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Les surdités abiotrophiques acquises secondaires à des traumatismes acoustiques.

La surdité chez les Carnivores domestiques

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III. Etude des surdités abiotrophiques acquises chez les Carnivores domestiques

3.4. Les surdités abiotrophiques acquises secondaires à des traumatismes acoustiques.

On entend par « traumatismes acoustiques » toutes les lésions de l’appareil auditif produites par un agent physique extérieur, c’est-à-dire, les traumatismes crânio-encéphaliques, les traumatismes par projectiles (ou coups de feu de l’oreille), les traumatismes sonores itératifs, les déflagrations qui regroupent le « blast » auriculaire et le traumatisme sonore aigu, et le barotraumatisme auriculaire [145]. Nous allons successivement nous intéresser à tous ces types de traumatismes acoustiques exceptés le barotraumatisme auriculaire (les Carnivores domestiques n’étant pas concernés a priori par l’aviation ou les activités sous-marines), en nous appuyant principalement sur des données de la médecine de l’Homme, celles disponibles en médecine vétérinaire étant rarissimes.

3.4.1. Les traumatismes crânio-encéphaliques

Les traumatismes crâniens peuvent s’accompagner de fractures de la partie pétreuse de l’os temporal, qui renferme les structures cochléaires, ou de traumatismes du tronc cérébral, dans lequel chemine les voies nerveuses de l’audition [75]. Cependant, dans ces deux cas, le trouble de l’audition ne constitue pas le signe dominant le tableau clinique, et ne constitue pas non plus le motif de consultation [76], l’animal arrivant généralement en urgence.

En médecine de l’Homme, 15 à 30 % des cas de traumatismes crâniens entraînent des séquelles otologiques se traduisant par des atteintes auditives : acouphènes, surdités de transmission dans 15 % des cas de surdité (liées à des lésions ossiculaires, et/ou à des lésions pariétales de l’oreille moyenne, et/ou à une hémorragie dans la cavité tympanique), surdités de perception dans 85 % des cas de surdité (suite à une fracture de la partie pétreuse de l’os temporal, même microscopique, concernant la cochlée, ou à une commotion labyrinthique, ou encore à une atteinte centrale) [72].

3.4.2. Les traumatismes par projectiles [170]

Il s’agit des cas où le projectile (généralement issu d’une arme à feu) atteint l’oreille par un chemin détourné (transcéphalique par exemple), et des coups de feu ayant déterminé des fractures irradiés de la voûte crânienne jusqu’à la partie pétreuse de l’os temporal. On peut aussi y inclure les blasts auriculaires (vide infra) et les commotions labyrinthiques (vide supra).

Aucune donnée à ce sujet n’est disponible en médecine vétérinaire. En médecine de l’Homme, la surdité de perception est une séquelle habituelle de ces traumatismes par projectiles, généralement accompagnée d’acouphènes [170].

3.4.3. Les traumatismes sonores itératifs

Ce type de traumatisme acoustique entraîne des « surdités professionnelles » chez l’Homme [133]. En effet, l'exposition continue ou répétée à un son intense peut provoquer une surdité permanente, les pertes auditives les plus conséquentes se faisant à des fréquences moyennes de l’ordre de 4000 Hz, puis pour des fréquences inférieures ou supérieures lors d’exposition continues [133, 201]. Ces pertes auditives sont dues à un désordre voire à une rupture des cils des cellules sensorielles de l’organe spiral [133, 201]. Aucun cas de surdité chez des

Carnivores domestiques exposés de façon continu à un environnement bruyant n’est rapporté dans la littérature.

3.4.4. Les déflagrations [145]

Les surdités par déflagration comprennent essentiellement le blast auriculaire et le traumatisme sonore aigu, que nous allons successivement envisager.

a) Le blast auriculaire

Sous la dénomination de blast auriculaire (traduction la plus satisfaisante de l’anglais « blast injury of the ear »), on désigne l’ensemble des lésions auriculaires provoquées directement par l’effet d’un souffle dû à une explosion. Certains parlent de surdité par coup de pression.

→ En effet, l’agent traumatisant est une onde de variation de pression, appelée onde de choc, qui, en milieu aérien, est une succession de phases d’hyper-pression (on a alors une onde positive ou onde de choc) et d’hypo-pression (on a alors une onde négative ou onde d’aspiration ou de succion). La figure 2 représente l’alternance de ces deux phases qui conduit à la création d’une onde vibratoire de pression, s’atténuant progressivement jusqu’à son extinction.

Cette onde de pression se propage initialement à une vitesse d’environ 3.000 mètres par seconde, ce qui est nettement supérieur à la vitesse du son (330 à 340 mètres par seconde [70]), la chute de pression étant directement proportionnelle au carré de la distance.

→ Les lésions auriculaires provoquées par le blast intéressent l’oreille moyenne (tout est possible, depuis la vaste destruction du tympan et du contenu de la cavité tympanique jusqu’à de minimes lésions infracliniques) ou l’oreille interne (atteintes des fenêtres labyrinthiques, de la lame basilaire, des cellules du ganglion spiral qui dégénèrent, …) ou les deux. Ce serait l’onde d’hyper-pression qui serait surtout traumatisante pour le tympan et la chaîne ossiculaire, l’onde d’hypo-pression lésant essentiellement les structures labyrinthiques. Associée à ces lésions, la présence d’acouphènes est fréquente.

Figure 2 – Représentation d’un blast auriculaire sur un diagramme ayant le temps pour abscisse et la pression pour ordonnée

→ Toutes ces données sont tirées de la médecine de l’Homme, aucune ne sont disponibles en médecine vétérinaire. Cependant, le 21 septembre 2001, la population de Toulouse a été victime d’un terrible incident : l’explosion de l’usine A.Z.F.. Un communiqué de presse de l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) a montré que sur la période allant du 1er octobre 2001 au 23 novembre 2001, environ 2.500 consultations concernant des troubles auditifs imputables à cette catastrophe ont été effectuées par les services d’oto-rhino- laryngologie de Toulouse et de ses environs [99]. Aucune publication n’a fait état d’éventuels troubles de l’audition chez les Carnivores domestiques vivant dans les environs de la zone industrielle où est située l’usine A.Z.F. Il serait néanmoins surprenant qu’aucun animal ayant subi l’onde de choc due à cette explosion n’ait présenté de troubles de l’audition [Communication personnelle].

b) Les traumatismes sonores aigus

Les traumatismes sonores aigus sont dus à des bruits d’intensité élevée (supérieure à 100 dB [201]) dont l’action nocive s’exerce sur les structures cochléaires [145], entraînant notamment un désordre voire une rupture des cils des cellules sensorielles de l’organe spiral [201]. L'atteinte n'est que temporaire lors d’exposition brève à une source sonore intense : le recouvrement de la fonction auditive est alors progressif et peut s’étendre sur un laps de temps allant de quelques minutes à deux semaines chez l’Homme [201], des acouphènes étant fréquemment associées à cette hypoacousie [145].

D’après certains auteurs, les chiens de chasse, de la même manière que leurs maîtres, peuvent présenter des pertes auditives liés aux traumatismes acoustiques causés par le bruit des armes à feu [201], mais aucune publication n’a été faite sur ce sujet.

De plus, il faut remarquer que pour toutes ces surdités par déflagration , chez l’Homme, le déficit auditif porte aussi sur les fréquences moyennes de l’ordre de 4000 Hz.