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Le chamane et les plantes médicinales sacrées

Partie I – LE CHAMANISME

C) Etude du chamane, le « maître du désordre »

7) Le chamane et les plantes médicinales sacrées

« Investi d’une autorité spirituelle, le chaman, femme ou homme, entre en communication avec un monde invisible et donc impossible à percer pour tout autre individu. Ici résident son pouvoir et son audience. Pressenti pour guérir les corps et les esprits, il connait les plantes, les champignons et leurs dangers éventuels, sachant que chacun de ces produits, choisi pour ses vertus spirituelles, remplit une fonction et engendre des visions particulières. »

Pierre Chavot, Le champignon des Dieux, 2005

En tant qu’homme de savoir et fin observateur du milieu naturel, le chamane détient la connaissance des plantes médicinales. Ces plantes comprennent, d’une part, les plantes thérapeutiques telles qu’on les conçoit dans nos sociétés (antipyrétique, cicatrisante, antidouleur…) qui ne sont pas spécifiques au chamanisme ni au système de pensée dans lequel il s’inscrit. Elles relèvent d’un savoir générique retrouvé dans beaucoup de sociétés humaines. La différence avec un herboriste conventionnel réside dans la manière d’acquérir ces connaissances : le chamane est censé détenir sa connaissance du monde végétal de son lien particulier avec le monde-autre (même si, en réalité, elles font souvent partie de son apprentissage auprès des anciens). Dans certaines sociétés, il est même celui qui insuffle le pouvoir médicinal aux plantes pendant la cure : « Ils déclarent en certaines occasions qu’ils vont communiquer

aux racines et aux plantes la vertu de guérir toutes les sortes de plaies, et même de rendre la vie aux morts. Aussitôt ils se mettent à chanter, et l’on suppose que pendant ce concert, qu’ils accompagnent de beaucoup de grimaces, la vertu médicinale se répand sur les drogues. » (Denis Diderot, 1765) (9)

D’autre part, les plantes de la panoplie du chamane comportent aussi et surtout, les plantes « visionnaires », ces plantes « qui donnent à voir », véritables alliées du chamane dans sa pratique (nous parlerons de « plantes » au sens large de monde végétal, puisque cela englobe également plusieurs champignons). Comparativement à l’étude du chamane et de sa transe, ce n’est que tardivement que les anthropologues ont commencé à s’intéresser à l’usage des plantes psychotropes dans les civilisations anciennes, et ont compris l’importance que celles-ci avaient eu et ont toujours pour les sociétés chamaniques. Ils ont notamment été influencés par le portrait catégoriquement négatif de leur emploi comme aide au voyage chamanique peint par Mircea Eliade. Il écrivit en effet dans son œuvre de 1951 : « Les narcotiques ne sont qu’un substitut vulgaire de la transe « pure ». […] Les intoxications (alcool,

tabac, etc.) sont des innovations récentes et elles accusent en quelque sorte une décadence de la technique chamanique. On s’efforce d’imiter par l’ivresse un état spirituel qu’on n’est plus capable d’atteindre autrement. » (19)

Loin d’être proches de la vérité, ces propos sont contredits par bon nombre d’études anthropologiques réalisées auprès des intéressés, qui font remonter leur usage aux premiers témoignages des missionnaires et se perpétue jusqu’à maintenant. Sans parler du fait que les hallucinogènes et les narcotiques sont, d’un point de vue pharmacologique, des catégories distinctes de psychotropes. Eliade reviendra d’ailleurs sur cette idée de « technique décadente » du chamanisme pour parler des hallucinogènes vers la fin de sa vie (19).

Mais revenons-en à nos sociétés traditionnelles. Pour rappel, dans la conception chamanique de l’Univers, chaque être est animé par une composante spirituelle, âme ou esprit. Ce principe spirituel existe aussi dans le monde végétal. Et il est particulièrement important dans le cas des plantes psychoactives, qui nous allons le voir, ne sont ni considérées, ni employées de manière « conventionnelle ».Ces plantes font partie de la pharmacopée de ces cultures en tant que médecine traditionnelle du corps et de l’esprit. Mais ce qui est plus surprenant, c’est qu’elles sont également considérées comme des entités sacrées : les sociétés traditionnelles qui les utilisent connaissent des mythologies qui leur sont entièrement dédiées, et leur vouent parfois d’authentiques cultes. Et c’est le

a) L’enseignement par les plantes sacrées

Dans les sociétés où le chamanisme est étroitement lié à la prise de plantes psychoactives, celles- ci jouent un rôle déterminant dans l’apprentissage du futur chamane.

« Dans le contexte des pratiques chamaniques, une croyance essentielle veut que de nombreuses plantes,

pour ne pas dire toutes, aient chacune leur propre « mère » ou esprit. C’est grâce à l’aide des esprits de certaines de ces plantes, que j’ai dénommées « plantes qui enseignent », que le chamane est capable d’acquérir ses pouvoirs. » (Luis Eduardo Luna, 1984) (15)

A ces plantes sacrées « enseignantes » sont en effet rattachés des esprits, les « Mères » des plantes. « La

Mère de la plante est son existence, sa vie » expliquait un chamane de l’Amazonie péruvienne (Luis

Eduardo Luna, 1984) (15). Ce sont ces esprits que le chamane intègre lors de la consommation de la plante, et avec qui il entre en communication pour obtenir la connaissance.

Il faut savoir que les plantes enseignantes de la tradition chamanique ne provoquent pas toutes des visions éveillées (autrement dit, elles ne sont pas toutes hallucinogènes à proprement parler). C’est notamment le cas des plantes purgatives et émétiques qui provoquent un « mal de mer aveugle » (Luna, 1984) et qui sont pourtant extrêmement importantes. En effet, dans beaucoup de cultures, particulièrement celles d’Amérique du Sud, la « purga » (purge) a une connotation particulière, elle est vécue comme une purification du corps et de l’esprit. Ce concept de purge purificatrice est appliqué aux prétendants à la fonction de chamane lors de leur apprentissage, et parfois, aux garçons devenant hommes lors de leur rite initiatique. Et ce, toujours dans le but d’obtenir protection et pouvoir des esprits. « La manière la plus sûre pour ce faire, est, pour un jeune adolescent, de se purifier par le jeûne et les

ablutions et en vomissant, jusqu’à ce que son corps soit parfaitement propre et acceptable pour servir de réceptacle aux entités surnaturelles. » (Franz Boas, 1910) (11)

Il existe aussi les plantes psychoactives « qui n’enseignent que lors des rêves », c’est par exemple le cas de la pâte de tabac (13).

La consommation des plantes hallucinogènes est un moment clef de l’enseignement du chamane, car elles permettent de créer une rupture délibérée du quotidien, rupture à l’origine du savoir chamanique : sous leur emprise, le novice est autorisé à entrer en relation avec le monde-autre, véritable lieu de son initiation (22). Car c’est dans le monde-autre et pas ailleurs que l’apprenti chamane obtiendra son pouvoir, et où la connaissance des choses secrètes lui sera révélée par les êtres qui l’habitent. Il apprendra entre autre à connaitre ces plantes et à les reconnaitre, à les préparer et à les manier à la perfection. Ces plantes, à travers les principes actifs qu’elles renferment, possèdent le pouvoir de modifier de manière drastique la perception ordinaire, et engendrent un changement profond de l’état de conscience. Dans la pensée chamanique, la modification de l’état ordinaire s’explique par une plus grande « mobilité de l’âme », une transformation temporaire de l’être physique en être purement spirituel. Ces modifications permettent le voyage et le décentrement vis à vis du monde profane (26). Le chamane apprendra à manipuler cette rupture nette avec l’ordinaire, à la provoquer de manière volontaire afin d’aider au mieux sa communauté. Les plantes visionnaires constituent donc un canal vers d’autres réalités où les mythes prennent vie, un « véhicule » que le chamane va emprunter tout au long de son existence et de sa pratique.

On remarque cependant que dans certaines ethnies, plus l’expérience du chamane grandit, moins il a besoin d’employer les plantes psychoactives pour répondre aux demandes de ses congénères. Ainsi, l’aptitude à se passer d’elles pour créer l’ouverture est le signe d’une grande maîtrise du pouvoir chamanique (18).

b) Pratique chamanique et plantes visionnaires

L’enseignement prodigué par les Mères des plantes permet au chamane d’obtenir pour son exercice à la fois un savoir thérapeutique et un savoir plus global, plus universel, pour comprendre le monde et agir sur lui.

Lors des cures, le chamane fait d’abord appel à elles pour connaitre la source du mal et poser le diagnostic. Ensuite, il cherche à obtenir d’elles comment soigner ce mal. En fonction du diagnostic, elles lui indiqueront donc quelles plantes médicinales utiliser et comment, où se cache le mal et comment l’extirper par succion, ou bien elles l’aideront à retrouver l’âme égarée du malade dans le monde-autre, et à la réinsuffler dans le corps du patient. Elles peuvent également lui dicter les chants sacrés et thérapeutiques qui seront récités tout au long de la cure afin de le libérer du mal surnaturel qui l’habite et ainsi le guérir. Ces « mélodies magiques » sont appelées icaros dans le chamanisme mestizo de l’Amazonie péruvienne (15).

Généralement, le chamane n’est pas le seul à consommer la plante sacrée, celle-ci pouvant soigner directement le malade lors de son administration, par les visions qu’elle engendre et le pouvoir qu’elle détient.

« C’est au cours de ses hallucinations que le payé peut diagnostiquer la maladie, connaître sa cause, discuter le traitement avec Vihó-mahsë [Maître du tabac à priser] et apprendre les formules correctes qu’il devra prononcer au-dessus du patient. Il arrive également que le patient absorbe, lui aussi, une substance hallucinogène, grâce à laquelle il peut décrire ses visions au payé, tandis que ce dernier est à la recherche d’indices concernant la cause et le traitement adéquat de la maladie. » (Gerardo Reichel-

Dolmatoff, 1975) (15)

Lors de séance divinatoire, elles lui offrent les visions qui lui permettront de trouver le gibier, d’entrer en contact avec les ancêtres, de prédire l’issue d’une guerre ou de répondre à toute autre demande de la communauté.

Il faut savoir que la consommation des plantes sacrées s’entoure de nombreuses règles et interdits. Ils découlent d’un savoir empirique ancestral éprouvé à de nombreuses reprises par les chamanes dans leur pratique, et ont pour but de garantir la réussite de la séance ou de la cure chamanique. En particulier, leur prise nécessite certaines restrictions comportementales (abstinence sexuelle) et alimentaires. Par exemple pour l’Ayahuasca, une période de purge réalisée grâce à différentes plantes émétiques et purgatives est nécessaire avant la prise de la boisson hallucinogène, comme lors de l’initiation, pour pouvoir accueillir l’esprit de l’Ayahuasca et obtenir son enseignement.

c) Les plantes psychotropes et la société chamanique

L’utilisation des plantes psychoactives dans les sociétés chamaniques a peu de chose à voir avec l’utilisation dont elles font l’objet dans les sociétés modernes occidentales. Le but récréatif n’existe pas dans la pensée chamanique. Leur consommation est sacrée, en lien avec le mystique, et surtout elle a un but concret, celui pour le chamane de répondre à une demande, un besoin de la communauté ou de l’un de ses membres.

Le voyage qu’elles induisent est pour cela parfaitement encadré par la culture et la cosmologie de la société en question. Dès l’initiation des aspirants chamanes par les anciens, il leur est enseigné ce qui déterminera le contenu de leur vision, les mythes qu’ils seront amenés à vivre lors de l’expérience hallucinogène, les esprits qu’ils vont y rencontrer, les Dieux qu’ils auront à contenter, les adversaires chamanes qu’il faudra neutraliser et les héros culturels qu’ils devront incarner et honorer.

« Les visions provoquées par l’intoxication au jus de tabac sont naturellement très influencées par les

récits mythiques de l’initiateur. Invariablement, le candidat se croit transporté au pays des esprits. »

(Alfred Métraux, 1944) (16)

Evidemment, le propre vécu du chamane sous l’emprise des plantes visionnaires vient alimenter et étayer ces mythes, puisqu’il est le seul véritable maître du sacré et du mythique au sein de sa communauté.

Mais si le chamane a l’autorité reconnue sur les plantes hallucinogènes, il n’en a pas forcément l’exclusivité. Elles sont naturellement utilisées par les chamanes lors de l’initiation chamanique et dans le cadre de leur pratique quotidienne, mais elles sont également données à des « non spécialistes » en certaines circonstances, comme lors des rites de passage à l’âge adulte, des cures et durant certains rites collectifs. C’est par exemple le cas chez les Awajún du Pérou, où le tabac, l’Ayahuasca et la brugmensia peuvent être données au malade, dans un but curatif, ou à l’adolescent, dans un but didactique. Ainsi, ces plantes font partie « d’un moment d’appropriation culturelle, traditionnellement accréditée et

intégrée dans la totalité de la sphère sociale » (Rossi, 1991) (22).

Lorsque qu’elles sont employées pendant les fêtes engageant l’ensemble de la tribu, c’est dans le but de créer un lien fort et durable entre la communauté et ses croyances, entre les participants, et plus généralement entre le monde des Hommes et le monde naturel. Car comme le soulignent Baud et Ghasarian, le sacré des sociétés chamaniques de tradition orale est une expérience que chacun peut éprouver concrètement, contrairement aux religions qui puisent leurs croyances dans les écrits, pour lesquels le sacré fait plus rarement l’objet de confrontation directe ou d’expérientiel (22).

Au cours des siècles, l’évolution du rapport entre la société et les plantes hallucinogènes a suivi, à peu de chose près, celle liant le chamanisme à la société. Là où le chamanisme s’est vu écarté de la vie religieuse et politique du fait de la complexification des instances et de l’évolution des croyances, permises entre autre par la révolution néolithique, une attitude de rejet vis-à-vis des plantes de pouvoir s’est également développée. Dans la plupart des cas, la hiérarchisation des activités humaines n’autorise plus le vécu de l’expérience psychédélique par tout à chacun : elle devient incompatible avec l’autorité d’un pouvoir centralisé. Leur emploi se réduit dans certains cas, voire disparait complétement dans d’autres (17).

« Cette démarche consistant à utiliser des psychotropes pour obtenir des révélations est tout

particulièrement développée dans les sociétés de petites dimensions dans lesquelles la structure sociale n’invite pas les membres à s’en remettre systématiquement à des hiérarchies et autorités que d’autres sociétés attribuent aux prêtres ou autres spécialistes religieux. » (Baud et Ghasarian, 2013) (22)

Cependant, certaines sociétés traditionnelles ont conservé un usage sacré de ces plantes pour leur propriété hallucinogène, nous offrant ainsi un aperçu de l’importance qu’elles ont eu à un moment plus ou moins lointain de notre Histoire.

d) Les plantes de la tradition chamanique

Les ethnobotanistes ont relevé plus d’une centaine de substances psychédéliques naturelles connues pour leur propriété dans le Nouveau monde, alors qu’on en comptabilise seulement une dizaine pour le Vieux continent. D’un point de vue botanique, il n’existe pas d’explication valable à une telle différence de répartition. On devrait même plutôt s’attendre au contraire, compte tenu de la surface terrestre du Vieux continent, de la diversité de ses écosystèmes, et de l’ancienneté de la présence de l’être humain, toutes supérieures à celles du continent américain. La réelle différence ne se situe donc pas dans le nombre de plantes psychédéliques à disposition sur chacun des deux continents, mais sur la connaissance qu’on en a : les natifs du Nouveau monde connaissaient la grande majorité des plantes psychédéliques disponibles dans leur environnement, même si ils ne les employaient pas toutes.

« En constituant leur panoplie alimentaire, les hommes découvrirent les vertus des produits comestibles

(nutritive, médicinale…), mais aussi la dimension magique de certains d’entre eux (…) il n’y a pas de raison de douter qu’il en fut de même pour des espèces toxiques intéressantes qui, une fois leur danger identifié, servirent à des fins spirituelles grâce à leurs propriétés hallucinogènes. » (Pierre Chavot,

2005) (31)

Parmi ces plantes visionnaires, on peut citer :

 Les cactées

- Lophophora williamsi (Lemaire ex Salm-Dyck) J.M. Coult ou Peyotl

Particulièrement important chez les Huichol d’Amérique centrale, il faisait également partie des plantes sacrées de la civilisation Aztèque. Le petit cactus est une des trois plantes qui seront abordées plus en détail dans la partie II.

- Pachycereus pecten-aboriginum (Engelmann ex S. Watson) Britton & Rose ou Peigne des

indiens

Il sert à la préparation d’une boisson hallucinogène, le cawe ou chicowaka (qui signifie « folie ») chez les Tarahumaras du Mexique, mais aussi comme médecine traditionnelle sur les plaies et les ulcères.

- Trichocereus pachanoi Britton & Rose = Echinopsis pachanoi Friedrich & Rowley ou cactus

San Pedro

Le San Pedro est utilisé comme hallucinogène sacré principalement dans les Andes péruviennes. En médecine traditionnelle, ce cactus est lié aux notions de puissance, de pouvoir et de force, qu’ elles soient incarnées sous forme d’animaux (jaguar entre autre), de personnes ou d’êtres surnaturels. Il fait partie des hallucinogènes les plus anciens de l’Amérique du Sud, comme en témoignent des gravures retrouvées dans un temple au Pérou datant du XVIe siècle avant J.C.

Il est appelé huachuma dans le nord des Andes, achuma en Bolivie et San Pedro au Pérou. Ce dernier terme aurait comme influence celle du Christianisme, qui veut que ce soit Saint Pierre qui détienne les clefs du paradis. Les lieux où le cactus pousse sont considérés comme sacrés, et font l’objet de pèlerinage que suivent malades et chamanes.

Les chamanes définissent quatre espèces suivant le nombre de côtes du cactus, celui à quatre côtes étant considéré comme le plus puissant : ces quatre côtes symbolisent en effet les « quatre vents ». Le San Pedro n’est pas utilisé uniquement pour ses propriétés thérapeutiques et divinatoires, il est aussi un gardien très important des cases, car il produit des sons « qui ne sont pas de ce monde » faisant fuir les personnes malintentionnées (32).

Il est consommé sous la forme d’une boisson obtenue à partir de tranches du cactus que l’on fait bouillir dans de l’eau pendant 7 heures. Des plantes additives sont parfois utilisées pour en modifier les effets. L’expérience est décrite ainsi par les chamanes :

« La drogue provoque d’abord une somnolence ou un état de rêve et une sensation de léthargie et de

léger engourdissement suivie d’une puissante « vision », la compréhension très nette de toutes les facultés humaines, qui cause une légère torpeur du corps. Suit alors un état de tranquillité absolue. Ensuite commence le détachement corporel dû à une sorte de force visible qui comble tous les sens – y compris le sixième, le sens télépathique, qui dépasse les limites du temps et de l’espace. » (32)

 Les champignons

Les champignons et leur importance dans l’Histoire de l’Humanité ont fait l’objet d’une étude poussée et novatrice par Robert Gordon Wasson et sa femme Valentina Pavlovna, deux mycologues amateurs. Ils ont de ce fait grandement contribué au développement de l’ethnomycologie, ainsi qu’à la reconnaissance de l’emploi traditionnel des champignons hallucinogènes.

On peut citer comme champignons d’utilisation chamanique :

- Psilocybe spp. dont Psilocybe mexicana et Psilocybe cubensis Heim = Stropharia cubensis

(Earle) Singer, et Panaeolus sphinctrinus (Bull ex Fries) Quélet, entre autre.

Tous trois ont été particulièrement employés en Amérique centrale par les Chinantèques et les Mazatèques. Ils font partie du culte du Teonanácatl qui sera abordé plus en détail dans la deuxième partie de cette thèse.

- Amanita muscaria (L. : Fr.) Lam., ou Amanite tue-mouches

Elle fut surtout utilisée dans le pourtour Arctique chez les Koryaks russes et les Ojibwés d’Amérique du nord. Son emploi traditionnel sera abordé par la suite.

 Les plantes

- Tabernanthe iboga Baill. (Apocynaceae), l’Iboga

L’arbuste iboga est particulièrement important chez les Fang et les Mitsogo africains. Sa racine est utilisée pour ses propriétés stimulante et hallucinogène à des fins magicoreligieuses dans le culte Bwiti pratiqué par les sociétés sécrètes de l’ouest de l’Afrique centrale (Gabon, Congo). Sa portée est principalement d’ordre initiatique.

L’iboga permet en effet d’ « ouvrir la tête », et autorise le contact avec les ancêtres. Dans la cosmologie

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