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Les attributions du chamane

Partie I – LE CHAMANISME

C) Etude du chamane, le « maître du désordre »

5) Les attributions du chamane

« Le chamane (ou payé, comme on l’appelle communément dans cette région) est probablement le plus grand spécialiste de la culture indigène. C’est lui qui, représentant son groupe local, contacte les pouvoirs surnaturels et qui, dans l’esprit de ses gens, a la connaissance ésotérique nécessaire pour utiliser ce canal pour le bien de sa communauté. (…) Dans tous ces domaines, le rôle du payé est essentiellement celui d’un médiateur et d’un régulateur entre les forces surnaturelles et la société, servant de tampon entre la nécessité pour l’individu, de survivre, et les forces visant à sa destruction, que ce soit la maladie, la faim, ou les mauvais desseins que peuvent nourrir les autres à son égard. »

(Gerardo Reichel-Dolmatoff, 1975) (15)

La fonction première du chamane, qui sous-tend n’importe quelles de ses tâches, est de prévenir les déséquilibres et de donner sens aux infortunes, en offrant un moyen simple et efficace d’y répondre (6). Les domaines d’expertise du chamane sont multiples et ne se limitent pas seulement à ce qui a trait au mode de subsistance.

La fonction de chamane nécessite de ce fait une grande polyvalence, tant ses attributions peuvent être diverses et variées. Elles diffèrent d’une région à l’autre, d’une époque à l’autre, et comme nous l’avons vu, elles dépendent également du type de société traditionnelle dans laquelle il évolue. Ainsi, dans les sociétés où le chamanisme est central, les tâches attribuées au chamane sont jugées comme étant de la plus haute importance pour la vie de sa communauté, c’est pourquoi on attend de lui des résultats concrets, sous peine de châtiments pouvant aller jusqu’à la mort.

Nous allons donc développer les « compétences chamanique » les plus communément rencontrées à travers le monde (22,26).

a) Un acteur social

Il organise la vie du groupe autour des activités vitales que sont la chasse, la pêche, la cueillette et l’agriculture.

Il sert aussi de médiateur dans les conflits sociaux : grâce à son talent divinatoire, il doit être à même de discerner les affaires les plus embrouillées et de désigner les coupables quand cela est nécessaire. Parfois, il joue le rôle de diplomate avec les communautés voisines. Il est aussi celui à qui l’on fait appel lors de négociation difficile, étant déjà un habile négociateur auprès des êtres de l’invisible.

« En sa qualité de porte-parole et d’intermédiaire, le payé n’est pas un mystique, mais un praticien

spécialiste de la communication. » (Gerardo Reichel-Dolmatoff, 1975) (15)

b) Un spécialiste des rituels, cérémonies et autres fêtes

Il élabore et dirige les rituels de la communauté entourant les grandes activités humaines comme le début de la saison de chasse, la moisson ou bien les cérémonies importantes du calendrier comme les fêtes de la mousson, les fêtes lunaires, etc… Il est aussi en charge des rituels marquant chaque étape importante de la vie de l’individu que sont la naissance, la puberté et la mort.

A travers ces rites, le chamane maintient une certaine harmonie entre la société humaine et la Nature, assure la cohésion sociale entre les membres de sa communauté et tisse le lien entre les générations. C’est donc à lui qu’incombe l’aménagement des espaces rituels, lui qui impose certaines conduites durant les cérémonies et qui renforce les symboliques touchant entre autre les couleurs, les nombres et les éléments.

c) Un législateur de la société chamanique

Pour le bien de sa communauté, il peut également être amené à fixer règles, interdits et tabous que lui aurait imposé le monde-autre, dont il est le porte-parole, afin de protéger ses semblables d’éventuelles représailles. Il doit également veiller au respect des pactes qu’il fait avec l’invisible, notamment ceux concernant la chasse.

« L’angakoq – ou prêtres – jouit d’un ascendant considérable sur l’esprit des Esquimaux. Ses ordres sont exécutés rigoureusement et ses prescriptions concernant l’abstention de certains types de travail ou de nourriture sont observées scrupuleusement. » (Franz Boas, 1887) (11)

d) Celui qui favorise la chasse

Comme dit précédemment, Charmer le gibier est une des missions fondamentales du chamane dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs, et très probablement la plus ancienne, celle-là même à l’origine du chamanisme. Mais cette mission ne se résume pas seulement à la direction du grand rituel saisonnier, elle se traduit plus concrètement par diverses aptitudes qui peuvent faire l’objet de requêtes ponctuelles, comme :

- lever la malchance frappant le chasseur, - faire revenir le gibier lorsque celui-ci est rare,

- faire s’éloigner les animaux dangereux menaçant le chasseur, - trouver où se cache le gibier.

Il a aussi une fonction régulatrice : après négociation auprès du Maître du gibier, c’est lui qui indique aux chasseurs le nombre d’animaux qui pourront être tués pendant la chasse, de sorte que cela ne menace pas la pérennité de l’espèce et n’attise pas la colère des esprits du Monde-autre. Il s’avère donc être aussi le « gestionnaire des ressources naturelles ».

« Il est étrange que les Esquimaux, qui n’ont que très peu d’animaux pour se nourrir, se restreignent à

l’égard de la nourriture. Sur ce plan, pourtant, leurs règles sont nombreuses : il est par exemple absolument impossible de leur demander de manger de la viande de morse pendant la saison de la chasse au chevreuil et réciproquement. » (Franz Boas, 1887) (11)

Il fixe également les règles et interdits (tabous) qui permettront le bon déroulement de la chasse (abstinence sexuelle des chasseurs, interdiction aux femmes enceintes et indisposées de participer à la chasse de loin ou de près, etc.).

« Lorsque le chamane-antilope appelle ses gens pour se lancer à la poursuite de l’antilope, il les met en garde concernant leur comportement : les rapports sexuels entre gens mariés sont, par exemple, interdits pendant les quelques jours nécessaires à la construction du corral. Ce tabou dure jusqu’à ce que les antilopes aient été abattues. » (Williard Park, 1938) (16)

e) Un lecteur et traducteur de l’invisible

D’une manière générale, le chamane est censé pouvoir expliquer tous les phénomènes extraordinaires et inattendus qui sont le reflet, dans notre monde, des actions des êtres de l’invisible. On fait appel à lui pour interpréter les rêves et les visions des membres de la communauté, exposer les désirs secrets de l’âme, pour identifier les causes des malheurs (sociologiques, écologiques ou autres), interpréter les présages, retrouver les objets perdus ou volés grâce à ses dons de voyance, ainsi que les voleurs, et enfin, pour prédire l’avenir (par exemple, le bon déroulement d’un voyage comme c’était le cas dans le récit d’Avvakum).

L’art de la divination est de loin celui qui a le plus intrigué les observateurs occidentaux au cours des siècles. Celle-ci est la conséquence directe de l’interaction privilégiée du chamane avec ses esprits auxiliaires ou d’autres êtres de l’invisible. Il obtient d’eux sa capacité à lire les signes qui lui sont adressés dans les braises, la fumée ou dans ses propres rêves.

« On trouve par ailleurs l’idée que le payé est capable d’interpréter certains passages de la mythologie,

certaines narrations généalogiques, des formules incantatoires, les rêves, ainsi que tout autre signe ou présage qu’un individu peut avoir observé. Ainsi, les interprétations du payé « éclairent » ces questions, au sens propre du terme. (…) Sa vision doit donc être nette, son ouïe fine ; autrement dit, il doit être capable de distinguer clairement les images se présentant à son esprit pendant la transe et comprendre les voix surnaturelles qui lui parlent. » (Gerardo Reichel-Dolmatoff, 1975) (15)

Ainsi, dans certaines tribus, le terme désignant le chamane signifie « celui-qui-voit » ou encore « celui- qui-sait ». Grâce à ce talent, il est celui qui trouve une explication à l’inexplicable. Cela lui confère un grand pouvoir décisionnel sur la communauté : chez les Huichol du Mexique, le chamane principal appelé kavitero devine en rêve le nom du futur dirigeant de la communauté. Chez les toungouses, le chamane confirme par divination les choix politiques du « conseil du clan ».

f) « Celui-qui-peut »

« Ce qu’il faut au peuple, le prophète le sait, le chamane peut l’obtenir. » (Weston La Barre, 1972) (17)

Comme le souligne Roberte Hamayon, le chamane ne se contente pas de simplement dire l’avenir, mais doit, en quelque sorte, le faire. Il est celui qui peut influer sur le cours des choses : il « gagne la chance » auprès des êtres de l’invisible en se faisant le défenseur de l’humanité, que ce soit pour l’individu lors d’une séance privée ou pour la communauté lors de grands rituels. Cela se traduit par l’obtention de résultats concrets : une guérison, une bonne récolte ou une saison de chasse réussie. Le chamanisme est avant tout un système basé sur le pragmatisme (24).

Il obtient ces résultats à travers l’influence dont il jouit sur ses congénères. Son travail permet en effet à ceux qui en bénéficient un élan d’espoir et d’un regain de confiance en leur capacité à affronter les difficultés de la vie.

« Cet homme-médecine était vraiment un personnage extraordinaire, un esprit lucide, un homme de

décision qui croyait et agissait selon la conviction qu’il détenait un pouvoir psychique, le pouvoir de suggestionner les autres afin de leur donner confiance en eux. » (Adolphus Peter Elkin, 1945) (16)

f) Un conseiller de guerre

Le chamane est en effet un intervenant de première importance lors de guerre et ce, à différents niveaux. On lui attribue d’une part ce rôle pour ses dons de voyances : il est alors sollicité pour prédire l’issue des combats, ou pour dire quand et comment l’entreprendre. D’autre part, comme on lui attribue un grand pouvoir, il est également chargé d’envoyer des sorts ou maléfices aux ennemis, afin de diminuer leur chance de victoire. Enfin, il organise des rituels au cours desquels il donnera aux guerriers et à leurs armes des pouvoirs magiques.

Mais s’il peut agir sur un combat ayant lieu dans ce monde-ci, il prend également part à des combats dans le monde-autre.

g) Et un sorcier

« Les Aguaruna ne considèrent pas la sorcellerie comme une composante pittoresque et

originale de leur savoir traditionnel : à leurs yeux, il s’agit, ni plus ni moins, d’une tentative de meurtre. » (Michael Brown, 1989) (13)

On retrouve dans presque toutes les sociétés traditionnelles l’idée que le chamane puisse également lui- même participer à ce que Michel Perrin appelle les « guerres invisibles » : il les mène face à d’autres chamanes de groupes ennemis au moyen d’agressions magiques. Chez les Achuar de l’Equateur, le chamane renvoie les maladies qu’il extrait des membres de sa tribu à ses ennemis. Des flèches pathogènes invisibles circulent également dans l’environnement et peuvent frapper à tout moment. Le rôle du chamane achuar est alors de retrouver le chamane ennemi responsable de l’attaque.

Ces guerres invisibles sont tellement importantes dans la croyance chamanique qu’elles peuvent justifier et/ou être la source de guerres réelles entre tribus. Dans certaines tribus, le chamane est donc considéré comme un guerrier de l’invisible, un sorcier au grand pouvoir. Cette « face obscure » du chamane ne doit servir que sur demande, pour le bien de la communauté. Si le chamane agit pour son propre compte, il devient alors un sorcier maléfique redouté par les hommes ordinaires, persécuté et banni de sa communauté.

« Un chamane qui utilise ses armes dans le but d’attaquer uniquement les ennemis hors de la

communauté jouira d’une bonne réputation et sera considéré comme l’un des meilleurs serviteurs du groupe. Ce n’est que lorsqu’il se retourne contre des membres de sa propre communauté qu’il suscitera de la haine, de la méfiance et, pour finir, risquera d’être l’objet de rétorsions. (…) Les actes les plus cruels commis par les Indiens ont toujours été perpétrés à l’encontre des chamanes qui avaient trahi leur confiance. Les Campa, par exemple, ne se limitent pas à tuer le chamane coupable, mais vont jusqu’à mettre à mort toute sa famille et détruire l’ensemble de ses biens. » (Alfred Métraux, 1949) (16)

La sévérité des punitions à l’encontre des chamanes permet d’assurer un contrôle de la fonction et du pouvoir chamanique par le reste de la société humaine. Lorsqu’il cède à ses pulsions violentes et à la soif de pouvoir, il n’est plus considéré comme un chamane, puisque la définition même du chamane implique qu’il soit au service des siens.

« Le sorcier travaille dans le secret, utilisant ses fléchettes pour infliger des souffrances à ses ennemis, tandis que le chamane travaille au vu et au su de tout le monde, tirant parti de ses propres fléchettes pour déjouer les plans du sorcier qui cherche à provoquer la douleur et la mort prématurée. » (Michael

Brown, 1989) (13)

Les femmes chamanes sont aussi concernées, puisqu’il n’est pas rare qu’elles soient accusées de malveillance et de sorcellerie, du fait d’une pratique chamanique plus périphérique à la société et donc plus mystérieuse : « La punition que les Indiens réserves aux sorcières est proportionnelle à la peur

qu’elles leur inspirent. » (Alfred Métraux, 1949) (16).

Il se peut aussi que la punition vienne directement des êtres surnaturels qui lui ont confié une partie de leur pouvoir dans le but qu’il serve sa communauté, et que le chamane trahit du même coup. C’est ce que témoigne dans cet extrait ce chamane qui utilisa ses pouvoirs dans une vengeance strictement personnelle : « Comme j’avais juré aux dieux que je n’utiliserais mes pouvoirs que pour servir les autres

et non leur faire du mal, je vivais dans la terreur d’être puni pour avoir manqué à ma promesse. Mes peurs s’avérèrent : mon petit garçon et ma fille se mirent à avoir de très fortes fièvres et moururent en moins d’un mois. » (Propos d’Ashok, chamane népalais, recueillis par Peter Skafte) (15)

h) Une personne de savoir

Spécialiste des mythes et de la cosmologie de sa communauté, détenteur des chants et danses rituelles, fin connaisseur du monde animal et végétal, il possède également, pour le bien de sa pratique, des connaissances météorologiques, socio-politiques et en psychologie humaine. Dans certaines sociétés traditionnelles, il est également l’enseignant des futurs chamanes à qui il transmet tout son savoir. « Les devins, dans tous les temps du paganisme, ont été regardés comme des sages, qui avaient la

connaissance des choses divines et humaines, qui connaissaient l’efficacité des plantes, des pierres, des métaux, de toutes les vertus occultes, et de tous les secrets de la nature ; » (Joseph François Lafitau,

i) Une sorte de « psychopompe »

C’est lui qui guide les âmes des morts dans leur dernière demeure afin qu’elles y reposent en paix. Cette activité peut être occasionnelle (si l’âme d’un défunt vient troubler les vivants) ou systématique en fonction des ethnies.

Chez le chamane sibérien, ce rôle est très important, puisqu’il est chargé d’assurer le « recyclage » posthume des âmes humaines et animales afin qu’elles renaissent dans leur lignée respective. Le chamane régule ainsi la vie et la mort des membres de sa communauté, ce qui ajoute à son pouvoir aux yeux de celle-ci.

j) Un guérisseur pas comme les autres

« J’ai demandé aux habitants de Santa Fe pourquoi ils s’intéressaient à cette forme de soins exotique, ces derniers m’ont dit admirer la beauté de la tradition chamanique, la capacité qu’ont les chamanes de « se brancher sur les pouvoirs de guérison intérieurs », et la supériorité des traitements spirituels par rapport à la pratique médicale impersonnelle de notre société. » (Michale Brown, 1989)

(13)

 Conception chamanique de la maladie

Dans la pensée chamanique, la maladie est conçue de deux manières différentes, qui découlent de la complémentarité corps/âme de chaque être vivant :

 La maladie causée par la perte de l’âme, son vol ou sa métamorphose.

 La maladie causée par l’introduction ou la projection dans le corps d’un élément pathogène étranger (11).

Cet élément peut être inanimé (symbolisé par un objet matériel) ou animé (ayant forme humaine, animale ou monstrueuse).

Souvent les modifications du comportement et les troubles psychiques sont attribués à l’introduction d’un élément animé dans le corps du malade.

Autrement dit, la maladie est interprétée comme provenant soit d’un « manque », soit d’un « trop » (26). On fait appel au chamane en sa qualité d’intermédiaire avec les forces de l’invisible afin d’une part qu’il découvre les causes secrètes des maladies (leur source et leur nature), et d’autre part qu’il agisse sur elles.

« Comme la maladie n’est pas censée être le lot naturel de l’homme, mais est toujours considérée comme

le résultat des mauvais desseins des hommes ou de leurs esprits auxiliaires, la guérison des maladies consiste, par son essence même, en un processus visant à rétablir des relations fonctionnelles avec les autres, quand bien même ces « autres » seraient des esprits, qui, après tout, « sont des gens ». »

(Gerardo Reichel-Dolmatoff, 1975) (15)

 Conception chamanique du traitement de la maladie

Globalement, en fonction de l’origine de la maladie, deux types de thérapie s’offrent au guérisseur :  l’endorcisme : elle consiste pour le chamane à rechercher, non sans lutte, l’âme du

malade retenue captive ou perdue dans le monde-autre et à la réinsuffler dans son corps.  l’exorcisme : elle consiste à retirer, par succion de la partie atteinte, le « mal » du corps du malade, matérialisé sous la forme de divers objets pathogènes (par exemple des pointes de flèches), ou en l’extrayant de ses mains (11).

« Les gestes, les incantations et l’exhibition d’ « os » et de « pierres » sont une expression manifeste, les arguments du succès personnel du docteur. » (Adolphus Peter Elkin, 1945) (16)

Le chamane-guérisseur met parfois en œuvre d’autres stratégies thérapeutiques, plus inventives et étranges encore, liées aux contraintes sociales propres à chaque communauté, mais aussi à des conceptions plus spécifiques de la maladie, de la souffrance et du corps (26).

On constate par exemple que les sociétés de chasseurs établissent des relations de cause à effet entre chasse et maladie : elle serait l’expression du mécontentement des esprits pourvoyeurs de gibier lors du non-respect des règles instaurées par le chamane. Certaines règles concernant l’activité de chasse seront donc établies par le chamane pendant la cure pour aider le malade à guérir, et devront être appliquées par l’ensemble de la communauté.

Chez les Desana, la maladie résulte d’une copulation avec un esprit et se traduit par une couche obscure et mince recouvrant le corps. Le chamane doit, pour guérir son patient, convoquer au cours de la cure des esprits animaux capables de la déchirer par mordillement ou perforation.

Dans les sociétés pastorales de Sibérie, les maladies de peau sont vues comme une punition symbolique provenant de la justice ancestrale, lorsqu’un individu a insulté ses aînés, trahit les siens, ou encore a commis un inceste. Le chamane doit alors effectuer un « rituel de rachat » au cours duquel il sacrifie un animal domestique pour calmer la colère des ancêtres. Dans ces mêmes sociétés, l’anorexie et la dépression sont le fait d’une âme frustrée d’un défunt qui cherche à nuire aux vivants en attrapant et en retenant captive l’âme du malade hors de son corps. Le chamane agit auprès de l’âme du défunt en négociant avec lui des compensations pour qu’il libère l’âme captive (25).

Ainsi, les pratiques thérapeutiques du chamane ont longtemps paru au mieux risibles, au pire, manipulatrices et fourbes aux yeux des observateurs occidentaux. Pourtant, chacune de ses méthodes découle de la logique chamanique et de leur conception de la maladie et de sa guérison. L’aspect culturel ne peut en aucun cas être séparé de la thérapeutique chamanique.

« Un certain nombre d’auteurs décrivent le docteur indigène comme un « imposteur », le « plus grand

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