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Chapitre 5 : Méthodologie du corpus

III. Techniques appliquées

En nous appuyant sur l‟analyse de contenu, observons les différentes techniques mises à disposition pour l‟analyse des données du corpus.

III.1. Analyse catégorielle

C‟est la plus ancienne des techniques, mais la plus utilisée en analyse de contenu. « Elle fonctionne par opérations de découpage du texte en unités puis classification de ces unités en catégories selon des regroupements analogiques » (Bardin L., 2007 : 207). Dans notre cas, cette technique a servi à regrouper les détails similaires en une même série afin de constituer des preuves persuasives. Nous pouvons aussi regrouper les acteurs d‟une même tranche d‟âge, d‟une même université, d‟une même spécialité, d‟une même ville, etc… ou

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bien un groupe d‟opinions similaires ou opposées… en vue de trouver une conclusion partielle ou une expérience commune. Cette technique est largement appliquée dans notre enquête, dans un même questionnaire destiné aux sujets différents.

III.2. Analyse de l’évaluation

Cette technique a pour but de « mesurer les attitudes du locuteur à l‟égard d‟objets au sujet desquels il s‟exprime » (Bardin L., 2007: 208). Selon lui, on caractérise traditionnellement les attitudes par leur direction qui est le sens de l‟opinion selon un couple bipolaire et leur intensité marque la force ou le degré de conviction exprimée tels qu‟un accueil qui peut être chaleureux ou froid, une opposition légère ou véhémente (Bardin L., 2007: 209).

Cette technique est très utile pour notre travail. En effet, l‟attitude du sujet est un paramètre très important en cas de communication interculturelle. Elle peut être associée à ces phases suivantes :

1. L’identification et extraction des objets d’attitude

Au fil de la lecture, on peut repérer et recenser les objets d‟attitude. Par exemple, on prend des noms propres, les opérations d‟une activité…, et on les remplace par des symboles (AX, BY, CZ,…). Supposons qu‟A, B, C soient identiques, comme dans le cas du rôle de certains acteurs, nous pourrons évaluer l‟objectivité de leurs opinions sur un objet ou sur une personne.

2. La normalisation des énoncés

Les énoncés sont une fois isolés, peuvent être disposés en forme canonique comme l‟exemple suivant :

« Sylvie aime Frédéric, mais Frédéric aime Sophie. Sophie pense souvent à Jean- François tandis que celui-ci aime Sylvie »

Sylvie = A Frédéric = B Sophie = C

176 Nous avons donc la figure suivante :

Figure 2- La normalisation des énoncés

Nous pensons que cette technique est appliquée lorsque le recruteur veut trouver un bon candidat pour un poste. Sa logique est suivante : il propose un poste qui, d‟après lui, exige telles qualités. Il essaie de trouver un meilleur candidat se rapprochant le plus possible de ces qualités et un candidat peut plaire à ce recruteur s‟il possède d‟une façon nette assez de ces qualités attendues.

3. Le codage

Le codeur assigne une direction (positive ou négative). De plus, cette direction est évaluée en intensité sur une échelle. Par exemple :

«avoir horreur de, détester, intéresser, aimer, aimer bien, aimer beaucoup, adorer» sont

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Figure 3- Le codage

Nous pensons au cas où un candidat propose un salaire trois fois supérieur au salaire réel. Le recruteur estimera ces prétentions exagérées. Ce candidat dépasse la limite entre la positivité et la négativité de l‟autoévaluation et il ne correspond pas du tout à un poste de chercheur, qui doit être exact et objectif (cf. page 275)

III.3. Analyse de l’énonciation

Selon Bardin, cette technique possède deux caractéristiques majeures qui la différencient des autres. Elle s‟appuie sur une conception de la communication comme processus et non comme donnée. Elle fonctionne par le détour des structures et des éléments formels (Bardin L., 2007: 223).

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1/L’analyse de l’énonciation repose sur une conception du discours comme parole en acte

Elle considère qu‟un travail se fait lors de la production de la parole, qu‟un sens s‟élabore, que des transformations s‟opèrent. « Le discours n‟est pas un produit fini mais un moment dans un processus d‟élaboration avec tout ce que cela comporte de contradictions, d‟incohérences, d‟inachèvements » (Bardin L.,2007: 224). Par conséquent, cette production est à la fois spontanée et obligée par la situation. Nous devons donc tenir compte :

- des conditions de production de la parole - du détour par l‟énonciation

- d‟une convergence d‟influences théoriques et méthodologiques

2/Condition et organisation d’une analyse de l’énonciation

Cette opération concerne le corpus et les différentes étapes de l‟analyse qui comprennent l‟analyse thématique et l‟analyse de l‟énonciation.

Différente de l‟analyse thématique, « l‟analyse de l‟énonciation est vierge de toute hypothèse interprétative avant l‟étude formelle du discours » (Bardin L., 2007: 230). On peut observer ci-dessous ses opérations :

a/ L‟organisation et la dynamique du discours qui comprennent l‟analyse logique et l‟analyse séquentielle.

b/ Le style de l‟énoncé.

c/ Les éléments atypiques et les figures de rhétorique de l‟énoncé.

3/L’interprétation de l’implicite

Elle est présente partout la vie courante, selon Kerbrat-Orecchioni, « On ne parle pas toujours directement. Certains vont même jusqu‟à dire qu‟on ne parle jamais directement » (cité par Bardin L., 2007 : 240). L‟auteure a aussi constaté qu‟on peut extraire d‟un énoncé et déduire de son contenu littéral « toute proposition implicite ». Elle décompose la complexité de la tâche en situant son observation à plusieurs niveaux :

- la nature des contenus implicites véhiculés par l‟énoncé ;

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- leur statut, i.e leur mode de présentation, la façon dont ils sont logés dans l‟énoncé (présupposés, sous-entendus, insinuation, allusions…) ;

- la genèse, c'est-à-dire les mécanismes sous tendant l‟extraction du sens, et nécessitant à la fois une compétence encyclopédique, une compétence logique et une compétence rhétorico-pragmatique. (Bardin L., 2007: 241).

III.4. Analyse proportionnelle du discours

On peut considérer cette technique comme une variante de l‟analyse thématique dans cette recherche.

III.5. Analyse de l’expression

Cette analyse comprend un certain nombre de techniques. « Les indicateurs utilisés ne sont pas en effet d‟ordre sémantique (contenu, plan des signifiés) mais formel (plan des signifiants et de leur organisation) » (Bardin L., 2007: 255).

Deux types d‟inférence peuvent théoriquement se présenter comme suit :

- Forme → contenu → variables d‟inférence

- Forme

↕ → variables d‟inférence (contenu)

Pour le premier type, nous pouvons donner l‟exemple du sens propre d‟une expression ; et pour le deuxième type, du sens figuré ou métaphorique.

III. 6. Analyse des relations

Cette technique implique en fait analyse des cooccurrences, analyse structurale, analyse du récit et analyse du discours.

a/ Analyse des cooccurrences

L‟analyse des co-occurrences « s‟attache à remarquer les présences simultanées (cooccurrence ou relation d‟association) de deux ou plusieurs éléments dans une même unité de contexte » (Bardin L., 2007: 269). Dans le cas de l‟enseignement, par exemple, s‟il

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y a un phénomène commun dans un public donné, on peut penser qu‟un élément certain exerce une influence sur la situation commune.

Nous utilisons cette technique au moment de juger les remarques mixtes des acteurs. Par exemple, un recuteur est bien apprécié par une candidate pour ses qualités, mais celle-ci ne le considère pas comme un chef sérieux (cf. page 260) .

b/ Analyse « structurale »

Cette analyse « recherche l‟ordre immuable sous le désordre apparent, le squellette ou l‟ossature invariable sous l‟hétérogénéité patente des phénomènes » (Bardin L., 2007: 276). Elle peut faire allusion à une faute de prononciation en anglais dans un cours d‟anglais assuré par un enseignant non natif qui commet une faute similaire à celles commises par l‟ensemble de ses apprenants. Il s‟agit ici de la relation entre l‟enseignant et les apprenants dans un même cours.

Dans notre enquête, nous avons constaté une remarque répétitive de quelques recruteurs qui a révélé que beaucoup de candidats ont la même argumentation, la même réponse et la même lettre de motivation pour un poste donné. Donc, dans ce cas-ci nous pensons à une structure, à un système d‟enseignement qu‟ils ont acquis.

c/ Analyse du récit

Nous relevons cette idée : « …dans certains discours, la « dominante » narrative gouverne et transforme les éléments ; elle garantit la cohésion- cohérence de la structure (séquence ou texte) » (Jacobson, cité par Bardin L., 2007: 286) en vue de mettre en relief la fonction de l‟analyse du récit.

Ici, nous pouvons insister sur le rôle important du récit. Nous avons utilisé cette technique pour recueillir les informations dans notre enquête et pour analyser les données du corpus (cf. pages 485, 486)

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d/ Analyse du discours

En ce qui concerne cette technique, on peut résumer selon Bardin, une certaine conception du discours : « Nous entendons par « discours », essentiellement des organisations transphrastiques relevant d‟une typologie articulée sur des conditions de production socio-historiques. » (Maingueneau D., 2007 : 288). Cette analyse est donc parfois utilisée dans cette thèse en cas de présence de représentations sociales ou d‟éléments ethno-culturels.

En résumé, nous utilisons l‟analyse de contenu pour analyser les données recueillies de notre corpus, pour argumenter ou interpréter les significations dans un contexte donné, grâce aux éthiques culturelles de la communication de chaque culture et aux règles spécifiques à chaque culture.

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Troisième partie –

EXPÉRIENCES DE LA COMMUNICATION

INTERCULTURELLE

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