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Synthèse des éléments de problématique quant à l’objet d’étude et à sa pertinence

Chapitre 1. Problématique

1.6. Synthèse des éléments de problématique quant à l’objet d’étude et à sa pertinence

Cette étude sera un plus pour la communauté scientifique québécoise car la plupart des études ont été réalisées aux États-Unis. De même, elle expliquera le phénomène d’autonomisation des femmes dans un contexte de violence conjugale à partir de la théorie féministe intersectionnelle. Cette recherche permettra de comprendre, à partir du point de vue des intervenantes, les problèmes liés à la dépendance des femmes à leur conjoint dans une société en pleine mutation avec l’arrivée massive des immigrants. En plus, elle nous renseignera sur les obstacles, du point de vue des intervenantes, qui demeurent une entrave à l’autonomisation économique des femmes victimes de violence conjugale.

En somme, les études recensées ont montré la multidimensionnalité de la dépendance des femmes à leurs conjoints et les obstacles liés à leur autonomisation économique.

Au Québec, 4% de la population âgée de 15 ans et plus ont connu de la violence conjugale en 2014 (Statistique canada, 2016). Parmi les victimes, ce sont les femmes qui ont vécu plus de violence sévère de la part de leurs conjoints ou ex conjoints avec un taux de 34% (Statistique Canada, 2016).

Cette présence accrue de la violence conjugale à l’encontre des femmes montre que l’inégalité entre hommes et femmes persiste dans notre société (Thériault & Gill, 2007). Cette inégalité n’épargne aucune sphère sociétale (Thériault & Gill, 2007). Ainsi, les femmes victimes de violence conjugale auraient des difficultés à intégrer le marché du travail ou à se maintenir en emploi pour celles qui sont déjà actives. Ces difficultés d’insertion seraient liées actuellement aux lois du marché de travail qui seraient défavorables aux femmes (Thériault & Gill, 2007).

Le sexisme est pointé du doigt dans cette double victimisation des femmes violentées par les conjoints, d’une part elles souffriraient de la violence conjugale et d’autre part de l’inaccessibilité du marché de travail qui demeurerait sexiste et inégal (Thériault & Gill, 2007; Wakefield et al., 2012; Messing et al., 2013). En outre, les secteurs d’emplois auxquels

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les femmes ont plus facilement accès resteraient sous-payés, ces emplois étant moins rémunérés que ceux auxquels les hommes ont accès (Thériault & Gill, 2007). Cet état de fait diminuerait leur pouvoir d’achat et créerait un écart de revenu au sein des couples (Thériault & Gill, 2007).

En plus, il ressort que les femmes victimes de violence conjugale seraient économiquement plus vulnérables mais certaines catégories de femmes le seraient doublement à savoir les femmes d’une minorité visible (Messing et al., 2013). Certaines femmes immigrantes connaîtraient d’autres difficultés associées à la violence conjugale compliquant leur intégration en emploi (Messing et al., 2013). Par exemple, certaines se sont butées aux problèmes de langue dans la mesure où elles ne parlent pas la langue du pays hôte qui demeure incontournable pour mieux fonctionner en société et obtenir un emploi (Messing et al., 2013). Il en est de même pour d’autres immigrantes qui ne disposeraient pas de qualification pour être insérées sur le marché de l’emploi, donc leur insertion nécessiterait d’autres préalables pour que celles-ci soient actives (Messing et al., 2013). De surcroît, certaines femmes immigrantes violentées pourraient se voir confrontées à la discrimination sur le marché du travail, et ce, malgré le fait qu’elles soient hautement qualifiées, ce qui réduirait leur chance d’obtenir un emploi bien rémunéré et de qualité (Messing et al., 2013). Ces difficultés pourraient les amener à perdre leur autonomie et elles deviendraient ainsi dépendantes de leurs conjoints (Messing et al., 2013). A ceci, s’ajoutent certaines considérations culturelles et religieuses qui obligeraient les femmes à se soumettre à la volonté de leurs conjoints compromettant ainsi leur pouvoir de décision dans leur démarche de recherche d’emploi (Messing et al., 2013). Ces considérations culturelles et religieuses constitueraient un obstacle à leur autonomisation financière dans notre société occidentale car elles les empêcheraient de travailler (Messing et al., 2013). En outre, la responsabilité parentale compliquerait davantage la situation de bon nombre de femmes victimes de violence conjugale en quête d’emploi (Crenshaw & Bonis, 2005).

Bien que des efforts continuent à être faits pour améliorer les conditions de vie des femmes au Canada en général et au Québec en particulier, la recherche de Pajak et al. (2014) soulève un manque de collaboration entre les services d’aide aux femmes victimes de violence conjugale et décrie la lourdeur bureaucratique dans le cadre de leur autonomisation.

22 1.6.1. Pertinence sociale

Cette étude permettra de mettre en lumière, à partir du point de vue des intervenantes, les différents obstacles auxquels les femmes sont butées et qui les empêchent d’être autonomes. En outre, elle permettra également de comprendre davantage le problème de dépendance des femmes à leurs conjoints dans une société en pleine mutation avec l’arrivée massive des immigrants chaque année. Ainsi, elle sera très utile pour l’intervention car elle pourra amener les intervenants de différents services à réfléchir sur leur collaboration mutuelle pour mieux répondre aux besoins des femmes victimes de violence conjugale. De même, elle pourrait également les amener à réfléchir à leur façon d’intervenir dans un contexte où l’autonomisation des victimes demeure une issue favorable pour les aider à sortir de la violence conjugale.

1.6.2. Pertinence scientifique

Chevrier (2009) rapporte que l’absence partielle de connaissances concernant un aspect d’un phénomène nécessite de développer des recherches pour pallier le manque. Ce projet de recherche permettra d’éclairer un volet jusqu’à présent moins documenté dans la littérature. Il met l’accent sur les obstacles à l’autonomisation économique des femmes et le possible manque de liens entre les services dans la prise en charge des femmes victimes de violence conjugale et ceux en employabilité, en vue de favoriser l’autonomisation de ces femmes. En outre, elle servira de support pour les futures recherches sur la même problématique dans le cadre de l’avancement de la connaissance. Cette recherche est nécessaire dans la mesure où peu d’études ont abordé les difficultés liées à l’employabilité des femmes victimes de violence conjugale. Et celles qui l’ont abordé ont touché à un seul aspect dans la plupart des cas, comme ce fut le cas dans la recherche quantitative de Wathen, MacGregor & MacQuarrie (2016), réalisée au Canada avec un échantillon de 8429. Cette étude cherchait à comprendre le lien entre la santé physique et psychologique des femmes, le maintien du travail et la violence physique et psychologique subie. Elle conclut que la bonne santé des femmes victimes de violence est un élément très important pour favoriser leur employabilité ou leur maintien en emploi. D’autres études se sont intéressées à l’aspect structurel pour comprendre la problématique liée à l’autonomisation économique des femmes (voir Haeseler, 2013 et Pajak et al., 2014). Cette présente étude s’intéressera, dans une perspective exploratoire, à

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plusieurs aspects notamment les aspects individuels, sociaux, structurels afin de mieux comprendre notre problématique.

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