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2.Les effets sur les questions ouvertes

2.1.La notoriété spontanée

On peut faire ici (tableau 147) deux types de remarques.

Tout d’abord sur la structuration des opinions. On observe ici l’effet inverse de tout ce qui a été noté à propos des variables fermées : la réponse féminine en notoriété spontanée est beaucoup plus concentrée que celle des Hommes, qui apparaît au contraire extrêmement dispersée. La réponse féminine se polarise sur un thème (les Produits lorrains : 40,4%) et traite de manière à peu près équivalente tous les autres (sauf peut-être les deux derniers, pour lesquels il n’y a pas de différence de traitement H/F). La réponse masculine s’articule autour de cinq thèmes entre lesquels il n’y a que 12% d’écart.

Si l’on s’attache ensuite au détail de ces thématiques, on peut voir que les Hommes mettent à peu près sur le même plan l’« histoire » et la dimension « naturelle et attachante » (16 et

15%), puis la dimension « industrielle » et de la « région » (toutes deux à 13,4%) ; alors que les Femmes – qui citent des termes historiques et géographiques dans des proportions proches de celles Hommes (13%) – délaissent les dimensions industrielle et naturelle (8 et 9%).

En d’autres termes, les hommes nous donnent à entendre un récit de la Lorraine où les produits emblématiques (principalement la mirabelle) coexistent avec les fanions historiques et industriels qui ont singularisé la région. Ils donnent à ce récit deux foncteurs de jugement : la neutralité (« région », c’est-à-dire une désignation géographique ou administrative) et l’affectivité (« naturelle et attachante »).

Au contraire, le récit féminin est plus homogène, fait d’une valeur centrale (les produits lorrains) et de plusieurs thèmes plutôt neutralisés : seule l’évocation de la « froideur » (6,4% contre 2,9% chez les Hommes) y déroge.

GENRE

Notorité1 Masculin Féminin Total Produits 25,9% ( 81) 40,4% (132) 33,3% (213) Histoire 16,3% ( 51) 13,1% ( 43) 14,7% ( 94) Région 13,4% ( 42) 13,1% ( 43) 13,3% ( 85) Naturelle 15,3% ( 48) 9,2% ( 30) 12,2% ( 78) Industrielle 13,4% ( 42) 8,0% ( 26) 10,6% ( 68) Crises 7,3% ( 23) 4,0% ( 13) 5,6% ( 36) Froideur 2,9% ( 9) 6,4% ( 21) 4,7% ( 30) Caractère 4,2% ( 13) 4,3% ( 14) 4,2% ( 27) Carrefour 1,3% ( 4) 1,5% ( 5) 1,4% ( 9) Total 100% (313) 100% (327) 100% (640) Tableau 147 :

Notoriété de rang1, selon le genre

Lecture : 25,9% des Hommes citent des produits, alors que la fréquence dans l’échantillon est de 33,3%.

Les cases tramées en gris clair sont celles où l’effectif réel est nettement inférieur à l’effectif théorique ; les cases tramées en gris foncé sont celles où l’effectif réel est nettement supérieur à l’effectif théorique.

Tests : La dépendance est très significative. χ2=28,26 ; ddl = 8 ; 1-p = 99,96%.

2.2.La symbolisation (le portrait chinois)

Seuls deux éléments du portrait chinois sont significatifs : les styles de musique et les sports. Mais même ces deux résultats sont assez difficiles à interpréter.

-Musiques : les hommes allient le populaire et le rock, les femmes le populaire et le classique

Les scores des Hommes et des Femmes sont très proches pour les valeurs principales (tableau 148) et l’on ne peut guère tirer d’enseignements des légères différences en ce qui concerne les musiques populaires (4% d’écart), la musique classique (3%) ou le jazz (1%). Mais les scores respectifs du rock sont plus nettement différenciés : 24,5% chez les Hommes et 12,1% chez les Femmes. On note aussi une légère différence concernant la musique folklorique (un écart d’environ 6% en faveur des Femmes).

Pour un même choix prédominant des musiques populaires visant à caractériser la Lorraine, les hommes semblent y associer plutôt le rock et les femmes plutôt le classique.

GENRE

Styles de musique Masculin Féminin Total

Classique 17,5% (50) 20,9% (64) 19,3% (114) Jazz 9,4% (27) 10,5% (32) 10,0% (59) Populaire 29,0% (83) 33,3% (102) 31,3% (185) Rock 24,5% (70) 12,1% (37) 18,1% (107) Folklorique 8,4% (24) 14,1% (43) 11,3% (67) Instruments 6,6% (19) 2,3% (7) 4,4% (26) Autres 4,5% (13) 6,9% (21) 5,7% (34) Total 100% (286) 100% (306) 100% (592) Tableau 148 :

Les styles de musique selon le genre

Lecture : 17,5 des Hommes citent le Classique, alors que la fréquence dans l’échantillon est de 19,3%.

Les cases tramées en gris clair sont celles où l’effectif réel est nettement inférieur à l’effectif théorique ; les cases tramées en gris foncé sont celles où l’effectif réel est nettement supérieur à l’effectif théorique.

Tests : La dépendance est très significative. χ2=26,44 ; ddl = 6 ; 1-p = 99,98%.

-Les hommes privilégient les sports collectifs

Les Hommes (tableau 149) choissent très majoritairement de citer des sports collectifs (57,5%), tandis que les Femmes optent de façon sensiblement égale pour les sports individuels (48,8%) et les sports collectifs (46,3%).

GENRE Sports

Masculin Féminin Total

Collectifs 57,5% (184) 46,3% (150) 51,9% (334) Individuels 40,3% (129) 48,8% (158) 44,6% (287) Mixtes 2,2% (7) 4,9% (16) 3,6% (23) Total 100% (320) 100% (324) 100% (644) Tableau 149 :

Les sports, selon le genre

Lecture : 57,5% des Hommes citent des sports collectifs, alors que la fréquence dans l’échantillon est de 51,9%.

Les cases tramées en gris clair sont celles où l’effectif réel est nettement inférieur à l’effectif théorique ; les cases tramées en gris foncé sont celles où l’effectif réel est nettement supérieur à l’effectif théorique.

Tests : La dépendance est très significative. χ2=9,89 ; ddl = 2 ; 1-p = 99,29%.

Ici encore, comme on l’a beaucoup constaté dans les tableaux précédents, c’est la structure des réponses qui est différente : le plus souvent (sauf en notoriété), les réponses féminines sont plus dispersées que celles des hommes.

✔ L’effet de la variable de genre sur l’échantillon est donc limité, mais il n’est pas pour autant dépourvu d’enseignements.

D’abord, comme on l’a déjà dit, parce que les opinions des hommes et des femmes en matière de communication institutionnelle ne sont peut-être pas aussi éloignées qu’on ne l’imaginerait sur la base des études de marché de produits de consommation.

Cette démonstration par défaut étant posée, il nous faut proposer une interprétation des différences observées au cours des neufs croisements étudiés. On vient encore de le voir, les réponses féminines ont tendance à être plus dispersées que celles des hommes et cette dispersion semble liée à un moindre engagement dans les situations proposées. Sur des questions pouvant apparaître comme techniques (le Luxembourg, l’autoroute, le Sillon Lorrain), les femmes semblent manifester plus de distance vis-à-vis de la pertinence de l’objet à débattre. Sur d’autres points (le rapport à l’armée et au volontarisme), les résultats sont assez proches des standards culturels de représentations concernant les valeurs masculines.

Section B

La parole aux villes moyennes !