conversations qui émergent et ont cours dans le dispositif techno-pédagogique ou en situation de classe et qui sont capturées par l’analyse de la variable communication de notre modèle d’analyse de l’activité, constituent le matériau qui permet à l’issue d’un tri judicieux, de renseigner les fréquences d’occurrences des indicateurs d’efficacité personnelle telles que nous les avons définies plus haut. La variable expérience active de maîtrise sera objectivée chaque fois qu’il sera mis en évidence une situation (a) d’entraide entre les apprenants, des indices qui prouvent (b) la progression normale dans les activités et des indices (c) d’indexation du dispositif face aux difficultés. Pour la variable expérience vicariante, deux indicateurs doivent pouvoir se manifester, à savoir (a) l’attribution des bonnes réponses aux questions et la (b) tendance à rechercher des informations supplémentaires en dehors du dispositif techno-pédagogique. Pour les états physiques et émotionnels, on surveillera l’émergence des observables signifiant (a) l’inquiétude induite par la présence du dispositif et (b) la satisfaction induite par la présence de la technologie. Le tableau de la figure 4-6 récapitule les indicateurs susceptibles d’émerger dans les variables d’efficacité personnelle.

Tableau 4-6 : Observables des variables d'efficacité personnelle

Variables Observables

Expérience active de maîtrise Emergence des situations d’entraide Progression normale dans les activités Indexation du dispositif face aux difficultés Expérience vicariante Attribution de bonnes réponses aux questions

Tendance à rechercher des informations supplémentaires en dehors du dispositif techno-pédagogique

Etats physique et émotionnel Inquiétude induite par la présence du dispositif Satisfaction induite par la présence de la technologie

La persuasion verbale, qui devait s’énoncer en termes de propos persuasifs et propos dissuasifs, a été évacuée de la grille d’observation consolidée, car elle prêtait à confusion avec certains indicateurs comme l’indexation du dispositif face aux difficultés ou la satisfaction induite par la présence de la technologie.

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4.3.2 Engagement et persévérance comme variables et leurs observables

Engagement et persévérance constituent ce qu’on convient d’appeler la motivation d’accomplissement. Ils constituent l’un des principaux facteurs de la réussite des apprenants. En réalité, lorsqu’on étudie l’engagement, on étudie aussi implicitement le désengagement, dont l’un des signes avant-coureurs est le rejet ou l’évitement des situations de formation. Les comportements d’engagement et de persévérance dans les systèmes de formation exigent outre la maîtrise cognitive des contenus à apprendre, un certain niveau de motivation à réaliser les tâches proposées, en temps et en efforts. En temps pour exprimer sa persévérance dans l’apprentissage, mais aussi dans la régulation des apprentissages, et en efforts favorisant un engagement permanent, c’est-à-dire sans décrochage dans la mise en œuvre des stratégies d’apprentissage et de régulation. Aussi retenons-nous comme indices de manifestation de la variable engagement, (1) la mise en œuvre des stratégies d’apprentissage et (2) la mise en œuvre des stratégies de régulation et pour la variable persévérance, (1) la mise en évidence des temps consacrés à l’apprentissage et (2) la mise en évidence des temps consacrés à la régulation. Le tableau 4-7 résume les observables en lien avec ces deux variables.

Tableau 4-7: Observables des variables engagement et persévérance

Variables Observables

Engagement Mise en œuvre des stratégies d’apprentissage Mise en œuvre des stratégies de régulation Persévérance Mise en évidence des temps d’apprentissage

Mise en évidence des temps de régulation

4.3.3 Etude de la performance comme variable

Pesqueux (2004), conçoit la performance comme un résultat chiffré, obtenu par un individu et qui permet de le classer soit par rapport à ses scores précédents, ou alors par rapport aux scores obtenus par d’autres individus, avec qui on désire le comparer. Par analogie à ce point de vue, nous définissons la performance d’un apprenant, comme le rendu de ce qu’il est en mesure de produire, en termes de résultats aux tests d’évaluation auxquels ce dernier aura été soumis,

Page 109 sur 338 avant, pendant et après une séquence d’apprentissage. Au Cameroun, la séquence d’apprentissage est définie par le curriculum et la fiche de progression élaborée pour le module et les critères de réussite par une règlementation ministérielle, qui fixe le seuil de réussite à 10 sur 20, sauf décision contraire du conseil de classe. En effet, même si la performance est utilisée par les systèmes éducatifs pour mesurer l’atteinte des compétences, comme c’est le cas avec le Programme International de Suivi des Acquis (PISA) de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE), on reconnaît cependant que certains facteurs comme le stress, peuvent amener un apprenant à ne pas manifester un comportement pourtant acquis. Au niveau systémique, des tests standards à l’instar de celui évoqué plus haut, permettent de comparer les acquis des apprenants entre les différents systèmes éducatifs. Dans la présente étude, le test de performance vise à comparer les moyennes obtenues par deux groupes d’apprenants, ceux ayant utilisé les technologies en classe et hors-classe et le reste des apprenants, à savoir ceux qui ont continué à suivre le cours de manière classique, associé à ceux qui ont choisi d’y adjoindre la technologie, mais seulement à l’extérieur de la classe.

En somme, ce chapitre sur les cadres théoriques mobilisés dans le cadre de la présente recherche, nous a permis de situer la logique de l’articulation des variables de l’étude dans le cadre général de Vavoula et al (2009, P287). Il a également permis de décliner le cadre d’analyse de l’activité sur le dispositif techno-pédagogique et d’expliciter les observables de chaque variable issue du modèle d’analyse de l’activité en apprentissage mobile de O’Malley et al (2005, P36). Ce chapitre nous a enfin permis de préciser le cadre d’analyse du construit de la motivation, issu du modèle de Viau (1994, P7) et les observables associables aux différentes variables retenues pour l’étude.

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5 METHODOLOGIE

Dans cette partie du travail relative à la méthodologie, après l’exposé de quelques notions et concepts qui seront convoqués dans la méthodologie, nous présentons d’abord le terrain de recherche, constitué de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique (ENSP) de Yaoundé et le lycée technique de Nkolbisson, où les pré-expérimentations ont été conduites en vue de s’assurer de la pertinence de la méthodologie envisagée et de la fiabilité et la validité des instruments à utiliser pour la collecte de données au lycée technique de Yaoundé II, établissement d’enseignement secondaire, offrant des formations dans les métiers des techniques industrielles et choisi pour l’expérimentation. Nous justifions ensuite le choix de la méthodologie de type qualitatif en fonction des objectifs de la recherche, notamment pour ce qui est de l’analyse de l’activité des acteurs intervenant dans le dispositif techno-pédagogique en étude et pour ce qui est de l’analyse du construit motivationnel. Nous présentons le design utilisé pour la retranscription et l’encodage des données et celui de la transformation des données qualitatives en données quantitatives avant les tests statistiques qui ont précédé l’analyse des résultats obtenus. Nous expliquons enfin comment nous procédons à l’évaluation de la performance et à la comparaison de ces performances avec celles des sujets n’ayant pas utilisé la technologie, pour comprendre l’influence de l’instrumentation sur l’amélioration ou non de la performance des apprenants.