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QUATRIÈME CHAPITRE DISCUSSIONS ET CONCLUSIONS Dans ce chapitre, nous allons d’abord rappeler la problématique de l’étude et les principau

2. RAPPEL DES PRINCIPAUX RESULTATS

3.2 C ONSEQUENCES DES FLUX DE GENES DANS LE VERGER

3.2.3 Taux de contamination pollinique

La part, dans la descendance, du pollen extérieur au verger est de 39% et nous n’avons pas observé de relation entre les taux individuels de contamination et la position des arbres dans le verger. Ces flux de pollen ont un impact important sur l’efficacité de la stratégie d’amélioration au moyen de vergers à graines. La contamination pollinique compromet la qualité et la stabilité de la variété produite. Avec une contamination pollinique de 100%, les gains génétiques attendus sont diminués d’au moins 50%. Ils le sont encore plus fortement si la contamination provient d’individus mal adaptés.

Les dimensions du verger sont, sans aucun doute, à mettre en cause car les distances de pollinisation observées sont équivalentes aux distances potentielles compte tenu de la taille de la parcelle. La première précaution consiste à isoler au mieux les vergers à graines, mais notre expérience montre que les distances de pollinisation pouvaient être importantes et que les eucalyptus sont omniprésents à Madagascar. Par rapport au type de dispositif, lié à notre stratégie d’amélioration et pour des raisons évidentes d’efficacité de la sélection, il n’est pas envisageable de produire les variétés en dehors des zones d’utilisation. Il s’agit donc de sélectionner les individus en fonction de leur phénotype et de leur croissance, l’ensemble étant, en partie, l’expression des valeurs génétiques dans un environnement donné. A moins d’utiliser des vergers à graines de clones sélectionnés, nous pourrions installer ces vergers dans les zones où les eucalyptus sont plus rares. Les efforts pour isoler au mieux les vergers à graines de la contamination pollinique n’ont pas donné de résultats probants et nous allons voir qu’ils sont souvent importants.

Les études sur les vergers à graines ont essentiellement concerné les espèces résineuses anémophiles avec les marqueurs isozymes. Les taux de contamination varient de 5 à 80% selon les espèces et les vergers, mais ils sont globalement élevés. Stoehr et Newton (2002), dans un verger à graines de Pinus contorta, annoncent un taux de 5%. En revanche, Adams et al. (1997), sur

Quatrième chapitre – Discussions et conclusions

le même type de parcelle, mais pour Pseudotsuga menziesii, ont obtenu des taux de contamination annuels compris entre 42 et 61%. Ces mêmes auteurs n’ont pas observé de variation inter annuelle significative malgré l’accroissement de la production de pollen lié avec l’âge du verger. Buiteveld et al. (2001), dans un verger à graines de clones de chêne pédonculé, observent un taux de pollution de 70%. En peuplements naturels, même si l’on ne peut pas parler de pollution pollinique, la plupart des travaux montre que les distances de pollinisation sont importantes que ce soit pour les espèces anémophiles ou entomophiles. Dans un verger d’E. nitens, Grosser et al. (2001) ont estimé un taux de contamination pollinique de 5% mais aucun détail sur la parcelle d’étude ni sa localisation n’ont été fournis. Néanmoins, les recherches menées pour simplifier et diminuer les coûts de production en matière de croisements contrôlés (Harbard et al. 1999, Williams et al. 1999) laissent suggérer que les problèmes de pollution pollinique sont réels. En définitive, les auteurs s’accordent pour dire que les valeurs de pollution pollinique peuvent atteindre des valeurs élevées, quel que soit le vecteur de pollinisation, et que les flux de gènes observés peuvent correspondre à des distances de pollinisation importantes.

Dans notre cas, l’hypothèse la plus vraisemblable est celle de la contamination pollinique par

E. robusta, l’espèce est la plus représentée dans la zone du verger. Les travaux de pollinisation

contrôlée ont montré que le pollen de cette espèce pouvait féconder les fleurs d’E. grandis et conduire à la production d’individus hybrides. Les fleurs d’E. robusta sont 4 à 5 fois plus grosses et l’espèce n’est pas classée comme mellifère. Probablement, les insectes pollinisateurs sont différents pour ces deux espèces. Cependant, la gamme et les fréquences alléliques du nuage pollinique externe sont similaires à celles de la population parentale. Si les marqueurs microsatellites ont la particularité d’être développés pour une espèce et d’être potentiellement transférés vers d’autres (Byrne et al. 1996, Streiff et al. 1998, Rosseto et al. 2000), nous avons constaté qu’il est généralement nécessaire de modifier le protocole d’amplification ou de révélation. Or, nous n’avons rencontré aucun problème de révélation. D’autre part, la morphologie des individus issus de paternité externe est très semblable à celle des individus issus du verger et aucun caractère hybride n’a été observé. Nous pouvons conclure au fait que sur notre échantillon de descendants nous ne mettons pas en évidence de parenté liée à E. robusta. Pour confirmer notre argumentation, il faudrait « génotyper », avec les mêmes marqueurs, une population représentative d’E. robusta. Ce qui nous permettrait de contrôler la qualité des amplifications et dans l’affirmative de comparer la variabilité allélique de cette espèce avec celle du verger d’E. grandis.

Figure 51. Vue partielle de la zone du verger à graines

400 m Verger à graines étudié

Quatrième chapitre – Discussions et conclusions

Compte tenu de ces éléments, nous suggérons que le pollen externe provient de la parcelle d’E. grandis voisine située à 400 mètres (figure 51), qui est constituée par 12 familles originaires de 4 provenances (Andranokobaka, Atherton, Ravenshoe et Paluma), dont 6 sont communes avec le verger. En conséquence, il y a de forte chance pour que la floraison de cette parcelle soit simultanée et que les insectes pollinisateurs soient les mêmes. Enfin, la diversité allélique du nuage pollinique exogène suggère que le nombre d’individus y contribuant est probablement équivalent à celui que nous avons estimé dans le nuage pollinique interne.

4. CONCLUSIONS

L’ensemble des éléments que nous venons de discuter nous permet de suggérer, en faisant un certain nombre d’hypothèses, que le régime de reproduction du verger est favorable au brassage génétique et qu’il tend vers le modèle théorique de la panmixie. Nous allons décrire dans cette partie les différentes implications que nous pouvons tirer de notre réflexion.