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Synthèse et associations des éléments descriptifs

CHEVALIERES RUSSES CHEVALIERES LOCALES

II.2.4. Synthèse et associations des éléments descriptifs

La description des données nous renseigne sur l’évolution chronologique des modes d’inhumation, des dépôts du mobilier et du port des éléments vestimentaires décorés et de la parure.

En effet, avant 1700, sont inhumés uniquement des sujets masculins, dans différents types de conte-nants mais principalement dans des coffres de rondins, avec le nécessaire à la monte (selle, étriers), leur équipement de chasseur-guerrier, avec parfois le bandeur d’arc et une arme, un couteau, éventuelle-ment un tchoron ou un nécessaire à feu, et un dépôt aliéventuelle-mentaire, fait de viande.

La première moitié du XVIIIesiècle voit s’ajouter l’inhumation de femmes et de quelques enfants et adolescents. Le contenant en rondins disparaît au profit du coffre de demi-troncs, le plus souvent équarris, comme dans la région de Verkhoïansk, et de troncs évidés, notamment dans les régions de Iakoutie centrale et de Viliouï. Ils sont recouverts de couvertures en écorces de bouleau, si le contexte environnemental s’y prête, et leur intérieur peut également en être tapissé en Iakoutie centrale. Une branche de bouleau peut également être plantée dans la fosse, préférentiellement en Iakoutie cen-trale. Le dépôt alimentaire augmente et se diversifie avec la présence de produits laitiers, dans les régions de Iakoutie centrale et de la Viliouï.

Le traitement des corps, que ce soit la contention ou l’entrave, est retrouvé plus fréquemment à cette période.

Les dépôts relatifs au mobilier augmentent et se diversifient. Ainsi, les récipients, auparavant plutôt en bouleau, sont plus fréquemment en bois et leur nombre dans la tombe augmente ; ils sont accom-pagnés plus fréquemment d’une cuillère. Le dépôt d’un couteau demeure mais tend maintenant à ne plus être porté. L’équipement du cavalier est toujours présent même s’il se différencie : en effet, le nécessaire à la monte diminue au profit des éléments de conduite (mors, brides). Toutefois, lorsque la selle et les étriers sont présents, ils sont plus décorés, notamment pour les femmes. Par ailleurs, d’autres éléments viennent compléter plus fréquemment l’équipement (le knout et le peigne-grat-toir), jusqu’au sacrifice d’un cheval, inhumé à proximité du défunt.

L’équipement de chasseur-guerrier demeure, bien que son dépôt diminue. Le dépôt d’une arme complète plus souvent l’équipement masculin.

Le nécessaire à fumer apparaît avec le dépôt d’une pipe et le fourneau est préférentiellement en os ou ivoire pour les hommes et en alliage cuivreux pour les femmes.

D’autres objets apparaissent à cette période, avec un dépôt peu fréquent (boîte en bois, nécessaire à couture, chasse-mouche, hache, affaires de toilette).

Des pièces rares sont également déposées dans les tombes, le tchoron et le chaudron, plus particu-lièrement dans la région de Verkhoïansk.

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Pratiques funéraires, biologie humaine et diffusion culturelle en Iakoutie (XVIe-XIXe siècles) S. Duchesne

Les éléments vestimentaires décorés et la parure augmente (disque solaire, ceinture décorée) ; certains sont préférentiellement portés par les femmes (disque solaire, ceinture en perles et dite de fiancée, boucles d’oreilles, torques, bracelets, anneaux) et d’autres par les hommes (ceinture avec or-nements en métal).

La seconde moitié du XVIIIe siècle voit s’ajouter l’inhumation de jeunes enfants et la perte progressive de la plupart des dépôts. Si les contenants précédents demeurent, certains prennent l’avantage, le tronc évidé pour les enfants, le coffre de planches d’épaisseur moyenne et le cercueil progresse. De nouveaux modes d’assemblages (chevilles et clous) apparaissent. Le bouleau planté dans la fosse de-meure préférentiellement maintenant pour les enfants. La signalisation de surface de la tombe change, avec l’apparition de croix plantée dans la fosse. Les couvertures en écorces de bouleau diminuent et tendent à recouvrir le coffre de manière partielle. La présence de coffre anthropomorphe, avec évide-ments des parois, devient plus fréquente, notamment pour les femmes en Iakoutie centrale et dans la région de l’Indighirka. Le dépôt alimentaire diminue. Le traitement du corps par entrave persiste, de manière anecdotique.

Les dépôts du mobilier diminuent également et tendent à s’extérioser. Le couteau devient plus fréquemment non utilisable et placé à l’extérieur du coffre, notamment pour les femmes. Les dépôts liés à l’équitation et au chasseur-guerrier deviennent anecdotiques. Le nécessaire à fumer, quant à lui, augmente et le sac à feu accompagne désormais la pipe plus fréquemment. Le fourneau est mainte-nant en alliage cuivreux pratiquement pour tous.

De nouveaux dépôts apparaissent : des cloches dans les tombes féminines et des objets liés à la dévotion religieuse individuelle (croix de cou) ou au rituel religieux orthodoxe (cierges).

Les éléments vestimentaires décorés et la parure diminuent jusqu’à devenir anecdotique.

Au XIXe siècle, ce sont à présent les inhumations des nourrissons qui s’ajoutent au reste de la popu-lation. Les contenants majoritaires sont à présent les coffres de demi-troncs, en planches moyennes et les cercueils. Leur caractère anthropomorphe demeure, notamment dans la région de l’Indighirka.

Disparaissent le dépôt alimentaire, ainsi qu’une grande partie des dépôts de mobilier comme les élé-ments vestimentaires décorés et la parure. Subsistent essentiellement le couteau, placé à l’extérieur et rendu inutilisable et le nécessaire à fumer, deux objets à caractère personnel. Les objets liés à la dévo-tion religieuse personnelle ou au rituel religieux orthodoxe augmentent.

Deux évolutions principales peuvent être identifiées. La première consiste dans le caractère ostenta-toire de la première moitié du XVIIIe siècle, avec un grand nombre d’objets déposés et leur diversifica-tion. Les tombes présentent des signes de richesse évidents, tels que la présence, voire la profusion, de pièces d’importation (notamment les perles) et signent le statut social du défunt et de leurs relations avec le commerce et les Russes. La seconde est le changement, plutôt radical, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui s’opère en faveur de la diminution drastique, voire la disparition, des dépôts alimentaires, de mobilier et des éléments vestimentaires décorés et de parure. Ces évolutions seront à mettre en relation avec les changements socio-économiques et religieux de la société iakoute.

Description et analyse statistique des données : les éléments vestimentaires décorés et la parure

III. Associations entre données spatiales,