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2 LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT EN GUINEE

2.4 Développement humain, pauvreté et vulnérabilités socioéconomiques

2.4.7 Le Système de Santé (hormis la COVID-19 et ses impacts)

2.4.7.1 Analyse de la performance du système de santé

Depuis une trentaine d’année, la Guinée a une tradition d’organisation de son système de santé basée sur les soins de santé primaires et le district de santé. Ce système a amélioré la disponibilité et l’accessibilité des prestations essentielles de santé à un moment donné. Malgré ces acquis, l’analyse récente de la situation du secteur a montré des contre-performances.

Le profil épidémiologique national reste dominé par les maladies transmissibles dont les maladies à potentiel épidémique et les maladies évitables par la vaccination. Les maladies non transmissibles liées aux modes de vie prennent de plus en plus d’ampleur.

La prévalence du paludisme reste encore élevée avec une prévalence de la parasitémie chez 44 pour cent des enfants. Cette pathologie représente 40,82 pour cent des consultations, 45,30 pour cent des hospitalisations dans les formations sanitaires publiques et 36 pour cent des causes de décès hospitaliers sont dues au paludisme grave. C’est la première cause de mortalité des enfants de moins de 5 ans. Le VIH/SIDA demeure un problème de santé publique avec une prévalence stable de 1,4 pour cent en 2018.

Selon les résultats de l’EDS V 2018, la mortalité infanto-juvénile est estimé à 111 décès pour mille naissances vivantes. Dans l’ensemble, la mortalité des enfants a baissé de 37 pour cent au cours des 20 dernières années. Entre 2012 et 2018 on note une baisse de 10 pour cent du niveau de la mortalité infanto-juvénile. Dans la même veine, on note que la proportion d’enfants de moins de 5 ans atteints de fièvre traités au moyen de médicaments antipaludiques appropriés a connu une baisse de 10 pour cent, en passant de 28,1 pour cent en 2015 à 18,2 pour cent en 201871. Quant aux composantes de la mortalité infantile, elles se situent à 32 pour mille pour la mortalité néonatale et à 34 pour mille pour la mortalité post néonatale. La mortalité néonatale représente donc 48 pour cent des décès infantiles.

En effet, le niveau de la mortalité des enfants est considéré comme un bon indicateur du niveau de développement socio-économique et sanitaire d’un pays, car les enfants sont très sensibles aux conditions de vie du moment. Une baisse de leur mortalité traduirait une amélioration des conditions de vie de la population. Les informations sur la mortalité des enfants permettent d’identifier les enfants qui courent des risques élevés de mortalité et de mettre en place des stratégies pour les réduire. Par exemple, la promotion de l’espacement des naissances.

Par ailleurs, le Gouvernement guinéen avec l’appui de ses partenaires au développement met tout en œuvre par des interventions-clés et efficaces visant à améliorer la santé de la mère et de l’enfant. En témoignent les programmes de gratuité de la césarienne, des soins obstétricaux et néonatals d’urgences (SONU), de la prise en charge intégrée des maladies de l’enfance (PCIME), de la planification familiale (PF), et des audits de décès maternels et néonatals.

En effet, selon les résultats de l’EDS V 2018, environ 81 pour cent de femmes de 15-49 ans qui ont eu une naissance vivante ont reçu des soins prénatals, dispensés par du personnel qualifié. Dans près de la moitié des cas, ce sont des infirmières ou sages-femmes qui ont fourni ces soins prénatals (49 pour cent). Les médecins ont fourni les soins dans 17 pour cent des cas et les Agents Techniques de Santé (ATS) dans 15 pour cent des cas. Une femme sur sept (14 pour cent) n’a reçu aucun soin prénatal.

L’amélioration de la prestation des services de santé maternelle est fondamentale pour réduire la mortalité maternelle et néonatale. C’est pourquoi le Gouvernement a opté pour les soins obstétricaux et néonataux d’urgence et le la planification familiale comme des stratégies de première ligne. Le ministère

71 MPDE. 2021. Rapport d’évaluation provisoire du PNDES en 2020.

de la Santé, avec l’appui des partenaires financiers, a ainsi réalisé la réorganisation des SONU ayant permis de prioriser 117 structures de santé devant être équipées et dotées de ressources humaines qualifiées selon les standards de l’OMS. En 2019, on estime à 62 les formations sanitaires qui répondaient à ses normes. De même, le repositionnement de la planification familiale a été matérialisé par l’élaboration d’un plan national budgétisée de planification familiale 2018-2022 pour accélérer l’utilisation des méthodes de de contraception. Les interventions phares de ce plan portent sur l’offre de services à base communautaire et la distribution au dernier kilomètre des produits.

L’accès aux établissements de santé reste cependant, plus difficile pour les populations des zones rurales que celles des zones urbaines en raison du manque d’installations appropriées, de la distance et de l’inaccessibilité financière, comme l’illustre en partie le tableau ci-dessous.

Région administra tive

Distance entre le domicile et la structure sanitaire la plus proche

Tableau 6 Distance entre domicile et installations sanitaires

Source: Ministère du Plan et du Développement Economique.

2020/INS

Les données statistiques du tableau ci-dessus montrent que 78% de structures sanitaires en milieu urbain sont situés entre 0 et 2 km des domiciles de leurs usagers. Ce qui stimule le taux de fréquentation de ces installations et l’accès plus facile aux services de soin et aux conseils et orientations sur les bonnes pratiques, etc. En revanche, seulement 68%

d’installations environ en milieu rural sont situées dans la fourchette de 0 à 2 km.

Bien qu’en Guinée, des efforts sont faits pour promouvoir l’accouchement dans un établissement de santé, l’accouchement à domicile demeure encore assez fréquent. En effet, 47 pour cent des naissances vivantes ayant eu lieu au cours des 5 années précédant l’enquête, ont eu lieu à la maison. À l’opposé, 53 pour cent des naissances ont eu lieu dans un établissement de santé, en majorité un établissement de santé du secteur public (47 pour cent contre 5 pour cent dans le secteur privé). Entre 2012 et 2018, la mortalité maternelle est passée de 724 à 550 pour 100 000 naissances vivantes.

Depuis 2018, la revue des décès maternelle a été institutionnalisée dans les districts sanitaires pour renforcer les initiatives visant à réduire la mortalité maternelle. A cet effet les outils essentiels ont été révisés selon les nouveaux standards et toutes les équipes des districts sanitaires ont été formées sur le processus.

Dans les centres de santé, le paquet de services est centré essentiellement sur la vaccination, la consultation primaire curative, la consultation prénatale, la planification familiale et l’accouchement assisté. En outre, le ministère de la Santé a élaboré des plans et programmes tels que le programme de maternité sans risques ; le Plan de sécurisation des produits de santé de la reproduction (SR) ; le Plan de repositionnement de la planification familiale et le document actualisé des normes et procédures en santé de la reproduction qui sont venus compléter progressivement la gamme des documents stratégiques mis à la disposition des intervenants dans le domaine.

L’approvisionnement en vaccins du Programme Élargi de Vaccination (PEV), relève du Gouvernement Guinéen appuyé par les partenaires.

Les principales insuffisances dans les prestations sont : i) les paquets de soins essentiels restent incomplets ; ii) la référence et la contre-référence faiblement développées ; iii) l’inadéquation entre les soins fournis et les standards de qualité (prévention et contrôle de l’infection, humanisation des soins).

En outre, les neuf paramètres dans le tableau

Problèmes d’accès à la santé rencontrés par les usagers selon le statut social PS1 : établissement pas propre PS6 : traitement inefficace PS2 : attente longue PS7 : mauvais accueil PS3 : personnel non qualifié PS8 : absence du personnel

PS4 : trop cher PS9 : autre

PS5 : pas de médicament

Tableau 7 Perception de la population par rapport à l'accessibilité des services de santé en fonction des problèmes rencontrés

Source: Ministère du Plan et du Développement Economique.

2020/INS

Les données du tableau ci-dessus (colonnes surlignées en couleur) rose font ressortir que la proportion des personnes sondées qui estiment que les médicaments vendus aux patients en Guinée sont trop chers (PS2), est la plus importante. Plus surprenant, mêmes les personnes très riches (au moins 60%) y sont d’avis. Ce qui suggère que le sort des pauvres et pauvres extrêmes, laissent à désirer.

Par exemple, face à la cherté du prix des médicaments, couplée à leur incapacité de s’en procurer, et la distance qui sépare leur domicile des installations sanitaire, mieux serait le recours aux médicaments vendus sur le marché à puce.

Malheureusement, cela se fait, contre leur gré, au mépris des conditions de conservation, reste leur alternative. Ce qui pourrait comporte des risques à la santé.

Au défi lié à l’accès aux médicaments, s’ajoute la durée d’attente pour recevoir un traitement. Une fois de plus, les personnes riches sont les plus nombreuses à s’en soucier. Entre autres conséquences, la longue durée d’attente pour recevoir un traitement décourage et constitue généralement un frein majeur à la fréquentation des structures sanitaires.

De l’avis des personnes sondées, ces deux problèmes majeurs sont talonnés par l’insuffisance voire l’indisponibilité même des médicaments dans les structures sanitaires selon le cas.

Finalement, il y a lieu de conclure que des problèmes importants devront être résolus pour que l’accès à la santé, incluant donc la nutrition, soit meilleur dans le sens des programmes et politiques du gouvernement.

D’un point de vue structurel, les contraintes majeures à l’amélioration de l’état de santé des populations guinéennes, tiennent : i) aux faibles capacités humaines du système de santé. Sur la base des données disponibles, il y a en Guinée, 1,3 médecin, 0,54 sages-femmes et 1,3 infirmier pour 10 000 habitants, contre une moyenne africaine de 2,6 médecins pour 10 000 habitants; ii) aux capacités d’accueil insuffisantes des structures de santé (1 lit pour 3 600 habitants, contre une norme de 1 lit pour 1 000 habitants) et 53 pour cent des structures publiques ne répondent pas aux normes de la carte sanitaire; iii) à la pauvreté de la majorité de la population associée à l’absence d’une assurance maladie, accentuant les difficultés d’accès aux services de santé.

L’analyse de la situation des ressources humaines en santé effectuée en 2014 montre un écart important entre les besoins estimés (selon les normes de l’OMS) et les effectifs disponibles : 9 674 professionnels de la santé contre un besoin de 26 463 pour les secteurs public et privé. Par ailleurs, on constate une forte disparité entre les zones urbaines et rurales (83 pour cent en urbain où habitent 30 pour cent de la population et 17 pour cent en rurale où se trouvent 70 pour cent de la population).

En matière de gouvernance, un certain nombre d’atouts sont à noter. Il s’agit entre autres de l’existence d’un cadre juridique, institutionnel et organisationnel du ministère de la Santé avec un manuel de procédures, des organes et mécanismes de redevabilité du secteur. Le processus de décentralisation en cours offre des opportunités pour un renforcement effectif de la participation communautaire et de la collaboration intersectorielle.

Néanmoins il est nécessaire de noter qu’un certain nombre d’insuffisances ont été constatées, telles que les capacités institutionnelles, les ressources budgétaires allouées au secteur de la santé et de la nutrition, la faiblesse du partenariat public-privé, la faible coordination par les autorités sanitaires, y compris la coordination intersectorielle et enfin la motivation du personnel.

Pour le financement du système de santé, les comptes nationaux de Santé 2010, ainsi que le Rapport de l’Audit Institutionnel, Organisationnel et Fonctionnel du Ministère de la Santé, élaboré en 2016, indiquent que les ménages constituent la première source de financement des dépenses de santé par le paiement direct, avec 62 pour cent des dépenses, suivi de l’apport des partenaires avec 27 pour cent des dépenses dont 18 pour cent proviennent des fonds des coopérations multilatérales et 6 pour cent des fonds des ONG, fondations et firmes internationales. La part du financement de l’État reste encore faible (7 pour cent du budget national en 2019), largement en dessous de l’objectif d’Abuja de 15 pour cent.

L’information sanitaire constitue l’un des maillons faibles du système de santé malgré son importance capitale dans le renforcement de la gouvernance. Le ministère de la Santé a opté et installé le DHIS2 dans toutes les formations sanitaires publiques pour remonter et centraliser les informations. Le personnel a été formé et les équipements informatiques déployés. Cependant le SNIS continue de souffrir d’un problème de promptitude et exactitude des données postées dans le DHIS2.

Globalement, la performance du système de santé s’est améliorée au cours de la dernière décennie.

Cependant, elle est insuffisance pour cheminer très rapidement vers un système de santé et d’assurance

maladie universelles qui répond pleinement aux aspirations de la population guinéenne.

►Principaux défis du secteur de la santé Ainsi, les principaux défis du système de santé se résument comme suit : i) amélioration de la qualité de l’offre de services de santé; ii) accroissement de l’accès aux services de santé; iii) mise à disposition des ressources humaines et des infrastructures sanitaires conformes aux normes internationales; iv) réduction des inégalités régionales; v) renforcement du système d’information sanitaire; vi) prévention et amélioration de la prise en charge intégrée de la malnutrition; vii) bonne gouvernance des établissements de santé; viii) renforcement de la résilience du pays face à d’éventuelles crises sanitaires.

Aux défis suscités il convient de noter que la récente évaluation externe conjointe du Règlement sanitaire International (RSI) révèle les défis additionnels suivants :

1) Inadaptation des textes législatifs et de procédures opératoires normalisées qui doivent être révisés et actualisés pour couvrir tous les domaines d’application du RSI (2005);

2) Insuffisances dans la coordination entre les secteurs et la célérité dans la détection et la riposte décelées lors de la gestion de la dernière crise de la MVE ;

3) Manque de coordination au sein des ministères concernés lors d’événements susceptibles de constituer un risque ou une urgence de santé publique de portée nationale ou internationale est à renforcer au travers de la mise en œuvre du concept « une seule santé »;

4) Absence de cadres législatif et réglementaire sur la biosécurité, la bio sureté et la gestion des agents

5) Pathogènes, même si le pays a initié un processus visant à faire un inventaire à jour des agents pathogènes au sein des structures qui stockent ou manipulent des agents pathogènes et toxines dangereux ;

6) Insuffisance des mécanismes de collaboration, entre les secteurs de la santé humaine et animale pour riposter aux zoonoses infectieuses et aux zoonoses potentielles ;

7) Faiblesse des capacités nationales de détection et de prévention des flambées épidémiques en santé humaine et animale, une coordination entre les laboratoires des deux secteurs devrait être renforcée.

2.4.8 L’eau et l’assainissement