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1. Analyse des données

1.1 Les interactions dans les dyades

1.1.3 Synthèse des interactions

Interactions corporelles

En suivant nos dyades témoins, nous avons remarqué que les interactions corporelles étaient un peu moins riches par rapport à nos dyades d’études.

En effet, pour Nicolas et sa maman, les interactions se sont diversifiées. Elle propose des stimulations tactiles différentes à chaque temps, Nicolas communique à partir de T4 par des gestes, dirigés vers elle. Pour Bertille et sa maman, les interactions ont peu évolué alors que c’était le mode de communication privilégié par la dyade au début des rencontres. Nous avons également remarqué que la maman de Bertille n’était pas très à l’aise quand on lui demandait d’interagir sans jouet avec sa fille.

Pour nos dyades d’étude, nous avons remarqué que les interactions corporelles ont beaucoup évolué, entre Sacha et sa maman, elles sont plus continues et plus riches. Ces échanges sont par ailleurs de plus en plus introduits par le jeu et le plaisir d’interagir. Sacha y répond par de nombreux sourires, des gestes et des vocalisations.

Les interactions corporelles ont également beaucoup évolué entre Amandine et sa maman. Les mimiques d’Amandine se sont intensifiées et diversifiées. A T4, Amandine prend sa place dans les interactions corporelles et commence à toucher volontairement le visage de sa maman. La maman propose de plus en plus de stimulations tactiles positives.

Enfin, nous notons que les sourires sont plus fréquents chez les bébés des dyades d’étude, en particulier chez Sacha, pour lequel les sourires sont 2 fois plus nombreux que chez Bertille, un de nos bébés témoins. Cette différence n’est pas aussi marquée en ce qui concerne Nicolas.

Interactions visuelles

L’analyse des interactions visuelles révèle des informations pertinentes sur l’utilisation de cette modalité par les dyades.

Pour notre dyade témoin, les interactions visuelles entre Nicolas et sa maman se sont nettement développées et intensifiées. Nous avons observé les premiers épisodes d’attention

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conjointe pour Nicolas et sa maman. Pour Bertille et sa maman, elles se sont réduites au fil du temps, la petite semble plus intéressée par son environnement et semble moins présente dans la relation avec sa maman. Ces résultats sont à lier à la position qu’adoptent mère et fille, qui n’est pas une situation de face à face et ne favorise pas toujours l’interaction.

Pour notre dyade d’étude, les interactions visuelles entre Sacha et sa maman se sont nettement développées et intensifiées, nous observons une augmentation des regards mutuels de T2 à T4. Pour Amandine et sa maman, elles se sont développées et intensifiées car Amandine regarde plus attentivement ce qui l’entoure, surtout sa maman. Nous notons quelques regards mutuels et les premiers épisodes d’attention conjointe.

Si nous considérons les regards mutuels, nous constatons une différence significative entre nos bébés témoins et nos bébés des dyades d’étude. Nous notons peu de regards mutuels pour Bertille (une moyenne de 5,8%), un peu plus pour Nicolas (une moyenne de 20,5%). Sacha et Amandine, quant à eux, obtiennent des moyennes plus élevées (25,5% pour Sacha et 39,5% pour Amandine)

Interactions vocales et verbales

L’observation des interactions vocales et verbales nous apporte des informations importantes. Nous avons remarqué que les bébés de nos dyades d’étude avaient fait beaucoup de progrès sur les plans langagier et de l’investissement de la sphère oro-faciale.

Les interactions vocales et verbales entre Nicolas et sa maman se sont développées et diversifiées. Nicolas produit de nombreux cris dont il fait varier la hauteur. Toutefois, la maman produit très peu de mots et de phrases, il y a très peu de langage verbal. Nicolas a pris une place active dans l’interaction. Pour Bertille et sa maman, elles se sont développées et diversifiées. Bertille produit beaucoup de sons mais ils sont peu variés, il s’agit essentiellement de geignements, nous constatons qu’elle prend peu de plaisir à vocaliser, elle semble plutôt les utiliser pour exprimer son inconfort. La maman stimule énormément les vocalisations de Bertille mais ne lui laisse pas vraiment l’opportunité de prendre une place active dans l’interaction.

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Pour les dyades d’étude, la maman de Sacha a un comportement verbal et vocal tout à fait adapté dès la naissance de son enfant. Elle le stimule énormément et lui laisse de plus en plus l’opportunité de répondre. De plus, nous avons observé quelques imitations vocales, des jeux de bouche comme des claquements de langue, des ébauches de bisous, serrement des lèvres. Sacha a pris une place active dans l’interaction. Les interactions vocales et verbales entre Amandine et sa maman se sont développées et diversifiées, Amandine a plus de productions langagières : bruits gutturaux, sons quasi-vocaliques, babillages, imitations vocales se sont intensifiés. Face aux sollicitations verbales de sa maman, Amandine amorce l’interaction et la maintient de plus en plus souvent. Elle a pris une place active dans l’interaction.

Le langage maternel

Le langage maternel des dyades s’est globalement bien développé, s’est complexifié. Cependant, nous avons remarqué que la maman de Nicolas, qui fait parti de nos dyades témoins, avait un langage maternel très pauvre, il est essentiellement constitué d’interjections et d’onomatopées, il y a peu de mots ou de phrases, sauf à T3.

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Conclusion

Le suivi des dyades pendant 6 mois, nous a permis d’observer les progrès des enfants et le développement des interactions avec leur mère.

Au cours du temps, nous avons observé un développement global harmonieux chez tous les enfants que nous avons rencontrés. Toutefois, nous avons pu remarquer que les bébés issus des dyades d’étude, produisent des sons beaucoup plus diversifiés. Sacha et Amandine entrent dans le babillage canonique et l’imitation vocale. De plus, ils produisent de nombreux bruits de bouche, ils s’amusent en claquant la langue, en faisant des bisous, des brouettes, etc. Les bébés de nos dyades témoin produisent des sons, des cris dont ils font varier la hauteur mais le babillage canonique, les jeux de bouche ne sont pas encore observés chez Bertille. Elle produit beaucoup de sons mais essentiellement sous la forme de geignements, ils sont peu diversifiés. Nicolas commence à entrer dans le babillage à T4, mais nous n’avons pu l’observer lors de nos films.

Nous constatons que les interactions corporelles, visuelles et verbales des dyades d’étude se sont très bien développées, le langage maternel s’est complexifié, les regards mutuels et l’attention conjointe sont apparus, etc.

Celles des dyades témoins ont beaucoup évoluées. Les interactions corporelles et visuelles de Nicolas et sa maman se sont enrichies. Sur le plan des interactions vocales, la maman de Nicolas a un langage pauvre : essentiellement des interjections, quelques mots, les phrases sont rares.

Par ailleurs, les mimiques faciales de bien-être sont plus marquées et plus expressives chez les bébés des dyades d’étude. Ils sont très expressifs et font beaucoup de sourires. Nicolas et sa maman, dyade témoin, échangent également beaucoup de sourires et de mimiques. Les interactions entre Bertille et sa maman nous paraissent moins aisées. Nous notons moins de regards mutuels que pour les autres dyades et nous remarquons que Bertille est peu mimique.

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