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Les techniques chamaniques

Partie I – LE CHAMANISME

C) Etude du chamane, le « maître du désordre »

6) Les techniques chamaniques

Que ce soit lors d’un rituel de chasse, d’une séance de divination ou lors d’une cure thérapeutique, le chamane officie toujours et nécessairement en passant d’une réalité à une autre, de l’ordinaire au non ordinaire, ce qui est l’essence même de sa fonction et de son pouvoir. Pour provoquer et signifier ce passage à son assistance, le chamane dispose de diverses techniques et conduites, dont les codes lui sont dictés par la société dans laquelle il évolue, mais dont lui seul a la finalité.

a) La transe et l’extase

« Les jongleurs ont en eux quelque chose qui tient encore plus du divin. On les voit entrer

manifestement dans cette extase, qui lie tous les sens et les tient suspendus. L’esprit étranger paraît s’emparer d’eux d’une manière palpable et sensible, et se rendre maître de leurs organes, pour agir en eux plus immédiatement. » (Joseph Lafitau, 1724) (14)

Parmi les techniques employées par le chamane, existe celle de la transe (ou de l’extase), très certainement la plus appréciée du grand public. Rendue célèbre par Mircea Eliade à travers son œuvre monumentale Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase de 1951, la transe est la technique qui sous-tend toutes les autres, lorsqu’elle traduit réellement un changement d’état psychique.

 La transe d’Eliade

La pensée de l’historien roumain Mircea Eliade est que le chamanisme est un ensemble de « techniques de l’extase », un « rite qui a pour fonction de conduire à l’extase, celle-ci étant définie comme une transe

susceptible de supprimer les frontières entre veille et sommeil, entre ciel et terre, entre vie et mort, entre maladie et santé » (21). Ce changement d’état, se traduisant le plus souvent par une sorte

d’évanouissement ou une agitation intense, est appelé transe ou extase par l’auteur. Cette technique permet au chamane d’entrer dans un état mental favorable à la communication surnaturelle. Ainsi toute l’attitude rituelle du chamane aurait nécessairement pour but de la provoquer.

En interprétant les pratiques chamaniques de la sorte, Mircea Eliade a permis de les revaloriser aux yeux des observateurs occidentaux, en montrant que leur finalité n’était pas différente de celle des méditations orientales, et qu’elles traduisaient en réalité des aspirations d’ordre spirituel.

Eliade qualifie de « vol de l’âme » le départ supposé de l’âme du chamane dans le monde des esprits qui a lieu lors de cette extase. Il oppose les vols « célestes » aux vols « infernaux », adjectifs qui trahissent d’ailleurs une certaine influence judéo-chrétienne dans l’interprétation que fait l’auteur des pratiques chamaniques.

Et c’est cet état rituel, qualifié sans distinction réelle de « transe » ou d’« extase », dans lequel se met le chamane sur demande, qui constitue pour lui le point clef du chamanisme : « l’élément spécifique du

chamanisme n’est pas l’incorporation des « esprits » par le chamane, mais l’extase provoquée par l’ascension au ciel ou par la descente aux enfers » (16).

 D’autres points de vue

Michel Perrin définit la transe comme une « manière active » de signifier l’ouverture au monde-autre, se traduisant par une hyper-agitation plus ou moins ordonnée du chamane, alors que l’extase serait plutôt une manière passive de la signifier, se traduisant par une atonie, une léthargie du chamane.

Certaines sociétés chamaniques mêlent les deux : l’atonie (extase) symbolise le départ de l’âme du chamane et l’hyper-agitation (transe) correspond à la venue de ses esprits auxiliaires, « à leurs tribulations ou aux tourments qu’ils lui font subir » (18). Dans le chamanisme japonais, ces deux techniques sont même incarnées par deux types de chamane distincts : l’ascète et le médium.

« Un type de transe caractéristique correspond également à chacune de ces deux figures. Dans le cas

du médium, imprégné ou possédé par l’entité spirituelle, il est commun de rencontrer un certain nombre de symptômes physiques, dont un tremblement violent des mains jointes, une respiration ronfleuse ou des grognements, ainsi qu’une lévitation particulière du corps, dans une position assise, jambes croisées. (…) Un médium violent est toujours considéré plus convaincant qu’un médium docile, le caractère non humain de la voix et du comportement prouvant de façon plus patente le déplacement de la personnalité du médium sous l’effet de la manifestation divine. (…) Le second type de transe est tout à fait différent. Il s’agit d’un état comateux profond, où toute activité physique est suspendue. C’est là que doit atteindre le corps de l’ascète pour pouvoir visiter d’autres royaumes du cosmos. Dans ce voyage, son corps reste sur place, telle une coquille vide, tandis que l’âme traverse des barrières qu’il ne peut franchir. » (Carmen Blacker, 1975) (15)

Mais dans ce cas, ce qui transparait aux yeux de l’auteur comme pertinent pour définir le chamane japonais a plus à voir avec l’ouverture signifiée que la manière de la signifier, ce qui prouve l’importance symbolique de ces deux états : « Le médium tout autant que l’ascète sont des chamanes,

car chacun d’eux, par la transe particulière qui le caractérise, est capable de franchir le pont qui sépare les deux mondes. » (15)

C’est pourquoi Michel Perrin insiste sur un point : ces techniques n’en sont que deux parmi d’autres permettant aux sociétés chamaniques de figurer l’accession à la fonction de chamane. Elles ne permettent pas de définir à elles seules le chamanisme, même si elles découlent directement de la logique chamanique (18).

Pour Roberte Hamayon, le terme de transe suppose un lien entre trois dimensions : physique, psychique et religieuse. La transe englobe des états physiques multiples et contraires : gesticulation, inertie, convulsions, raideur, tremblement de tout le corps, paralysie d’un membre, écume sur les lèvres, tic du visage ; et des états psychiques allant d’une extrême concentration à une extrême excitation voire à une perte totale de connaissance, les uns n’ayant pas forcément de corrélation avec les autres. Dans le sens le plus couramment compris, la transe et l’extase désigneraient donc un comportement physique traduisant un état psychique dû au contact direct avec une instance spirituelle (7).

« Lorsqu’ils pratiquent leurs soins, tous les hommes-médecines expérimentent divers degrés de transe,

qui comprennent des moments de frénésie intense suivis d’une semi-conscience ou d’une inconscience profonde. Il arrive qu’ils se raidissent, se mettent à écumer ou qu’ils restent totalement immobiles, comme plongés dans le coma. Certains ne passent que par une brève transe, alors que d’autres y plongent des heures durant. L’un d’entre eux avait par exemple l’habitude de demeurer en état de semi- conscience pendant presque toute la journée qui suivait une cérémonie. » (Lorna Marshall, sur le

Ceci rend le terme de « transe » imprécis et insuffisant, car il ne reflète pas la dimension culturelle de ces états. En effet, les sociétés à chamanes expliquent la gestuelle de leur chamane comme des signes exprimant sa relation aux « esprits », tel geste signifiant tel type de relation, propre à chaque société. Pour R. Hamayon, cette gestuelle est donc le reflet de conventions culturelles plus que d’un état psychique particulier. Son but est de permettre au chamane de traduire à son assistance ses aventures dans le monde-autre. Dans son article sur le chamanisme de l’Encyclopedia Universalis, elle décrit donc la transe ainsi :

« le chamane (…) se signale par un comportement à la fois caractéristique et personnalisé, connu sous

le nom de « transe » : il est fait de bonds, de cris, de gesticulations, parfois de tremblements, l’ensemble étant en général suivi d’une chute dans l’inertie ; il varie avec chaque chamane et, pour chacun, d’une séance à l’autre. (…) ce comportement est imputé par les sociétés intéressées au contact direct avec des êtres surnaturels ou esprits. Ce contact est considéré comme le moyen d’action du chamane. » (27)

Mais « la transe n’est ni nécessaire ni suffisante » pour l’efficacité d’un rituel chamanique, comme le soulignent Gilbert Rouger et Roberte Hamayon. Et au vu de ses multiples facettes, il est difficile d’identifier la transe sur la base de critères prédéfinis. Hamayon préfère donc parler de « jeu symbolique » et de « performance rituelle ».

Si on veut englober les différentes attitudes rituelles du chamane en employant ces termes, il convient de reprendre l’étymologie des mots « transe » et « extase » :

 « transe » vient du verbe transir qui vient du latin trans « au-delà, par-delà » et ire « aller », « aller par-delà ». Son sens général est donc celui de « passage » (26).

 « extase » vient du latin extasis qui signifie « sortir de soi » (22).

Ainsi, l’accent est mis sur le voyage qu’entreprend le chamane dans l’autre monde, qu’il vit comme un véritable périple, et qui marque la discontinuité de la réalité découlant de la logique chamanique. La transe chamanique, qu’elle soit « extatique » ou non, est au service de la croyance culturelle de ces sociétés.

« L’individu, chamane ou zélateur du culte en transe perd tous les repères qui lui donnent existence dans ce monde pour accéder à un autre monde qui lui est le repère, le « repaire de l’inconscient » là où les choses de la vie et d’ailleurs prennent sens. » (Eric Navet, 1988) (28)

 Le chamane : un spécialiste du changement de conscience ?

La question qui anime aujourd’hui anthropologues et scientifiques concerne la définition de cet état, dans lequel le chamane est censé se mettre : fait-il uniquement partie de la théâtralité du chamane et de la symbolique sociale ou correspond-t-il réellement à un état neuropsychologique particulier ? Dans certaines sociétés chamaniques, la transe est interprétée comme une sorte de mort, due au départ de l’esprit du chamane de son enveloppe charnelle :

« Quand un chaman, ou un sorcier, entre en transe, on dit qu’il est « manon-manon » (mort-mort), c’est

alors seulement qu’il peut converser avec les esprits qui viennent l’habiter ; cette condition lui confère une sorte d’immortalité puisque, après chaque « mort », il se réveille, il « renait ». Mais il ne saurait confondre cette mort spirituelle avec la mort physique. » (chez les Urubú et Tembé Amazoniens, Francis

« Les !Kung croient qu’à ce moment l’esprit de l’homme-médecine quitte son corps pour aller à la

rencontre de Gauwa et des gauwasi [mauvais esprits]. Ils appellent cet état la « demi-mort ». C’est un moment dangereux, et le corps de l’homme doit être surveillé, notamment pour éviter que sa température ne s’abaisse trop. » (chez les !Kung Africains, Lorna Marshall, 1962) (16)

Il parait donc clair à leurs yeux que la transe de leur chamane reflète bien un état particulier de son esprit, sous la forme de son double spirituel et de ses aventures. Pour les chamanes, elle constitue d’ailleurs une véritable expérience, qu’ils vivent comme une autre réalité de leur être.

Pour certains professionnels des neurosciences, la transe chamanique traduit effectivement ce qu’ils appellent un « état modifié de conscience ». Là où le terme transe ou extase réunit à la fois une réalité sociale, culturelle, symbolique, comportementale, et psychologique, l’ « état modifié de conscience » s’intéresse quant à lui uniquement à la dimension psychique du chamane lors du rituel. Georges Lapassade définit les « états modifiés de conscience » (EMCs) comme des expériences au cours desquelles le sujet a l’impression que le fonctionnement habituel de sa conscience se dérègle et qu’il vit un autre rapport au monde, à lui-même, à son corps, à son identité. Il existe des EMCs spontanés expérimentés lors du rêve, des états intermédiaires entre veille/sommeil (état hypnagogique et hypnopompique) et des expériences de mort imminente ou de sortie du corps ; et des EMCs induits comme lors de l’hypnose, de la méditation et de la prise de substances psychédéliques (hallucinogènes) (29). Il classe les « transes chamaniques » dans les EMCs spontanés, bien que l’état de transe du chamane puisse être le fait de la consommation de plantes psychotropes, en particulier hallucinogènes, comme c’est le cas dans le chamanisme sud-américain.

« Le chamane provoque volontairement ces états altérés appelés « extases », « transes » ou « visions », afin de contacter et de manipuler les esprits pour des raisons précises. Il est donc connu comme étant un « maître de la transe », un « maître des esprits ». (…) Celle-ci [l’extase] consiste essentiellement en techniques visant à déclencher, à maintenir puis à interpréter les expériences les plus frappantes de l’imaginaire exacerbé qui naît de l’état altéré de conscience délibérément provoqué par le chamane. »

(Richard Noll, 1987) (13)

Les EMCs peuvent également être provoqués par la privation sensorielle (obscurité, silence et solitude), ou au contraire par des percussions rythmiques répétitives, les jeûnes, les exercices de méditation et de relaxation, l’hyperventilation, une extrême fatigue ou des souffrances physiques importantes.

« Il est possible de provoquer chez un sujet des projections hallucinatoires : on le place dans une matrice préfabriquée, hermétiquement close et on le prive de toute perception visuelle ou auditive. Le même phénomène se produit en nous lorsque nous rêvons dans le sommeil profond. Lorsque l’esprit coupé des cinq sens, du corps, de l’égo, est occupé avec lui-même. » (Weston La Barre, 1972) (17)

Afin de mieux définir cet état psychique, une récente étude menée par le docteur Michael Hove et son équipe chercha à mesurer l’activité cérébrale de 15 chamanes expérimentés lors de leur transe. Les scientifiques employèrent à cet effet la technique d’imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle, (ou IRMf), dans le but d’évaluer la connectivité développée entre les différents réseaux cérébraux lorsque les sujets d’étude atteignaient cet état « de conscience chamanique ». Pour permettre la transe, les chamanes furent invités à écouter les yeux fermés des percussions rythmiques répétitives d’environ 240 battements par minute, soit une fréquence de 4 hertz. Cette fréquence spécifique de battement du tambour fut délibérément choisie car elle correspondrait à la fréquence des ondes thêta du cerveau, ondes émises lors de la relaxation profonde et de la méditation. Elle serait donc plus susceptible d’induire la transe. Les résultats obtenus montrèrent bel et bien une modification de l’activité cérébrale des chamanes : trois zones, en particulier, virent leur connectivité augmenter :

- le cortex cingulaire postérieur (PCC), - le cortex cingulaire antérieur dorsal (CCAd),

Le PCC fait partie du « réseau du mode par défaut », activé quand l’attention n’est pas portée sur le monde extérieur mais, au contraire, quand elle est orientée vers son propre monde intérieur. Il est donc impliqué dans des activités mentales d’introspection. Les deux autres régions, CCAd et insula/opercule forment quant à elles un réseau impliqué dans la sélection des flux neuronaux pertinents lorsque le cerveau effectue une tâche donnée. Elles permettent donc le contrôle de la cognition, en empêchant notamment la perte de ressources attentionnelles vers d’éventuels événements distractifs. En plus de cette modulation cognitive particulière, les résultats montrèrent une diminution de l’activité du réseau auditif, indiquant une suppression de la stimulation liée à la percussion rythmique. C’est ce que les auteurs appellent le « découplage sensoriel ». Le tambour, à travers la sur-stimulation auditive répétitive et par la même prévisible qu’il produit, entraine un désengagement cognitif vis-à-vis du milieu extérieur. Toutes ces modulations mises ensemble semblent donc indiquer une reconfiguration spécifique de la connectivité cérébrale lors de cet EMC. L’attention portée par le chamane sur son environnement et sur ce qui s’y déroule décroit, au profit d’une attention nouvelle et toute particulière portée sur l’intérieur, autorisant un voyage au plus profond de soi. La cognition du chamane est ainsi occupée par des pensées purement introspectives permettant « l’intégration de nouveaux concepts et la survenue de révélations » (30).

A l’instar des moines bouddhistes lors de leur méditation, les chamanes parviendraient donc lors de la transe à un état quasi « immersif » de leur être dans leur propre conscience.

 Les aides à la transe chamanique

Les « sources » provoquant les EMCs sont les mêmes que celles utilisées depuis la nuit des temps par les sociétés traditionnelles pour favoriser l’ « inspiration chamanique », d’abord lors de l’initiation puis tout au long de la pratique du chamane. Il semble donc bien que la transe chamanique soit intimement liée aux EMCs.

Parmi ces conduites qui visent à faire entrer le chamane dans cet état psychique particulier, certaines sont particulièrement importantes :

 celle du tambour, qui l’autorise par le biais du rythme de la percussion et de sa répétition,  celle du chant, par la profonde concentration nécessaire pour les réciter et la teneur du récit qui

appelle au sacré. Les chants stéréotypés permettant l’ouverture au monde-autre, parfois très longs, sont appris durant l’initiation ou leur sont directement révélés par les êtres de la surnature. Ils sont considérés comme une source de pouvoir indéniable par le chamane.

« C’est uniquement au moyen du tambour et du chant que les chamanes chukchees novices ou

expérimentés communiquent avec les « esprits ». » écrivait Waldemar Bogoras en 1904 lors de

son expédition dans le Nord-Pacifique.

« Est-il possible que la musique puisse, à elle seule et sans l’aide de substances hallucinogènes

modifier l’état de conscience du chef religieux, le chamane, et ainsi lui permettre de se mettre en contact avec le monde surnaturel ? Je pense, pour ma part, qu’une telle chose est possible, du moins dans le contexte des rites de guérison chamaniques warao. (…) Combinée au conditionnement culturel, la musique produit, à mon sens, une transe « pure », similaire à l’état de transe méditative qu’atteignent les moines bouddhistes, lorsqu’ils s’appuient sur la musique pour atteindre l’illumination. » (Dale Olsen, 1975) (15)

 celle de la danse, là encore par la rythmicité et la concentration développées, mais aussi par l’épuisement physique engendré par des heures de performance et de souffrance physique.

La consommation de plantes hallucinogènes se distingue des précédentes par une action pharmacologique irréfutable. Elle est également nettement moins répandue que les trois méthodes comportementales, qui sont, elles, universelles. Elles sont en général accentuées par la privation, que ce soit de nourriture ou de sommeil. La maîtrise de ces différentes techniques est tout l’objet de la formation du futur chamane. Et à travers elles, c’est en fait la maîtrise des états modifiés de conscience qu’il cherche à acquérir, comme nous l’explique le psychologue clinicien Richard Noll :

« Tout d’abord, le néophyte apprend à donner plus d’éclat à ses images intérieures grâce à différentes

techniques psychologiques et physiologiques. Nombre d’entre elles peuvent paraître excessives selon nos standards culturels : stimulation de la douleur, hypoglycémie et déshydratation, hypermobilité (comme par exemple au cours d’une longue période de danse), stimulation acoustique (due au tambour), solitude et immobilisation forcée, privation de sommeil, hyperventilation, ingestion d’hallucinogènes. Chacune de ces techniques induits une altération de l’état de conscience. Des études expérimentales en psychologie ont montré que les images mentales peuvent devenir tellement vivantes qu’elles empêchent la perception visuelle normale. Cela se passe comme si les vibrations du monde intérieur devenaient si intenses qu’elles masquaient la lumière provenant de l’extérieur. Une fois qu’un novice est en mesure de créer des images « aussi réelles que la vie », la seconde phase de l’apprentissage peut commencer, qui a pour but de développer le contrôle sur l’imagerie mentale. Les chamanes captent la vision et agissent sur son contenu, apprenant ainsi à maîtriser les esprits. » (13)

Et le chamane n’est d’ailleurs pas le seul à entrer en transe par le biais de ces techniques, son assistance également se retrouve dans cet état singulier : « Son chant, qui dura bien plus d’une heure, tantôt doux,

tantôt explosant de toute sa force de concert avec la danse, m’avait plongé dans l’état de conscience que toute répétition provoque : j’avais l’impression de me trouver sur le seuil de la transe. » (Holger

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