• Aucun résultat trouvé

Sur le recueil des caractéristiques socio-démographiques

L’échantillon retenu pour l’enquête est double : une partie est représentative et l’autre non. Le choix de cette partition doit évidemment être lui aussi explicité.

4.1.Structuration de l’échantillon représentatif de la population

*La détermination des quotas

Le choix de quotas pour l’échantillonnage représentatif est lui aussi porteur d’hypothèses qu’il faut expliciter. Les conditions de réalisation de l’enquête (un effectif d’enquêteurs réduit et l’absence d’un panel d’enquête) obligeaient à un nombre réduit de variables à quota. Quatre variables ont été retenues : le genre (« Homme » / « Femme »20), l’âge (en énoncé libre), la classe sociale (établie à partir de l’énoncé libre de la « situation professionnelle ») et le lieu de résidence (« ville ou commune, département »). Les enquêtés se voyaient également demander leur niveau d’études, mais cette variable ne servait pas à établir la représentativité : elle s’est révélé, par ailleurs, très importante pour les croisements de variables lors du dépouillement21. Enfin, nous avons pu déduire des énoncés de situation professionnelle, des appartenances de secteur (public / privé), non comptabilisées dans les quotas mais pouvant être des ressources.

C’est le pourcentage de ces quatre variables dans la population lorraine en 2008 qui a servi à constituer l’échantillon.

La variable « classe » est le résultat de regroupement de situations professionnelles. On a ainsi considéré comme « classe populaire » les PCS INSEE « ouvrier » et « employé », auxquels on a rajouté les quelque « petits agriculteurs » interrogés. On a regroupé en « classe moyenne », les « professions intermédiaires », les « artisans et commerçants ». On a considéré comme « classe supérieure », les « cadres supérieurs et professions libérales » et les « chefs d’entreprise ». Au demeurant, l’échantillon est assez proche de la représentativité sous l’angle des PCS (au prix d’une légère sous-représentation des ouvriers par rapport aux employés). Pour la variable « âge », nous avons établi trois groupes : les moins de 40 ans, les 40 à 59 ans et les plus de 60 ans.

Pour la variable « résidence », nous avons traité le renseignement « commune, département » en séparant ces deux mentions : outre la représentativité par département, nous avons aussi cherché à atteindre une représentativité par taille de commune (pour laquelle nous avons établi trois catégories : les moins de 5000 habitants, les villes de 5000 à 50 000 h et les villes de plus de 50 000h).

La taille visée pour l’échantillon représentatif était de 600 personnes – sachant qu’au moment de la construction du dispositif d’enquête, un nombre très approximatif de personnes allaient être interrogées sur le même sujet selon la méthode des « tables rondes ». On pouvait

20 Une erreur de construction de l’échantillon a conduit à une légère sur-représentation des hommes dans

l’échantillon (+, 0,7%).

21 Au regard des données connues, notre échantillon est sur-diplômé. Les données de référence exploitables sur

la Lorraine datent certes de 1999 (et étaient marquées par une tendance à l’élévation du niveau forte) et doivent certainement être revues, mais la population lorraine avait en 1999 un niveau inférieur au Bac à 75% (ici : 47,4%), un niveau Bac à Bac+2 de 18,6% (ici : 31,2%) et de Bac+3 et plus , de 6,2% (ici : 21,5%). Cette distorsion n’est pas scientifiquement mesurable pour l’instant, mais il est certain qu’elle a joué sur la réception de l’enquête. Elle indique aussi que la sur-qualification des emplois n’est pas mince (rappelons que sur ce plan l’échantillon respecte les quotas).

considérer à bon droit qu’un échantillon de cette taille avait de bonnes chances de permettre non seulement une vue d’ensemble fiable de la population lorraine, mais aussi des croisements suffisamment fins à partir de critères socio-démographiques, à la limite près que constitue le décalage démographique présenté par la population meusienne, nécessairement faible dans un échantillon de cette taille : mais, augmenter la population enquêtée en Meuse nous aurait obligés, pour respecter les proportions à augmenter considérablement la taille d’ensemble de notre effectif (à titre indicatif, pour avoir 100 meusiens, il nous aurait fallu un échantillon total de 1220 personnes, soit près du double).

L’échantillon représentatif finalement obtenu est de 670 personnes, ce qui est raisonnable si on observe la taille des échantillons pratiqués par les instituts de sondage sur la France entière : cette échantillon est en effet obtenu sur le mode le plus exigeant (en face-à-face, en situation publique, sans panel) et non par téléphone, envoi postal ou dépôt.

*Le recueil en face à face

Le choix de ce mode de recueil est lui aussi tout sauf neutre. On cherche à placer les personnes interrogées en situation de pouvoir faire préciser par l’enquêteur une question perçue comme insuffisamment nette ou de lui demander de lever un doute. On limite ainsi les biais d’incompréhension et les questionnaires mal remplis (cas des questionnaires envoyés ou déposés). La dimension d’interaction visuelle, outre qu’elle permet d’interroger tout en donnant à l’enquêté l’occasion d’avoir le texte sous les yeux, est aussi un élément très important de stabilisation de la réponse : le déchiffrement à vue de l’identité sociale (ici, pour cinq enquêteurs sur six, des personnes pouvant être perçues comme « jeunes, étudiants »), s’il écarte certains répondants potentiels22, installe une relation de confiance qui peut lever en partie la question du rapport au savoir, très délicate dans des enquêtes d’image ou de représentations et particulièrement lorsque, comme c’est le cas ici, le questionnaire est cognitivement exigeant.

Les lieux retenus pour obtenir ces réponses ont été des marchés, des parcs publics, des terrasses de café, des rues passantes – le plus souvent enquêtés simultanément par l’équipe complète. Il s’agissait, pour bénéficier d’une certaine spontanéité, de privilégier des interactions impromptues dans des situations publiques. Dans un nombre assez limité de cas (environ 10%), principalement lorsqu’il s’agissait de rééquiliber l’échantillon, ces questionnaires ont aussi été obtenus chez l’habitant. Des lieux publics, en période de vacances estivales, échappent aux biais habituels des recueils en situation publique : si l’on interroge dans ces lieux, en temps normal, on peut obtenir, avec un peu plus d’efforts, un échantillon parfaitement représentatif, mais d’une population très spécifique (celle qui n’est pas au travail). La période estivale donne l’occasion d’un plus grand brassage.

L’interaction de passation était évaluée a priori à un quart d’heure, ce qui demeurait compatible, par exemple, avec une situation de retour de courses, paquets à la main ou une situation de personne avec enfants en bas âge. Il est bien souvent arrivé que le temps réel soit de 20 minutes et parfois, pour des péroraisons de personnes prenant prétexte du questionnaire, 40 à 45 minutes. Le choix d’une durée est aussi un choix théorique, porteur de présupposés. En l’occurrence, il s’agissait, non seulement de faire baisser le taux de refus, mais encore de ne pas transformer la situation d’enquête en une bulle artificielle, avec son lot de réponses contraintes par un rapport à ce qu’il est légitime de dire. Après tout, chaque fois que les enquêtés verbalisaient leur accord par un « bon, si c’est pour un sondage… », sous-entendant par là un allègement de la contrainte parce que des sondages « il y en a tant », nous ne les

avons pas démentis. C’est souvent en fin de remplissage que des réflexions ont été faites sur le degré d’élaboration de ce « sondage ».

4.2.Structuration de l’échantillon non-représentatif

*Les participants aux tables rondes

L’idée de retenir un échantillon – de taille raisonnable pour une enquête de courte durée – de personnes « impliquées » repose sur la conviction qu’il existe, à la marge des experts en stratégie de promotion régionale (politiques, hauts techniciens de l’appareil public) et des professionnels des secteurs concernés, une frange de personnes qui pourraient être disponibles pour et disposés à participer à une stratégie offensive d’image. Une stratégie offensive qui passerait par la discussion et la négociation : c’est la méthode des tables rondes, déjà présentée en tant que dispositif d’enquête et dont la méthodologie sera exposée plus loin. On est en droit d’imaginer que ces dispositions peuvent être mobilisées par transfert de compétences militantes déjà mises en œuvre ailleurs, notamment dans le secteur associatif ou dans l’activité syndicale (chez les salariés, mais aussi chez les employeurs). Les personnes en question ne devraient donc pas être des élus locaux majeurs (maires, adjoints), pour n’avoir pas, dans les échanges, d’impératifs de représentation politique – qui seraient au demeurant tout à fait justifiables.

On les a dits « impliqués », pour signifier qu’ils sont concernés, sans être spécialistes – à quelques rares exceptions près – et qu’ils doivent ainsi transférer, transposer (mais le meilleur terme serait : traduire) des dispositions d’un domaine dans l’autre. Cela paraît d’autant plus possible qu’ils seront des militants « affiliés », plutôt qu’« affranchis »23 et donc accoutumés

à le faire sur le mode du devoir que sur le mode de la corvée.

Pour l’opération « tables rondes », nous les avons recrutés sur la base d’un premier critère, géographique, liée à l’organisation de sessions de discussion dans cinq bassins d’emploi de Lorraine. Cette localisation n’est toutefois pas représentative, d’abord parce qu’on pourrait définir une quinzaines de bassins d’emploi dans la région et ensuite parce que les circonstances de constitution des équipes ont conduit à sur-représenter la Meuse. Les participants ont été pré-sélectionnés sur la base de leur résidence à proximité du lieu de déroulement de la séance (dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres).

Le deuxième critère de pré-sélection était plus négatif que positif : on visait à organiser des groupes homogènes socialement pour éviter des fractures majeures de savoir et des formes de condescendance ou de soumission liées à des rapports de classes. Ce critère n’était pas « positif » au sens où il ne devait pas servir à comparer des tables rondes classe par classe, mais à ne pas multiplier les obstacles à la discussion. Et, de fait, il s’est avéré difficile de trouver des personnes correspondant à chaque fois aux critères attendus.

L’une des raisons de ces difficultés tient au mode de recrutement : nous avons eu recours à des listes de personnes proposées par des membres du CES issus des lieux choisis pour les débats et auxquels nos indications avaient été transmises. Il a vite été clair que, si l’on connaît tel ou tel pour son appartenance à une association, on a parfois plus de mal à l’identifier à

23 Selon Jacques Ion, les militantisme « affilié » est la forme la plus ancienne d’action militante, caractérisée par

l’appartenance officielle à une organisation (marquée par la possession d’une carte annuelle, le versement d’une cotisation), par le sentiment d’être redevable d’un certain nombre de tâches plus ou moins pénibles et aussi par la propension, parfois revendiquée théoriquement à appartenir à des organisations voisines qui défendraient des objectifs homologues sur des terrains différents. L’affiliation (qui doit quelque chose à une conception domestique de l’organisation) s’oppose à la forme « affranchie » de l’action, au cours de laquelle, l’appartenance n’est plus la règle, la durée infiniment moins linéaire et la conception même de l’équipement politique marquée par la forme réseau. Voir : Ion Jacques, Franguidakis Spyros, Viot Pascal, Militer aujourd’hui, Paris, Autrement, coll. « CEVIPOF/Autrement », 2005, 139 p.

partir d’un groupe social, chacun ayant d’ailleurs pu constater combien la socialisation militante brouille un peu les pistes dans ce domaine.

En outre, ce que beaucoup considèrent comme « populaire » ou « de classe moyenne » ou « supérieure » ne correspond guère aux définitions sociologiques de ces catégories (le débat politique récent concernant l’aide publique aux « fractions inférieures des classes moyennes » a montré que l’on pouvait considérer comme appartenant aux classes moyennes des personnes qui, tant par leurs revenus que par leur capital culturel, relèvent en réalité des classes populaires ; de même pour la tendance au déclassement des classes supérieures en classes moyennes).

Nous avons donc dû recourir à nos propres réseaux ou à l’annuaire, pour trouver à équilibrer nos tables rondes à partir des premiers noms fournis.

Dans l’ensemble, il s’est avéré plus difficile de réunir effectivement le nombre de personnes souhaité que d’obtenir des marques d’un intérêt très réel pour l’opération ou pour d’autres à venir : c’est le lot des ces dispositifs que d’être très tributaires de la variabilité des disponibilités de personnes qui doivent concilier vie professionnelles et vie militante dans des calendriers serrés. Cette difficulté a fait varier le nombre des participants d’une séance à l’autre, au point de nous obliger (table ronde dite « d’Epinal », organisée en fait à Thaon-les- Vosges) à réunir deux tables en une.

Ce sont ainsi entre 11 et 17 personnes à chaque discussion qui ont été rassemblées, sachant que le nombre réclamé était de 15 et que l’on considérait comme optimal un effectif de 12. En définitive, ces 14 tables ont permis à 180 personnes d’échanger sur nos propositions, soit notre effectif « plancher » (15 tables rondes de 12 personnes en moyenne), un peu en dessous de notre effectif « plafond » (15 tables rondes de 15 personnes, soit 225). Nous n’avons pas opéré de décompte statistique de cette sous-population – bien que ses caractéristiques soient accessibles (dans le tableau α ci-dessous, on a bien un profil socio-démographique pour la deuxième phase, mais il inclut les membres du CES).

La coopération des élus locaux et des membres du CES a été très bonne, s’agissant notamment de l’attribution gratuite de salles qui ne l’auraient pas été automatiquement, voire, pour le cas unique et saillant de Forbach, de l’offre d’un buffet aux participants.

*Les membres du CES de Lorraine

A cet échantillon est venu se joindre, en cours d’enquête, un peu fortuitement, un sous- ensemble proche : lors d’une session plénière du CES, les conseillers présents – à l’exception de quelques uns sans doute absents au moment choisi – ont accepté de répondre à la partie « questionnaire » de l’enquête, soit 57 personnes. Ils auraient très bien pu figurer dans l’échantillon des impliqués et participer aux tables, n’était leur position de commanditaires de l’enquête. Cette consigne de non participation aux tables avait été adoptée par le bureau du CES, au prix d’évidentes frustration de beaucoup de conseillers, visiblement intéressés par le changement de mode de discussion que notre dispositif impliquait.

La passation du questionnaire, qui n’était pas dépourvue de stratégie pédagogique, a donc été le moyen terme retenu.

*Regard sur l’échantillon global

En définitive, nous disposons donc des réponses au questionnaire de 907 Lorrains (le tableau α ci-dessous en donne les caractéristiques), soit 670 personnes représentatives de la population générale et 237 personnes non représentatives de la population impliquée dans la vie de la société civile.

Catégories Détail des catégories Population générale (%) Population impliquée (%) GENRE Hommes 49,5 62,8 Femmes 50,5 37,2 AGE 20-39 35,0 13,2 40-59 38,3 56,0 + de 60 26,6 30,8 DIPLOME (*) Bac+5&+ 07,5 26,9 Bac+3/4 14,0 15,0 Bac+2 12,7 19,2 Bac 18,5 17,5 CAP/BEP 29,3 17,9 Infér. 18,1 03,4 RESIDENCE Moselle 47,3 34,9 M.&Mos. 27,9 33,5 Vosges 16,0 12,4 Meuse 08,2 19,2 SECTEUR(*) Privé 72,7 62,8 Public 27,3 37,2 CLASSE C. Pop. 64,0 23,9 C. Moy. 24,8 35,5 C. Sup. 11,1 40,6 (*) Non représentatifs Tableau α :

Structure des deux échantillons de l’enquête