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P ROPOSITIONS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES VERGERS A GRAINES

QUATRIÈME CHAPITRE DISCUSSIONS ET CONCLUSIONS Dans ce chapitre, nous allons d’abord rappeler la problématique de l’étude et les principau

2. RAPPEL DES PRINCIPAUX RESULTATS

4.2 P ROPOSITIONS POUR UNE MEILLEURE GESTION DES VERGERS A GRAINES

4.2.1 Précautions pour les récoltes de graines

La variabilité de la phénologie à l’intérieur du verger explique, en grande partie, les résultats de notre étude. Nous avons confirmé, avec l’appui de l’analyse de paternité basée sur les marqueurs microsatellites, nos hypothèses par rapport à la qualité de la reproduction du verger. Ceci conduit à plusieurs suggestions pratiques sur la méthodologie à appliquer pour la récolte de graines dans le verger.

- Les assemblages de plusieurs années de production ne sont pas nécessaires. En faisant l’hypothèse que la durée de maturation des fruits est la même pour tous les arbres et qu’elle dépend essentiellement des conditions bioclimatiques, la floraison régulière et établie d’E. grandis dans la région permet de récolter le verger en une seule opération. Le brassage observé montre qu’il n’est pas nécessaire d’effectuer des assemblages de plusieurs années de production comme nous aurions pu le suggérer avant cette étude. Si ces observations sont vérifiées, pour l’ensemble des espèces concernées, le tout contribue à faire des économies, non négligeables, de gestion, de stockage et à diminuer les risques d’erreur d’étiquetage, d’identification, etc.

- Effectuer des pesées de capsules et poursuivre les tests de germination. Dans l’échantillon étudié, la variabilité du nombre de capsules par kilogramme s’explique par les effets de la structuration de la population parentale. Celle-ci dépend de l’origine géographique des provenances et particulièrement au comportement des provenances d’Andranokobaka et d’Atherton. Cette variabilité n’est pas sans conséquence quand il s’agit d’établir des règles simples pour constituer les variétés à partir des différents lots récoltés. En dehors de la provenance Paluma qui pose un problème général et qui devrait être éliminée du verger, le nombre de graines viables par kilogramme de capsules varie peu. En conséquence, la simple pesée des capsules avec les résultats des tests de germination habituellement effectués, permettraient d’équilibrer les contributions maternelles pour la constitution de la variété.

- Effectuer une récolte sélective des arbres en fonction de leur phénologie. Nous recommandons aussi de généraliser, sur l’ensemble des vergers malgaches, les observations individuelles de la phénologique sur une durée de 2-3 ans. Cette opération ne demande pas de lourds investissements dans la mesure où une équipe est basée en permanence sur les sites de production. L’objectif est de déterminer la variabilité intra-spécifique de la floraison, que ce soit

au niveau individuel, au niveau familial ou au niveau de l’origine géographique. Ceci conduisant, avant récolte, au classement des arbres selon qu’ils fleurissent marginalement (groupe 1), sur toute la saison (groupe 2) ou plus spécifiquement durant le pic de floraison du verger (groupe 3). Dans cette configuration, seuls les individus du troisième groupe sont récoltés pour constituer la variété. Ceux du premier groupe seront éliminés lors de la première éclaircie. Ceux du deuxième groupe ne seront pas récoltés car ils sont susceptibles de capter plus de pollen externe en période marginale mais ils contribuent, cependant, à la génération suivante en tant que géniteurs mâles et ils permettent de densifier le peuplement.

- Appui du laboratoire de biologie moléculaire local. La mise en place prochaine d’un laboratoire de biologie moléculaire à Madagascar nous permettra de vérifier certaines des hypothèses que nous avons faites. Il s’agit de venir en appui aux observations phénologiques par l’estimation du brassage génétique dans un verger quelconque. Le nombre de marqueurs microsatellites développés pour les eucalyptus, plus spécifiquement sur E. grandis et E. urophylla, est en nette progression (Nest 2000, Steane et al. 2001, Brondani et al. 2002). Au préalable, il convient d’adapter quelques-uns de ces marqueurs aux espèces concernées. Ensuite, la procédure consisterait à récolter deux à trois descendances dans les vergers et à acquérir, sur une cinquantaine de demi-frères, les données moléculaires pour un ou plusieurs locus retenus pour leurs niveaux de polymorphisme spécifique à l’espèce. Nous obtiendrons une indication, sommaire mais certainement suffisante, du brassage dans le verger par le nombre d’allèles paternels observés par famille et pourrons généraliser, ou non, nos résultats à une partie ou à l’ensemble du dispositif.

4.2.2 Méthodes pour limiter le taux de contamination pollinique

L’interprétation de nos résultats montre que le nuage pollinique externe provient de la parcelle d’E. grandis voisine. Pourtant, la parcelle la plus proche est constituée par E. robusta et cette espèce est omniprésente dans la zone d’étude. En d’autres termes, les probabilités de contamination pollinique par cette espèce sont plus élevées. Ceci voudrait dire que le brassage dans un verger d’E. grandis, en pollinisation libre, n’est pas forcément perturbé par la présence de l’E. robusta, compatible avec E. grandis, pourtant abondant dans le voisinage. Si les hypothèses émises précédemment sont levées, nous pourrons conclure, au moins pour ces deux espèces, que la proximité entre deux vergers n’est pas forcément source de flux géniques interspécifiques. Dans ce cas, les règles de mise en place des vergers dans les zones de production grainières pourront

Quatrième chapitre – Discussions et conclusions

être simplifiées et conduiront à faciliter la gestion de l’espace. Dans le cas inverse plusieurs options sont proposées :

- Eliminer le verger contaminant. Dans ce cas, ne risque-ton pas de favoriser l’apparition d’autres sources de pollen externe ?

- Installer des vergers de tailles plus importantes en désignant une zone centrale de récolte et une zone tampon. La constitution et la gestion devront être homogènes sur l’ensemble, entraînant des besoins en matériel végétal et des coûts plus élevés pour une production qui ne sera pas forcément améliorées car les distances de pollinisation sont élevées.

- Délocaliser la production de graines sur d’autres sites. Le choix des provenances basé sur les conditions écologiques et climatiques de la zone de plantation conduit à une adaptation globalement bonne des différentes populations. La délocalisation des vergers à graines s’accompagne de nouvelles contraintes liées aux interactions génotype-environnements, qu’il s’agisse, par exemple, de l’absence de certains pollinisateurs, de l’effet de la température sur les cycles phénologiques, sur la durée de maturation des graines, de problèmes phytosanitaires, etc. - Effectuer des plantations, avec une espèce non compatible, dans la périphérie des vergers. Cette opération augmenterait considérablement les coûts de production. D’une manière plus réaliste, si plusieurs essences sont concernées et adaptées à telle ou telle condition bioclimatique, il s’agirait de planter une mosaïque de verger pour des espèces ne s’hybridant pas entre elles. Ceci suggère l’existence et la disponibilité de terrains suffisamment grands et homogènes. Néanmoins, il faut avoir les informations préalables sur les périodes respectives de floraison. L’occurrence des espèces dans l’aire naturelle conduit à des décalages phénologiques sous contrôle génétique qui ont de forte probabilité pour se reproduire en zone d’introduction.

- Effectuer des croisements contrôlés et adapter les nouvelles techniques de pollinisation mises au point. Effectuer le tri des plants avant la plantation sur la base de leur données moléculaires et des résultats d’analyse de paternité. Compte tenu des coûts de ce genre d’opération et des résultats parfois décevants des croisements contrôlés, ces options ne sont pas généralisables à la production en masse. Toutefois, les croisements contrôlés peuvent s’envisager pour la production de population d’amélioration de génération suivante.