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2 LES DEFIS DU DEVELOPPEMENT EN GUINEE

2.4 Développement humain, pauvreté et vulnérabilités socioéconomiques

2.4.2 Incidence de la pauvreté monétaire

Espérance de vie Durée attendue de Scolarisation Durée moyenne de Scolarisation RNB par habitant (USD en PPA54) Valeur de l’IDH

1990 50.0 2.9 1.2 1,272 0.278

1995 51.7 3.5 1.3 1,394 0.302

2000 51.2 5.1 1.5 1,486 0.335

2005 53.2 7.1 1.6 1,451 0.373

2010 56.9 8.4 1.6 1,559 0.408

2015 59.6 9.1 2.7 1,805 0.449

2016 60.2 9.0 2.7 1,971 0.456

2017 60.7 9.0 2.7 2,201 0.463

2018 61.2 9.0 2.7 2,211 0.466

2019

61.6 9.4 2.8 2,405

55 0,477

Tableau 2 Evolution de l'IDH de la Guinée d'après des données temporelles cohérentes

53Rapport sur le développement humain 2020

54 Parité de pouvoir d’achat

Ainsi, même si on constate que tous les indicateurs précités sont en progression, l’IDH qui est un indicateur moyen du niveau de développement humain de base atteint par un pays, masque des inégalités dans la répartition des gains du développement humain entre l’ensemble des membres de la population d’une nation. Le Rapport du Développement Humain 2010 a introduit l’IDH ajusté aux inégalités (IDHI), qui tient compte des inégalités dans les trois dimensions de l’IDH, en réduisant la valeur moyenne de chaque dimension en fonction du niveau des inégalités. L’IDHI est essentiellement l’IDH diminué compte tenu des inégalités. La « perte » de développement humain due aux inégalités est obtenue en calculant la différence entre l’IDH et l’IDHI et peut être exprimée sous forme de pourcentage. Plus les inégalités s’accentuent dans un pays, plus la perte de développement humain augmente.

En conséquence, lorsque l’IDH de 2018 qui est 0.466, est revu à la baisse pour tenir compte des inégalités, l’IDHI descend à 0.310, soit une perte de 33.4 pour cent pour cent due aux inégalités dans la répartition des indices des dimensions de l’IDH.

Pour mémoire, il faut noter que l'indice d'inégalité de genre (IIG) est un indice destiné à évaluer les différences entre les sexes dans la distribution des progrès et à estimer la perte de développement humain due aux écarts de traitement entre hommes et femmes. Sa valeur est comprise en 0 et 1 et plus sa valeur est élevée, plus le pays est inégalitaire entre hommes et femmes. La Guinée avec un indice de 0.817, fait partie du groupe des pays où l’écart absolu en matière des réalisations d’IDH entre les femmes et les hommes plus de 10 pour cent.

2.4.2 Incidence de la pauvreté monétaire Selon les données de l’Institut national de la statistique de Guinée (INS), la proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté a enregistré une réduction de près de 11 points de pourcentage entre 2012 et 2019, passant de 55,2 pour cent à 43,7 pour cent, après une augmentation de 49,2 pour cent à 55,2 pour cent entre 2002 et 2012 (cf. graphique ci-dessous)

55 en PPA de 2017

Figure 7 Répartition (en pourcentage) de la population vivant en-dessous du seuil de la pauvreté

Source : INS, 2020

Entre 2012 et 2020, la Guinée a mis en œuvre le Plan quinquennal 2011-2015, en même temps que la seconde génération de la stratégie de réduction de la pauvreté intérimaire DSRP II (2011- 2012), la troisième génération de la stratégie de réduction de la pauvreté DSRP III (2013- 2015), et enfin, le PNDES 1 (2016-2020). Ce qui n’a pas empêché de constater des niveaux de pauvreté élevés en Guinée.

Désignation

Ensemble du

pays Urbain Rural

Incidence Profondeur Séri Incidence Profondeur Séri Incidence Profondeur Séri

Guinée 43,7 12,5 5 22,4 4,5 1,4 55,4 16,9 7 Basse

Guinée 52,5 15 6 29,1 5,7 1,7 64,9 20 8,2 Moyenne

Guinée 58,6 18,9 8,2 19,8 4,5 1,5 63,8 20,8 9,1 Haute

Guinée 40,4 11,5 4,6 23,4 5,2 1,7 44,4 13 5,3 Guinée

Forestière 46,3 12,4 4,6 34 7,4 2,5 50,7 14,2 5,4 Conakry 15,7 2,9 0,9 15,7 2,9 0,9

Tableau 3 Répartition (pour cent) de l'incidence, de la profondeur et de la sévérité de pauvreté par région naturelle et selon le milieu de résidence

Les moins de 15 ans subissent la pauvreté avec une sévérité plus accrue que les autres groupes d’âges suivis par les personnes âgées de plus 65 ans.

Selon l’INS, Plus de la moitié des pauvres de la Guinée sont des enfants de moins de 15 ans (53,2%)

; quant aux jeunes de 15-34 ans, ils représentent 23,8% des pauvres du pays.

56 Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages 2018-2019

Incidence (P0)

Profondeur (P1)

Sévérité (P2)

Total 43,7 12,5 5,0

Moins de 15 ans

49,9 14,7 6,0

15-34 ans 34,6 9,3 3,6

35-44 ans 41,9 11,9 4,8

45-64 ans 43,1 12,4 4,9

65 ans et + 46,3 13,0 5,0

Tableau 4: Indicateurs de pauvreté selon le groupe d’âge des individus56

►Les Principaux défis liés à la lutte contre la pauvreté

Les fruits de cette croissance nationale ne profitent pas à tous, dans la mesure où les disparités entre le milieu urbain et rural persistent, et les inégalités liées au sexe sont encore très présentes. La proportion de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté est de 22,4 pour cent en milieu urbain contre 55,4 pour cent en milieu rural. L’incidence de la pauvreté est plus faible à Conakry (15,7 pour cent) et plus élevée Moyenne Guinée (58,6 pour cent).

Les inégalités de revenu par tête dans l’économie guinéenne sont encore élevées. Toutefois, en 2012, 30% des ménages les plus pauvres disposent de seulement 13,9% de la consommation totale alors que les 30% les plus riche en disposent 52% de la consommation totale. Selon la récente enquête sur les conditions de vie des ménages (2018/2019) la part de la consommation des très pauvres continue à chuter, elle ne représente que 9,1% de la dépense totale des ménages.

Selon les données les plus récentes disponibles, les inégalités de revenus, mesurées par les indices de Gini, ont baissé de 0,317 en 2012 à 0,272 en 2019.

Cette baisse des inégalités combinée avec la réduction de l’incidence de la pauvreté montrent que la situation de la population au niveau national s’améliore. Néanmoins, si les inégalités de revenus baissent au niveau national, les résultats sont contrastés selon le milieu de résidence. En milieu rural les inégalités des revenus ont tendance à rester stables, en revanche, elles s’aggravent en milieu urbain. Concernant les écarts de revenu, les hommes gagnent deux fois plus que les femmes et ce quel que soit le milieu de résidence. De même, les inégalités se manifestent aussi dans le secteur éducatif. En effet, le taux d’alphabétisation chez les femmes (15 et plus) est nettement inférieur à celui des hommes.

Ce taux est de 27,7% chez les femmes et 54,4% chez les hommes.

49.2 53.0 55.2

43.7

0 20 40 60

2002 2007 2012 2019

Il faut également noter que la croissance relativement élevée n’est pax créatrice d’emplois décents et bien rémunérés En Guinée, le secteur de l’emploi est marqué par la prédominance du secteur informel. En effet, selon les résultats de l’enquête Nationale sur l’emploi et le secteur informel en Guinée de 2019, le taux d’emploi informel est estimé à 95,6 pour cent de la population totale en emploi. Neuf occupés sur dix travaillent dans le secteur informel.

Au niveau national, le taux de chômage est estimé à 4,8 pour cent. Ce taux faible cache une autre réalité car le taux combiné du chômage et du sous-emploi lié au temps de travail est estimé à 34,7 pour cent de la main d’œuvre. Les jeunes sont les plus touchés par le chômage. En effet, leur taux de chômage est de 7,2 pour cent, plus élevé que le taux national. Les jeunes ayant atteint le niveau supérieur sont les plus frappés par le chômage (52,1 pour cent), suivis de ceux qui ont le niveau secondaire (9,0 pour cent).

il faut par ailleurs noter que l’indice d’inégalité de genre (IIG), pour 2020, était de 0.817. En d’autres termes, l’IDH des femmes était inférieur de près de 20 pour cent pour cent à la valeur pour les hommes.

Cela montre les inégalités relatives auxquelles les femmes sont confrontées par rapport aux hommes dans trois dimensions fondamentales du développement humain : la santé, l’éducation et l’accès aux ressources économiques.

La COVID-19 risque de creuser ces inégalités régionales et entre les sexes. L’enquête faite par le pays sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les conditions de vie des ménages, établit que 55,7 % des ménages n’ont pas pu se rendre à leurs lieux de travail. Cette situation a beaucoup plus impacté les ménages dirigés par les femmes (65,7 %) que ceux dirigés par les hommes (54,1 %). La principale raison évoquée par rapport à l’absence au travail, est l’arrêt d’activité (45,4 %) et que 48,6 % des ménages ne reçoivent pas de salaire à la suite de l’arrêt du travail.

Ainsi, tant que les inégalités socioéconomiques et les disparités spatiales persistent, le renversement de leurs tendances constituera toujours un défi pour le pays.

L’une de leurs conséquences directes est la dégradation rapide des ressources naturelles qui, à son tour, entraine une vulnérabilité accrue de l’ensemble des groupes socio-économiques dont les activités ou la subsistance dépendent directement ou indirectement des ressources naturelles, et qui ne disposent pas de ressources financières suffisantes et de bonnes connaissances scientifiques et techniques pour s’adapter adéquatement au changement climatique (PANA, 2007). Ainsi, plus ils les utilisent, plus il sera difficile voire impossible de les restaurer afin de réduire les vulnérabilités auxquelles ils s’exposent.

Par ailleurs, la Guinée s’est dotée, depuis 2016, de sa toute première Politique nationale de protection sociale, couvrant la période 2016-2021 (PNPS).

Cette politique sert de base institutionnelle pour la lutte contre les chocs sociaux et pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Cette stratégie permet également l’accès effectif des guinéens et guinéennes aux services sociaux de base dont l’éducation, la santé ou encore le logement à travers ses deux volets, contributif et non-contributif. En outre, elle table sur la formalisation de l’emploi et du travail décent pour tous, pour inverser la tendance du chômage auquel sont confrontés les guinéens et guinéennes pauvres et vulnérables, y compris les personnes handicapées et celles atteintes de l’albinisme, et aussi sur l’inclusion sociale et économique afin d’éradiquer les inégalités socio-économiques qui touchent particulièrement les plus démunis. Elle se veut donc inclusive et durable.

Bien que ce puissant instrument de lutte contre la pauvreté et les vulnérabilités, y compris l’exclusion socioéconomique et le handicap sous ses diverses formes ait été adopté, sa mise en œuvre bute contre des murs dont les principaux sont :

1) La faiblesse du soutien au leadership national eu égard au manque de soutien technique de haut rang pour accompagner, de façon dynamique et satisfaisante, le ministère en charge de la protection sociale, dans sa mise en œuvre adéquate, qui nécessite l’élaboration et la mise à disposition d’une série d’outils indispensables, tels que le cadre de rendement de la PNPS, mais aussi dans la préparation de l’élaboration de la PNPS II (2022-2027) ;

2) Le sous-financement récurrent de cette politique découlant en partie de l’absence d’un cadre de dépense à moyen terme (CDMT) fédérateur des dépenses de protection sociale sectorielle, soutenu par les PTF et autres bailleurs de fonds ;

3) La non mise en place du dispositif institutionnel de suivi-évaluation de sa mise en œuvre et de ses impacts, couplé au manque de mobilisation des acteurs autour de ce dispositif qui comprend un Haut conseil de protection sociale, un Conseil national de protection sociale, un Secrétariat technique où trois cellules techniques centrales devraient évoluer, et enfin, les Centre régionaux et préfectoraux de protection sociale ;

4) La faible vulgarisation de cette politique couplée à son appropriation très limitée par la quasi-totalité des acteurs de protection sociale, faute de l’exercice d’actions et d’activités conjointes, et de mobilisation autour de la feuille de route de cette même et unique politique.

Ainsi donc, tant que les acteurs de protection sociale ne se mobiliseront pas solidement autour de la PNPS, sous le leadership du Ministère de l’Action Sociale et de l’Enfance, qui a pour la 1ère fois organisé la 1ère Edition de Conférence nationale sur la protection sociale en Guinée, en mars 2021, et tant que le soutien à la mise en œuvre de la PNPS ne sera pas à la hauteur des attentes, la lutte contre la

pauvreté et les vulnérabilités resterait un casse-tête pour le pays entier en dépit des progrès réalisés par l’Agence Nationale d’Inclusion Economique et Sociale (ANIES).

2.4.3 Sécurité alimentaire et nutritionnelle