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Prévalence et classification de la surdité chez les Carnivores domestiques

La surdité chez les Carnivores domestiques

I. Prévalence et classification de la surdité chez les Carnivores domestiques

1.1. Prévalence de la surdité chez les Carnivores domestiques [201]

→ La prévalence de la surdité (sous toutes ces formes) dans l’espèce canine serait comprise entre 0,025 % et 0,875 % d'après des études américaines et australiennes datant des années 1970-1980, mais celles-ci ne prenaient en compte que les chiens atteints d'une surdité bilatérale. En effet, avant la généralisation des méthodes électrodiagnostiques (tels les Potentiels Evoqués Auditifs du Tronc Cérébral : P.E.A.T.C.), les surdités unilatérales n'étaient pas diagnostiquées.

Ainsi, la prévalence réelle de la surdité (uni- ou bilatérale) chez le Chien serait près de quatre fois supérieure à ces chiffres (soit de l'ordre de 0,1 à 3 %).

→ Chez le Chat, aucune publication n’avance de chiffres précis concernant la prévalence de la surdité dans cette espèce. Les atteintes congénitales auraient dans l’espèce féline la prévalence la plus basse par rapport aux autres animaux domestiques [197].

1.2. Classification des surdités chez les Carnivores domestiques

1.2.1. Critères de classification des surdités

Pour classer les différents types de surdité, de nombreux termes de classification s’offrent à nous. En effet, il y a ceux relatifs :

→ au déterminisme de la surdité : génétique ou environnemental. Ainsi, on distingue respectivement la surdité héréditaire (ou innée) de celle acquise [201].

→ au moment de l'occurrence de la surdité. En effet, une surdité est soit congénitale [56] soit « abiotrophique » (ou tardive [76]). On admettra que le terme d’ « abiotrophique » qualifie toute anomalie qui apparaît après la naissance [49].

→ à la symétrie de la surdité : elle peut être unilatérale ou bilatérale [127].

→ à l'étage anatomo-fonctionnel atteint. On distingue la surdité de transmission (ou de conduction) due à une lésion de l’oreille externe ou moyenne (en incluant les fenêtres vestibulaire et cochléaire [176]), de celle dite de perception (ou de réception ou neuro- sensorielle ou « sensorineuronale ») liée à une lésion de l’oreille interne ou des voies sensorielles de l’audition. Ainsi les surdités de perception se divisent en surdités [76, 141, 176, 201] :

- endocochléaire lors d’atteinte de la cochlée ;

- rétrocochléaire périphérique lors d’atteinte de la portion proximale du nerf cochléaire jusqu’à son entrée dans le tronc cérébral ;

- rétrocochléaire centrale lors d’atteinte soit de la portion centrale du nerf cochléaire, soit des voies nerveuses centrales de l’audition.

Cependant, il existe des surdités mixtes (très fréquentes chez l’homme), c’est-à-dire à la fois de transmission et de perception (par exemple, lors de lésions de l’oreille moyenne à « évolution labyrinthique ») [141, 176].

Notons qu’il existe aussi deux autres termes de classification de l’origine anatomique de la surdité. En effet, une surdité peut-être soit d’origine périphérique lors d’atteintes de l’oreille externe, moyenne ou interne (elle comprend alors les surdités de transmission et les surdités de perception endocochléaire) ; soit d’origine centrale lors de lésions rétrocochléaires [141, 201].

1.2.2. Les surdités centrales et périphériques chez les Carnivores domestiques

a) Les surdités centrales chez les Carnivores domestiques

Chez les Carnivores domestiques, les surdités centrales sont rares. En effet, d’une part une surdité unilatérale totale d'origine centrale paraît improbable car les voies nerveuses de l’audition reçoivent, après les noyaux cochléaires ventraux, des informations provenant à la fois des deux oreilles (cf paragraphe 1.5.1.a de la Première partie). D’autre part, une surdité bilatérale d'origine centrale ne peut être provoquée que par une lésion d'une portion suffisamment importante du tronc cérébral, ou par une lésion bilatérale du cortex auditif, mais alors d'autres signes cliniques sont associés à la surdité (la surdité passant alors inaperçue dans le tableau clinique) [201].

b) Les surdités périphériques chez les Carnivores domestiques

Elles représentent l’essentiel des surdités qui se rencontrent chez les Carnivores domestiques [201].

On retrouve en effet comme type de surdités périphériques, principalement :

→ la surdité héréditaire congénitale de perception : elle est très souvent liée à un déterminisme génétique reposant sur des gènes de pigmentation qui sont à l'origine du blanc dans la robe des animaux (cf paragraphes 2.3. et 2.4. de la Deuxième partie) ;

→ la surdité acquise abiotrophique de perception : on y retrouve les causes suivantes : l'ototoxicité (cf paragraphe 3.1.1.a de la Deuxième partie) et la presbyacousie (cf paragraphe 3.3. de la Deuxième partie) essentiellement, puis les traumatismes sonores liés au bruit (cf paragraphe 3.4. de la Deuxième partie), les otites internes ou les méningites (cf paragraphe 3.5.2. et 3.5.3. de la Deuxième partie), les traumas céphaliques (cf paragraphe 3.4.1. de la Deuxième partie) ...

→ la surdité acquise abiotrophique de transmission : elle fait suite à des otites chroniques externes et/ou moyennes, ou à des excès de production de cérumen dans le méat acoustique externe (cf paragraphe 3.5.1. de la Deuxième partie).

Il existe aussi, plus rarement, des surdités acquises congénitales de perception ou de transmission lors de malformations (agénésie, fusion des osselets), d'infections intra-utérines (méningites), de problèmes de toxicité liée à des médicaments ou à des produits chimiques, d'anoxie, de problèmes dus à une anesthésie, ou alors idiopathiques (cf paragraphe 2.2. de la Deuxième partie).

Par ailleurs, alors que chez l'homme, il existe des surdités héréditaires abiotrophiques de perception ou de transmission, ce type de surdité n'a jamais été démontré chez les Carnivores domestiques [201]. Néanmoins, chez le Cavalier King Charles, il existe une surdité de perception, abiotrophique puisqu’elle apparaît vers l’âge de deux ans, dont le déterminisme est supposé héréditaire [40].

1.2.3. La surdité comme composante d’un syndrome

Il faut noter qu’il n’a pas été établi si la surdité, chez les Carnivores domestiques, associée à une robe de couleur blanche et à la présence d’yeux à l’iris bleu, pouvait constituer un syndrome. Pourtant, la surdité rencontrée chez le chat blanc et le Dalmatien très souvent s’apparente au syndrome de Waardenburg (cf paragraphe 2.3. de la Deuxième partie). En effet, chez l'Homme, ce syndrome s’accompagne d’une surdité, de la présence d’yeux à l’iris bleu, d’une raie blanche dans les cheveux, d’une barbe grisonnante de façon prématurée, et de déformations mineures de la face [201].

Ainsi, allons-nous nous intéresser aux deux grands ensembles de surdité que l’on rencontre chez les Carnivores domestiques, à savoir les surdités congénitales (acquises et héréditaires) et les surdités abiotrophiques acquises (qu’elles soient de transmission ou de perception).