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UNIVERS LINGUISTIQUE CIBLE

CHAPITRE 3 : LES LANGUES EN PRESENCE : KRU ET KWA

1.2.1. Les langues Kru : source, Lynell Marchese (1979)

1.2.1.2.2. Le Système des consonnes

ʌ

Et le système des voyelles nasales, à son tour, se résume selon la disposition suivante :

ĩ ũ

ẽ õ

ã

1.2.1.2.2. Le Système des consonnes

« Dans toutes les langues kru, nous trouvons des occlusives à cinq différents points d’articulation au minimum. C’est ainsi que nous relevons des occlusives bilabiales, alvéolaires, palatales, vélaires et labio-vélaires. Dans toutes les langues kru, les fricatives sourdes [f]et [s] sont également attestées »145.

Les langues kru se subdivisent en deux sous-groupes : les langues dites kru orientales, situées à l’est du fleuve Sassandra et les occidentales, localisées à l’ouest de ce cours d’eau.

145 Cf. MARCHESE, Lynell, op. cit. p 42.

Les langues orientales présentent un système de consonnes correspondant à tous les points d’articulation146. Quant aux occidentales, elles attestent un système consonantique beaucoup moins homogène car elles ont perdu un certain nombre de consonnes dans leur évolution : tantôt les occlusives labio-vélaires [kp] (sourde) et [gb] (sonore), tantôt les vélaires labialisées [kw] (sourde), [gw] (sonore) et même purement et simplement l’occlusive implosive bilabiale [б] que l’on atteste dans toutes les langues orientales.

Par contre, les occidentales attestent en échange les labio-vélaires nasales [nw] et [ŋw], le phonème [h] et les sourdes [hm], [hn], [hl] et [hw] correspondant aux sonores [m], [n], [l] et [w]. En plus, une distribution complémentaire entre les occlusives sonores et les consonnes nasales y est fréquente et dans ce cas d’espèce, les sonores ne sont suivies que de voyelles orales et les consonnes nasales, elles, de voyelles nasales.

De l’observation des différents tableaux consonantiques résumés de nos parlers kru du littoral, il ressort qu’il y a, entre les langues kru occidentales et les kru orientales, des différences mais celles-ci peuvent être surmontées dans un tableau, comme nous l’avons dit, de synthèse que nous pouvons résumer ci-dessous et dont la motivation consiste à faciliter la compréhension et les analyses que nous ferons dans la prochaine partie de ce travail.

146 L’aïzi, langue orientale isolée en ère tanoh, affiche un tableau consonantique présentant deux phonèmes différents de plus : [ š] et [ž ] et trois phonèmes complexes de moins : [kw], [gw] et [ŋw]. le néyo, langue tampon entre les orientales et les occidentales atteste, quant à lui, le phonème [cw] fricatif vélaire labialisé présent en bété et en koyo.

Labiale dentale palatale vélaire labio-vélaire Vélaire labialisée

occlusive sourde p t c k kp kw

occlusive sonore b d J g gb gw

fricative sourde f s fricative sonore v z

relax б l j γ / γl w

nasale m n η ŋ ŋw

1.2.1.2.2.1. La réalisation phonétique de la consonne l

En aïzi, dida et godié, le /l/ se réalise [r] après toute consonne mais il se réalise [l]

à l’initiale et en position médiane.

Le tépo est, pour sa part, la seule langue kru du littoral où la différence entre [l] et [r] est distinctive. Les deux phonèmes peuvent même être en distribution complémentaire comme dans les deux exemples suivants :

prώ ‘l’arc’

plὼ ‘le cou’

1.2.1.2.3. Structure syllabique

Si, sur le plan phonétique et phonologique, une uniformisation des systèmes pose problème dans ces langues à cause des divergences relativement prononcées, la structure syllabique, quant à elle, est plus univoque.

Les langues kru sont des langues à syllabes ouvertes. La plus fréquente est la CV.

Cependant, les types CVV, CCV, CCCV et V y sont assez courants. La structure C quant à elle existe aussi mais elle est très restrictive. Elle fera l’objet d’un bref traitement spécial vers la fin de ce point. Dans ce groupe linguistique, les monosyllabes et dissyllabes sont les plus nombreux.

2.2.1.2.3.1. Schéma σ = CV

gbā ‘parler’ (dida) γlé ‘voler’ (dida) lú ‘la tête’ (tepo) kpé ~kpʋ́ ‘l’huile’ (dida) kúdì ‘l’estomac’ (grebo) lí ‘les lances’ (dida, godié) fā ‘un os ‘ (dida)

guɷ ‘une pirogue / la maladie’ (aïzi / dida)

1.2.1.2.3.2. Schéma σ =CVV

A l’exception de l’aïzi, les voyelles de ce schéma sont hétérogènes. Elles sont en plus, presque toujours de la même série : soit avancées (+ATR) soit rétractées (-ATR).

En godié et en dida, la première voyelle d’une séquence est toujours haute tandis que la seconde est non haute147, ce qui n’est pas le cas dans d’autres langues du même groupe où une voyelle basse peut apparaître en première position et une haute en fin de syllabe. Voyons-le dans les exemples suivants :

sιɷ ‘un/ l’escargot’

mǹ̀ ‘une/ la langue’

lúē ‘une/ la gazelle’

147 Dans les mots composés ou dans les cas où s’exprime une fonction syntaxique, cette règle s’annule.

Dans les langues à voyelle nasalisée, lorsqu

e la première voyelle d’une séquence est nasalisée, la deuxième l’est aussi nécessairement. C’est le cas en grebo.

Ex: tε>ε> ‘oindre’

La séquence vocalique CVV peut être aussi le résultat de la perte d’une consonne médiane comme ici en dida pp ~ p ‘d’abord’ et en godié lètè ~lèè ‘le couteau’.

Quand elles sont hétérogènes, elles résultent d’une syncope comme ici.

Ex :

zléjè/zréjè ~ zléè/zréè ~ zlê/zrê ‘le/ un poisson’ (dida , godié) zύjυ ~ zύυ ‘un oiseau’ (dida)

Les séquences vocaliques comportant trois voyelles hétérogènes ont été attestées dans d’autres langues kru telles que le wobé qui ne fait pas partie de nos langues cibles. A y voir bien clair, c’est la réduction de mots polysyllabiques.

Quant aux voyelles longues, comme résultante de deux voyelles identiques, elles sont monnaie courante dans nos langues kru du littoral.

Ex :

bεɷεɷ ‘arachide’ (godié)

cίί́́ɴɴ ‘chaîne’ (néyo) faɷaɷ148 ‘couteau’ (grebo)

1.2.1.2.3.2. Schema σ = V, VV et C

148 faɷaɷ, ‘couteau’ en grebo < faca [faka]‘couteau’ en portugais. Ici, il y a eu chute de l’occlusive [k] lors du passage du portugais au grebo. faɷaɷ est un emprunt lexical portugais.

Le schéma V a une distribution qui se limite, dans les langues kru en question, à la forme pronominale.

Ex :

ó ‘il’ (dida, neyo, aïzi, godié) á ‘vous’(2e p.pluriel) (neyo, dida, aïzi, godié) Quant à la structure VV, elle n’existe qu’en wè et niaboua : Ex :

ãõ ‘vous’ (wobé, guéré)

ω>ω> ‘ils, elles’ (niaboua).

Alors que le schéma V apparaît seulement dans des cas limités de forme pronominale, le C quant à lui, s’identifie comme nasale syllabique. Dans l’énoncé, C s’associe toujours au point d’articulation de la consonne qui suit, comme dans les exemples suivants :

C ____________ m/ [ σ ___ C = p ou b ex : m̀ pá ‘ tu joues’

ḿ bê ‘ j’attends’

C ____________ n / [ σ ___ C =/ p ou b ex : ń lì ‘j’ai mangé’

ǹ kplá ‘tu cous’

1.2.1.2.3.3. Le Schéma σ = CCV

Ce schéma est assez complexe et vaste car il touche à la fois des phonèmes complexes du type ClV, CbV et CwV. Le système ClV n’est pas connu de toutes les langues kru mais dans nos langues cibles, il est bien présent. Quant au CbV, il n’est surtout effectif qu’en wobé, guéré, niaboua et krahn, quatre langues dont une libérienne et trois ivoiriennes qui ne se situent pas sur le littoral et qui, par conséquent, ne sont pas

directement touchées par notre recherche. On peut visualiser la structure ClV dans les exemples suivants :

glaɷ ‘les dents’ (dida, koyo) wlί ‘les maisons’ (neyo) wliɷ ‘les chèvres, cabris’ (aïzi, dida) clí ‘poursuivre, renvoyer’ (dida)

plέ ‘une machette’ (tepo)

bl ‘grenouille’ (grebo) slé ~ sré ‘la/ une maison’ (dida) бlí ‘creuser, les boeufs’ (dida)

1.2.1.2.2.3.4. Le schéma σ = CwV

Il s’agit d’une structure syllabique CCV dans laquelle la deuxième consonne est la semi-voyelle w ou bien la voyelle ω (-ATR) comme dans les exemples

lwε ~ lωε ‘éléphant’ (dida, néyo, godié) gwέ ~ gυε ~ gωε ‘chimpanzé’ (dida)